Réentraînement hypoxique de sujets hémiplégiques vasculaires en phase subaigüe.
En Suisse, environ 12000 personnes sont victimes
d’un accident vasculaire cérébral chaque année.
Le coût socio-économique qui en découle est
majeur et fortement lié à l’importance de la lésion
initiale, à la qualité de la prise en charge des
facteurs de risque et, bien entendu, à toute
thérapeutique visant à réduire le handicap. La
survenue d'un AVC est à l'origine de séquelles
motrices et cognitives, mais aussi d'une
diminution de la capacité à l'effort dont les
principales causes rapportées sont l'alitement,
l'immobilité et la perte des capacités
fonctionnelles liée au déficit moteur. Les
conséquences motrices de l’AVC sont
nombreuses, se traduisant par une perte de la
force musculaire quadricipitale, une diminution
des capacités à l’effort (diminution des capacités
à l’effort avec une VO2 pic entre 55 % et 75 % par
rapport aux sujets sains dans la même tranche
d’âge), une fatigabilité musculaire significative
auxquelles s’ajoutent une détérioration de
l’équilibre et de la vitesse de marche. L’activité
musculaire a également été rapportée comme liée
à la fatigue se traduisant pour Riley et du côté
parétique par un niveau plus bas d’activation
volontaire et une plus grande sensibilité à la
fatigue par rapport au côté non parétique. Au
niveau musculaire, une lésion du premier
motoneurone s’accompagne d’une diminution du
nombre d’unités motrices, diminution de la
capacité oxydative des muscles parétiques
comparativement aux muscles non-parétique,
modification de la typologie des myofibrilles,
diminution de l’activité enzymatique des
mitochondries fibrillaires. Ces modifications sont
à l’origine d’une baisse significative du niveau de
perfusion musculaire. De plus, il semblerait que le
stress oxydatif soit responsable de déficiences
musculaire dans certaines pathologies
neurologiques comme chez les blessés
médullaires. Dans ce contexte, la réflexion
actuelle sur les programmes de rééducation après
hémiplégie vasculaire est de mettre en place un
type de procédures de réentraînement pour un
gain fonctionnel de marche et de s’interroger sur
leur association compte tenu des effets
complémentaires que chaque technique induit sur
l’apprentissage moteur, sur les capacités cardio-
vasculaires ou sur les capacités périphériques
musculaires. L’entrainement en hypoxie s’est
considérablement développé et différentes
méthodes visant à développer des adaptations
centrales et/ou périphériques coexistent.
L’exposition chronique en altitude réelle (HH,
hypoxie hypobarique) modérée (LHTH, vivre et
s’entrainer en haut) utilisée depuis les années
1960 dans le sport vise essentiellement le
développement des capacités aérobies via
l’augmentation de la capacité de transport de
l’oxygène (masse en hémoglobine) et le
développement des capacités fonctionnelles. Ceci
a aussi été observé chez des populations de sujets
obèse pour qui l’exposition chronique
s’accompagnait par exemple d’une amélioration
du métabolisme glucidique ou de l’insulino-
résistance. Une méthode plus récentes vise à
alterner des nuits en altitude et des exercices à
des altitudes plus faibles permettant une intensité
d’entrainement plus importante (LHTL ; vivre en
haut et s’entrainer en bas). Plus récemment
encore, il a été développé des méthodes utilisant
l’hypoxie normobarique (NH ; e.g. en chambre
hypoxique avec une diminution de la fraction
ambiante en oxygène) ou l’exposition est
intermittente, que ce soit sous la forme d’interval-
training (IHT, intermittent hypoxic training) ou de
répétitions d’efforts brefs et intenses (RSH,
repeated sprint training in hypoxia). Les
adaptations moléculaires observées à ce jour sur
les sportifs se situent au niveau périphériques
sont potentiellement très utiles pour des
populations souffrant de troubles associées à un
niveau insuffisant de perfusion et/ou de capacité
oxydative des territoires musculaires.
Par ailleurs nous avons récemment montré que les
stress oxydatif et nitrosatif, qui ont une influence
considérable sur les adaptations vasculaires,
étaient modulés par le type d’exposition
hypoxique et/ou l’intensité de l’exercice. Le but
de ce projet est donc d’investiguer chez des
patients hémiplégiques vasculaires les
adaptations physiologiques et les bénéfices
fonctionnels associés dans deux modalités
différentes d’utilisation de l’altitude ; 1. Une
exposition intermittente à l’hypoxie
normobarique (HN) (Centre Sport Santé,
Université de Lausanne) associée à des exercices
plus intenses. 2. Une exposition chronique à
l’hypoxie hypobarique (HH) (FiescherAlp, Valais)
associée à des exercices à très faibles intensités.
Equipe de recherche
Francis Degache, HESAV
Grégoire Millet, UNIL
Financement
FNS
Durée
36 mois
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