épidémiques de S. aureus résistant à la méticilline [9]. La
capacité de sporuler, propre à certaines bactéries comme
Clostridium difficile leur assure une persistance de plu-
sieurs mois dans l’environnement [10].
La capacité d’induire, ensuite, une infection chez un
patient découle d’une combinaison de facteurs associant
le niveau d’expression des facteurs de virulence du micro-
organisme, sa quantité ou sa concentration, le mode de
contamination (aéroportée, hydrique...) et la réceptivité
de l’hôte.
La part des infections nosocomiales liée à la conta-
mination de l’environnement hospitalier est encore mal
documentée, à l’exception de celles liées à quelques
micro-organismes comme Legionella spp.,Aspergillus
spp. ou les mycobactéries atypiques [4,11-13]. La place
de la transmission directe interhumaine est reconnue
comme prépondérante par rapport à la transmission liée
à l’environnement. Toutefois, certaines études ont permis
d‘incriminer des sources environnementales à l’origine
d’infections nosocomiales [4, 14] :
risque de transmission aérienne (Aspergillus ou autres
champignons filamenteux) et d’infection chez des malades
immunodéprimés à l’occasion de travaux [11] ;
–risque de transmission aérienne à partir d’un
réservoir aqueux par les humidificateurs, les nébuliseurs
(Acinetobacter spp., Pseudomonas aeruginosa, Legionella
pneumophila) [4, 15], les réseaux d’eau chaude ou les
systèmes de traitement d’air pour Legionella pneumophila
[16, 17] ;
–transmission de Mycobacterium xenopi [12], Myco-
bacterium chelonae [13], Pseudomonas aeruginosa [4] ou
du virus de l’hépatite C à partir de dispositifs médicaux
[18] ;
–transmission de Pseudomonas aeruginosa ou
d’autres bactéries résistantes (Serratia marcescens,Bur-
kholderia cepacia, Stenotrophomonas maltophilia, etc.)
à partir d’antiseptiques ou de perfusats contaminés
[4, 14, 19].
En dehors des cas impliquant des micro-organismes
d’origine strictement environnementale comme Legionella
spp. ou Aspergillus spp., la présence d’un micro-
organisme dans l’environnement du patient n’est pas,
à elle seule, une condition suffisante pour l’impliquer
comme source responsable de la survenue d’une infection.
Il est en effet difficile de démontrer si cette contamina-
tion environnementale est la cause ou la conséquence
de l’infection. Malgré ces incertitudes, la maîtrise de
l’environnement apparaît indispensable dans les établisse-
ments de santé, afin de protéger les patients, en particulier
les plus fragiles : mesures d’isolement protecteur pour
les patients en aplasie dans des locaux à environne-
ment maîtrisé (air, eau), procédures de bionettoyage de
l’environnement (utilisation d’un détergent désinfectant),
de désinfection ou stérilisation du matériel et des disposi-
tifs médicaux partagés.
Rôle du personnel soignant,
des visiteurs et intervenants variés
dans la transmission des infections
nosocomiales
L’ensemble des personnes en contact avec les patients
dans les établissements de santé peuvent intervenir à deux
niveaux dans la transmission des infections nosocomiales.
D’une part, parce qu’ils peuvent être eux-mêmes
contagieux et transmettre des micro-organismes aux
patients et aux autres personnels : coqueluche, tuber-
culose, infections virales (grippe, varicelle, rougeole,
gastro-entérite). La contagiosité de ces infections précède
le début des signes cliniques, et certaines de ces infections
peuvent être peu ou asymptomatiques. Si l’établissement
peut avoir une certaine lisibilité sur le statut immuni-
taire de son personnel vis-à-vis des pathologies pour
lesquelles il existe une vaccination (coqueluche, rougeole,
varicelle, grippe) et inciter le personnel non immunisé
à se faire vacciner, ces vaccinations ne sont pas obliga-
toires et la couverture vaccinale du personnel est loin
d’être optimale. De plus, sont exclus de cette politique,
tous les intervenants extérieurs (éducateurs, bénévoles,
stagiaires, étudiants, etc.) qui ne dépendent pas de la
médecine du travail de l’établissement. Ainsi, les éta-
blissements de santé sont régulièrement confrontés à des
situations de découverte de pathologie infectieuse conta-
gieuse chez un membre du personnel ayant pu exposer
une cohorte de patients et de personnel [20]. Les parents
peuvent être eux-mêmes une source de contamination
de leur enfant hospitalisé et de ses voisins. Ainsi la res-
ponsabilité des parents a pu être mise en cause dans
des cas de coqueluche acquise dans les services de
néonatologie [21].
D’autre part, tous ces intervenants (et c’est surtout
le cas du personnel soignant) peuvent véhiculer certains
micro-organismes, sans être eux-mêmes contaminés, dans
la flore transitoire présente sur leurs mains (transmission
par manuportage). La survie des micro-organismes sur
les mains peut être prolongée : plusieurs heures pour le
rotavirus [22], environ 30 minutes pour le VRS [6]. Le
respect des précautions standard et surtout de l’hygiène
des mains avant tout contact avec le patient permet de
réduire cette transmission. Le port de gants pour tout
contact avec les liquides biologiques, et notamment lors
du change des couches et de la manipulation des excreta
qui peuvent contenir des quantités très importantes de
micro-organismes. Ainsi des taux de 1011 rotavirus/g de
selles peuvent être retrouvés à la phase aiguë de la mala-
die [23], alors que la dose infectante est elle-même très
faible. Ainsi, des études réalisées chez des volontaires
sains adultes ont montré que l’ingestion d’environ 10 parti-
cules virales suffit à déclencher l’infection [24]. De même,
les entérobactéries produisant des ß-lactamases à spectre
mt pédiatrie, vol. 15, suppl´
ement 1, novembre 2012 15
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