Colles Algèbre L3 Série 1 - Groupes, actions de groupes et groupes finis Exercice 1 Rappeler quels sont les sous-groupes de (Z, +) (avec preuve). Solution: Les groupes mZ, pour m ∈ N, sont clairement des sous-groupes de Z. Montrons que ce sont les seuls. Soit H un sous-groupe de Z. Si H = {0}, alors H = 0Z. Supposons donc H 6= {0} pour la suite. Alors il existe a ∈ H non nul, et l’un des entiers a ou −a est dans H ∩ N? . Ainsi H ∩ N? 6= ∅, donc admet un unique plus petit élément m ≥ 1. Puisque m ∈ H et que H est un groupe additif, on a mZ ⊂ H. Soit ensuite x ∈ H. Alors il existe q ∈ Z et r ∈ J0, m − 1K tel que x = qm + r (division euclidienne de x par m). En particulier, r = x − mq ∈ H ∩ N? , d’où r = 0 (puisque r ≤ m − 1 et m est le plus petit élément de H ∩ N? ). Ainsi H ⊂ mZ. Finalement, H = mZ. Exercice 2 Soit n ≥ 1. L’application tr : (Mn (R), +) −→ (R, +) est-elle un morphisme de groupes ? un isomorphisme de groupes ? Exercice 3 Soit G un groupe de centre Z(G). 1. Montrer que Z(G) est un sous-groupe de G. 2. Montrer que Z(G) / G. 3. Montrer que si G/Z(G) est engendré par un seul élément, alors G est abélien. Solution: 1. Soient x, y ∈ Z(G). Soit g ∈ G. xyg = gy, d’où ygy −1 = g, puis gy −1 = y −1 g, donc y −1 ∈ Z(G). De plus, xy −1 g = xgy −1 = gxy −1 , d’où xy −1 ∈ Z(G). 2. Soient g ∈ G et c ∈ Z(G). On a gcg −1 = gg −1 = c, d’où gZ(G)g −1 = Z(G). 3. Si G = Z(G), il est évident que G est abélien. Supposons G 6= Z(G). Ainsi G/Z(G) est monogène non trivial, donc il existe x ∈ G, x 6∈ Z(G) tel que G/Z(G) =< x >. Soit y ∈ G. Si y ∈ Z(G), alors xy = yx. Sinon, il existe n ∈ N tel que y ∈ xn = xn , donc il existe c ∈ Z(G) tel que y = xn c. Dans ce cas, xy = xxn c = xn cx = yx. Finalement x commute avec tous les éléments de G, donc x ∈ Z(G), ce qui contredit la définition de x. Ainsi G = Z(G) et G est abélien. Exercice 4 Soit (G, ·) un groupe fini commutatif, ϕ : (G, ·) −→ (C? , ·) un morphisme de groupes autre que l’application constante égale à 1. 1. Justifier qu’il existe g0 tel que ϕ(g0 ) 6= 1. On définit : f: G g −→ G 7−→ g0 g f est-il un morphisme de groupes ? Montrer que f est une permutation de G. 2. Montrer que ∑ ϕ(g) = ϕ(g0 ) g∈G 3. En déduire ∑ ϕ(g). g∈G ∑ ϕ(g) = 0. g∈G Solution: 1. Puisque ϕ 6= 1, il existe g0 ∈ G tel que ϕ(g0 ) 6= 1. f n’est pas un morphisme de groupes, puisque f (1) = g0 6= 1. De plus, si g, g 0 ∈ G sont tels que f (g) = f (g 0 ), alors g0 g = g0 g 0 , puis g = g 0 en multipliant par g0−1 à gauche, donc f est injective. Puisque |G| < ∞, on en déduit que f est bijective. 2015-2016 1/8 [email protected] Colles Algèbre L3 2. On a ∑ ϕ(g) = g∈G d’où ∑ ϕ(g0 g) = g∈G ∑ ∑ ϕ(g0 )ϕ(g) g∈G ϕ(g) = ϕ(g0 ) g∈G ∑ ϕ(g). g∈G 3. Ainsi (1 − ϕ(g0 )) ∑ ϕ(g) = 0 g∈G D’où, puisque ϕ(g0 ) 6= 1, ∑ ϕ(g) = 0. g∈G Référence : [4] Exercice 5 Soient (G, ·) un groupe et H1 , H2 deux sous-groupes de G. On pose H1 H2 = {xy, x ∈ H1 , y ∈ H2 }. On notera e l’élément neutre de G. 1. Montrer que H1 H2 est un sous-groupe de G si et seulement si H1 H2 = H2 H1 . 2. Si H1 et H2 sont finis et si H1 ∩ H2 = {e}, montrer que Card(H1 H2 ) = Card(H1 ).Card(H2 ). 3. On suppose que G est abélien et que H1 et H2 sont finis d’ordre p et q, où p et q sont deux nombres premiers distincts. Montrer que H1 H2 est un sous-groupe cyclique de G. Solution: 1. Supposons que H1 H2 est un sous-groupe de G. Soit a ∈ H1 H2 . Alors a−1 ∈ H1 H2 , i.e. il existe (x, y) ∈ H1 × H2 tel que a−1 = xy. D’où a = y −1 x−1 , puis a ∈ H2 H1 . Ainsi H2 H1 ⊂ H1 H2 . L’autre inclusion se montre de la même manière. Réciproquement, supposons H1 H2 = H2 H1 . On a, puisque H1 , H2 sont deux sous-groupe de G, H1 H2 6= ∅. Soient a, b ∈ H1 H2 . On veut montrer que ab−1 ∈ H1 H2 . Notons a = a1 a2 −1 et b = b1 b2 , avec ai , bi ∈ Hi . On a ab−1 = a1 a2 b−1 = a1 yx, avec y = a2 b−1 ∈ H2 et 2 b1 2 −1 0 0 x = b1 ∈ H1 . Or H1 H2 = H2 H1 , donc il existe (x , y ) ∈ H1 × H2 tel que yx = x0 y 0 . Donc ab−1 = a1 x0 y 0 = (a1 x0 )(y 0 ) ∈ H1 H2 , d’où le résultat. 2. L’application ϕ : H1 × H2 −→ H1 H2 (x1 , x2 ) 7−→ x1 x2 est surjective par définition de H1 H2 . De plus, pour (x1 , x2 ), (y1 , y2 ) ∈ H1 × H2 tels que −1 ϕ(x1 , x2 ) = ϕ(y1 , y2 ), on a x1 x2 = y1 y2 , d’où y1−1 x1 = y2 x−1 2 , d’où y1 x1 ∈ H1 ∩ H2 = {e}, donc x1 = y1 , puis x2 = y2 . Ainsi ϕ est une bijection, d’où Card(H1 H2 ) = Card(H1 ).Card(H2 ). 3. G étant abélien, on a H1 H2 = H2 H1 , donc H1 H2 est un sous-groupe de G d’après ce qui précède. Par ailleurs, d’après la question précédente, Card(H1 H2 ) = pq puisque H1 ∩ H2 = {e} (on sait que H1 ∩ H2 est un sous-groupe de H1 et H2 , donc Card(H1 ∩ H2 ) divise à la fois p et q premiers entre eux, donc Card(H1 ∩ H2 ) = 1). Les sous-groupes H1 et H2 sont cycliques car leur ordre est un nombre premier. Soient x ∈ H1 et y ∈ H2 des générateurs de H1 et H2 respectivement. Montrons que xy est générateur de H1 H2 , i.e. que l’ordre de xy est pq = Card(H1 H2 ). Soit k ∈ N? tel que (xy)k = e. Alors xk = (y −1 )k . Or H1 ∩ H2 = {e}, donc xk = (y −1 )k = e, donc p|k et q|k. Or p et q sont premiers entre eux, donc pq|k. Ainsi l’ordre de xy est supérieur à pq, et comme l’ordre d’un élément est toujours inférieur à Card(H1 H2 ) = pq, on en déduit que l’ordre de xy est égal à pq. 2015-2016 2/8 [email protected] Colles Algèbre L3 Série 2 - Groupes, actions de groupes et groupes finis Exercice 1 1. Rappeler, et démontrer, le théorème de Lagrange 2. Soit G un groupe fini de cardinal n. Montrer que, pour tout élément a ∈ G, on a an = e. Solution: 1. Soient G un groupe fini et H un sous-groupe de G. Soit x ∈ G. Or remarque tout d’abord que Card(H) = Card(xH), puisque x ∈ H 7−→ xh ∈ xH est bijective (surjective par construction et clairement injective). Il s’ensuit : ⊔ Card(G) = Card xH = ∑ xH∈G/H ∑ Card(xH) xH∈G/H = Card(H) xH∈G/H d’où Card(G) = [G : H]Card(H). 2. On sait que aCard(<a>) = e, et le cardinal du sous-groupe engendré par a divise n, donc il existe k ∈ N? tel que n = kCard(< a >), d’où an = (aCard(<a>) )k = ek = e. Référence : [3]. Exercice 2 Donner un exemple de 1. groupe abélien fini ; 2. groupe non abélien fini ; 3. groupe abélien infini ; 4. groupe non abélien infini. Solution: (Z/nZ, +), (S3 , ◦), (Z, +) et (GLn (R), ×) répondent par exemple aux questions. Exercice 3 Soit G un groupe fini de cardinal n ≥ 2 non premier. Montrer qu’il existe un sous-groupe H de G différent de G et non réduit à l’élément neutre. Solution: Soit g ∈ G distinct de l’élément neutre (existe puisque n ≥ 2). Si < g >6= G, alors H =< g > est convenable. Sinon, < g >= G, donc G est cyclique. Ainsi G ∼ = Z/nZ. Comme n n’est pas premier, il admet un diviseur strict d. Alors < d > est convenable, où d est la représentation de d dans Z/nZ. Exercice 4 Soit (a, b) ∈ R2 , avec a < b. Munissez ]a, b[ d’une structure de groupe. Solution: ( π On a f : x ∈]a, b[7−→ tan b−a x+ f −1 π(a+b) 2(b−a) ) ∈ R bijective de réciproque b−a :y− 7 → π ( ) π(a + b) arctan(y) − 2(b − a) Ainsi on peut transporter la structure de groupe de (R, +) sur ]a, b[ en posant : x ? y = f (f −1 (x) + f −1 (y)) 2015-2016 3/8 [email protected] Colles Algèbre L3 i.e. x?y = b−a π ( [ ( ) ( )] ) π π(a + b) π π(a + b) π(a + b) arctan tan x+ + tan y+ − b−a 2(b − a) b−a 2(b − a) 2(b − a) Exercice 5 1. Soient G un groupe et N / G. Notons H = G/N et π : G −→ H un morphisme surjectif. On suppose qu’il existe un morphisme s : H −→ G tel que π ◦ s = IdH . Montrer que G∼ = N oα s(H), où α : s(H) −→ S(N ) h 7−→ (n 7−→ hnh−1 ). 2. Soit n ∈ N? . a) Montrer que : SLn (R) / GLn (R). b) Montrer qu’il existe s telle que : GLn (R) = SLn (R) o s(R? ). c) On suppose n impair. Montrer que GLn (R) = SLn (R) × s(R? ). Solution: 1. Notons H 0 = s(H). C’est un sous-groupe de G. Soit g ∈ N ∩ H 0 . Alors π(g) = 1. Or π|H 0 : H 0 −→ H est un automorphisme, donc g = 1, puis N ∩ H 0 = {1}. Soit g ∈ G, soit h = s ◦ π(g) ∈ H 0 . On a gh−1 ∈ N (en composant par π, on obtient π(g) = π(h)). Donc il existe n ∈ N tel que g = nh. Ainsi G = H 0 N. Finalement, G∼ = N oα H 0 . 2. a) Immédiat puisque SLn (R) = Ker(det). b) Notons que det : GLn (R) −→ GLn (R)/SLn (R) ∼ = R? est la projection canonique. De ? plus, on construit s : R −→ GLn (R) ainsi : pour α ∈ R? , on définit s(α) comme étant la matrice diagonale, dont le premier élément est α et les autres sont égaux à un. Pour tout α ∈ R? , det ◦s(α) = α, donc on peut appliquer la question 1. et conclure que GLn (R) = SLn (R) o R? . c) On fait comme avant en définissant plutôt √ s(α) comme la matrice diagonale dont tous les coefficients diagonaux sont égaux à ε(x). n |x|, où ε(x) est le signe de x. Alors s(α) ∈ Z(GLn (R)), donc s(R? ) / GLn (R) et le produit est direct. 2015-2016 4/8 [email protected] Colles Algèbre L3 Série 3 - Groupes, actions de groupes et groupes finis Exercice 1 1. Rappeler, et démontrer, le théorème de Lagrange 2. Soit G un groupe fini de cardinal n. Montrer que, pour tout élément a ∈ G, on a an = e. Exercice 2 Soit n ≥ 2. Montrer que SOn (R) / On (R) et : On (R)/SOn (R) ∼ = Z/2Z. Expliciter ce groupe. Solution: On a det : A ∈ On (R) − 7 ( → {±1} homomorphisme surjectif de noyau SOn (R). Ce groupe est ) −1 0 constitué des classes Id et 0 In−1 Exercice 3 Soit p un nombre premier et G un p-groupe agissant sur un ensemble X fini. On suppose que p ne divise pas Card(X). Montrer qu’il existe un point fixe pour l’action de G sur X (i.e. Fix(G) 6= ∅ avec les notations du cours). Solution: On a Card(X) ≡ Fix(G) [p]. où Fix(G) est l’ensemble des points fixes pour l’action de G sur X. ( ) a b Soit P = {z ∈ C, Imz > 0} le demi-plan de Poincaré. A toute matrice A = de SL2 (Z), on c d az + b associe la fonction homographique fA définie pour tout z ∈ P par fA (z) = . cz + d 1. Montrer que l’application ψ : A 7−→ fA est un morphisme de groupe de SL2 (Z) dans S(P ). Exercice 4 2. Déterminer Ker(Ψ). Solution: 1. Soient A = ( ) ( 0 a b a ∈ SL2 (Z), B = 0 c d c fA (z) = d’où Im(fA (z)) = b0 d0 ) ∈ SL2 (Z) et z ∈ P . On a ac|z|2 + bd + adz + bcz |cz + d|2 (ad − bc)Im(z) Im(z) = >0 2 |cz + d| |cz + d|2 d’où fA (P ) ⊂ P . Par ailleurs, on vérifie facilement fA (fB (z)) = fAB (z) Or fI = IdP , donc fA est bijective et sa bijection réciproque est fA−1 . 2. Soit A ∈ Ker(Ψ). On a fA (z) = z pour tout z ∈ P , d’où, az + b = cz 2 + dz. D’où b = 0 (on prend la relation en z = 0) et c = 0 (on prend la dérivée de la relation en z = 0). Ainsi a = d. Or ad − bc = 1, donc a = ±1. Finalement, Ker(Ψ) = {±I}. Référence : [1]. 2015-2016 5/8 [email protected] Colles Algèbre L3 Exercice 5 Soient G un groupe, H et K deux sous-groupes de G, L un sous-groupe de H ∩ K avec L / H et L / K. Montrer que : L/ < H ∪ K > Solution: Le sous-groupe L est un sous-groupe de < H ∪ K >. Soit z ∈< H ∪ K >. On écrit z soit la forme z = z1 z2 ...zm où zi ∈ H ∪ K, pour i ∈ J1, mK. Soit l ∈ L. On a −1 zlz −1 = z1 z2 ...(zm lzm )...z2−1 z1−1 −1 ) ∈ L (on utilise si zm ∈ H, on utilise L / H et si zm ∈ K, on utilise plutôt L / K). On Or (zm lzm −1 −1 obtient ensuite zm−1 zm lzm zm−1 ∈ L. D’où, de proche en proche (récurrence), zlz −1 ∈ L. 2015-2016 6/8 [email protected] Colles Algèbre L3 Bonus - Groupes, actions de groupes et groupes finis Exercice 1 Trouver un sous-groupe de S3 d’indice 3 qui ne soit pas distingué dans S3 . Solution: On a Card(S3 ) = 6. Un sous-groupe de S3 d’indice 3 est de cardinal 2 donc est engendré par une transposition. Soit par exemple H =< (1, 2) >. Alors (1, 3)−1 (1, 2)(1, 3) = (1, 3)(1, 2)(1, 3) = (2, 3). Or < (1, 3) >6= H, donc H n’est pas distingué dans S3 . Référence : [5] Exercice 2 Combien y-a-t-il de classes d’isomorphismes de groupes abéliens dont le cardinal est 392 ? Solution: Soit G un groupe abélien de cardinal 392. On a 392 = 72 × 23 , donc G = G(2) ⊕ G(7), (on note G(p) l’ensemble des éléments qui sont une puissance de p). Or chacun de ces groupes est un produit de groupes cycliques. On a d’abord G(2) ∼ = (Z/22 Z) × (Z/2Z) ou = (Z/3Z)3 ou G(2) ∼ 3 2 2 encore G(2) ∼ = Z/2 Z. De même, G(7) ∼ = Z/7 Z ou G(7) ∼ = (Z/7Z) . 2015-2016 7/8 [email protected] Colles Algèbre L3 Références [1] S. Francinou, H. Gianella et S. Nicolas : Exercices de mathématiques - Oraux X/ENS : Algèbre 1. Cassini, 2e édition, 2008. [2] X. Gourdon : Les maths en tête, Mathématiques pour M’, Algèbre. Ellipses, 1996. [3] E.-H. Laamri et al. : Tous les exercices d’algèbre et de géométrie, MP. Dunod, 2008. [4] J.-M. Monier : Mathématiques, Méthodes et exercices, MP. Dunod, 2009. [5] A. Szpirglas : Exercices d’Algèbre. Cassini, 2001. [6] A. Szpirglas et al. : Mathématiques L3 - Algèbre. Pearson Education, 2009. 2015-2016 8/8 [email protected]