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Que ce soit pour une entreprise minière dont le permis d’exploitation a été retiré ou modifié
par un Etat africain, pour un opérateur télécoms à qui le régulateur national a infligé une sanction
financière, ou encore pour un opérateur gazier qui a accusé un retard important dans la construction
d’une usine pour le compte d’un Etat, les contentieux impliquant des enjeux financiers lourds sont
souvent traités au niveau d’un tribunal arbitral ou dans le cadre de négociations précontentieuses.
Ces grands dossiers d’arbitrage en Afrique sont de plus en plus complexes et mobilisent
systématiquement des expertises externes, notamment dans la question centrale de la quantification
des préjudices.
La préoccupation première des acteurs impliqués dans des situations de contentieux, avant
de se lancer dans un procès coûteux, est d’avoir une idée de ce que celui-ci peut lui rapporter.
Question d’équilibre ; les acteurs ne se lancent dans une procédure que si celle-ci a suffisamment de
chances d’être gagnée et si le montant potentiellement récupérable est largement supérieur au coût
de la procédure. Cette expertise se fait fréquemment en amont. Dans un contexte de sophistication
des cas d’arbitrage et de sensibilité accrue des juges aux arguments quantifiés, elle ne se résume
désormais plus uniquement à une simple évaluation comptable. L’appréciation, par exemple, du
préjudice subi par un opérateur télécoms dont la licence d’exploitation a été retirée ne peut se
résumer à un simple prolongement de son chiffre d’affaires actuel sur les années couvrant la durée
restante de sa licence. L’évaluation des préjudices telle que pratiquée par les économistes résulte de
la construction d’un scénario dit « contrefactuel » décrivant ce qui se serait passé en l’absence de la
pratique litigieuse et d’une analyse fine des marchés concernés. Dans l’exemple des télécoms, les
dynamiques de marché, les changements au niveau de l’intensité concurrentielle, les évolutions
attendues des tarifs de détail et des tarifs de gros, les probabilités d’attribution de nouvelles licences
doivent être modélisées pour apprécier l’évolution du résultat net de l’opérateur sur les années
couvrant la durée de sa licence.
Si l’expertise économique permet d’évaluer les chances de succès en cas de recours en
justice, elle permet également de transiger afin d’éviter les litiges. En effet, les coûts élevés et la
durée des procédures font de ces recours un véritable épouvantail pour les entreprises. Une
évaluation financière préalable du préjudice permet également aux parties de bien cadrer les enjeux
financiers des litiges et, le cas échéant, de transiger au plus juste. Si le procès ne peut être évité, le
rôle de l’expert économique reste quasi-similaire. En appui de l’une des parties, il peut notamment
contester les prétentions du requérant si celles-ci ne sont pas réalistes ou faire une évaluation plus
précise de la valeur du préjudice allégué.