IUT Louis Pasteur – Mesures Physiques Mathématiques 2ème semestre Damien JACOB 08-09 Chapitre 1 : Espaces vectoriels I. Définitions et exemples Soit ܧun ensemble et soit ॶ = ℝ ݑℂ . ܧest un espace vectoriel sur ॶ si : 1. ܧest muni d’une addition interne (on peut additionner les éléments de ܧentre eux) vérifiant : i. ∀ ݔ, ݔ ܧ ∈ ݕ+ ݕ = ݕ+ ݔ (commutativité) ii. ∀ ݔ, ݕ, ܧ ∈ ݖሺ ݔ+ ݕሻ + ݔ = ݖ+ ሺ ݕ+ ݖሻ (associativité) iii. Il existe un élément neutre, noté 0ா , pour cette addition, c'est-à-dire ∀ ݔ ܧ ∈ ݔ+ 0ா = ݔ iv. Tout élément de ܧadmet une opposé, noté − ݔ, telle que ݔ+ ሺ−ݔሻ = 0ா 2. ܧest muni d’une multiplication externe par les éléments de ॶ vérifiant : i. ∀ ݔ, ߣ ॶ ∈ ߣ ∀ ܧ ∈ ݕሺ ݔ+ ݕሻ = ߣ ݔ+ ߣݕ (distributivité) ሺߣ ii. ∀ ߣ ∀ ܧ ∈ ݔ, ߤ ∈ ॶ + ߤሻ ݔߣ = ݔ+ ߤݔ (distributivité) iii. Cette multiplication admet 1 ∈ ॶ comme élément neutre, c'est-à-dire ∀ ܧ ∈ ݔ1ݔ = ݔ Vocabulaire : les éléments de ॶ sont quelques fois appelés scalaires. Propriétés : i. 0ॶ . = ݔ0ா ii. ሺ−1ሻ. = ݔ−ݔ Vocabulaire et abréviation : On abrévie souvent espace vectoriel par ࢋ࢜ et les éléments d’un ݁ ݒsont quelques fois appelés vecteurs. Exemples : i. = ܧሼ0ሽ est un espace vectoriel de ॶ ii. ॶ = ܧest un espace vectoriel de ॶ iii. = ܧensemble des vecteurs de la géométrie (du plan ou de l’espace) (de cette situation que vient le vocabulaire) iv. = ܧℝ est un espace vectoriel de ℝ (voir cours de Fonctions à Plusieurs Variables) v. = ܧℝሾݔሿ : ensemble de tous les polynômes à coefficients réels est un espace vectoriel de ℝ Remarques : • On admet que ces exemples sont des espaces vectoriels et on les qualifiera d’espaces vectoriels de référence. • Les vecteurs (au sens de l’algèbre linéaire) peuvent donc être des nombres, des vecteurs (au sens de la géométrie), des polynômes, des fonctions, etc… MATHS2 – chap1 Page 2 Définition : Soit ܧun espace vectoriel de ॶ et soit ܸ ⊂ ( ܧsous-ensemble de )ܧ. ܸ est un sous-espace vectoriel (࢙ࢋ࢜) de ܧsi et seulement si : i. ܱா ∈ ܸ ii. ∀ ݔ, ݔ ܸ ∈ ݕ+ ܸ ∈ ݕ iii. ∀ ܸ ∈ ݔߣ ॶ ∈ ߣ ∀ ܸ ∈ ݔ Remarques : • La propriété i. fait double emploi avec ii. et iii. mais on la mentionne parce qu’elle permet quelques fois de prouver qu’un sous-ensemble n’est pas un sous-ensemble vectoriel. • Pour le propriété ii. , on dit que ܸ est stable pour l’addition et pour la iii. , on dit que ܸ est stable pour la multiplication par les scalaires. Propriété : Soit ܧun espace vectoriel de ॶ et ܸ ⊂ ܧun espace vectoriel, alors ܸ est lui-même un espace vectoriel de ॶ . En pratique, pour montrer qu’un ensemble est un espace vectoriel, on essaie de montrer que c’est un sous-espace vectoriel d’un des espaces vectoriels de référence. Remarque : On ne peut pas à priori multiplier les éléments d’un ensemble vectoriel entre eux. Mais certains exemples d’ensembles vectoriels possèdent une telle multiplication, qui n’a pas de lien avec la structure d’espace vectoriel. Remarques : • Un ensemble qui vérifie les 4 propriétés de la première partie de la définition de l’espace vectoriel est appelé groupe commutatif. • On peut définir des espaces vectoriels plus généralement dès que ॶ est un corps (ensemble muni d’une addition interne et d’une multiplication interne pour laquelle tout élément non-nul est inversible). II. Combinaison linéaire, familles libres et liées Définition : Soit ܧun espace vectoriel de . Soit ݔଵ , ݔଶ , … , ݔ ∈ ܧ. On appelle combinaison linéaire de ݔଵ … ݔ avec les coefficients ݔde ܧtel que ߣ = ݔଵ ݔଵ + ߣଶ ݔଶ + ⋯ + ߣ ݔ Propriété : ܧest un espace vectoriel de ॶ et ܸ ⊂ ܧ. ܸ est un sous-ensemble vectoriel de ܧsi et seulement si ܸ est stable, par combinaison linéaire, c'est-à-dire ∀ ݔ, ܸ ∈ ݕet ∀ ߣ, ߤ ∈ ॶ ߣ ݔ+ ߤܸ ∈ ݕ MATHS2 – chap1 Page 3 Définition : Une famille de ݇ vecteurs (c'est-à-dire ݇ vecteurs) est libre si et seulement si aucun d’entre eux ne peut s’écrire comme combinaison linéaire des autres. Une famille qui n’est pas libre est liée. Cas particuliers : i. Une famille contenant le vecteur nul est toujours liée ሺ0ா ሻ. ii. Une famille contenant 2 fois le même vecteur est liée. Propriété : Une famille de ݇ vecteurs ݔଵ , ݔଶ , … , ݔ ∈ ܧest libre si et seulement si la seule manière d’écrire 0ா comme combinaison linéaire de ݔଵ , ݔଶ , … , ݔ est de prendre tous les coefficients nuls, c'est-à-dire que ߣଵ ݔଵ + ߣଶ ݔଶ + ⋯ + ߣ ݔ = 0ா ⟹ ߣଵ = ߣଶ = ߣଷ = 0 III. Famille génératrice, famille de base, famille de dimension Définition : Soit ܧun ensemble vecteur de ॶ et soit ܸ ⊂ ܧun sous-ensemble vectoriel. Une famille ሼݔଵ , ݔଶ , … , ݔ ሽ est génératrice de ܸ si et seulement si tout élément de ܸ s’écrit comme combinaison linéaire de ݔଵ , ݔଶ , … , ݔ , c'est-à-dire ∀ ܸ ∈ ݔ, ∃ߣଵ , ߣଶ , … , ߣ ߣ = ݔ ݍݐଵ ݔଵ + ߣଶ ݔଶ + ⋯ + ߣ ݔ Remarques : i. Les notions libre/liée d’une part et génératrice d’autre part, sont indépendantes. ii. La notion libre/liée ne dépend que des éléments de la famille. iii. La notion de famille génératrice dépend du contexte : une famille génératrice est toujours génératrice de quelque chose (un sous-ensemble vectoriel). Définition : Soit ܧun ensemble vectoriel de ॶ et ሼݔଵ , ݔଶ , … , ݔ ሽ une famille d’éléments de ܧ. On appelle sous-espace engendré par ࢞ , ࢞ , … , ࢞ , noté ܸ݁ܿݐሺݔଵ , ݔଶ , … , ݔ ሻ le sousensemble vectoriel de ܧformé de l’ensemble des combinaisons linéaires de ݔଵ , ݔଶ , … , ݔ . ܸ݁ܿݐሺݔଵ , ݔଶ , … , ݔ ሻ = ሼߣଵ ݔଵ + ߣଶ ݔଶ + ⋯ + ߣ ݔ \ ߣଵ , ߣଶ , … , ߣ ∈ ॶሽ Remarque : Il arrive quelque fois qu’une famille de vecteurs soit à la fois libre et génératrice d’une certain sous-ensemble vectoriel de ॶ . Définition : Soit ܧun ensemble vectoriel de ॶ et ܸ ⊂ ܧun sous-ensemble vectoriel. On appelle base de ࢂ une famille libre d’éléments de ܸ ሼݔଵ , ݔଶ , … , ݔ ሽ qui est également génératrice. Remarque : Il existe des sous-ensembles vectoriels qui n’admettent pas de base. MATHS2 – chap1 Page 4 Propriété : Soit ܸ ⊂ ܧun sous-ensemble vectoriel de ܧmais également un ensemble vectoriel de ॶ admettant des bases. Alors toutes ces bases sont constituées du même nombre de vecteurs. Définition : Le nombre de vecteurs constituant toute base de ܸ ⊂ ܧest appelée la dimension de ࢂ, notée ܸ݀݅݉ . Remarques : • ሼ0ா ሽ ne contient aucune famille libre, il n’a pas de base et on pose ݀݅݉ሼ0ா ሽ = 0 • Constatant que la notion de famille est une notion finie, certains espaces vectoriels n’ont pas de base car il faudrait des familles infinies. Ces espaces vectoriels sont dits de dimension infinie et on ne s’y intéressera pas beaucoup. Exemple : reprise des exemples de référence du I. i. Cf ci-dessus ii. ݀݅݉ℝ = 1 est une base formée d’un réel non-nul iii. Soit ‘ ܧespace des vecteurs de la géométrie du plan. 1 0 ݀݅݉ = ܧ2 et ቀ ቁ ቀ ቁ en forment une base. 0 1 Soit ܨl’espace des vecteurs de la géométrie dans l’espace. 1 0 0 ݀݅݉ = ܨ3 et ൭0൱ ൭1൱ ൭0൱ en forment une base. 0 0 1 1 0 0 0 1 … iv. = ܧℝ ݀݅݉ℝ = ݊ et ൮ ൲ ൮ ൲ … ൮ ൲ en forment une base. … … 0 0 0 1 Les bases données dans les exemples ii. et iii. sont à chaque fois les plus simples possibles, elles sont appelées bases canoniques. v. Les espaces des polynômes et des fonctions sont de dimension infinie. IV. Rang d’une famille de vecteurs Définition : Soit ሼݒଵ … ݒ ሽ une famille de ݇ vecteurs dans ܧ, un ensemble vectoriel de ॶ . On appelle rang de cette famille le nombre maximal de vecteurs pris parmi ݒଵ … ݒ et formant une famille libre, c'est-à-dire le nombre de vecteurs formant la plus grande sousfamille libre extraite de ሼݒଵ … ݒ ሽ . Propriétés : • La famille ሼݒଵ … ݒ ሽ est libre si et seulement si son rang est ݇ , c'est-à-dire qu’une famille est libre si et seulement si son rang est égal au nombre de vecteurs qui la constitue. • La famille ሼݒଵ … ݒ ሽ est génératrice de ܸ , sous-ensemble vectoriel de ܧavec ܸ݀݅݉ = si et seulement si son rang est égal à ሺݒ ∈ ܸሻ , c'est-à-dire qu’une famille est génératrice si et seulement si son rang est égal à la dimension du sousensemble vectoriel qu’elle engendre. MATHS2 – chap1 Page 5 • Soit ሼݒଵ … ݒ ሽ une famille d’éléments de ܸ sous-ensemble de ܧavec ܸ݀݅݉ = . ሼݒଵ … ݒ ሽ forme une base de ܸ si et seulement si ݃ݎሼݒଵ … ݒ ሽ = et ݇ = . Remarque : on note souvent « » ݃ݎpour rang. • Soit ሼݒଵ … ݒ ሽ une famille d’éléments de ܸ sous-ensemble de ܧavec ܸ݀݅݉ = . i. Si ݇ < , alors la famille ሼݒଵ … ݒ ሽ n’est pas génératrice de ܸ . ii. ݃ݎሼݒଵ … ݒ ሽ ≤ ܸ݀݅݉ = iii. Si ݇ > , alors la famille ሼݒଵ … ݒ ሽ est liée. Propriété : Le rang d’une famille de vecteurs ne change pas : i. Si on échange 2 vecteurs ii. Si on multiplie un vecteur par un élément de ॶ iii. Si on ajoute à l’un des vecteurs une combinaison linéaire des autres. Ces trois types d’opération sont appelées opérations élémentaires sur les vecteurs. En pratique, pour connaître le rang d’une famille de vecteurs, on va lui associer une famille dite échelonnée qui, obtenue à l’aide d’opérations élémentaires, a même rang que la famille de départ. Définition : Soit ሼݒଵ … ݒ ሽ une famille d’éléments de ܸ sous-ensemble de ܧ. En fixant ܤune base de ܧ, on peut écrire les composantes ou coordonnées de ሼݒଵ … ݒ ሽ dans la base ܤ. La famille est dite échelonnée si et seulement si : ݒଵ ݒଵଵ ݒଶଵ ଶ ଶ ଶ ܽݒ ܿ݁ݒଵ = ൮ݒଵ ൲ ݒଶ = ൮ݒଶ ൲ … ݒ = ݒۇ ۊ … … … ݒଵ ݒଶ ݒۉ ی Si ݒଵ est la 1ère composante non-nulle de ݒଵ alors ݒ = 0 pour tous les ݒ avec ݆ = 2 … ݇ Si cette 1ère composante d’indice ݅ non-nulle n’est pas la 1ère composante de ݒଵ , tous les ݒ௦ ሺ݆ = 2 … ݇ሻ ont des composantes nulles de 1 à ݅ − 1 . On refait de même pour ݒଶ et tous les suivants. Propriété : Le rang d’une famille échelonnée est égal au nombre de vecteurs non-nuls qui y figure. Finalement, pour calculer le rang d’une famille de vecteurs, on lui associe à l’aide d’opérations élémentaires une famille échelonnée. MATHS2 – chap1 Page 6