Cours de mathématiques 2A S2 2010 2011 Cours de mathématiques du 2nd semestre de 2ème année Esstin. Professeur : Valein Julie. Amélie Caissial Quentin Grandemange Si vous trouvez des erreurs dans ce cours, veuillez me les signaler à [email protected] Chapitre 1 : Séries numériques Sommaire I) Définitions et premières propriétés ................................................................................................ 2 1) Définitions ................................................................................................................................... 2 2) Premières propriétés ................................................................................................................... 3 3) Convergence absolue .................................................................................................................. 5 II) Série à termes positifs ..................................................................................................................... 5 1) Critère de base ............................................................................................................................ 5 2) Critères de comparaison ............................................................................................................. 6 3) Séries de comparaison ................................................................................................................ 7 A) Séries de Riemann ................................................................................................................... 7 B) Séries de Bertrand ................................................................................................................... 8 4) Critères classiques ....................................................................................................................... 8 III) Séries à termes quelconques..................................................................................................... 10 1) Méthodes générales .................................................................................................................. 10 A) Rappel .................................................................................................................................... 10 B) Méthode ................................................................................................................................ 10 2) Séries alternées ......................................................................................................................... 11 3) Règle d’Abel ............................................................................................................................... 13 1 I) Définitions et premières propriétés Soit ( ) une suite de nombres réels complexes. On note Notations : Pour , le nombre Plus généralement, pour . se note tel que ∑ ∑ , la somme On remarque : ∑ ( ) ∑ 1) Définitions ∑ Définition 1 : On appelle série de terme général la suite( ) définie par : Pour tout , est la somme partielle d’ordre n de la série. La série de terme général note ∑ , se Définition 2 : On dit que la série de terme général converge ou est convergente si la suite ( ) des sommes partielles admet une limite (finie) dans 𝕂. Dans le cas contraire on dit qu’elle diverge. La somme de la série ∑ convergente est la limite de la suite ( ) de ses sommes partielles et est notée ∑ . Etudier la nature d’une série, c’est étudier la convergence de la série. On dit que 2 séries sont de même nature si elles sont toutes les deux convergentes, ou toutes les deux divergentes. Ne pas confondre : ∑ : Série de terme général ∑ : Somme partielle ∑ : Somme de la série ∑ : Somme partielle commençant à ∑ : Somme commançant à Exemples divers : Toute série dont le terme général est nul à partir d’un certain rang converge car ( une suite stationaire. ) est Pour tout , , ∑ est divergente, car Série Arithmétiques : Les séries de la forme ∑ diverge si . . car Soit ( ∑ ∑ ) la suite définie par En remarquant que ( ) ( ) ∑ → si → . pour , on a pour : 2 ∑ ( ) ∑ ( ) ( ( La série ∑ ∑ ) ∑ ) converge et sa somme ∑ → . Exemple : Série Harmonique On considère la série de terme général Soi [ t, pour ]; ∫ Et donc en intégrant entre k et k+1 En sommant pour Or : ∑ variant entre ∫ et [ ∫ ( ), ∑ ] ( ( On a donc montré que pour tout Ainsi : ∑ ∫ ) ( ) ( ) ) ⇒ La série Harmonique ∑ diverge. Exemple : Série Géométrique On appelle série géométrique de raison égales à et ( ( ∑ ) (avec la série ∑ ) ) admet une limite si et seulement si | | ⇒ La série géométrique ∑ série vaut Par exemple les sommes partielles se la série sont et cette limite vaut converge si et seulement si | | et dans ce cas la somme de la ∑ ,∑ . 2) Premières propriétés Proposition : On ne change pas la nature d’une série en modifiant un nombre fini de ses termes. Par contre, si la série est convergente, la somme va être modifiée. Retenons que l’indice de départ est sans importance pour la nature de la série. Preuve : Soit ∑ et ∑ deux séries qui ne different que par un nombre fini de termes. Il existe ∑ tel que . Notons la somme ∑ et ∑ ( ) Alors, pour Donc ( ) converge si et seulement si ( ) converge et par consequant ∑ et ∑ sont de même nature. 3 Exemple : ∑ ( ) et ∑ ( ) sont toutes deux convergentes mais ∑ ( ∑ ) Théorème : Le terme général d’une série convergente tend vers 0. C’est-à-dire, si ∑ . Preuve : Supposons que ∑ On a : ( converge. Donc la suite des sommes partielles ( ) Corollaire : Critère de Divergence Si la suite ( ) ne tend pas vers 0, alors la série ∑ grossièrement. ( ) converge, alors ) tend vers 𝕂. diverge. On dit alors que la série diverge Exemple : La série ∑( ) diverge grossièrement car (( ) ) n’admet pas de limite. Les séries géométriques ∑ de raison sont divergentes car n’implique pas ∑ La réciproque est fausse. C’est-à-dire : converge. Contre-exemple : La série harmonique ∑ diverge et ( Soit ) et ∑ Alors, ( En effet : Et donc, Donc √ ( ) [ ( ∑ diverge. ) ( ) ) ( ) ( )] , et la série ∑ diverge. ( ) ( )→ √ , (à faire) Proposition : L’ensemble des séries convergentes forme un 𝕂-espace vectoriel et l’application Somme est linéaire. C’est-à-dire : ) est convergente et ∑ ( ) ∑ ∑ ∑( ∑ Pour tout 𝕂∑ est convergente et ∑ Remarques : La somme d’une série convergente et d’une série divergente est divergente. On ne peut rien dire en général de la somme de deux séries divergentes. Exemple : ∑ diverge, ∑ ( ∑ et ∑ ) ∑ divergent et ∑ ( ∑ diverge. )=∑ ( ) converge 4 Proposition : Pour qu’une série à termes complexes ∑ séries ∑ ( ) et ∑ ( ) convergent. Dans ce cas ∑ converge, il faut et il suffit que les deux ∑ ( ) ∑ ( ) 3) Convergence absolue Définition : On dit que la série ∑ ∑| | converge. converge absolument ou est absolument convergente si la série Théorème : Toute série absolument convergente est convergente. Si c’est le cas, on a alors : |∑ | | ∑| Exemple : ∑ ( ( ) ) est absolument convergente donc convergente, car | ( ( ) | ) ( ) avec ∑ ( ) converge. De même ∑ ( ) converge absolument car | La réciproque est fausse, ∑ ( ) | ( ) converge n’implique pas que ∑ converge absolument. Contre-exemple : ∑ ( ) converge (Voir §I.3.2), mais ne converge pas absolument. II) Série à termes positifs Définition : On dit qu’une série ∑ est à termes positifs si . 1) Critère de base Proposition : Soit ∑ une série à termes positifs. La série converge si et seulement si la suite ( somme est alors : . La série diverge si et seulement si Idée – Preuve : Comme , la suite ( ) de ses sommes parallèles est majorée. Sa . ) est croissante. 5 2) Critères de comparaison Théorème de majoration : Soient ∑ et ∑ deux séries à termes positifs. Supposons qu’il existe tel que pour tout , . Alors : Si ∑ converge, alors ∑ converge. Si ∑ diverge, alors ∑ diverge. Preuve : La nature d’une série ne dépendant pas de ses premiers termes, on peut supposer que ∑ ∑ . Notons et . Par hypothèse, pour tout , . Donc, par le critère de base : Si ∑ converge, alors ( ) est majorée, et donc ( ) est aussi majorée ; par le critère de base, ∑ converge. Si ∑ diverge, alors ( ) tend vers , et donc ( ) tend aussi vers ; par le critère de base, ∑ diverge. Exemple 1 : Pour tout ∑ ( , ) ( ) ( ) . Or, nous avons vu que ∑ ( ) est convergente. ⇒ Par le théorème de majoration, ∑ converge. Exemple 2 : Considérons ∑ Pour tout ∑ . , et . De plus, ⇒ Par le théorème de majoration, ∑ pour avec ∑ divergente. diverge. Exemple 3 : Soit ∑ et ∑ deux séries divergentes à termes positifs. Alors, comme ∑( ) diverge par le théorème de majoration. , Le théorème est faux si les séries ne sont pas à termes positifs. Contre-exemple : ( ) ∑ ∑ Théorème d’équivalence : Soit ∑ ∑ sont de même nature. ( ) et ∑ (Voir III. 2)) alors ∑ deux séries à termes positifs. Si 6 et Preuve : Supposons que , alors . Donc à partir d’un certain rang, ⇔ On conclut à l’aide du théorème de majoration. Exemple 1 : Considérons la série ∑ ( ). Pour tout ( ) donc ( ) Comme ∑ Comme∑ ∑ , diverge (c’est la série harmonique), par le théorème d’équivalence, ( ) diverge. Exemple 2 : Considérons ∑ . Pour , et donc ( ) De plus, Or, ∑ ( ) est la série géométrique de raison d’équivalence, ∑ , donc convergente. D’après le théorème est convergente. Ce résultat est faux si les séries ne sont pas à termes positifs. Contre-exemple : ( ) ( √ ) ( ) avec √ convergente et d’une divergente). ∑ ∑ diverge (car somme d’une converge (car somme de deux séries convergentes). 3) Séries de comparaison A) Séries de Riemann Nous allons étudier les séries de la forme ∑ Si Si Si Si ∑ → ∑ ∑ ∑ ( diverge grossièrement. diverge grossièrement. ∑ ) diverge. Comme ∑ diverge par le théorème de majoration, ∑ Supposons . Soit (( ) ) Pour on a : ∫ * ∫ 7 + D’où, en sommant pour ∑ ∑ : (( ) ) ⇒ D’après les critères de base, ∑ Théorème : La série de Riemann ∑ ( c’est-à-dire ∑ ) converge pour converge si et seulement si B) Séries de Bertrand Théorème : La série de Bertrand ∑ ( ) ( converge si et seulement si ) Exemple : Etudions ∑ On a ( ( ) ( ) √ ( ) donc ( ) donc ( ) ( De plus : Ainsi : ) ( ) √ ( ) ( ) ( ) √ ( )) ( ) ( ) ( ( )) ( ). ∑ Donc ∑ est une série convergent (série de Riemann de paramètre 2>1). ⇒ Par le théorème d’équivalence, ∑ converge. 4) Critères classiques Règle de d’Alembert : Soit ∑ Alors : Si Si une série à termes strictement positifs. Supposons que ∑ ∑ Remarque : On ne peut rien dire dans le cas où Exemples : ∑ ( ) ∑ On essayera d’appliquer la règle de d’Alembert lorsque le terme général de la série contient des produits et des factorielles (et des puissances nièmes, même s’il est préférable d’utiliser la règle de Cauchy). 8 Exemple 1 : Etudions la série de terme général Pour tout ( Pour ( ( ) ( ) ( ) ) ( ( ) ) D’après la règle de d’Alembert, ∑ ( ) → Car ) ( ( ) ( ) ) . converge. Exemple 2 : , la série ∑ Etudions pour ( On pose ) ( ) Pour tout ( ( ( On a et ( ( ) )) ( ( → ) ( ) ( ) ( ( , on a ) converge. , la série ∑ Pour ) )( . D’après la règle de d’Alembert, ∑ Exemple 3 : Etudions pour Pour ) ( ) )( ) . ) ( ) → Donc d’après la règle de d’Alembert : ∑ Si ∑ Si ∑ Si ∑ ∑ , série de Riemann qui converge si et seulement si – Règle de Cauchy : Soit ∑ Alors : Si , alors ∑ Si , alors ∑ Remarque : Si Exemples : une série à termes positifs. Supposons que converge. diverge. , on ne peut rien dire a priori. ( ) ⁄ ( ⁄ ∑ ( ) → ) donc ∑ avec diverge grossièrement. ⁄ converge comme série de Riemann de paramètre 2>1 et ⁄ ⁄ On essaiera d’appliquer la règle de Cauchy lorsque le terme général contient des puissances nièmes. 9 Exemple 1 : Etudions ∑ ( avec la règle de Cauchy, ∑ ) . Pour tout ⁄ On a → . D’après converge. Exemple 2 : Etudions ∑ règle de Cauchy, ∑ III) ( avec ) √ Pour On a ⁄ → √ D’après la converge. Séries à termes quelconques 1) Méthodes générales A) Rappel Pour déterminer la nature d’une série ∑ à termes quelconques (complexes ou réels), on peut commencer par étudier sa convergence absolue, en appliquant à ∑| | les méthodes des séries à termes positifs. Ainsi, la convergence absolue (et donc la convergence) de ∑ est établie si on connait une série à termes réels convergente ∑ vérifiant : | | à partir d’un certain rang, | | . Exemple 1 : La série ∑ est absolument convergente car | paramètre | et ∑ est une série de Riemann de donc convergente. Exemple 2 : Considérons ∑ Or, ⁄ avec ⁄ et ∑ . Alors, pour tout ⁄ ⁄ | | est une série de Riemann de paramètre Donc, par le théorème d’équivalence ( de majoration, on en déduit que ∑ ⁄ ), ∑ . ⁄ , donc convergente. converge ; par suite, par le théorème est absolument convergente (donc converge). B) Méthode Pour étudier la convergence d’une série pour ∑ non-absolument convergente, on fera (si c’est possible), un développement asymptotique (développement limité en ) du terme général de la série, le dernier terme étant : Soit le terme général d’une série absolument convergente Soit à signe constant 10 Exemple : Etudions la série ∑ On a | ( avec | ) : ⁄ ⁄ avec ∑ ⁄ ⁄ est une série de Riemann de paramètre , donc divergente. Ainsi, par le théorème d’équivalence, ∑ diverge et donc n’est pas absolument convergente (par le théorème d’équivalence). Convergence absolue ⇒ convergence mais convergence absolue ⇍ convergence. Effectuons un développement asymptotique de : ( ) Suivant le développement limité de ( C'est-à-dire ( ) ( ) ⁄ ) ( ⁄ ) ( ⁄ ⁄ ( ) ( ⁄ ) ( ) ⁄ ) ⁄ ( )→ ( ⁄ ( )) ⁄ avec ( ) → Or : ( ∑ ) ⁄ Pour | ( est une série alternée convergente (Voir §III.2)) assez grand, tel que | ( )| ) ( ⁄ Comme ∑ ) ⁄ ∑ ⁄ ⁄ ( )| : ⁄ ⁄ ⁄ est une série de Riemann de paramètre , donc convergente, par le théorème de majoration. ∑( ( ) ( ⁄ Conclusion : ∑ convergente). ) ⁄ ( )) est absolument convergente. converge (Somme d’une série convergente et d’une série absolument 2) Séries alternées Définition : On appelle série alternée, une série de la forme∑( est une suite à termes positifs. ) (ou ∑( ) ) où ( ) Théorème : Critère des séries alternées Soit ( ) , une suite de nombres réels positifs. Si la suite ( ) est décroissante et tend vers 0, alors la série alternée ∑( ) (ou ∑( ) ) est convergente. De plus, si est la somme partielle d’ordre de la série, et est la somme de la série, alors : | | |∑ ( ) | et | | est du signe de ( ) (ou ( ) ). | | ( 0 ( ) ) 11 Exemple 1 : ( La série harmonique alternée ∑ → ) est une série qui vérifie le critère de série alternée car ( ) est une suite décroissante, elle est donc convergente. Exemple 2 : Plus généralement, considérons les séries de Riemann alternées ∑ Si le terme général ( ) ( ) ( ) où : ne tend pas vers 0, et donc la série diverge grossièrement. , ( ) est une suite à termes positifs décroissants qui tend vers 0, d’après le Si ( critère des séries alternées, ∑ ) converge. Cependant cette série ne converge pas absolument, car ∑ diverge quand . On dit qu’elle est semi-convergente. , la série ∑ Si Le résultat est faux si ( ( converge absolument car ∑ converge. ) ne décroit pas. ( Contre-exemple : ∑ ) ( ) ) √ C’est une série alternée car décroissante car √ ( ( ) ) ⇔ √ . Mais (( pour √ ( ) ) √ ) n’est pas une suite √ √ Effectuons un développement asymptotique : ( ( ) ) ( ( √ ) ) √ ( ( ( ( ) ) ⁄ √ ) ( ) ( ( √ √ ( ) ) ( √ ( ( ) ⁄ ) ) ( √ ) ) ( )) avec ( ) → √ ( ) ( ) ⁄ √ ( ) ⁄ Or : ∑ ( ) est une série qui vérifie le critère des séries alternées et donc elle converge. √ ∑ est divergente, c’est la série harmonique. A partir d’un certain rang, tel que | ( )| Comme ∑ ⁄ ( ) ⁄ est une série de Riemann de paramètre théorème de majoration : ∑ ( Conclusion : ∑ , on a | ( ) ( ⁄ ) ⁄ ( ) ⁄ ( )| ⁄ ⁄ ⁄ donc convergente, par le ( )) est absolument convergente. diverge. Remarque : Cet exemple nous donne également un contre-exemple au théorème d’équivalence, le fait que les séries soient à termes positifs est essentiel. En effet : ( ( ) ) ( √ ) √ avec ∑ ( ( ) ) √ diverge et ∑ ( ) √ converge. 12 3) Règle d’Abel Règle d’Abel : Soit ( ) une suite à termes complexes tel que . Pour tout . Supposons que : ( ) est une suite de nombres réels positifs, décroissante et qui tend vers 0. | Il existe tel que pout tout , |∑ . Alors, la série ∑ converge. Remarque : Le critère des séries alternées est un cas particulier de la règle d’Abel (en prenant ( ) ). et Exemple : Considérons ∑ qui tend vers 0. On a : |∑ et ( où | Avec | | | ( ) | | | | ( ) est une suite de nombres positifs, décroissantes et | ) ( ) ( ) Donc : |∑ | | ( )| . D’après la règle d’Abel, ∑ On en déduit en particulier que pour tout , la série ∑ Par conséquent, les séries alternées réelles ∑ ( ) s et ∑ converge pour converge avec ( ) convergent. 13 .