Pr´eparation `a l’agr´egation externe de math´ematiques Ann´ee 2005-2006
Universit´e de Nice-Sophia-Antipolis
Groupe op´erant sur un ensemble - Th´eor`emes de Sylow
Un groupe fini Gne poss`ede pas ecessairement un sous-groupe d’ordre k, pour un entier k
divisant |G|. Par exemple :
Exercice 1. Le groupe altern´e A4n’a pas de sous-groupe d’ordre 6.
1.a- Donner les 12 ´el´ements de A4et leurs ordres (les ordres sont 1,2et 3).
1.b- Montrer que le centre Z(A4)est r´eduit `a {e}(Ind. Si tel n’est pas le cas il existe σd’ordre
2et sd’ordre 3qui commutent, mais alors l’ordre de σ.s est 6, ce qui contredit la premi`ere question).
1.c- Monter que A4poss`ede un unique sous-groupe Kd’ordre 4et que K  A4.
1.d- Montrer que A4n’a pas de sous-groupe d’ordre 6(Ind. Si Lest un sous-groupe de A4
d’ordre 6, consid´erer G=KL. Montrer que G  A4et |G|= 2. En eduire alors que GZ(A4)).
En revanche on va montrer que si |G|=spnavec pun nombre premier qui ne divise pas s, il
existe des sous-groupes de Gd’ordre pr, pour 0 rn(premier th´eor`eme de Sylow).
0. Rappels. Soit Gun groupe op´erant sur un ensemble E. On note l’action par :
G×EE
(g, x)7→ g.x
efinitions . On appelle G-orbite d’un ´el´ement xde El’ensemble : x={g.x, g G}.
On appelle stabilisateur d’un ´el´ement xde Gle sous-groupe Gx={gG;g.x =x}de G.
On appelle EG={xE;g.x =x, gG}={xE;Gx=G}l’ensemble des points fixes de
Esous l’action de G.
Lorsque Gop`ere sur Gpar conjugaison Gx, est appel´e le centralisateur de xdans G, car il s’agit
de l’ensemble des ´el´ements de Gqui commutent avec x.
Lorsque Gop`ere sur l’ensemble de ses parties P(G), pour S∈ P(G), on appelle GSle
normalisateur de Sdans G, car si Sest un sous-groupe de G,Sest normal dans GS. On note
NG(S) le normalisateur de Sdans G.
On montre que (´equation aux classes) :
card(Ωx) = [G:Gx] et card(E) =
k
X
i=1
[G:Gxi],()
lorsque les xisont des repr´esentants des G-orbites distinctes.
Pour montrer () il suffit de prouver que pour tout xE, ΩxG/Gxefinie par g.x 7→ g.Gx
est une bijection.
Lemme 1. Soit Gun groupe fini d’ordre pnavec pun nombre premier et n1. Si Gop`ere
sur l’ensemble fini E, alors card(EG) = card(E) [p].
Preuve. Comme xEGssi Ωx={x},EGest l’ensemble des orbites ponctuelles. On ´ecrit :
card(E) = card(EG) +
k
X
i=1
[G:Gxi], o`u pdivise [G:Gxi], pour tout i∈ {1,···, k}.2
Lemme 2. Soient Het Kdeux sous-groupes d’un groupe Gavec :
-[G:H] = r,
-|K|=pno`u pest un nombre premier qui ne divise pas ret n1,
alors il existe xGtel que KxHx1.
Preuve. Posons E=G/H,Eest alors un ensemble de cardinal r. Si Kop`ere sur Epar
translation `a gauche, d’apr`es le Lemme 1, card(EK) = r[p]6= 0, puisque pne divise pas r. On a donc
EK6=. On a : x.H EKssi kK, k(x.H) = x.H ssi KGx.H . Mais gGx.H ssi g.x.H =x.H
ssi g.x x.H ssi gx.H.x1.2
1
1. Premier th´eor`eme de Sylow.
Th´eor`eme (Premier th´eor`eme de Sylow, 1872). Soit Gun groupe fini d’ordre spn
avec pun nombre premier qui ne divise pas s. Pour tout 0rn, il existe un sous-groupe de G
d’ordre pr.
Preuve (H. Wielandt, 1959). Soit Fl’ensemble des parties `a pr´el´ements de G.
On a card(F) = Cpr
spn=λ.pnr, avec pqui ne divise pas λ.
En effet Cpr
spn=spn
pr
pr1
Y
k=1
spnk
k. Si on ´ecrit k=qpα, avec 0 α < r et qnon divisible par p,
on a alors : spnk
k=spnαq
qet pne divise pas spnαq.
Notons que Gop`ere sur Fpar translation `a gauche puisque si AG,gG, card(g.A) =
card(A). Si A1,···Akrepr´esentent les G-orbites de F, on a :
λpnr=
k
X
i=1
[G:GAi],
o`u GAiest le stabilisateur de Aidans G. Par cons´equent il existe j∈ {1,···, k}tel que pnr+1 ne
divise pas [G:GAj].
On va montrer que H=GAjest d’ordre pr. Comme spn=|H[G:GAj] et que pnr+1 ne
divise pas [G:GAj], on ´ecrit : spn=|H| · s0pβ, avec 0 βnr. Ce qui donne :
|H|=s00 pnβ,avec nβr.
D’autre part si xAj, comme H3g7→ g.x Ajest injective, on aussi |H| ≤ card(Aj) = pr.2
2. Second th´eor`eme de Sylow.
efinition. — Soit pun nombre premier. On appelle p-sous-groupe de Gun sous-groupe
d’ordre une puissance de p. On appelle p-sous-groupe de Sylow de G, ou plus simplemement p-Sylow
de G, un groupe d’ordre pn, lorsque |G|=spn, avec snon divisible par p.
Lemme 3. Soit Gun groupe fini et Sun p-sylow de G, alors Sest l’unique p-Sylow du
normalisateur NG(S)de Sdans G.
Preuve. On note spn=|G|et s0pn=|NG(S)|(puisque Sest un p-Sylow de NG(S)). Si Kest
un autre p-Sylow de NG(S), on a [NG(S) : K] = s0et par le Lemme 2 il existe xNG(S) tel que
KxSx1. Mais xSx1=Set |S|=|K|=pndonne S=K.2
Th´eor`eme (Second th´eor`eme de Sylow, 1872). Soit Gun groupe fini d’ordre spn, avec
pnombre premier ne divisant pas set n1.
1- Tout p-sous-groupe de Gest contenu dans un pSylow.
2- Les p-Sylow sont conjugu´es.
3- Leur nombre est 1[p]et divise s.
Preuve. 1- Soit Kun p-sous-groupe de G. Par le premier th´eor`eme de Sylow, il existe un
p-Sylow S. D’apr`es le Lemme 2 il existe xGtel que KxSx1. Mais comme |xSx1|=|S|=pn,
xSx1est un p-Sylow.
2- On applique `a nouveau le Lemme 2.
3- Soit Sl’ensemble des p-Sylow. D’apr`es 2, Gop`ere transitivement par conjugaison sur S,
d’o`u quel que soit S∈ S : card(S) = card(ΩS) = [G:NG(S)]. On en d´eduit que card(S) divise
[G:S] = s, puisque [G:NG(S)] divise [G:S].
De plus Sop´erant sur Spar conjugaison, par le Lemme 1 : card(S) = card(SS) [p]. Notons que
S0∈ SSssi sS0s1=S0, pour tout sSssi SNG(S0). Par le Lemme 3, S0est le seul p-Sylow de
NG(S0), donc card(SS) = 1 et card(S) = 1 [p]. 2
Corollaire 4. Un groupe fini Gposs`ede un unique p-Sylow Sssi S  G. En particulier si G
est ab´elien, Gposs`ede un unique p-Sylow. 2
2
Corollaire 5. Un p-Sylow est un p-sous-groupe maximal pour l’inclusion parmi les p-sous-
groupes. 2
3. Applications.
Rappel. Soit ζune racine primitive n-i`eme de l’unit´e dans C, ie que ζn= 1 et ζm6= 1, pour
0< m < n. Une telle racine est un g´en´erateur du groupe cyclique des racines n-i`eme de l’unit´e. On
note πnl’ensemble des racines primitives n-i`eme de l’unit´e et Φn(X) = Y
ζπn
(Xζ) est appel´e le
n-i`eme polynˆome cyclotomique. On a alors :
Xn1 = Y
d/n
Φd(X).
En effet les racines de Xn1 sont les racines n-i`eme de l’unit´e. Une telle racine ζa un ordre d
qui divise net ainsi Xζdivise Φd(X), puisque ζest une racine d-i`eme primitive de l’unit´e. On
en conclut que Xn1 divise Y
ζπn
(Xζ). eciproquement, si d/n, une racine d-i`eme primitive de
l’unit´e est une racine de l’unit´e, donc Y
ζπn
(Xζ) divise Xn1. Comme ces deux polynˆomes sont
unitaires, on a bien l’´egali´e annonc´ee.
Th´eor`eme de Wedderburn. Tout corps fini est commutatif.
Solution. Soit kun corps fini de psa caract´eristique et Zle centre de k.
On a FpZet en notant rla dimension du Fp-espace vectoriel Z, on obtient card(Z) = pr=q.
De mˆeme en notant n= dimZ(k), card(k) = qn=prn.
Soit xk, notons kx={yk;yx =xy}le centralisateur de xdans k. Soit k
x=kx\ {0}.
Comme Zkx, en notant d(x) = dimZ(kx) on obtient card(kx) = qd(x). Comme k
xest un sous-
groupe de k,qd(x)1 divise qn1. En ´ecrivant : n=sxd(x) + tx, avec 0 tx< d(x), on
a :
qn1 = [(qd(x))sx1]qtx+qtx1 = (qd(x)1)
sx1
X
i=0
qtx+id(x)+qtx1,
et donc qd(x)1 divise aussi qtx1. Comme q2 et tx< d(x), on a tx= 0 et ainsi d(x) divise n.
On va montrer que n= 1, ie que Z=k.
On fait op´erer kpar conjugaison sur lui-mˆeme. L’´equation aux classes () donne :
qn1 = q1 + X
dD
qn1
qd1,(1)
o`u Dest un certain ensemble de diviseurs de ndistincts de n, d’apr`es le point pr´ec´edent et non vide
ssi n>1. On sait que :
qn1 = Y
m/n
Φm(q), qd1 = Y
m/d
Φm(q).(2)
On tire de (1) et (2) que Φn(q) divise q1 et donc que |Φn(q)| ≤ q1.
Soit ζune racine primitive n-i`eme de l’unit´e. Puisque nest suppos´e >1, on a : |qζ|> q 1.
Il s’ensuit que : |Φn(q)|>(q1)ϕ(n)o`u ϕ(n) est le nombre d’entier < n et premier avec n. En
particulier : |Φn(q)|> q 1. Ce qui contredit le point pr´ec´edent. 2
Exercice 1. Soit kun corps de caract´eristique pet de cardinal q=pr. Soit G=Gln(k)le
groupe des matrices inversibles n×n`a coeffiicients dans k.
1- Montrer que |G|=prn(n1)/2
n
Y
i=1
(qi1).
2- Montrer que
n
Y
i=1
(qi1) est premier `a qet `a p.
3- Soit Sle sous-groupe des matrices triangulaires sup´erieures `a coefficients diagonaux ´egaux
`a 1. Montrer que Sest un p-Sylow de G.
3
Solution. 1L’ordre de Gest le nombre de bases du k-espace kn. Ce nombre est :
(qn1)(qnq)···(qnqn1) = qn(n1)/2
n
Y
i=1
(qi1)=prn(n1)/2
n
Y
i=1
(qi1).
2- On montre que qet qi1 n’ont pas de diviseur commun autre que 1, pour i= 1 ···n. En
effet pour i= 1, c’est trivial. Si i > 1, qi1 = q(qi1)+q1. Si qet qi1 avait un diviseur
commun autre que 1, il en serait de mˆeme de qet q1.
3- Le groupe Sest d’ordre qq2···qn1=qn(n1)/2=prn(n1)/2
Rappel. On dit qu’un groupe Gest simple ssi G6=e, et les seuls sous-groupes normaux de G
sont {e}et G.
Exercice 2. Si Gest un groupe fini d’ordre pn, le centre de Gest 6={e}.
Si Gest de plus non ab´elien, Gn’est pas simple.
Solution. On ´ecrit l’´equation aux classes () lorsque Gagit sur lui-mˆeme par conjugaison. En
isolant les classes ponctuelles de conjugaison, dont les ´el´ements du centre sont les repr´esentants, on
obtient : pn=|Z(G)|+X
iI
[G:Gxi], avec I=si Gest ab´elien. On conclut en disant que pdivise
[G:Gxi] dans le cas non ab´elien.
Supposons maintenant Gest de plus non ab´elien, comme Z(G)6=G,Z(G)6={e}et Z(G) G,
Gn’est pas simple.
Exercice 3. Si Gest d’ordre spnet simple alors Gposs`ede plusieurs p-Sylow.
Solution. Soit Sun p-Sylow de G. Notons que S6=Gpar l’exercice p´ec´edent. Si S´etait
l’unique p-Sylow de G, on aurait S  G, par le Corollaire 4.
Exercice 4. Si Gest d’ordre pq, avec pet qdeux nombres premiers distincts, alors Gn’est pas
simple.
Solution. Supposons par exemple p > q. Le nombre de p-Sylow de Gest 1 modulo pet divise
q. Comme pne peut diviser q1, ce nombre est 1, et l’unique p-Sylow de Gest propre et normal.
Exercice 5. Soit Gun groupe d’ordre pq avec p6=q,pet qpremiers, p6≡ 1 [q]et q6≡ 1 [p],
alors Gest cyclique.
Solution. Gposs`ede un seul p-Sylow Sppuisque le nombre de p-Sylow est 1 + kp et divise q,
soit est ´egal `a q. De mˆeme, Gposs`ede un seul q-Sylow Sq, et par cons´equent Sp=< x > est cyclique
et Sp G,Sq=< y > est cyclique et Sq G. Montrons que xy =yx. On a x1y1xy SpSqcar
Spet Sqsont normaux. Mais comme SpSq={e}, on a bien xy =yx. L’ordre de xy est alors pq.
Rappel. Soit Get G1,···, Gkdes groupes. Alors Gest isomorphe au produit direct
k
Y
i=1
Gissi
il existe dans Gdes sous-groupes H1,···, Hk:
i- Gi'Hi,
ii- hiHi, hjHj, hihj=hjhi,
iii- G=H1···Hk
iv- i, HiH1···Hi1Hi+1 ···Hn={e}.
Exercice 6. Soit gun groupe d’ordre pα1
1···pαk
k, avec les pipremiers, distincts et αi>0. Si
pour tout i G poss`ede un unique pi-Sylow Pi,G=P1···Pk'
k
Y
i=1
Pi.
En cons´equence si Gest ab´elien et d’ordre pα1
1···pαk
k, avec les pipremiers, distincts et αi>0,
alors Gest isomorphe au produit de ses pi-Sylow.
Solution. Les Pisont normaux dans G, donc Pi···Pk'Qk
i=1 Pi, d’apr`es le rappel. On en
eduit que |Pi···Pk|=|P1|···|Pk|=|G|.
Exercice 7. Tout groupe d’ordre 42 n’est pas simple.
Solution. Le nombre de 7-Sylow est 1 + 7k, pour un certain entier ket divise 6. Ce nombre est
donc 1 et ce 7-Sylow est par cons´equent normal.
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