Mini-revue Chimiothérapie néoadjuvante des cancers gastriques résécables Stéphanie Lagarde, Elodie Scaglia, Olivier Bouché Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Hépato-gastroentérologie/Oncologie digestive, CHU Robert Debré, avenue du Général Koenig, 51092 Reims Cedex <[email protected]> Bien que le taux de chirurgie à visée curative des cancers gastriques soit en augmentation, le pronostic reste mauvais avec une survie de seulement 35 % à 5 ans et de 20 % à 10 ans après résection. De multiples études de phase II ont montré la faisabilité et l’efficacité du traitement préopératoire dit néoadjuvant (chimiothérapie avec ou sans radiothérapie). Dans ces études, les patients répondeurs au traitement néoadjuvant avaient un meilleur pronostic que les non-répondeurs. Un essai anglais de phase III récemment publié a démontré l’efficacité d’une polychimiothérapie associant en périopératoire épirubicine-cisplatine-5FU continu (ECF) (3 cures pré et postopératoires) avec une diminution du risque relatif de rechute de 44 % et de décès de 25 %. Les résultats préliminaires favorables d’un essai français évaluant l’association 5FU-cisplatine suggéraient qu’un schéma sans anthracyclines était également efficace. Sauf contre-indication, la chimiothérapie néoadjuvante à base de 5FU et cisplatine est donc un nouveau standard pour les cancers gastriques résécables de stade II ou III en imagerie. Cela justifie que la stratégie thérapeutique soit discutée en réunion de concertation pluridisciplinaire avant la chirurgie. La place des nouvelles chimiothérapies (irinotécan, oxaliplatine, docétaxel, prodrogues orales du 5FU), de la radiothérapie et des biothérapies ciblées reste à évaluer. Dans l’avenir, la substitution du 5FU continu par la capécitabine orale d’une part, et du cisplatine par l’oxaliplatine d’autre part, pourrait améliorer la faisabilité, le confort des patients et leur tolérance aux traitements. doi: 10.1684/hpg.2007.0036 Mots clés : cancer gastrique, chimiothérapie néoadjuvante, 5FU, épirubicine, cisplatine B Tirés à part : O. Bouché ien que son incidence soit en diminution dans la plupart des pays, le cancer de l’estomac reste fréquent, représentant la deuxième cause de mortalité par cancer dans le monde. En France, où il se situe encore au deuxième rang des cancers digestifs, le nombre de nouveaux cas est estimé à environ 7 000 par an, avec un nombre de décès de 5 000 [1]. Malgré une augmentation du taux de résection à visée curative (entre 50 % et 60 %) et une diminution de la mortalité opératoire, le pronostic du cancer gastrique reste sévère avec un taux de survie d’environ 15 % à 5 ans et 8 % à 10 ans tous stades confondus ; pour les patients opérés, le Hépato-Gastro, vol. 14, n°1, janvier-février 2007 47 Mini-revue Tableau 1. Essais de phase II de chimiothérapie néoadjuvante dans les cancers gastriques résécables. Auteurs Wilke [15] Kelsen [16] Ajani [17] Alexander [18] Crookes [19] Siewert [20] Schuhmacher [21] Ott [22] Ajani [23] Brenner [24] Protocole EAP FAMTXa EFPa 5FU, AF et IFN-a2a P et 5FUa P, 5FU et AF EAP PLF 5FU, IFN et P P et 5FUb Nombre de patients 34 56 25 22 59 41 42 42 30 38 Résection R0 Survie médiane Survie à 2 ans 30 % 61% 72% 82 % 68% 73 % 74 % 76 % 83 % 84 % 18 mois 15 mois 15 mois 18 mois 52 mois 19 mois 25 mois 30 mois 30 mois 26 % 40 % 44 % 52 % 64 % 56 % 40 % - Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. P : cisplatine ; AF : acide folinique. a chimiothérapie adjuvante. b chimiothérapie adjuvante intrapéritonéale. taux de survie relative est de l’ordre de 35 % à 5 ans et de 20 % à 10 ans [2]. Les taux de survie varient de 5 à 80 % en fonction du stade de l’extension tumorale (T) et ganglionnaire (N). Les récidives sont plus souvent péritonéales et locorégionales qu’à distance. Le taux de récidive est majoré lorsqu’il existe une atteinte ganglionnaire mais le ratio nombre de ganglions envahis/nombre total de ganglions prélevés est un facteur pronostique indépendant plus fort que le nombre de ganglions envahis. La qualité de la chirurgie et du curage est donc un facteur pronostique majeur [3]. En postopératoire, la radiochimiothérapie à base de 5FU est le seul traitement démontré efficace pour améliorer le pronostic [4]. La perte de poids postgastrectomie majore la fréquence et l’intensité des effets secondaires des traitements adjuvants [5]. L’utilisation d’un traitement néoadjuvant dans le cancer de l’estomac est donc une approche potentiellement intéressante. La radiothérapie pourrait augmenter le contrôle tumoral local et une chimiothérapie pourrait contrôler la diffusion systémique. Une chimiothérapie première associée ou non à une radiothérapie, pourrait ainsi permettre une diminution de la masse tumorale et faciliter la chirurgie curatrice avec des effets secondaires modérés. C’est sur ces hypothèses que se sont basés différents essais thérapeutiques évaluant le traitement néoadjuvant dans le cancer de l’estomac [5-11]. L’interprétation des résultats est parfois difficile car ces études incluaient parfois des malades avec cancers résécables et non résécables. Les différents traitements néoadjuvants évalués dans cette revue de la littérature concernent les tumeurs jugées a priori résécables en 1re intention sur un bilan d’imagerie. Lorsqu’un cancer gastrique est non résécable d’emblée, la chimiothérapie administrée est la même que celle indiquée dans les formes métastatiques à visée palliative (cf. mise au point récente [12]). 48 Des données préliminaires prometteuses concernant l’évaluation précoce de la réponse métabolique par TEP-TDM pour les adénocarcinomes de la jonction œsogastrique ont été publiées [13, 14]. Cependant, il n’existe pas encore d’examen validé permettant d’évaluer la réponse au traitement néoadjuvant. L’objectif principal des essais cliniques reste donc le taux de résection complet (R0) et la survie globale et sans récidive. Chimiothérapie néoadjuvante De nombreux essais de phase II H. Wilke et al. [15] ont été les premiers à rapporter une série de 34 malades ayant un cancer gastrique non résécable d’emblée. Une chimiothérapie préopératoire associant étoposide, doxorubicine et cisplatine était effectuée puis, un second look chirurgical réalisé. Le taux de réponse histologique complète était de 15 %. De nombreuses autres études de phase II ont ensuite montré la faisabilité et la tolérance de la chimiothérapie néoadjuvante dans les cancers gastriques résécables, sans majoration de la morbidité ou de la mortalité postopératoire [16-24]. Les différents protocoles utilisaient des associations d’étoposide, fluorouracile, cisplatine, doxorubicine, acide folinique, méthotrexate, mitomycine ou interféron alpha (tableau 1). La médiane de survie dans ces études variait de 15 mois à plus de 4 ans. Le taux de résection RO s’échelonnait de 30 à 84 % et une réponse histologique complète était notée chez 0 à 9 % des malades. Dans une étude allemande [21], la réponse à la chimiothérapie préopératoire était significativement associée à un meilleur pronostic en analyse univariée (p = 0,008). Les patients répondeurs avaient une médiane de survie supérieure (45 mois) à celle de Hépato-Gastro, vol. 14, n°1, janvier-février 2007 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Tableau 2. Protocoles de chimiothérapie néoadjuvante recommandés dans les cancers gastriques résécables. Protocolesa recommandés • ECF [27] J1 : épirubicine 50 mg/m2 et cisplatine 60 mg/m2 IV puis 5FU 200 mg/m2/j en IV continu de J1 à J21 tous les 21 jours 3 cures préopératoires et 3 cures postopératoires • FUP [28] J1 : cisplatine 100 mg/m2 IV puis 5FU 800 mg/m2/j en IV continu de J1 à J5 tous les 28 jours 2 cures préopératoires et 2 cures postopératoires Alternatives moins astreignantes • ECX J1 : épirubicine 50 mg/m2 et cisplatine 60 mg/m2 IV puis capécitabine 2 000 mg/m2/j per os de J2 à J15 tous les 21 jours 3 cures préopératoires et 3 cures postopératoires • LV5FU2-cisplatine J1 : acide folinique 200 mg/m2 IV en 2 heures puis 5FU 400 mg/m2 IV bolus puis 5FU 600 mg/m2 en IV continu pendant 24 heures J2 : idem à J1. Cisplatine 50 mg/m2 IV en 1h à J1 ou J2 tous les 14 jours 4 cures préopératoires et 4 cures postopératoires. Essai thérapeutique • phase II FFCD-FNCLCC-Gercor 0308 (TRACE) b LV5FU2 simplifiée-irinotécan (FOLFIRI) 4 cures puis radiothérapie avec 5FU continu a b voir bibliographie pour le détail des protocoles. voir site www.ffcd.fr pour renseignements. l’ensemble des patients (19,1 mois). De même dans une série de 83 malades ayant un cancer gastrique et traités par chimiothérapie préopératoire, la survie à 5 ans des répondeurs était supérieure à celle des non répondeurs (83 % versus 31 %, p < 0,001) [25]. En analyse multivariée, la réponse à la chimiothérapie préopératoire était le facteur prédictif de survie le plus important. Kelsen et al. ont associé la chimiothérapie néoadjuvante à une chimiothérapie intrapéritonéale postopératoire chez 56 patients [16] avec une médiane de survie de 15 mois. Trois essais de phase III : vers un nouveau standard ? Un premier essai randomisé hollandais a inclus 59 malades, traités soit par chirurgie seule, soit par 4 cures de polychimiothérapie préopératoire associant 5FU, adriamycine et méthotrexate (FAMTX) [26]. Cet essai s’est avéré négatif en termes de survie globale (30 mois versus 18 mois ; p = 0,17), suggérant même un effet délétère de cette chimiothérapie néoadjuvante trop toxique et trop prolongée. Un essai britannique randomisé, dénommé MAGIC (Medical research council adjuvant gastric infusional chemotherapy), a évalué l’apport d’une chimiothérapie périopératoire chez des patients ayant un cancer gastrique ou du cardia résécable. Les résultats définitifs viennent d’être publiés [27]. Dans cette étude multicentrique, 503 patients ayant un cancer gastrique de stade II ou plus, ont été randomisés pour être traités soit par chirurgie d’emblée, soit par chirurgie précédée puis suivie par 3 cycles de chimiothérapie associant épirubicine-cisplatine-5FU continu (schéma ECF) (tableau 2). L’objectif principal était l’amélioration de la survie globale. Dans le bras chimiothérapie, 86 % des patients ont reçu la chimiothérapie préopératoire complète, 55 % ont eu une chimiothérapie postopératoire et 42 % seulement les 6 cycles de chimiothérapie. Les principales causes de non-réalisation de la chimiothérapie postopératoire étaient le décès, la progression de la maladie, les complications postopératoires ou la demande des malades, en raison d’une moins bonne tolérance du traitement. Il y avait davantage de petites tumeurs de stade pT1 et pT2 (52 % versus 37 % ; p = 0,002) et moins d’envahissement ganglionnaire (statut N0 ou N1) (84 % versus 70,5 % ; p = 0,01) après la chimiothérapie néoadjuvante. Ce down staging a permis davantage de résection curative de type R0 (79 % versus 70 % ; p = 0,03). La mortalité et la morbidité postopératoire n’étaient pas différentes entre les 2 groupes. Après un suivi médian de 4 ans, les résultats en survie globale sont en faveur du traitement périopératoire avec un hazard ratio à 0,75 (IC 96 % : 0,60-0,93). La survie globale à 5 ans était de 36 % dans le bras chimiothérapie périopératoire versus 23 % dans le bras chirurgie seule avec des médianes de survie respectives de 24 mois versus 20 mois (p = 0,008). La survie sans récidive était également significativement améliorée par la chimiothérapie (HR 0,66 ; IC 96 % : 0,53-0,81 ; p = 0,0001). Les résultats préliminaires d’une autre phase III randomisée (essai intergroupe français FNCLCC94012FFCD9703) ont été présentés à l’ASCO 2006 [28]. Cet essai comparait un schéma de chimiothérapie préopératoire (2 cures de 5FU et cisplatine (FUP) (tableau 2) à la chirurgie seule chez des patients ayant un adénocarcinome gastrique, du cardia ou du bas œsophage résécable. Le nombre de patients inclus était de 224 dont 113 patients ont reçu une chimiothérapie néoadjuvante. Le taux résection de type R0 était plus élevé chez les malades recevant une chimiothéra- Hépato-Gastro, vol. 14, n°1, janvier-février 2007 49 Mini-revue Tableau 3. Essais de phase III randomisant chirurgie seule versus chimiothérapie préopératoire dans les cancers gastriques résécables. Auteurs Protocolesa Nombre de patients Taux de résection R0 Survie médiane Hartgrink [26] Chir seule 29 59 % FAMTX Chir seule 30 253 ECF Chir seule 5FU-P 250 111 113 Cunningham [27] Ychou [28] 30 mois Survie sans récidive à 5 ans 34 % p 0,17 47 % 70 % 18 mois 18 mois 21 % 23 % 0,008 79 % 73 % 84 % 24 mois - 36 % 17 % 34 % 0,02 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. P : cisplatine. a voir texte et bibliographie pour le détail des protocoles. pie (84 % versus 73 % ; p = 0,04). La toxicité était acceptable (20 % de neutropénie grade 3-4 et 9 % de vomissement grade 3-4). Le taux de survie sans récidive était plus important dans le bras chimiothérapie (respectivement de 40 % versus 25 % à 3 ans et de 34 % versus 17 % à 5 ans ; p = 0,002). Sous réserve d’une confirmation des résultats en terme de survie globale, cet essai suggère qu’un schéma sans anthracyclines peut être efficace (tableau 3). Ces résultats doivent cependant être interprétés en fonction de la proportion importante de cancer du cardia (75 %). obtenue dans 55 % des cas. La médiane de survie était de 33,7 mois chez les 33 patients. Elle était de 63,9 mois chez les 18 patients ayant une réponse objective versus 12,6 mois chez les autres patients (p = 0,03). La survie sans récidive était corrélée au stade T de la tumeur (p = 0,002) et à la réponse anatomo-pathologique (p = 0,02). L’efficacité de cette association chez des patients très sélectionnés doit cependant être confirmée dans des essais randomisés comparant radiochimiothérapie versus chimiothérapie seule. Radiochimiothérapie néoadjuvante Les nouvelles et futures thérapies Plusieurs essais de phase II ont évalué, d’une part, la radiochimiothérapie préopératoire [29, 30] et d’autre part, la séquence chimiothérapie dite d’induction suivie d’une radiochimiothérapie [31-33]. Ces associations à base de 5FU, cisplatine plus ou moins paclitaxel ont été actives et faisables avec une faible morbidité [tableau 4]. Le taux de résection RO s’échelonnait de 70 à 78 % et une réponse histologique complète était notée chez 5 à 30 % des malades. Dans l’une des études d’Ajani et al. [31], une réponse objective était Il est évident que l’efficacité des chimiothérapies traditionnelles reste limitée et que leur tolérance est médiocre. L’épirubicine et/ou le cisplatine sont souvent contre-indiqués chez les patients âgés. Avec l’utilisation de nouvelles molécules de chimiothérapie telles que l’irinotécan [34-36], le docetaxel [37-39], l’oxaliplatine [40-42], et la capécitabine [42-44], des résultats prometteurs ont été démontrés dans les indications métastatiques [12]. Dans l’avenir, la substitution du 5FU continu par la capécitabine orale d’une part [42, Tableau 4. Radiochimiothérapie néoadjuvante des cancers gastriques : essais de phase II récents. Auteurs Protocolesa Nb de pts Taux de résection R0 Lowy [29] Roth [30] Ajani [31] 5FU + RTE 45 Gy 5FU-P + RTE 38,4 Gy 5FU-P puis 5FU + RTE 45Gy paclitaxel- 5FU-P puis paclitaxel-5FU + RTE 45Gy 5FU-P puis paclitaxel5FU + RTE 45Gy 24 19 33 Ajani [32] Ajani [33] Mortalité post-op 75 % 70 % Réponse complète histo. 11 % 5% 30 % 5% 0% 6% Survie globale (médiane) 34 mois 34 mois 41 78 % 20 % 0% > 36 mois 49 77 % 26 % 0% > 21 mois RTE : radiothérapie externe ; P : cisplatine. a voir texte et bibliographie pour le détail des protocoles. 50 Hépato-Gastro, vol. 14, n°1, janvier-février 2007 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. 44], et du cisplatine par l’oxaliplatine d’autre part [41, 42], pourrait permettre d’élargir les indications et d’améliorer le confort des patients et leur tolérance aux traitements [3]. Plusieurs biothérapies ciblées sont en cours de développement en situation palliative [3, 12] : anticorps (cétuximab, matuzumab) ou inhibiteur d’EGFR (gefitinib, erlotinib), anticorps anti-VEGF (bevacizumab), anticorps anti-HER2 (trastuzumab), inhibiteur du protéasome (bortezomib), inhibiteur multi-cibles de VEGFR et EGFR (ZD6474). Les premiers résultats concernant l’erlotinib [45] et surtout l’association de l’antiangiogénique bevacizumab à une chimiothérapie combinant irinotécan et cisplatine sont très encourageants [46]. La place de ces biothérapies dans la stratégie thérapeutique néoadjuvante reste à évaluer. Les recommandations actuelles de bonne pratique Les deux sociétés savantes que sont la Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer (FNCLCC) et la Fédération francophone de cancérologie digestive (FFCD) ont émis des recommandations pour la prise en charge thérapeutique des patients atteints de cancer de l’estomac [47-49]. Ces recommandations ont été mises à jour et reprises dans le thésaurus national intergroupe (FFCD-FNCLCC-GERCOR-SNFGE) de cancérologie digestive en 2005 [50]. En attente de la publication in extenso des résultats de l’essai MAGIC, la chimiothérapie néoadjuvante par ECF des formes résécables n’était qu’une alternative en 2005. Outre le scanner thoraco-abdomino-pelvien, une échoendoscopie était recommandée pour déterminer le stade préthérapeutique si un traitement néoadjuvant était envisagé (indication pour les patients T3-T4 et/ou N + en imagerie). La résection chirurgicale (niveau de preuve A) et le curage ganglionnaire (niveau de preuve B) devaient être proposés chez tous les patients. En 2005, la radiochimiothérapie postopératoire par 5FU restait le standard (niveau de preuve B) en cas de tumeur de stade supérieur à I avec curage D0 et/ou si l’envahissement ganglionnaire est N2 ou N3 quel que soit le type de curage réalisé. Ce traitement postopératoire n’était qu’optionnel pour les tumeurs N1 avec curage D1 ou D2. Deux essais thérapeutiques de phase II vont évaluer les séquences chimiothérapie puis radiochimiothérapie. Un essai intergroupe français de phase II va évaluer la faisabilité de la séquence préopératoire deux cures de chimiothérapie par LV5FU2 simplifiée-irinotécan (FOLFIRI) puis radiothérapie potentialisée par du 5-FU continu (essai TRACE-FFCD 0308). Un essai européen va évaluer la séquence préopératoire chimiothérapie par 5FU, docétaxel et oxaliplatine puis radiothérapie potentialisée par de la capécitabine. Ces essais sont préalables à un grand essai de phase III (PETACC 9) qui aura comme bras de référence une chimiothérapie périopératoire. Perspectives et conclusions La chimiothérapie néoadjuvante à base de 5FU et cisplatine est un nouveau standard qui impose que la stratégie thérapeutique soit discutée en réunion de concertation pluridisciplinaire avant la chirurgie. L’élargissement du panel de molécules de chimiothérapie et de biothérapie ciblée, permettra peut-être de gagner en efficacité et en tolérance. Des questions essentielles restent en suspens : comment sélectionner les patients susceptibles d’être répondeurs ? Une évaluation précoce de la réponse à la chimiothérapie permettrait d’interrompre rapidement des protocoles potentiellement toxiques chez En résumé • La chirurgie reste le seul traitement curatif des cancers gastriques, mais elle est associée à un taux important de récidive locorégionale et de métastases à distance. • La radiochimiothérapie adjuvante par 5FU était admise comme l’unique standard dans les cancers gastriques avec atteinte ganglionnaire ou en cas de curage chirurgical insuffisant. La tolérance de ce traitement postopératoire est médiocre chez des patients souvent âgés et/ou dénutris dans les suites de la gastrectomie. • De nombreuses études de phase II ont établi la faisabilité des stratégies néoadjuvantes comportant chimiothérapie et/ou radiochimiothérapie. • Les résultats de 2 essais de phase III ont démontré l’efficacité d’une polychimiothérapie périopératoire associant épirubicinecisplatine-5FU continu (ECF) ou 5FU-cisplatine chez les patients avec cancers résécables de stade II ou III en imagerie. • Ce nouveau standard impose que la stratégie thérapeutique soit discutée en réunion de concertation pluridisciplinaire avant la chirurgie et après un bilan d’imagerie comportant un scanner thoraco-abdomino-pelvien plus ou moins une échoendoscopie. • Un des enjeux futurs est d’identifier des marqueurs pronostiques et prédictifs biologiques ou morphologiques permettant de différencier précocement les répondeurs des non-répondeurs au traitement néoadjuvant. • L’évaluation de nouveaux agents (irinotécan, oxaliplatine, docétaxel, prodrogues orales du 5FU, biothérapies ciblées) dans la stratégie thérapeutique néoadjuvante fait espérer des progrès en terme de faisabilité, d’efficacité et de tolérance. • Un essai intergroupe français de phase II va évaluer la faisabilité de la séquence préopératoire chimiothérapie par LV5FU2 simplifiée-irinotécan (FOLFIRI) puis radiochimiothérapie par 5FU continu (essai TRACE). Hépato-Gastro, vol. 14, n°1, janvier-février 2007 51 Mini-revue les malades non-répondeurs. Beaucoup d’espoir est également fondé sur une meilleure sélection thérapeutique par des marqueurs issus d’analyse génomique, pharmacogénomique ou protéomique pour aboutir à une thérapie à la carte, adaptée à chaque patient. Les progrès proviendront d’essais thérapeutiques menés de pair avec des études biologiques sur prélèvements tissulaires et sanguins. Références Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. 1. Remontet L, Esteve J, Bouvier AM, Grosclaude P, Launoy G, Menegoz F, et al. Cancer incidence and mortality in France over the period 1978-2000. Rev Epidemiol Sante Publique 2003 ; 51(1 Pt 1) : 3-30. 2. Faycal J, Bessaguet C, Nousbaum JB, Cauvin JM, Cholet F, Bideau K, et al. Epidemiology and long term survival of gastric carcinoma in the French area of Finistere between 1984 and 1995. Gastroenterol Clin Biol 2005 ; 29 : 23-32. 3. 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