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Revue Marocaine de Rhumatologie
drugs [csDMARDs], corticoïdes) et que seulement un patient
sur cinq observe son traitement à plus de 80% [20]. Ce
manque d’observance s’illustre également par une activité
de la maladie (DAS 28 allant de 3,28 pour la population
observante à 4,09 pour les patients non-observants) et
des dommages radiologiques plus importants chez les
patients non-observants que chez les patients observants.
L’observance d’un traitement par anti inflammatoire non
stéroïdien (AINS) est cependant meilleure (de 76% à
82%) avec une évaluation par MEMS car le soulagement
de la douleur est plus immédiat qu’avec un traitement
de fond [19]. En revanche, les auto-questionnaires ont
tendance à surévaluer l’observance des patients. En effet,
l’observance aux csDMARDs était de 66% en utilisant le
questionnaire CQR [21]. Cette observance est nettement
surestimée à 99% après un simple interrogatoire des
patients [21].
Dans une autre étude utilisant l’analyse des registres de
médicaments et malgré quelques variations inhérentes
à la molécule utilisée (Etanercept versus Adalimumab)
et au caractère naïf ou non du traitement, l’observance
était plus faible de 63 à 73% [13]. Enfin, des variations
de résultats entre les études utilisant les mêmes méthodes
d’évaluation et le même traitement sont mises en exergue
et s’expliquant par la durée de chaque étude (de 1 jour à
un an), par la durée d’évolution de la PR, et surtout par le
moment où l’on évalue l’observance du patient [19]. Ces
études déduisent ainsi que l’observance médicamenteuse
est un phénomène dynamique dans le temps.
FACTEURS ASSOCIÉS À UNE NON-
ADHÉSION THÉRAPEUTIQUE D’UNE
MALADIE RHUMATISMALE
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a proposé
une classification générale des facteurs associés à la non-
adhésion thérapeutique (tableau 1) [22]. On distingue tout
d’abord les facteurs associés à la personne (par exemple
la fréquence de ses oublis), ses croyances en lien avec
l’efficacité du médicament et ses effets indésirables, ou
encore la perception du risque encouru avec la condition
traitée. Viennent ensuite les caractéristiques du traitement
médicamenteux (modalités de prise, tolérance). Enfin,
d’autres caractéristiques peuvent aussi être à la source
du problème d’adhésion. Ces caractéristiques concernent
l’autonomie du patient et son état de santé, la relation
entre patient et professionnels soignants, le contexte
social et économique du malade et les caractéristiques du
système de santé [22].
Ainsi, la non adhésion peut être intentionnelle ou non
intentionnelle. En effet, une non adhésion non intentionnelle
se réfère à des limitations en termes de capacités ou de
ressources comme par exemple un oubli et/ou un manque
de connaissances ou d’information sur la maladie et le
traitement. Ce type de non adhésion sera la plus sensible
aux interventions éducatives et correctrices.
En revanche, une non adhésion intentionnelle se réfère
principalement aux croyances et perceptions des patients
par rapport à la maladie et son traitement. Afin d’agir
sur ce type de non adhésion, il est fort important de
comprendre le patient dans sa globalité, son expérience,
ses priorités, ses préférences afin de mettre en place
une stratégie d’actions et un tacite thérapeutique adapté
auquel le patient pourra adhérer.
STRATÉGIES D’AMÉLIORATION DE
L’ADHÉSION THÉRAPEUTIQUE DES
PATIENTS RHUMATISANTS
Le survol de ces mécanismes permet d’évoquer les stratégies
possibles d’amélioration qui peuvent être rangées en
quatre points. Tout d’abord, il est fortement recommandé
de privilégier, lorsque cela est possible, les traitements
à longue durée de vie capable de mieux amortir les
irrégularités d’horaire. Il peut être également recommandé
de préférer la voie transcutanée hebdomadaire plutôt que
la voie orale, une injection réalisée par une infirmière
garantit la prise thérapeutique. Il existe également
des méthodes d’ordre techniques et en premier lieu, la
simplification de la prise médicamenteuse. Claxton et al.
[23] ont montré que pour une prise quotidienne l’adhésion
était de 79 %, qu’elle tombait à 69 % pour deux prises, à
65% pour trois prises et 51 % pour quatre prises.
Le deuxième type de stratégie s’intéresse au
comportement du patient en l’aidant, par exemple, à
l’aide d’une messagerie de groupe. Des systèmes dotés
de récompenses, pour les patients respectant bien leur
traitement ont même été proposés. Ces systèmes sont très
efficaces mais lourds et soulevant des discussions d’une
autre nature, faut-il payer les patients pour qu’ils prennent
correctement leur traitement ?
Le troisième axe d’amélioration est primordial car il
repose sur l’éducation thérapeutique du patient, que
celle-ci soit individuelle ou collective, orale ou écrite,
essayant d’améliorer et d’adapter l’information et
la compréhension du patient. De ce fait, l’éducation
thérapeutique au patient est reconnue comme un élément
clé de la prise en charge des maladies chronique [24,
L’adhésion thérapeutique du patient rhumatisant : outils d’évaluation et stratégies d’amélioration.