3 Disponible en ligne sur FMC www.smr.ma L’adhésion thérapeutique du patient rhumatisant : outils d’évaluation et stratégies d’amélioration. Therapeutic adherence of rheumatic patients : Assessment tools and improvement strategies. Imad Ghozlani1, Mirieme Ghazi2, Anass Kherrab2, Radouane Niamane2. 1 Service de Rhumatologie, 1er Centre Médico Chirurgical des FAR, Agadir - Maroc. 2 Service de Rhumatologie, Hôpital Militaire Avicenne, Marrakech - Maroc. Rev Mar Rhum 2016; 38:3-9 Résumé Abstract L’adhésion au traitement est une donnée fondamentale dans la prise en charge de tout patient rhumatisant. L’analyse des facteurs liés à une mauvaise adhésion est alors déterminante. Les facteurs retrouvés comme responsables d’une non adhésion thérapeutique peuvent être soit liés au patient (doute, oubli, déni...), soit environnementaux (coût, horaire de prise, voyage...), soit liés au traitement (tolérance, manque de prescription, complexité) ou enfin liés à la relation médecin malade. Le médecin traitant doit consacrer un temps suffisant pour transmettre une information claire et précise sur la maladie, ses risques évolutifs et l’intérêt du traitement. La simplification et l’amélioration de la tolérance du traitement à travers un compromis devraient permettre une plus grande adhésion des patients atteints d’une maladie rhumatismale à leur traitement. Adherence to treatment is mandatory to treat Mots clés : Adhésion thérapeutique; Maladie Key words : rhumatismale; Education thérapeutique. Rheumatic disease; Therapeutic education. any rheumatic patient. Identifying factors related to non adherence is therefore crucial. Factors responsible for poor adherence could be related to the patients (doubt, forgetfulness, denial), environmental factors (cost, competing activities, travel, etc.), the treatment regimen (refill, side effects, complexity), and finally the relation with the physician. Physician should spend sufficient time to transmit clear and accurate information about the disease, its evolving risks and the potential for treatment. Simplifying and improving the safety of treatment through a compromise should allow greater adhesion of patients with rheumatic disease to their treatment. Therapeutic adherence; Depuis les années 1980, l’adhésion thérapeutique chez et concordance sont souvent utilisés. L’adhésion à les patients rhumatisants a fait l’objet de plusieurs travaux un traitement est habituellement définie par le degré [1-3] dont les résultats diffèrent en fonction des traitements avec lequel le comportement d’un patient respecte les instaurés mais surtout de la méthode d’évaluation utilisée. recommandations du professionnel de la santé [4]. Bien La maladie rhumatismale est un terme qui désigne toute que cette définition générale renvoie aux recommandations les affections responsables de douleurs ou d’inflammation concernant les traitements médicamenteux, les règles touchant la cavité articulaire (cartilage, synoviale…) hygiéno-diététiques et les programmes de réadaptation, et/ou les structures péri articulaires (tendon, bourse, nous nous intéresserons dans cette revue essentiellement enthèse, ligament…). Il n’y a pas de consensus sur les au traitement pharmacologique. L’adhésion peut être façons de nommer et de mesurer ce que nous appelons constituée en trois composantes : l’acceptation, la ici l’adhésion au traitement d’une affection rhumatismale. persistance et l’observance [5]. Lorsque la personne qui Cependant, les termes observance, persistance, fidélité a reçu une ordonnance se rend à la pharmacie pour Correspondance à adresser à : Dr. I. Ghozlani Email : [email protected] Revue Marocaine de Rhumatologie 4 I. Ghozlani et al. FMC la faire exécuter une première fois, elle accepte son traitement. Si elle poursuit son traitement pendant toute la durée prévue, elle est persistante alors à prendre son traitement. Enfin, si elle le prend exactement comme la posologie l’exige, elle est observante [6]. L’évaluation et l’amélioration de l’adhésion thérapeutique au cours d’une maladie rhumatismale contribue indéniablement à mieux contrôler la pathologie, orner la qualité de vie et rehausser l’économie de santé. Concept sociocognitif de l’adhésion thérapeutique Parmi les modèles théoriques du comportement humain, le modèle sociocognitif explique actuellement au mieux l’adhésion thérapeutique [7]. En effet, après avoir consulté des médecins traitants, on a déduit que c’est le patient qui décide lui-même s’il prendra ou non son traitement selon son propre bon sens, même si sa décision peut paraître infondée aux yeux du soignant [8]. Le sentiment d’efficacité personnelle Le concept d’efficacité personnelle est primordial pour une gestion autonome d’un traitement [9]. Il décrit dans quelle mesure le patient se sent capable de s’engager dans une démarche thérapeutique, la perpétuer ou l’améliorer. Des questions telles que «Comment vous sentez-vous à l’idée de démarrer ce traitement ?» et «Vous sentez-vous capable de poursuivre le traitement de la sorte ?» permettent d’évaluer les possibilités du patient et d’adapter le fonctionnement d’une stratégie thérapeutique [10]. La connaissance et compréhension des risques et conséquences de la maladie Il est important que le patient exprime sa perception personnelle de sa souffrance ou de son problème médical. Plus cette interprétation se rapproche de celle du médecin traitant, plus l’interaction au niveau thérapeutique sera équilibrée. Les attentes du patient vis-à-vis du traitement Les attentes du patient atteint d’une maladie rhumatismale par exemple vis-à-vis du traitement diffèrent souvent des attentes du médecin traitant; elles sont parfois démesurées, voire à l’inverse, minimales. Elles peuvent parfois être rationnelles, mais sont le plus souvent influencées par des éléments émotionnels, alors que le médecin soignant décide quant à lui plutôt sur un mode cognitif [8]. La prise de décision du patient est modulée par la confiance que le patient porte à son médecin, au système de santé et aux médias ou internet. Les bénéfices perçus du traitement Les bénéfices d’un traitement perçus par le patient déterminent le niveau d’adhésion. Une question comme «Pour vous, quels seraient les bénéfices de démarrer un traitement de PR ?» permet d’emblée d’évaluer la perception du patient, puis son évolution au cours du temps. Les facilitateurs et barrières (Figure 1) Les barrières et les facilitateurs jalonnent le parcours thérapeutique du patient. Lorsque le professionnel consacre du temps à parler de la prise de médicaments avec les patients, la majorité d’entre eux évoquent en premier lieu les difficultés vécues. Comme les patients ressentent une ambivalence naturelle face au traitement, il est utile de leur demander : «Quels bénéfices voyez-vous à prendre ce traitement ?». Ils décrivent alors différents éléments tels que se sentir mieux, pouvoir reprendre le travail ou être présent pour leurs proches. Tout en nommant ces aspects, ils prennent souvent conscience des bénéfices et les barrières perdent de leur intensité. Il est notamment important que le patient puisse exprimer dans quelle mesure des effets secondaires ou des symptômes résiduels sont supportables et gérables comparativement au gain d’une prescription plus ou moins incisive [11]. Moyens d’évaluation de l’adhésion au traitement d’une maladie rhumatismale Dans la pratique courante, les auto-questionnaires apportent des éléments standardisés d’évaluation. Ils sont utiles, non seulement pour juger le niveau d’adhésion du patient, mais également pour aider les soignants à identifier d’éventuels problèmes de prise en charge (manque d’engagement du patient, défaut de communication entre le médecin traitant et le patient, solution thérapeutique inadaptée ou mal comprise). L’identification de ces problèmes permettra au professionnel d’adapter la solution thérapeutique afin que le patient puisse bénéficier pleinement de son traitement. Les auto-questionnaires peuvent être aussi un support intéressant pour identifier les besoins des patients en matière d’éducation thérapeutique. Cependant, les auto-questionnaires sont rarement utilisés en pratique courante. En effet, plusieurs obstacles peuvent expliquer ce manque d’utilisation (manque de temps, méconnaissance, routine de la consultation). Le choix de la méthode de mesure de l’adhésion à un traitement médicamenteux doit être fondé sur l’utilité et la fiabilité de la méthode à la lumière des objectifs du clinicien [12]. Revue Marocaine de Rhumatologie L’adhésion thérapeutique du patient rhumatisant : outils d’évaluation et stratégies d’amélioration. Connaissance des risques de la maladie Que se passerait-il selon vous si on ne traitait pas votre maladie Attentes quant au traitement (outcome) Que pouvez-vous attendre de ce traitement pour votre maladie? Bénéfices perçus du changement Quels bénéfices voyez-vous 5 Self-efficacy Vous sentez-vous capable d’intégrer ce traitement au quotidien ? Facilitateurs et barrières Qu’est-ce qui vous aide à prendre ce traitement ? Quelles difficultés rencontrez-vous à le prendre régulièrement ? ADHESION Figure 1 : Le concept sociocognitif de l’adhésion thérapeutique. Des études ont utilisé l’analyse des registres des pharmacies comme méthode de mesure de l’adhésion des patients atteints de PR aux traitements de fond conventionnels et biologiques [13-15]. L’indicateur mesuré est appelé MPR (medication possession ratio), pour «ratio moyen de possession du médicament» : il divise le nombre de jours pour lesquels le médicament a été dispensé par le nombre de jours totaux pour lesquels le médicament a été prescrit. L’adhésion peut être directement estimée par le MPR, ou par la proportion de patients définis comme adhérents, c’est-à-dire avec un MPR supérieur à 80% par exemple [12]. Un autre outil très utilisé pour évaluer l’adhésion thérapeutique est celui de Morisky [16]. Il comporte de 4 à 8 items à réponse dichotomique (oui / non) et cible la mémoire et l’inattention avec par exemple l’item «Ce matin, avez-vous oublié de prendre vos médicaments?». Toutefois, cette échelle ne peut pas être utilisée pour évaluer l’adhésion aux biothérapies car la fréquence et la voie d’administration diffèrent de celles auxquelles fait référence Morisky (per os, administration quotidienne). Un autre auto-questionnaire validé dans le domaine de la rhumatologie «Compliance Questionnaire Rheumatology»(CQR) comprend 19 items et permet de mesurer la compliance au traitement et d’identifier les facteurs liés à une mauvaise adhésion chez des patients atteints de PR, de pseudo polyarthrite rhizomélique et de goutte, mais il n’est pas non plus adapté au traitement par biothérapies [17]. Récemment, un auto questionnaire est validé pour l’évaluation de l’adhésion des patients atteints de RIC et sous biothérapies, construit sur la base Revue Marocaine de Rhumatologie d’une analyse qualitative [18]. La mesure de l’adhésion est certes très subjective dans ce travail, mais l’analyse se veut simplement descriptive et auto-déclarative, dans le but d’identifier des facteurs expliquant le comportement d’adhésion et de revisiter la façon de construire le suivi éducatif des patients [18]. Enfin, Ils existent des systèmes électroniques ou mécanique de comptage du nombre d’ouverture des flacons (MEMS : Medication Event Monitoring System), des piluliers (Pill Box Monitor), des blisters (Unit Dose Monitor) ou du nombre d’inversion des flacons (Eye Drop Monitor, Nebulizer Chronolog utilisés dans le traitement de l’asthme) [19] et qui seraient une méthode pertinente dans le suivi et l’évaluation de l’adhésion thérapeutique dans les affection rhumatismale. Ces systèmes représentent réellement une avancée dans l’évaluation de l’observance thérapeutique. Ils sont de plus en plus utilisés dans les études cliniques car ils décrivent la prise médicamenteuse quotidienne de façon fiable et précise. Focus sur l’adhésion des patients au traitement de la PR L’adhésion au traitement chez des patients atteints de PR varie selon l’outil utilisé. En effet, on note une tendance à la sous estimation de l’observance thérapeutique en faisant usage aux dispositifs électroniques de décompte d’ouverture des flacons (MEMS). Aux Etats-Unis, l’utilisation du MEMS a montré que 58 à 71 % des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde adhèrent à leur traitement per os (conventional synthetic disease modifying antirheumatic 6 I. Ghozlani et al. FMC Tableau 1 : Classification générale des facteurs associés à la non-adhésion thérapeutique selon l’OMS. Dimensions Déterminants • Ressources matérielles : revenu, travail • Précarité sociale, sans domicile Facteurs démographiques et socio • Coûts liés à la prise en charge et accessibilités aux soins économiques • Age (en particulier les adolescents et les personnes âgées) • Instabilité familiale • Appartenance ethnique, culturelle • Qualité de la relation patient-soignant • Formation des soignants à l’éducation à la santé et à l’adhésion thérapeutique • Système de remboursement des dépenses de soins Facteurs liés au système de soin et • Accessibilité et qualité du réseau de soins à l’équipe soignante • Disponibilité des soignants (temps dédié à l’écoute et à l’éducation des patients) • Continuité des soins (suivi régulier et personnalisé, consultations ou contacts téléphoniques) • Rémission et absence de symptômes Facteurs liés à la pathologie • Pronostic et sévérité de la maladie • Etat dépressif, troubles physique (dextérité), cognitifs et visuels • Disponibilité de traitements efficaces • Complexité du traitement (nombre total de médicaments par jours, nombre de co-médicaments associés, fréquence de prise, contraintes de prise) Facteurs liés au traitement • Modalités d’administration des médicaments (mode d’administration, instructions à suivre pour la prise des médicaments) • Durée du traitement • Interférence du traitement avec la vie quotidienne du patient • Education du patient au bon usage des médicaments • Les connaissances : compréhension de la maladie et du traitement • Expériences antérieures et acceptation du traitement Facteurs liés au patient • Les croyances par rapport aux médicaments • Sentiment d’efficacité personnelle, confiance en soi, autonomie • Attentes par rapport au traitement • Motivation à poursuivre le traitement Revue Marocaine de Rhumatologie L’adhésion thérapeutique du patient rhumatisant : outils d’évaluation et stratégies d’amélioration. 7 drugs [csDMARDs], corticoïdes) et que seulement un patient sur cinq observe son traitement à plus de 80% [20]. Ce manque d’observance s’illustre également par une activité de la maladie (DAS 28 allant de 3,28 pour la population observante à 4,09 pour les patients non-observants) et des dommages radiologiques plus importants chez les patients non-observants que chez les patients observants. L’observance d’un traitement par anti inflammatoire non stéroïdien (AINS) est cependant meilleure (de 76% à 82%) avec une évaluation par MEMS car le soulagement de la douleur est plus immédiat qu’avec un traitement de fond [19]. En revanche, les auto-questionnaires ont tendance à surévaluer l’observance des patients. En effet, l’observance aux csDMARDs était de 66% en utilisant le questionnaire CQR [21]. Cette observance est nettement surestimée à 99% après un simple interrogatoire des patients [21]. Ainsi, la non adhésion peut être intentionnelle ou non intentionnelle. En effet, une non adhésion non intentionnelle se réfère à des limitations en termes de capacités ou de ressources comme par exemple un oubli et/ou un manque de connaissances ou d’information sur la maladie et le traitement. Ce type de non adhésion sera la plus sensible aux interventions éducatives et correctrices. à la molécule utilisée (Etanercept versus Adalimumab) et au caractère naïf ou non du traitement, l’observance était plus faible de 63 à 73% [13]. Enfin, des variations de résultats entre les études utilisant les mêmes méthodes d’évaluation et le même traitement sont mises en exergue et s’expliquant par la durée de chaque étude (de 1 jour à un an), par la durée d’évolution de la PR, et surtout par le moment où l’on évalue l’observance du patient [19]. Ces études déduisent ainsi que l’observance médicamenteuse est un phénomène dynamique dans le temps. Le survol de ces mécanismes permet d’évoquer les stratégies possibles d’amélioration qui peuvent être rangées en quatre points. Tout d’abord, il est fortement recommandé de privilégier, lorsque cela est possible, les traitements à longue durée de vie capable de mieux amortir les irrégularités d’horaire. Il peut être également recommandé de préférer la voie transcutanée hebdomadaire plutôt que la voie orale, une injection réalisée par une infirmière garantit la prise thérapeutique. Il existe également des méthodes d’ordre techniques et en premier lieu, la simplification de la prise médicamenteuse. Claxton et al. [23] ont montré que pour une prise quotidienne l’adhésion était de 79 %, qu’elle tombait à 69 % pour deux prises, à 65% pour trois prises et 51 % pour quatre prises. En revanche, une non adhésion intentionnelle se réfère principalement aux croyances et perceptions des patients par rapport à la maladie et son traitement. Afin d’agir sur ce type de non adhésion, il est fort important de comprendre le patient dans sa globalité, son expérience, ses priorités, ses préférences afin de mettre en place une stratégie d’actions et un tacite thérapeutique adapté auquel le patient pourra adhérer. Stratégies d’amélioration l’adhésion thérapeutique Dans une autre étude utilisant l’analyse des registres de médicaments et malgré quelques variations inhérentes patients rhumatisants facteurs associés à une nonadhésion thérapeutique d’une maladie rhumatismale L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a proposé une classification générale des facteurs associés à la nonadhésion thérapeutique (tableau 1) [22]. On distingue tout d’abord les facteurs associés à la personne (par exemple la fréquence de ses oublis), ses croyances en lien avec l’efficacité du médicament et ses effets indésirables, ou encore la perception du risque encouru avec la condition traitée. Viennent ensuite les caractéristiques du traitement médicamenteux (modalités de prise, tolérance). Enfin, d’autres caractéristiques peuvent aussi être à la source du problème d’adhésion. Ces caractéristiques concernent l’autonomie du patient et son état de santé, la relation entre patient et professionnels soignants, le contexte social et économique du malade et les caractéristiques du système de santé [22]. Revue Marocaine de Rhumatologie de des Le deuxième type de stratégie s’intéresse au comportement du patient en l’aidant, par exemple, à l’aide d’une messagerie de groupe. Des systèmes dotés de récompenses, pour les patients respectant bien leur traitement ont même été proposés. Ces systèmes sont très efficaces mais lourds et soulevant des discussions d’une autre nature, faut-il payer les patients pour qu’ils prennent correctement leur traitement ? Le troisième axe d’amélioration est primordial car il repose sur l’éducation thérapeutique du patient, que celle-ci soit individuelle ou collective, orale ou écrite, essayant d’améliorer et d’adapter l’information et la compréhension du patient. De ce fait, l’éducation thérapeutique au patient est reconnue comme un élément clé de la prise en charge des maladies chronique [24, 8 I. Ghozlani et al. FMC 25]. C’est « un processus conçu pour former les patients aux compétences d’auto soins ou d’adaptation de leur traitement à leur maladie chronique ».« Elle intervient en complément des traitements habituels pour permettre à un patient de prendre en charge le traitement de sa maladie et d’empêcher les complications évitables, tout en maintenant ou améliorant sa qualité de vie » [24]. Les critères d’évaluation de l’efficacité de l’éducation thérapeutique dans les rhumatismes inflammatoires sont variés : marqueurs habituels de suivi des rhumatismes (douleur, fatigue, qualité de vie, scores d’activité, scores fonctionnels), critères éducatifs (acquisition de connaissances, compétences d’auto soins dans le domaine de la douleur, relaxation, exercices physiques), satisfaction des patients, critères psychosociaux (autoefficacité, dépression, anxiété…) et critères économiques (visites chez le médecin généraliste, utilisation du système de soins) [26-28]. Dans la mesure où, à l’issue du diagnostic éducatif, le patient définit avec un professionnel des sujets lui posant problème, il paraît logique de vérifier que le patient trouve effectivement des solutions applicables à sa propre situation pour ces sujets en particulier. Van Dulmen et al. [29] ont montré que ces méthodes éducatives étaient efficaces dans autres domaines pathologiques que les maladies rhumatismales et, en particulier l’asthme, le diabète, les affections cardiovasculaires mais que leur effet s’estompaient lorsque le traitement durait plus de quatre semaines. Roter et al. [30], à partir d’une méta-analyse de 153 études, ont conclu qu’il ne se dégageait pas de méthodes dominantes, significativement meilleures que les autres et que seule une combinaison de moyens paraissait susceptible d’améliorer l’adhésion surtout en les adaptant aux conditions comportementales, sociales et intellectuelles apportées par le patient [31]. Finalement, une meilleure prise en charge du coût des médicaments par un tiers payeur serait aussi associée à une meilleure adhésion au traitement. Bien qu’on puisse identifier des facteurs associés à la non-adhésion, il est important de se rappeler que les causes sont complexes et que l’adhésion peut varier pour un même individu selon ses différents traitements. À cet égard, il est important que le médecin traitant évite de juger l’adhésion de ses patients uniquement sur la base de caractéristiques telles que l’éducation ou l’âge et qu’il individualise au cas par cas ses interventions pour l’améliorer. Conclusion L’adhésion thérapeutique du patient rhumatisant est une nécessité médico-économique. Des études sont encore nécessaires pour mieux préciser les différents déterminants de l’observance thérapeutique. Une bonne communication médecin-patient est corrélée à une meilleure adhésion et la confiance du patient envers le médecin peut donner plus de crédit au choix d’un traitement. Déclaration d’intérêt Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt. Références 1.Aaltonen KJ, Turunen JH, Sokka T, Puolakka K, Valleala H. 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