Actes du 25
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Congrès International de l’AFM – Londres, 14 et 15 mai 2009
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« darwinisme universel » par Dawkins (1976 ; 1982
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). Ce dernier a développé l’analogie entre
les traits héréditaires transmis par les gènes et les caractéristiques d’une culture. Il parle alors
de « mèmes » pour évoquer les unités élémentaires de savoirs ou de croyances qui sont
sélectionnées par les sociétés. Sans recourir aussi pleinement à l’analogie biologique, la
théorie évolutionniste du changement économique de Nelson et Winter (1982) est un exemple
connu, en sciences de gestion, du recours à la métaphore évolutionniste. Les routines jouent
dans cette théorie le rôle de gènes organisationnels (Arena et Lazaric, 2003).
La différence des mécanismes en jeu dans les théories sociales et dans la biologie a
conduit Cordes (2006) et Nelson (2006) à mettre en garde contre un usage naïf de cette
approche car s’ils reconnaissent la proximité de certaines notions (évolution, adaptation,
sélection, populations), des mécanismes clefs dans l’évolution culturelle, tels que le
mimétisme, ne relèvent pas du tout de la même logique que la reproduction sexuée. Par
exemple, le mimétisme est un processus volontaire alors que les gènes transmis dans la
reproduction sexuée dépendent d’abord du hasard. Plus largement, les évolutions culturelles
sont en partie conscientes et peuvent être délibérées alors qu’un individu ne peut changer ses
gènes et surtout, n’agit pas consciemment dans le but d’en maximiser la diffusion. D’ailleurs,
si c’était le cas, il y aurait des files d’attentes de donateurs devant les banques de sperme
(Buss, 1995) !
C’est pour ces raisons qu’Eyubuglu et Buja (2007) parlent de « sélection quasi-darwinienne »
pour expliquer la pérennité des relations commerciales dans leur modèle.
1.2. L’utilisation de la théorie de l’évolution dans l’hypothèse de continuité.
Ce type d’utilisation est plus récent pour la simple raison qu’il s’appuie sur
des développement ultérieurs de la théorie darwinienne : Mayr (1991) a noté que l’histoire du
darwinisme avait connu au moins 8 phases depuis la mort de Darwin. Pichot (1993) estime
d’ailleurs qu’on devrait aujourd’hui parler de la théorie de l’évolution de Weismann. En effet,
ce biologiste a été le premier, vers la fin du XIX
eme
siècle, à défendre la thèse d’une
transmission exclusive des caractères par ce qu’il appelait le « plasma germinatif » et qui
préfigure l’ADN. L’essor des travaux sur la génétique a ensuite conduit Hamilton (1964) à
formuler la thèse selon laquelle la sélection ne s’opère pas au niveau des individus mais au
niveau des gênes. Profitant des apports des sciences étudiant la préhistoire, la Psychologie
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Dawkins parle de « Darwinisme universel » dans son ouvrage datant de 1982.