Le développement de l'éthique
évolutionniste face à la morale
traditionnelle
Bien que l'influence du Darwinisme social sur l'eugénisme et le nazisme soit
admise, la thésarde lausannoise en Philosophie Christine Clavien (1) pense
pouvoir éviter ce travers. Pour ce faire, elle se base sur une éthique
évolutionniste naturaliste. Jusques ici, rien de nouveau, l'évolutionnisme rejette
toujours la transcendance invoquée par une morale religieusement motivée.
La pensée évolutionniste considérant que l'homme serait un animal, elle envisage
l'exemple du comportement de la faune comme mesure du nôtre ! Ainsi, prêtant
aux animaux des valeurs humaines comme l'altruisme, en particulier,
l'évolutionnisme social considère celui-ci dans une autre acception, confondant
l'instinct de défense dans un groupe donné avec un acte moral.
Le problème posé par le fait qu'un individu - pris isolément, a fortiori dans le cas
évident d'une défense collective - se sacrifie pour la survie de son groupe ne
cadre pas avec la pensée darwiniste de la lutte individuelle pour la survie et le
triomphe des plus forts et mieux adaptés sur les autres (le fameux struggle for
life). Ce « paradoxe » curieux a donné lieu à maintes explications subtiles, mais
nullement à la remise en cause du paradigme darwinien.
Face à l'altruisme dit « psychologique », en fait la signification normale du
concept - qui est que l'on se porte vers le « bien » d’autrui gratuitement, sans
attente d’un quelconque avantage personnel - l'altruisme évolutionniste invoque
la contrainte de la sélection naturelle. Du comportement animal à l'être humain,
il n'y a qu'un pas allègrement franchi, la négation de la bonté pure, non motivée,
sans intérêt dissimulé devient donc évidente. Celui qui sera connu pour ses actes
bons envers son prochain sera suspecté d'égoïsme hypocrite !
La morale évolutionniste, conçue dans l'esprit de ses adhérents comme
supérieure à la morale traditionnelle - puisque éclairée à l'aune de la science !-
se propose de faire évoluer celle-ci vers un pragmatisme dénué de toute valeurs
objectives, absolues et universelles. Mais étant donné que la philosophie
évolutionniste ne donne à l'origine et au développement de la vie biologique - la
seule qu'elle reconnaisse - aucun sens, aucune direction particulière ni finalité,
on voit mal ce qu'une éthique évolutionniste pourrait apporter de concret à l'être
humain… Si l'animal que l'on prétend que nous soyons n'a d'autre but que de
manger, boire, copuler et mourir, à quoi bon s'embarrasser de quelconques
principes moraux ? Ils deviennent superflus et même gênants pour une société en
proie à l'hédonisme élevé au rang de religion ! Il n'y a donc rien d'étonnant à ce
que l'évolutionnisme social après avoir inspiré les théories raciales se donne pour