Le syndrome allergique oral et les allergies croisées
Mars 2014© Laboratoire Dr Collard SC/SPRL - Synlab Belgique
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Les allergies croisées et le syndrome oral
Le syndrome allergique oral est une manifestation particu-
lière d’hypersensibilité alimentaire liée à la présence d’IgE
spéciques. Il se caractérise cliniquement par une réaction
érythémateuse, prurigineuse et inammatoire, strictement
connée au niveau des muqueuses buccales et palatines,
avec gonement des lèvres, et survenant dans les 10
minutes suivant l’ingestion d’un aliment. Ce syndrome est
prépondérant chez l’adulte et est le plus souvent lié à
l’existence d’une allergie alimentaire croisée.
Les fruits et légumes sont la cause la plus fréquente
d’allergie alimentaire chez l’adulte.
De nombreuses protéines végétales et aussi d’insectes et
crustacés, présentent des fonctions et structures molécu-
laires conservées au cours de l‘évolution, et qui se
retrouvent ainsi partagées par plusieurs espèces
diérentes. Ces protéines conservées représentent des
allergènes appelés « panallergènes » qui sont responsables
chez les sujets atopiques, de réactions allergiques croisées.
Les exemples les plus typiques de telles réactions croisées
responsables du syndrome allergique oral, sont les patients
sensibilisés aux pollens de bouleau qui parallèlement
développent une allergie aux pommes, cerises et pêches,
de même que les individus allergiques au latex qui
présentent une hypersensibilité aux bananes et kiwi, ou
encore les patients allergiques à la fois aux acariens de la
poussière de maison et aux crustacés et mollusques. Une
allergie croisée entre poils de chat et viande de porc a été
également récemment identiée.
Parmi l’ensemble des panallergènes, certains sont sensibles
à la chaleur et aux enzymes gastriques, et subissent donc
une dégradation locale avant de pouvoir atteindre l’intestin
et y être résorbés. Ce type d’allergènes est responsable du
syndrome allergique oral, et concerne particulièrement
l’allergie croisée aux pollens de bouleau et aux pommes.
Une caractéristique évidente des allergènes thermosen-
sibles est le fait que les patients qui y sont sensibilisés, ne
présentent aucun symptôme après cuisson du fruit ou autre
aliment concernés. Ils tolèrent ainsi parfaitement les
contures ou pommes cuites, alors que le même fruit
consommé frais déclenche les manifestations allergiques.
Concernant les fruits enn, certains panallergènes sont
situés au niveau de la pelure, ce qui permet aux patients
allergiques de les tolérer parfaitement après épluchage,
alors que d’autres sont abondants au sein de la pulpe, et ne
peuvent être ingérés même en l’absence de la pelure.
D’autres panallergènes par contre résistent à la chaleur et
aux enzymes gastriques et atteignent sans modication
moléculaire l’intestin ou leur absorption provoque des
réactions systémiques graves pouvant aller jusqu’au choc
anaphylactique. Cette dernière manifestation est particuliè-
rement fréquente pour l’antigène majeur Ara-h1de la
cacahuète.
La recherche d’allergies croisées en laboratoire
Particulièrement en présence d’un syndrome allergique
oral, la probabilité d’une allergie croisée doit être recher-
chée. La reconnaissance de telles allergies croisées, de
même que l’identication précise du panallergène en
cause, présente en eet une importance capitale pour les
protocoles de désensibilisation spécique. Il n’est pas rare
en eet qu’une telle procédure réalisée avec un allergène à
l’état natif, par exemple chez un sujet allergique aux
acariens, déclenche une hypersensibilité secondaire aux
crustacés, ou qu’inversement une allergie croisée clinique-
ment évidente aux pollens de bouleau et pommes soit
améliorée pour les deux éléments par une désensibilisation
unique à l’égard du pollen.
Il est donc impératif de tester en laboratoire la spécicité
précise des IgE du patient, an de détecter une sensibilisa-
tion à un ou plusieurs allergènes de structures similaires
l’une de l’autre.
L’utilisation de techniques de recombinaison génétique a
permit la production standardisée d’allergènes à l’échelle
moléculaire, et donc d’augmenter considérablement la
spécicité des dosages d’IgE in vitro (RAST). De tels
allergènes recombinants sont aujourd’hui disponibles pour
mesurer les IgE spéciques des panallergènes les plus
fréquents, et permettent une identication à l’échelle
moléculaire des épitopes ciblés sur l’allergène natif. Ceci à
son tour, et contrairement aux allergènes natifs, permet
l’implémentation d’une désensibilisation rigoureusement
spécique en cas d’allergie croisée.
Rédaction
Dr Edmond Renard