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Docteur Charlotte Ngô
Chirurgie cancérologique gynécologique et du sein - Hôpital Européen Georges Pompidou
FSF - 91 boulevard de Sébastopol - 75002 Paris
2 - JUSTIFICATION DE L’ETUDE
Le cancer du sein est le premier cancer féminin en France en incidence (53 000 nouveaux cas en
2011) et en mortalité (11 500 décès en 2011)[1]. Aujourd'hui, grâce au dépistage, le cancer du sein
est diagnostiqué à un stade précoce dans environ 60% des cas (T1-2, N0,M0) [1].
Le traitement chirurgical du cancer du sein précoce consiste à enlever la tumeur et les ganglions de
l'aisselle qui drainent le sein malade.
Dans l'objectif de diminuer les complications liées à l'ablation de toute la chaîne ganglionnaire
(curage axillaire), telles que le lymphoedème ("gros bras"), la méthode de prélèvement du ganglion
sentinelle a été développée [2-4]. Le ganglion sentinelle est le premier relais de drainage
lymphatique d'une tumeur du sein. La technique du ganglion sentinelle consiste à détecter ce
ganglion, à l'enlever et le faire analyser. Si l'examen histologique du ganglion sentinelle montre qu'il
est indemne, le curage axillaire n'est pas nécessaire.
La technique standard de détection du ganglion sentinelle repose actuellement sur l’injection dans le
sein d’un colorant et d’un isotope (élément radioactif comme pour une scintigraphie). Cette
association procure le meilleur taux de détection (de 86 à 100%) [2, 4-7]. En France, l'isotope utilisé
est le 99mTechnetium (99mTe) et le colorant le plus répandu est le bleu patenté V (colorant utilisé
initialement dans l'industrie agroalimentaire). Chacun de ces deux traceurs présente des avantages
et des inconvénients [8, 9]. L'inconvénient du bleu patenté est le risque de réaction allergique
pouvant se manifester par une éruption cutanée et exceptionnellement un choc allergique au bloc
opératoire. Les études rapportent en taux de réactions allergiques aux colorants bleus de 0.006% à
2.7%, avec un taux moyen pour le bleu patenté V de 0.34%, ce qui est plus élevé que le taux de
réactions allergiques aux curares, au latex et aux antibiotiques [9-12]. L'utilisation de l'isotope
nécessite une injection pré-opératoire la veille ou le matin de l’intervention, potentiellement
douloureuse pour la patiente. L'isotope expose aux radiations et ne permet pas un guidage visuel en
temps réel. Enfin, la technique utilisant l'isotope est plus chère, la phase pré-opératoire d'injection
du traceur par le technicien, la réalisation de la lymphoscintigraphie et son interprétation par le
praticien de médecine nucléaire représentant un coût estimé à 373 euros par patiente [13].
Dans ce contexte, le recours à de nouveaux traceurs paraît pertinent. L'utilisation d'un traceur injecté
en peropératoire et détecté facilement serait une amélioration de la technique et permettrait une
injection unique sous anesthésie générale.
Certaines équipes utilisent un autre colorant qui est le vert d'indocyanine (IG), en remplacement du
bleu patenté V. Il est déjà utilisé depuis environ 50 ans en injection intraveineuse, pour étudier les
vaisseaux de l'œil, le débit cardiaque ou les vaisseaux du foie.
Il peut être injecté en début d’intervention lorsque la patiente est déjà endormie et permet la
visualisation du drainage lymphatique sous cutané sans nécessiter d’instrument particulier en dehors