Chapitre 8 Aspect post-thérapeutique du cancer du rein C. Roy • P. Barthélémy • E. Rust Place de la thérapeutique oncologique médicale et radiothérapique dans le traitement actuel du cancer du rein Traitement du cancer localisé Le traitement de référence du cancer du rein (CCCR) localisé est chirurgical. La néphrectomie totale élargie, avec ou sans curage ganglionnaire est réalisée soit par chirurgie ouverte, soit par cœlioscopie et tout dernièrement « robotassistée ». Lorsque la tumeur fait moins de 4 cm et se trouve localisée en périphérie du rein, une tumorectomie ou une néphrectomie partielle sera proposée afin de conserver du parenchyme sain et le capital néphronique du patient. Les indications des techniques d'ablation non chirurgicales de destruction tumorale par le froid (cryothérapie), la chaleur (radiofréquence) ou par irradiation (radiothérapie stéréotaxique) sont limitées aux patients fragiles à risque chirurgical, à capital néphronique réduit (récidive tumorale après chirurgie) ou atteints de tumeurs récidivantes héréditaires (VHL : maladie de von Hippel-Lindau). Il n'y a actuellement pas d'indication de traitement adjuvant ou néoadjuvant pour une forme localisée (stades I, II, III), en dehors du cadre d'un essai clinique. Traitement du cancer du rein métastatique Près de 30 % des CCCR sont métastatiques au moment du diagnostic alors que 20 à 40 % des patients ayant eu une néphrectomie pour un CCCR localisé vont présenter une extension métastatique secondaire. Dans cette dernière situation il sera d'abord nécessaire de s'assurer de l'origine rénale de la métastase par ponction biopsie percutanée. Le CCCR présente un tropisme métastatique très étendu néanmoins, les sites métastatiques préférentiels sont par ordre de fréquence décroissante : poumons, os, foie, cerveau, surrénale et loge de néphrectomie. Le développement d'une tumeur sur le rein controlatéral restant survient dans 1 à 2 % des cas, sans distinction possible entre métastase ou tumeur métachrone de novo. Après néphrectomie totale ou partielle, le taux de récidive locale est identique, compris entre 3 et 27 %, mais de 2 % pour une tumeur T1-3N0M0. Place de la chirurgie au stade métastatique À l'ère de l'immunothérapie, la néphrectomie était considérée comme un traitement standard en raison du bénéfice de la néphrectomie sur la survie des patients métastatiques. Avec l'arrivée récente des antiangiogéniques, le rôle de la néphrectomie première est à nouveau remis en question. Imagerie post-thérapeutique en oncologie © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 0002012310.INDD 167 9/17/2013 6:48:29 AM 168 Imagerie post-thérapeutique en oncologie La décision dépend actuellement de la taille tumorale, de son extension, de la cinétique de progression, de l'état général du patient, de son âge et de la présence de comorbidités. Certaines équipes considèrent que la néphrectomie de principe dans les formes métastatiques permet une réduction de la masse tumorale, et une meilleure réponse aux traitements systémiques. Plusieurs études sont actuellement en cours pour évaluer l'impact de la néphrectomie sur la survie des patients à l'ère des thérapies ciblées (étude CARMENA, etc.). La métastasectomie peut avoir sa place à visée palliative (douleurs, compressions, fractures, etc.) ou à visée curative. La métastasectomie à visée curative ne peut être envisagée que chez des patients sélectionnés (bon pronostic, pauci-métastatiques) et en cas de néphrectomie préalable. Thérapeutiques médicales du cancer du rein avancé L'immunothérapie a été pendant près de 20 ans la seule option thérapeutique disponible pour les patients présentant un CCCR métastatique. La découverte fondamentale qu'un défaut du système d'immunosurveillance pouvait être à la base du développement du cancer et que la restauration des fonctions immunitaires pourrait induire des régressions tumorales a conduit au développement de l'immunothérapie. L'interleukine-2 et l'interféron, deux activateurs puissants du système immunitaire en particulier des lymphocytes, ont ainsi largement été utilisés dans le cancer du rein avancé. Mais seuls 10 à 15 % des patients sont considérés comme répondeurs et au prix de nombreux effets indésirables souvent très mal supportés. Le traitement des cancers du rein métastatique a été bouleversé ces 5 dernières années par l'arrivée des antiangiogéniques. Les avancées de la biologie moléculaire ont permis une meilleure compréhension de la carcinogenèse rénale et ont révélé le rôle fondamental de l'angiogenèse. L'identification des voies de signalisation impliquées dans l'angiogenèse tumorale a conduit au développement de nombreux médicaments ciblant cette voie de signalisation, avec actuellement sept thérapeutiques disponibles. 0002012310.INDD 168 Biologie moléculaire des cancers du rein Voie VHL-HIF-VEGF Le cancer du rein conventionnel (75 % des cas) se caractérise sur le plan moléculaire par une inactivation somatique du gène suppresseur de tumeur Von Hippel Lindau localisé sur le bras court du chromosome 3. L'inactivation de ce gène conduit à la perte de fonction de la protéine pVHL qui joue un rôle essentiel dans la régulation de la dégradation de protéines par le protéasome en particulier les protéines de la famille HIF (Hypoxia Inducible Factor). Il existe deux formes de HIF : HIF1 et HIF2, toutes deux régulées par pVHL. La perte de fonction de pVHL conduit à une accumulation de HIF1 et HIF2, facteurs transcriptionnels qui contrôlent l'expression de près de 80 gènes parmi lesquels le gène VEGF et Plateled Derived Growth Factor (PDGF) impliqués dans l'angiogenèse. Les carcinomes rénaux se caractérisent donc par une induction de l'angiogenèse par hyperexpression du VEGF-A et de molécules apparentées (VEGF-C, PDGF, VEGF-D) qui sont de puissants proangiogéniques. Voie PI3K-Akt-mTOR L'activation de la voie PI3K (phospho-inositidekinases)/Akt/mTOR via des récepteurs de divers facteurs de croissance est cruciale pour la prolifération et la survie des cellules dans de nombreux types de cancers, et plus particulièrement le cancer du rein, qui en fait une cible thérapeutique privilégiée. mTOR (mammalian Target of Rapamycin) est une sérinethréonine-kinase qui intervient dans la synthèse protéique par l'intermédiaire de la kinase S6 et du facteur 4EBP1. La protéine mTOR régule l'expression de HIF1-α et β-HIF2, reliant ainsi la voie mTOR à celle de l'angiogenèse. Le blocage de cette voie empêche l'action du VEGF, et par conséquent la prolifération, survie et migration des cellules endothéliales. Les inhibiteurs de mTOR, en diminuant l'expression de HIF, agissent ainsi sur l'angiogenèse tumorale. Antiangiogéniques et inhibiteurs mTOR : études et recommandations Les traitements peuvent être regroupés en trois familles : les inhibiteurs de tyrosine-kinase (TKI), les anticorps monoclonaux anti-VEGF ainsi que les inhibiteurs de l'activité sérine/thréonine kinase 9/17/2013 6:48:29 AM 169 Chapitre 8. Aspect post-thérapeutique du cancer du rein de mTOR. Les algorithmes de prise en charge thérapeutique reposent sur des résultats de larges études randomisées de phase III dans lesquelles les patients ont été stratifiés en différents groupes pronostiques (tableau 8.1). (Mitogen Activated Proteins-kinases) (inhibiteur de RAS). L'étude TARGET réalisée en 2e ligne après échappement aux cytokines [2] a conclu à un doublement de la survie sans progression pour le bras sorafénib versus placebo. Sunitinib (Sutent) Le sunitinib est un inhibiteur multicible de tyrosine kinase anti-VEGFR-1, 2, 3 anti-PDGFR et c-KIT et Flt-3 ayant une activité antiangiogénique et antitumorale. Le sunitinib est à l'heure actuelle considérée comme le traitement standard en 1re ligne des cancers du rein avancé. L'enregistrement du sunitinib en 1re ligne métastatique a fait suite aux résultats d'une étude de phase III entre un bras de référence comportant de l'interféron et un bras expérimental comportant le sunitinib. Les auteurs rapportent une amélioration de la survie sans progression passant de 5 à 11 mois pour le bras sunitinib et un allongement de la survie globale atteignant 26,4 mois versus 21,4 mois [1]. Pazopanib (Votrient) Le pazopanib est un TKI plus sélectif que les deux précédents ciblant le PDGF-R, c-Kit et VEGF-R-1, 2 et 3. Son efficacité en termes de survie sans progression et de taux de réponse n'est pas inférieure à celle du sunitinib. Cependant, son profil de tolérance semble supérieur à celui du sunitinib comme l'a montré une récente étude selon laquelle 70 % des patients et médecins préfèrent le pazopanib au sunitinib [3]. Sorafénib (Nexavar) Le sorafénib est à la fois un TKI ciblant le VEGFR et un inhibiteur de la voie des MAP-kinases Bévacizumab (Avastin) Le bévacizumab est un anticorps recombinant humanisé inhibant spécifiquement les 5 isoformes circulantes du VEGF. La fixation de l'anticorps sur le VEGF empêche sa fixation sur le VEGF-R exprimé sur les cellules endothéliales bloquant ainsi le processus angiogénique. Le bévacizumab est actuellement recommandé en 1re ligne métastatique en association avec l'interféron suite à Tableau 8.1 Recommandations de l'European Society of Medical Oncology pour la prise en charge des carcinomes rénaux avancés Histologie et ligne de traitement Risque pronostique Standard Option Sunitinib Cytokines (IL-2 haute dose) Bévacizumab + IFN Sorafénib Carcinome à cellules claires 1re ligne Bon et intermédiaire Pazopanib Mauvais Temsirolimus Sunitinib Sorafénib e 2 ligne Post-cytokines Sorafénib Sunitinib Pazopanib Axitinib Post-TKI Évérolimus Sorafénib Axitinib 3e ligne Post-2 TKI Évérolimus Autres types histologiques Temsirolimus Sunitinib Sorafénib IFN : interféron ; IL : interleukine. 0002012310.INDD 169 9/17/2013 6:48:29 AM 170 Imagerie post-thérapeutique en oncologie l'allongement de la survie sans progression rapporté dans les études [4, 5]. Axitinib (Inlyta) L'axitinib est le dernier TKI ayant obtenu son AMM en 2012. Il s'agit d'un inhibiteur multikinase puissant anti-VEGF-R-1, 2, 3 PDGF-R et c-kit (cibles similaires au pazopanib). Les recommandations le positionnent en 2e ligne après échappement au sunitinib ou à une cytokine. Éverolimus (Afinitor) L'évérolimus est un inhibiteur de mTOR (derivé du sirolimus utilisé comme immunosuppresseur en greffe d'organe). Cette molécule est recommandée en 2e et 3e lignes de traitement des cancers du rein avancés après échec de TKI. Temsirolimus (Torisel) Le temsirolimus est un inhibiteur spécifique de mTor indiqué depuis 2007 en 1re ligne pour les patients porteurs des cancers du rein et appartenant au groupe de mauvais pronostic. Malgré cette indication, le temsirolimus est souvent réservé en pratique courante aux patients en mauvais état général. Facteurs pronostiques À l'ère de l'immunothérapie, plusieurs classifications moléculaires avaient été conçues en particulier celle du Memorial Sloan-Kettering Cancer Center. L'arrivée des antiangiogéniques a remis en question la validité de ce modèle pronostique de référence [6]. Un groupe de travail international sur le cancer du rein a récemment élaboré une nouvelle classification en trois groupes à partir de six critères : • index de Karnoksky ; • intervalle entre diagnostic initial et début de traitement ; • nombre de sites métastatiques ; • taux d'hémoglobine, de calcium, de LDH (lactate-déshydrogénase) ; • taux de phosphatases alcalines ; • et taux de globules blancs [7]. Perspectives La majorité des patients vont tôt ou tard échapper aux thérapeutiques antiangiogéniques en raison de 0002012310.INDD 170 l'émergence de mécanismes de résistance. Plusieurs approches sont actuellement à l'étude afin de retarder ou de contourner ces mécanismes de résistance. La première stratégie a été de combiner antiangiogéniques (TKI ou anticorps) et inhibiteur de mTOR. Cette stratégie n'a pas montré de bénéfice en termes de survie sans progression par rapport à un traitement séquentiel qui reste donc le standard en 2013 [8]. Une deuxième piste est le développement de l'immunothérapie de nouvelle génération avec l'arrivée d'anticorps dirigés contre CTLA4 (ipilimumab), ou encore PD-1 ou son ligand qui interviennent dans la régulation négative du système immunitaire. Enfin le dernier espoir repose sur l'arrivée des TKI de dernière génération avec de nouvelles cibles thérapeutiques. Radiothérapie Le cancer du rein et ses métastases sont considérés comme radiorésistants. La radiothérapie garde quelques indications essentiellement palliatives symptomatiques pour le traitement des localisations métastatiques cérébrales et osseuses. Dans ce dernier cas, l'objectif de la radiothérapie est soit antalgique soit à visée décompressive en cas d'atteinte neurologique. Les lésions avec risque fracturaire élevé doivent quant à elles bénéficier d'un traitement chirurgical (ostéosynthèse) ou en radiologie interventionnelle (cimentoplastie), préalable à l'irradiation. L'efficacité antalgique de la radiothérapie des métastases osseuses de cancer du rein est établie mais il persiste des divergences sur le niveau de dose à délivrer et sur le fractionnement à utiliser. Les mécanismes par lesquels la radiothérapie permet d'obtenir un effet antalgique sont mal connus. En effet, il n'y a pas de corrélation nette entre l'effet antalgique obtenu, le site anatomique de la métastase osseuse ou encore la dose délivrée. Globalement, la radiothérapie des métastases osseuses permet d'obtenir un effet antalgique dans 70 à 80 % des cas. Il sera rapide ou au contraire retardé mais se maintient relativement longtemps. La radiothérapie externe a moins d'effet sur le contrôle des métastases cérébrales ou sur les compressions médullaires : l'effet sur les symptômes est modéré (moins de 30 % d'amélioration), et 9/17/2013 6:48:30 AM 171 Chapitre 8. Aspect post-thérapeutique du cancer du rein une réponse partielle sur le volume tumoral n'est obtenue que dans 20 à 30 % des cas. L'association à la radiothérapie conventionnelle de l'exérèse d'une métastase du SNC (système nerveux central) peut permettre d'améliorer le pronostic, qui néanmoins reste sombre. La radiothérapie stéréotaxique actuellement en plein développement laisse espérer de nouvelles indications d'irradiation et devrait renforcer le rôle de la radiothérapie dans la prise en charge des cancers du rein métastatiques (irradiation stéréotaxique cérébrale, irradiation de la tumeur primitive, etc.). calement lorsqu'elle progresse, tout en restant dans la fenêtre de curabilité. Cette option, réservée à des cas particuliers, doit être discutée en RCP. Évaluation de la réponse précoce et tardive au traitement Place de l'imagerie morphologique et fonctionnelle (fig. 8.1 et 8.2) La technique de référence est la TDM avec injection de produit de contraste. Elle a d'abord permis une évaluation de la réponse thérapeutique basée essentiellement sur le critère de la taille avec le référentiel Surveillance active Elle consiste à contrôler régulièrement en imagerie la tumeur et à la traiter médicalement ou chirurgi- A B C D E F Fig. 8.1. Tumeurs rénales bilatérales chez un patient de 55 ans : TDM avec injection. A, B. TDM temps artériel : volumineuse masse à centre nécrotique gauche, masse polaire supérieure droite (A), petite masse de la lèvre antérieure du rein droit (B). C, D. Traitement par axitinib, bilan fin de deuxième cure, TDM injectée. Elle montre au temps parenchymateux, une réduction des dimensions des lésions et une liquéfaction des lésions, quasi complète à gauche (C) et complète pour les deux lésions droites (D). Arrêt du traitement par le patient (effets indésirables majeurs). E, F. 6 semaines après, décision RCP d'une néphrectomie partielle gauche, TDM postopératoire avec injection. Elle montre au temps parenchymateux une nette repousse tissulaire intralésionnelle à droite. 0002012310.INDD 171 9/17/2013 6:48:30 AM 172 A C Imagerie post-thérapeutique en oncologie B Fig. 8.2. Tumeurs rénales bilatérales chez une patiente de 58 ans avec antécédent de néphrectomie élargie gauche pour épithélioma 2 ans auparavant : TDM avec injection. A. Temps artériel précoce : apparition d'une tumeur rénale droite (flèche) et infiltration tissulaire en latéro-aortique gauche interprétée comme fibrose inflammatoire (tête de flèche). B. Fin de traitement par sunitinib – temps artériel précoce : réduction de taille et hypodensité intralésionnelle de la lésion rénale, réduction quasi complète de l'infiltration latéroaortique gauche. C. Contrôle à un an — temps artériel tardif — métastase surrénalienne droite (flèche), pas de modification de la formation kystique du pôle inférieur droit (non montrée). RECIST version 1.1 de 2009, de façon simple en déterminant la somme du plus grand diamètre des lésions cibles définies comme mesurables supérieures à 10 mm et à contours nets (5 lésions par patient, 2 à 3 lésions par organe), en déterminant des lésions non cibles mesurables ou non mais évaluables et en tenant compte des adénopathies supérieures à 15 mm de petit axe. La réponse est évaluée sur le pourcentage de variation de cette somme en quatre catégories : • réponse complète (disparition de toutes les lésions cibles et non cibles) ; • réponse partielle des lésions cibles (diminution de la somme des lésions cibles de plus de 30 %) ; • stabilité des lésions cibles (somme comprise entre +20 et –30 % sans nouvelles lésions) ; • progression des lésions cibles (somme > 20 %). Ce référentiel présente deux types d'inconvénients majeurs. D'une part, il est imprécis car il existe une variabilité inter et intra-observateur, une variabilité des mesures selon la fenêtre en TDM, une absence d'uniformité dans les protocoles d'injection, une absence de consensus sur le temps d'acquisition optimal (certaines métastases comme celles de cancer du rein sont mieux identifiées au temps artériel que portal). La multiplication des erreurs en additionnant tous ces facteurs aboutit à un résultat final très imparfait. D'autre part, ce référentiel ne tient pas compte du comportement interne de la lésion. 0002012310.INDD 172 De plus, si l'évaluation de la taille est fiable pour les drogues cytotoxiques, elle n'est pas applicable aux thérapies ciblées antiangiogéniques. Ces nouveaux traitements, dont l'efficacité est démontrée sur le cancer du rein, entraînent la destruction de la néovascularisation avec apparition précoce d'une nécrose, souvent sans modification de volume, de ce fait les critères classiques morphologiques RECIST sont inadaptés. D'où la nécessité d'une imagerie fonctionnelle de la microvascularisation avec une analyse dynamique et une quantification afin d'évaluer précocement la réponse au traitement. Elle peut se faire avec les trois modalités d'imagerie avec une injection de produit de contraste. Les produits de contrastes iodés et gadolinés diffusent dans l'interstitium. Le produit de contraste ultrasonore reste intravasculaire. Le scanner et l'IRM permettent une analyse séquentielle composée d'une multitude d'acquisitions après une injection à fort débit au même niveau lésionnel pendant plusieurs minutes. L'échographie permet une analyse en temps réel de la prise de contraste. L'inconvénient de l'IRM est la non-linéarité de l'intensité du signal avec la concentration en gadolinium, celui de la TDM reste l'exposition aux radiations ionisantes. Le problème du recalage à cause des mouvements respiratoires n'est pas encore résolu. Par ailleurs, l'analyse des données est complexe et nécessite des logiciels dédiés qui fournissent différents para- 9/17/2013 6:48:30 AM 173 Chapitre 8. Aspect post-thérapeutique du cancer du rein mètres de perfusion (volume sanguin tissulaire — aire sous la courbe, maximum de rehaussement, flux sanguin tissulaire — pente, temps de transit moyen, perméabilité capillaire — Kps —, volume de distribution interstitiel) [9, 10]. Il n'y a pas aujourd'hui de standardisation quant au point de départ, au délai par rapport au début du traitement, à la technique d'imagerie à utiliser ou encore de consensus sur les meilleurs paramètres à utiliser pour évaluer la réponse précoce au traitement. Une approche alternative a été proposée combinant les données morphologiques avec la densité tumorale, à savoir définir la réponse tumorale par une diminution de 10 % de la taille de la lésion et/ou 15 % de densité sur le scanner injecté. Dans ce cadre le temps portal appréciera le rehaussement tardif dans la lésion [11, 12]. L'imagerie de diffusion en IRM avec quantification de la valeur de l'ADC est une autre voie pour l'évaluation précoce de la réponse tumorale. La diffusion étant une mesure indirecte de la densité tissulaire, elle permet de différentier, grâce à l'ADC, le tissu tumoral viable qui a un ADC faible, du tissu tumoral non viable — apoptose ou nécrose intratumorale induite par le traitement — qui se traduit par une élévation de la valeur de l'ADC [13]. Cette imagerie est applicable en cas d'insuffisance rénale, controverse classique à de multiples injections de produit de contraste. Elle est également proposée pour évaluer la réponse aux thérapies antiangiogéniques comme biomarqueur de la perfusion au niveau des microcapillaires et de la diffusibilité des protons des molécules d'eau dans les tissus. Cette estimation de la composante perfusive et diffusive d'une tumeur est possible grâce à l'utilisation de plusieurs valeurs de b. La modification des valeurs d'ADC permet une évaluation de la réponse précoce au traitement [14, 15]. La différenciation entre tissu fibreux et récidive tumorale pose parfois des difficultés, notamment après radiothérapie en TDM : une récidive locale apparaît en général comme une masse hypervascularisée dans la loge de néphrectomie, aussi bien en IRM qu'en TDM, mais ces examens peuvent être pris en défaut. En IRM, en séquence T2w le tissu fibreux a un hyposignal franc pathognomonique, entouré de travées, avec souvent un aspect rétrac- 0002012310.INDD 173 tile. Sa prise de contraste est possible mais faible. Quelle que soit la modalité, l'apparition de nouvelles lésions est également à prendre en compte. Place de la médecine nucléaire L'imagerie tumorale rénale en médecine nucléaire repose essentiellement sur la TEP-TDM. Le radiotraceur le plus utilisé en TEP-TDM est le fluorodéoxyglucose marqué au 18F, analogue structurel du glucose qui permet l'appréciation du métabolisme glucidique à l'échelle cellulaire. La TEP-TDM au FDG est un examen incontournable en oncologie, mais son usage dans les cancers rénaux reste toutefois assez limité. D'autres radiotraceurs, moins disponibles, ont démontré leur intérêt potentiel. TEP-TDM au FDG (fig. 8.3) TEP-TDM au FDG dans l'identification des sites tumoraux La TEP-TDM au FDG n'apporte pas de bénéfice clair comparativement à l'imagerie morphologique dans la caractérisation des tumeurs rénales. Les performances de l'examen sont extrêmement variables selon les études, avec des sensibilités variant de 32 à 88 %. Cette importante hétérogénéité est liée aux nombreuses variantes histopathologiques des cancers rénaux ayant une avidité variable pour le FDG. Les tumeurs les plus agressives ont généralement une fixation plus intense du fait d'un métabolisme glucidique de ces lésions plus élevé. En outre, l'élimination urinaire du FDG peut être responsable d'une importante activité pyélocalicielle qui peut gêner l'appréciation de la fixation tumorale, en dépit d'acquisitions réalisées sous couvert d'un traitement diurétique. Elle n'est pas recommandée en routine. Les données concernant l'intérêt de la TEP-TDM au FDG dans le diagnostic et l'évaluation des reprises évolutives locales après néphrectomie totale, partielle, ou traitement radiologique interventionnel sont très limitées. Il n'est à l'heure actuelle pas possible d'en préciser la place. L'avidité des cancers rénaux pour le FDG étant inconstante, la sensibilité et donc la valeur prédictive négative de l'examen est diminuée. L'absence 9/17/2013 6:48:30 AM 174 Imagerie post-thérapeutique en oncologie Fig. 8.3. Patient de 62 ans avec antécédent de carcinome à cellules claires du rein gauche pT3N1M0 traité par néphrectomie élargie 20 mois auparavant : TEP-TDM au FDG. L'image de projection d'intensité maximale (A) et la coupe de fusion thoracique (B) montrent un hypermétabolisme glucidique intense en regard d'une masse pulmonaire droite paramédiastinale métastatique sans autre anomalie notamment au niveau rétropéritonéal gauche (C). d'hyperfixation du FDG ne permet donc pas d'infirmer une récidive locale. À l'inverse, d'éventuels faux positifs inflammatoires liés aux remaniements post-thérapeutiques sont à prendre en compte en cas d'hyperfixation sur le site préalablement traité. Les résultats de l'examen sont donc à considérer avec une grande précaution, et à intégrer avec les autres examens d'imagerie réalisés ainsi qu'avec les données histopathologiques de la lésion préalablement traitée. En revanche, les performances de la TEP-TDM au FDG dans la détection des atteintes extrarénales sont plus élevées. Les sensibilité et spécificité globales de l'examen sont respectivement de l'ordre de 63–100 % et 75–100 % [16]. Des études plus récentes se sont intéressées exclusivement à la récurrence tumorale et retrouvent des performances élevées dans la détection des lésions secondaires [17]. Elles seraient liées au caractère plus agressif des contingents tumoraux métastatiques, ce qui explique que chez certains patients des lésions secondaires pourtant infracentimétriques peuvent apparaître plus fixantes que la tumeur primitive elle-même. Pour autant, dans 0002012310.INDD 174 une perspective de suivi thérapeutique, la proportion d'examens faussement négatifs est plus importante que dans d'autres domaines oncologiques où la TEP est utilisée. Ces faux négatifs sont liés d'une part à l'avidité inconstante pour le FDG de certains types tumoraux et d'autre part à la résolution spatiale moindre de la technique, d'où sa sensibilité inférieure à celle de l'imagerie morphologique dans la détection des contingents tumoraux de petite taille [17]. Bien qu'au final les performances globales de la TEP-TDM au FDG ne soient pas significativement différentes de celles du scanner ou de l'IRM dans le diagnostic de récidive tumorale, l'ensemble des données ne permet donc pas de proposer la TEP-TDM au FDG de manière systématique dans la surveillance après traitement curatif chirurgical ou interventionnel des cancers rénaux. En revanche, l'examen présente un intérêt dans la caractérisation de lésions équivoques découvertes au scanner ou à l'IRM, notamment grâce à sa valeur prédictive positive élevée. Pour la détection des lésions osseuses secondaires, la TEP-TDM au FDG apparaît plus sensible que la scintigraphie osseuse [18] en rapport avec le carac- 9/17/2013 6:48:30 AM Chapitre 8. Aspect post-thérapeutique du cancer du rein tère plus fréquemment lytique de ces lésions. Mais les études comparant ces deux examens sont anciennes, et ne prennent pas en compte les dernières évolutions technologiques scintigraphiques (acquisitions tomographiques couplées au scanner). Enfin, la TEP-TDM au FDG revêt une valeur pronostique : l'intensité de fixation maximale du FDG est prédictive de la survie globale et de la survie sans récidive. Cette information pronostique n'est pas utilisée pour l'instant dans la définition de la stratégie thérapeutique. TEP-TDM au FDG et évaluation de la réponse aux thérapeutiques systémiques des cancers rénaux avancés La TEP-TDM au FDG n'est pas en mesure d'apprécier de manière fiable la réponse à l'immunothérapie [19]. En revanche, l'examen semble pouvoir jouer un rôle important dans l'évaluation de la réponse aux nouvelles thérapeutiques ciblées. L'inhibition de plusieurs tyrosine-kinases par ces traitements aboutit, entre autres effets, à une moindre expression des transporteurs membranaire du glucose, si bien que la fixation du FDG peut in fine refléter l'ensemble des modifications métaboliques induites par le traitement. Plusieurs études ont évalué la variation de la fixation tumorale du FDG en regard de cibles thérapeutiques avant et après instauration d'un traitement par sorafénib ou sunitinib [20]. Une baisse de la fixation des lésions tumorales est observée chez les patients répondeurs, précédant parfois la réponse thérapeutique observable selon les critères RECIST. La TEPTDM au FDG permet en outre l'évaluation de la réponse au traitement des lésions osseuses, ce qui n'est pas possible sur des critères exclusivement morphologiques. La réponse thérapeutique évaluée par la TEP-TDM au FDG semble en outre avoir une valeur pronostique indépendante : une diminution de plus 20 % de l'intensité de fixation des lésions tumorales entre un premier examen préthérapeutique et un second examen réalisé après instauration du traitement est prédictive d'une survie sans progression et même d'une survie globale plus élevées. Les seuils et les variations d'intensité de fixation prédictifs d'une réponse thérapeutique sont en évaluation et l'adaptation des stratégies thé- 0002012310.INDD 175 175 rapeutiques en fonction de ces données reste encore à définir. Autres radiotraceurs Girentuximab marqué à l'iode-124 Il est extrêmement prometteur dans la prise en charge des carcinomes rénaux à cellules claires. Il s'agit d'un anticorps chimérique se liant à l'anhydrase carbonique IX, antigène membranaire surexprimé de manière homogène dans plus de 95 % des carcinomes rénaux à cellules claires et absent dans le parenchyme rénal normal. Les sensibilités et spécificité de la TEP-TDM au 124I-girentuximab dans la caractérisation des carcinomes rénaux à cellules claires dépassent les 85 %, avec une valeur prédictive positive de 94 % en cas de fixation. Ces performances sont proches de la rentabilité diagnostique d'un prélèvement histologique invasif, et ouvrent donc la perspective d'un diagnostic histologique positif par l'imagerie [21]. Ce radiotraceur a également montré son intérêt dans la détection de métastases ganglionnaires et viscérales occultes des carcinomes à cellules claires, mais son rôle dans le suivi thérapeutique des cancers traités reste à définir. Acétate marqué au 11C Ce radiotraceur reflète l'activité de l'acétyl-CoAsynthétase qui est augmentée dans les cancers rénaux. La TEP-TDM au 11C-acétate semble permettre la détection des carcinomes rénaux avec une sensibilité similaire à celle de la TEP-TDM au FDG, mais n'a à ce jour pas été évaluée dans des stratégies de surveillance. Nitro-imidazoles marqués au 18F Le fluoromisonidazole marqué au 18F (FMISO) est un radiotraceur permettant d'apprécier l'hypoxie tumorale. La fixation est maximale dans les conditions d'hypoxie sévère. L'importante chimio et radiorésistance des carcinomes rénaux étant pour partie en rapport avec des contingents tumoraux hypoxiques, ce radiotraceur a été proposé pour l'imagerie des cancers rénaux. La sensibilité de l'examen dans la caractérisation des lésions rénales ou extrarénales hypoxiques est décevante [22]. 9/17/2013 6:48:30 AM 176 Imagerie post-thérapeutique en oncologie Stratégie de surveillance à long terme Pour les cancers localisés stade pT1-pT2 de faible grade, la survie à 5 ans est de 71–97 %. Elle chutait entre 20 et 53 % pour les tumeurs localement avancées pT3-pT4, N + et entre 10 et 20 % pour les formes métastatiques. Ces chiffres sont en amélioration avec les nouvelles thérapies ciblées. Le risque maximal de récidive se situe dans les 3 à 5 ans après chirurgie. Quarante-trois à 66 % des récidives surviennent dans l'année, 70 % dans les 2 ans, 80 % dans les 3 ans et 93 % dans les 5 ans. Des récidives plus tardives sont possibles avec une fréquence variable en fonction du stade initial de la maladie. Le risque métastatique est directement corrélé au stade pathologique. Différents facteurs pronostiques ont été identifiés : la taille de la tumeur, le grade nucléaire de Fuhrman, le type histologique avec présence d'une inflexion sarcomatoïde, l'existence de nécrose tumorale, l'atteinte de la voie excrétrice, l'état général, l'expression du gène Ki-67 et la ploïdie cellulaire. Ils permettent une classification en trois catégories : faible risque, risque intermédiaire et haut risque de récidive. Un suivi régulier après néphrectomie élargie ou partielle est mis en place pour dépister précocement une rechute. Le suivi est programmé au moins dans les 5 ans, voir jusqu'à 10 ans en raison de récidives très tardives. Si chacun s'accorde sur une surveillance adaptée aux facteurs pronostiques définis et aux sites préférentiels de récidive, il n'existe pas aujourd'hui de consensus sur un protocole déterminé. Le suivi biologique comporte une créatininémie, un dosage des phosphatases alcalines et des tests de biologie hépatique (gamma-GT, phosphatases alcalines, transaminases). Ces derniers ne sont perturbés qu'en cas de métastases hépatiques et parfois en cas de récidives locales. La surveillance de la fonction rénale fait partie du suivi oncologique. Les poumons et l'abdomen devant faire l'objet d'une surveillance systématique, la TDM thoracique est couplée à la TDM abdominopelvienne. 0002012310.INDD 176 L'échographie réalisée en alternance entre deux examens TDM est proposée par certains. Mais l'examen TDM reste la référence. Un protocole d'acquisition trois phases à l'étage abdominal (sans injection, phase artérielle puis portale après injection) est optimum. En effet la réalisation d'un temps d'acquisition précoce en phase artérielle est un impératif car la plupart des tumeurs rénales et leurs métastases sont hypervascularisées. Cependant, pour évaluer le contenu de la masse sous thérapie ciblée, la phase portale est indispensable pour mettre en évidence une prise de contraste plus discrète et tardive. En cas de fonction rénale altérée, l'IRM abdominale sera privilégiée, sans ou avec injection après évaluation du rapport risque/bénéfice attendu. La recherche de métastases osseuses par radiographies, TDM ou IRM osseuses n'est réalisée qu'en cas de signes d'appel cliniques. La scintigraphie osseuse reste la référence pour l'évaluation de l'ensemble du squelette et chez les patients avec des métastases connues. Il en est de même pour la recherche de métastases cérébrales (IRM ou TDM cérébrale) ou des localisations inhabituelles [23, 24]. Évaluation de la toxicité thérapeutique Le choix thérapeutique repose sur les recommandations issues des données de la littérature mais également sur le profil de toxicité de chacune des molécules disponibles. La connaissance de leur gestion et l'éducation thérapeutique des patients sont indispensables pour assurer une prise en charge optimale des patients. Les effets indésirables sont multiples et retentissent sur la qualité de vie. Le taux rapporté dans les essais cliniques est voisin de 10 %. Parmi les effets généraux, l'asthénie est l'effet secondaire le plus fréquemment rapporté, en particulier avec le sunitinib. Sa cause est d'origine multifactorielle nécessitant la recherche systématique d'une anémie, d'une hypothyroïdie ou de toute autre cause potentielle qui puisse être corrigée. La dysgueusie, l'anorexie ainsi que la perte de poids peuvent être observées avec l'ensemble des 9/17/2013 6:48:31 AM Chapitre 8. Aspect post-thérapeutique du cancer du rein TKI ainsi que les inhibiteurs de mTOR. Parmi les effets métaboliques, les inhibiteurs de mTOR sont pourvoyeurs d'hyperglycémie et d'hyperlipidémie, en raison du rôle de mTOR dans l'adipogenèse et le métabolisme glucidique. Une cytopénie est fréquente sous sunitinib, pouvant imposer un arrêt du traitement. Une toxicité hépatique est possible sous pazopanib. La toxicité cutanée, très rare avec le bévacizumab, s'observe avec tous les TKI et inhibiteurs de mTOR. On observe principalement des rashs cutanés maculopapuleux, des sécheresses cutanées ainsi que des prurits avec des fréquences variables selon la molécule considérée. Le syndrome mainpied peut se voir avec tous les TKI en particulier le sorafénib (30 % tous grades confondus) et se caractérise par un érythème palmoplantaire pouvant être associé à des dysesthésies invalidantes. La toxicité des muqueuses se traduit par la survenue de mucites, gastrites et diarrhées. La diarrhée est fréquemment observée avec les TKI (sunitinib, sorafénib, axitinib) alors que la mucite s'observe avec les TKI et mTOR. La survenue de l'HTA a été rapportée avec tous les antiangiogéniques quelle que soit la sous-classe à laquelle ils appartiennent. Cependant elle est moins spécifique et fréquente sous inhibiteurs de mTOR. Elle est expliquée par plusieurs mécanismes : diminution de la densité en capillaires, altération de la vasodilatation endothéliumdépendante et également glomérulopathie. Elle se traduit par une protéinurie voire un syndrome néphrotique. Elle ne doit pas faire interrompre le A 177 traitement en dehors des rares cas d'HTA malignes, d'insuffisance cardiaque associée, d'infarctus du myocarde, ou d'accidents vasculaires cérébraux. La pneumopathie non infectieuse (PNI) est la toxicité la plus redoutée des inhibiteurs de mTOR. Cette pneumopathie de type interstitielle est le plus souvent asymptomatique (PNI de grade 1), mais peut se manifester par une légère dyspnée et/ ou toux (PNI de grade 2) ou dans ses formes les plus graves (2–3 %) engager le pronostic vital (PNI de grade 4). L'incidence est d'environ 35 % et les premiers symptômes apparaissent en général après 3–4 mois de traitement. La physiopathologie de la toxicité pulmonaire n'est quant à elle pas complètement élucidée. Elle pourrait être le résultat d'une toxicité directe des inhibiteurs de mTOR sur les pneumocytes, d'une dysfonction endothéliale ou encore d'un mécanisme immunoallergique. L'imagerie joue un rôle décisif dans le diagnostic, le grading ainsi que la prise en charge des pneumopathies non infectieuses. L'aspect est caractéristique en TDM devant une image en verre dépoli, bilatérale et lobaire inférieure avec fibrose, imagées réticulées et bronchectasies de traction (fig. 8.4). De rares cas d'encéphalopathie postérieure réversible (céphalées, altération des fonctions mentales, troubles visuels, etc.), liée à une rupture de la barrière hémato-encéphalique et à un œdème vasogénique de la substance blanche, ont été rapportés. La responsabilité de l'HTA est évoquée. L'IRM est spécifique de ce diagnostic. Le diagnostic dif- B Fig. 8.4. Pneumopathie interstitielle non infectieuse grade 3 chez une patiente traitée par Torisel (inhibiteur de mTOR). Dyspnée majeure nécessitant une hospitalisation avec oxygénothérapie et corticothérapie. A. TDM initiale. Aspect typique : aspect en verre dépoli lobaire inférieur, bilatéral avec images réticulées et bronchectasies de traction. B. TDM 10 jours post-thérapeutiques. Régression des anomalies avec atélectasie sous segmentaire à droite. 0002012310.INDD 177 9/17/2013 6:48:31 AM 178 Imagerie post-thérapeutique en oncologie férentiel avec des localisations secondaires est aisé. Il s'agit d'une anomalie de la substance blanche située préférentiellement dans les régions postérieures des deux hémisphères sous forme d'hypersignaux sous-corticaux bilatéraux en densité protonique, en T2, FLAIR et diffusion au niveau occipital, pariétal et parfois frontal. Le tableau clinique et les anomalies IRM régressent rapidement, sans séquelles, après l'arrêt du traitement. Guidelines d'évaluation de la réponse avec propositions Il n'existe actuellement aucune recommandation de référence pour le suivi des cancers du rein détectés précocement ou évolués. Le suivi sera plus ou moins fréquent suivant le risque de rechute qui sera évalué par l'urologue ou l'oncologue médical. Les examens complémentaires sont guidés par les symptômes et dépendent de chaque situation clinique. L'avis d'experts du Comité de cancérologie de l'Association française d'urologie (CCAFU 2005) a émis des recommandations avec un rythme et des modalités de suivi en fonction de groupes pronostiques : • après néphrectomie partielle ou élargie : un examen TDM abdominal réalisé entre 3 et 6 mois après la chirurgie sert de document de base pour préciser l'état du lit tumoral puis : – pour les patients à faible risque, il est proposé tous les ans un examen TDM thoracoabdominal et un bilan biologique optionnel, jusqu'à 5 ans, – pour les patients à risque intermédiaire, l'imagerie TDM est semestrielle pendant 3 ans puis annuelle et un bilan biologique optionnel, jusqu'à 10 ans, – pour les patients à haut risque, l'imagerie TDM est semestrielle avec un bilan biologique, jusqu'à 10 ans ; • suivi du patient métastatique : l'imagerie TDM est réalisée tous les 2 à 3 mois et coordonnée par l'équipe spécialisée. 0002012310.INDD 178 Références [1] Motzer RJ, Hutson TE, Tomczak P, et al. 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