La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 7 - septembre 2011 | 441
Résumé
L’administration d’une chimiothérapie néo-adjuvante avant la réalisation d’une chirurgie reste à ce jour
l’un des modèles les plus pertinents pour identifier des marqueurs prédictifs de l’efficacité de ces traite-
ments sur une tumeur donnée. Les facteurs corrélés à la réponse au traitement sont ainsi de plus en plus
nombreux. Avec l’avènement des technologies d’analyse à haut débit (transcriptome, génome, protéome,
séquençome), de nouvelles perspectives concernant l’identification des facteurs de réponse ou de résis-
tance aux traitements s’ouvrent, permettant d’entrevoir dans un futur proche une médecine personnalisée
des cancers du sein.
Mots-clés
Néo-adjuvant
Cancer du sein
Chimiothérapie
Facteurs pronostiques
Facteurs prédictifs
Summary
In order to be able to offer his
patients the best treatment, a
clinician specialising in breast
oncology must assess the
factors which allow to expect
a positive response to chemo-
therapy before proposing a
neoadjuvant chemotherapy.
This article aims at reviewing
the main trials which have been
published so as to provide the
clinician with guidance in his
in work. This article attempts
to list the various factors used
to determine the response to
neoadjuvant chemotherapy,
ranging from classical factors
(such as histological type, the
status of hormonal receptors,
cerB2 status, cell proliferation)
to the newest factors (circu-
lating tumor cells, molecular
signatures).
Keywords
Neoadjuvant
Breast cancer
Chemotherapy
Prognostic factors
Predictive factors
et une SG à 5 ans (90 versus 52 % ; p = 0, 005)
améliorées. A contrario, aucune différence n’a été
mise en évidence dans le sous-groupe des femmes
présentant une tumeur RO+.
Amplification/surexpression
du gène HER2
Le pronostic des tumeurs HER2+ et leur réponse à la
CT néo-adjuvante ont été clairement modifiés par
l’introduction du trastuzumab en néo-adjuvant. Dans
les articles de A.U. Buzdar et al. (4, 5), le taux de
RHC était de 60 % dans le groupe recevant du tras-
tuzumab versus 26 % dans le groupe sans, avec une
SSR significativement meilleure. Cela est confirmé
par l’essai NOAH (6), dans lequel le trastuzumab
était donné pour une durée de 1 an en plus d’une
CT néo-adjuvante. Le taux de RHC était augmenté
de façon significative lorsque du trastuzumab était
administré (38 versus 19 % ; p = 0,001). Il en était de
même pour le taux de SSR à 3 ans (71 versus 56 % ;
p = 0,013 ; HR = 0,59). De même, dans l’essai Gepar-
Quattro (7), les patientes présentant une tumeur
du sein HER2+ avaient un taux de RHC élevé avec
l’association CT + trastuzumab (31,7 versus 15,7 %
dans le groupe référence HER2–). Dans l’étude multi-
centrique Remagus 02 (8) incluant 340 femmes, les
patientes HER2+ recevaient 4 cures d’épirubicine +
cyclophosphamide. Elles étaient ensuite randomi-
sées pour être traitées par docétaxel, avec ou sans
trastuzumab. Le taux de RHC était de 26 % dans le
groupe trastuzumab (n = 62) versus 19 % dans le
groupe sans trastuzumab (n = 58). L’efficacité du
trastuzumab était meilleure mais avec un taux de
réponse complète moins élevé que dans les autres
publications, peut-être à cause de son introduction
plus tardive. La cardiotoxicité de l’association trastu-
zumab + anthracyclines était à prendre en compte.
F. Peintinger et al. (9) ont posé spécifiquement la
question de la réponse histologique en fonction du
statut des RO et de l’introduction du trastuzumab
dans le schéma thérapeutique néo-adjuvant asso-
ciant paclitaxel et FAC (5-FU, adriamycine et cyclo-
phosphamide) chez 199 patientes HER2+. Dans le
sous-groupe des tumeurs HER2+ RO+, le taux de
RHC (pas de résidu tumoral invasif dans le sein et les
ganglions axillaires) était de 73 % dans le bras tras-
tuzumab versus 34 % (p = 0,002) et 47 % (p = 0,02)
dans les bras sans trastuzumab. Dans le groupe des
tumeurs HER2+ RO–, le taux de RHC (pas de résidu
tumoral invasif dans le sein et les ganglions axillaires)
était de 72 % dans le bras trastuzumab versus 50 %
(p = 0,07) et 68 % (p = 0,44) dans les bras sans tras-
tuzumab. Ainsi, l’adjonction de trastuzumab en néo-
adjuvant améliore considérablement la réponse au
traitement des tumeurs HER2, quel que soit le statut
des récepteurs hormonaux. L’étude de B.P. Coudert
et al. (10) s’intéressait à la réponse des tumeurs
HER2+ à une CT avec introduction de sels de platine.
Ainsi, 70 patientes avec tumeur HER2+ recevaient
6 cycles de docétaxel + carboplatine + trastuzumab
en néo-adjuvant. Une réponse clinique complète de
85 % et une RHC importante de 39 % étaient obser-
vées. Après confirmation par FISH (Fluorescence In
Situ Hybridization) du statut HER2+, il était observé
43 % de RHC (24 sur 56 patientes). Aussi le niveau
d’amplification par FISH pourrait-il influencer la
sensibilité de la tumeur au trastuzumab. Dans une
étude, S. Guiu et al. (11) ont essayé de trouver une
corrélation entre le niveau d’amplification de HER2
et la réponse à une CT néo-adjuvante comportant du
trastuzumab. Dans cette étude multicentrique, 116
tumeurs HER2+ avaient été collectées. Après FISH,
99 tumeurs ont été analysées en fonction du niveau
d’amplification – classé en haut niveau (HA) et bas
niveau (LA) d’amplification – et de la réponse au trai-
tement (score de Chevallier) : 17 tumeurs n’avaient
pas de surexpression de HER2. Le taux de RHC était
significativement corrélé au niveau d’amplification,
avec 55 % de réponse complète dans le groupe avec
HA, versus 24 % dans le groupe avec LA. Il n’y avait
aucune différence en termes de SG et de SSR entre
les groupes des 2 niveaux d’amplification.
Tumeurs triple-négatives
C. Liedtke et al. (12) ont abordé la question de l’im-
pact pronostique de la RHC (RHC axillaire et RHC
de la tumeur primaire) au traitement néo-adjuvant
dans une population de patientes présentant une
tumeur triple-négative (TN) [RO–, récepteurs à la
progestérone négatifs, HER2–]. Dans une série de