Déterminants de la réponse à la chimiothérapie néo

440 | La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 7 - septembre 2011
DOSSIER THÉMATIQUE
Cancers du sein :
chimiothérapie néo-adjuvante
Déterminants de la réponse
à la chimiothérapie
néo-adjuvante
dans les cancers du sein
Predictors of response to neoadjuvant chemotherapy
for breast cancer
C. Malhaire 1, C. Senechal 2, V. Marchand 3, F.C. Bidard 4, B. Sigal 5, J.Y. Pierga 4, F. Reyal 2
1 Département de radiologie, institut
Curie, Paris.
2 Département de chirurgie, institut
Curie, Paris.
3 Département de RT, institut Curie,
Paris.
4 Département d’oncologie médi-
cale, institut Curie, Paris ; université
Paris Descartes.
5 Département de biologie des
tumeurs, institut Curie, Paris.
Type histologique
Une analyse de 6 études rétrospectives (Cristofanilli
M et al., Cocquyt VF et al., Chaturvedi S et al., Pu
RT et al., Vincent-Salomon A et al., Tubiana-Hulin
M et al.), publiée en 2007 dans Lancet Oncology (1),
incluant 2 938 patientes ayant reçu une chimio-
thérapie (CT) néo-adjuvante, retrouve un taux de
ponse histologique complète (RHC) de 1,7 %
(6 sur 354 malades) chez les patientes psen-
tant un carcinome lobulaire infiltrant et de 11,6 %
(300 sur 2 584 malades) chez celles présentant un
carcinome canalaire infiltrant (p < 0,0001). De plus,
parmi 17 essais randomisés évaluant l’efficacité d’une
CT néo-adjuvante, seuls 5 ont inclus des patientes
présentant un carcinome lobulaire infiltrant dans
des proportions allant de 11 à 22 %.
Statut des récepteurs
hormonaux
V. Guarneri et al. (2) ont analysé l’impact du statut
des récepteurs hormonaux sur la ponse histolo-
gique après CT néo-adjuvante. Sur les 1 731 patientes
ayant reçu un traitement par anthracyclines (91 %)
et taxanes (66 %), 13 % ont obtenu une RHC.
Ces femmes psentaient des tumeurs de petite
taille (43 versus 31 % ; p = 0,0005), de haut grade
(89 versus 60 % ; p < 0,0001), plus fréquem-
ment RO (récepteur aux œstrogènes négatif)
[59 versus 28 % ; p < 0,0001] et HER2+ (37 versus
21 % ; p < 0,001), avec moins d’emboles vasculaires
(10 versus 24 % ; p < 0,0001) et moins d’emboles
lymphatiques (15 versus 31 % ; p < 0,0001) ; en outre,
ces patientes avaient plus souvent été traitées par
taxanes (73 versus 65 % ; p < 0,01). Le taux de
traitement conservateur était plus éle dans ce
groupe (52 versus 31 % ; p < 0,0001). Les auteurs
ont montque la RHC était significativement
corrélée au pronostic des patientes dans les 2 sous-
groupes de tumeurs RO+ ou RO– en termes de survie
sans récidive (SSR) et de survie globale (SG). Dans
le groupe des femmes qui présentaient une RHC, la
survie actuarielle sans récidive à 5 ans était de 87 %
et la SG de 91 %.
A.E. Ring et al. (3) ont analysé le caractère prédictif
du statut des RO sur le taux de RHC et son impact
sur la SSR et sur la SG. Les auteurs ont analysé
rétrospectivement une série de 439 femmes traitées
par CT néo-adjuvante : parmi les 38 % de patientes
ayant bénéficié d’un traitement conservateur, 8 %
ont obtenu une RHC et 4 % une persistance isolée
de carcinome in situ. Les tumeurs RO(21 versus
8 % ; p < 0,001), de petite taille (T1 : 40 % ; T2 :
14,5 % ; T3 : 8 % ; T4 : 5 % ; p < 0,01), de haut grade
(G3 : 15,6 % ; G2 : 2,4 % ; G1 : 3,2 % ; p < 0,001) et
traitées par une association à base d’anthracyclines
(13,9 versus 2,6 % ; p = 0,003) avaient un taux de
RHC supérieur. Les auteurs ont montré que les
patientes présentant une tumeur RO– et une RHC
avaient une SSR à 5 ans (73 versus 37 % ; p = 0,001)
La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 7 - septembre 2011 | 441
Résumé
Ladministration d’une chimiothérapie o-adjuvante avant la réalisation d’une chirurgie reste à ce jour
l’un des modèles les plus pertinents pour identifier des marqueurs prédictifs de l’efficacité de ces traite-
ments sur une tumeur donnée. Les facteurs corrélés à la réponse au traitement sont ainsi de plus en plus
nombreux. Avec l’avènement des technologies d’analyse à haut débit (transcriptome, génome, protéome,
séquençome), de nouvelles perspectives concernant l’identification des facteurs de ponse ou de sis-
tance aux traitements s’ouvrent, permettant d’entrevoir dans un futur proche une médecine personnalisée
des cancers du sein.
Mots-clés
Néo-adjuvant
Cancer du sein
Chimiothérapie
Facteurs pronostiques
Facteurs prédictifs
Summary
In order to be able to offer his
patients the best treatment, a
clinician specialising in breast
oncology must assess the
factors which allow to expect
a positive response to chemo-
therapy before proposing a
neoadjuvant chemotherapy.
This article aims at reviewing
the main trials which have been
published so as to provide the
clinician with guidance in his
in work. This article attempts
to list the various factors used
to determine the response to
neoadjuvant chemotherapy,
ranging from classical factors
(such as histological type, the
status of hormonal receptors,
cerB2 status, cell proliferation)
to the newest factors (circu-
lating tumor cells, molecular
signatures).
Keywords
Neoadjuvant
Breast cancer
Chemotherapy
Prognostic factors
Predictive factors
et une SG à 5 ans (90 versus 52 % ; p = 0, 005)
améliorées. A contrario, aucune différence n’a été
mise en évidence dans le sous-groupe des femmes
présentant une tumeur RO+.
Amplification/surexpression
du gène HER2
Le pronostic des tumeurs HER2+ et leur réponse à la
CT o-adjuvante ont été clairement modifiés par
l’introduction du trastuzumab en néo-adjuvant. Dans
les articles de A.U. Buzdar et al. (4, 5), le taux de
RHC était de 60 % dans le groupe recevant du tras-
tuzumab versus 26 % dans le groupe sans, avec une
SSR significativement meilleure. Cela est confirmé
par lessai NOAH (6), dans lequel le trastuzumab
était don pour une durée de 1 an en plus d’une
CT néo-adjuvante. Le taux de RHC était augmenté
de façon significative lorsque du trastuzumab était
administré (38 versus 19 % ; p = 0,001). Il en était de
même pour le taux de SSR à 3 ans (71 versus 56 % ;
p = 0,013 ; HR = 0,59). De même, dans l’essai Gepar-
Quattro (7), les patientes présentant une tumeur
du sein HER2+ avaient un taux de RHC éleavec
l’association CT + trastuzumab (31,7 versus 15,7 %
dans le groupe référence HER2–). Dans l’étude multi-
centrique Remagus 02 (8) incluant 340 femmes, les
patientes HER2+ recevaient 4 cures d’épirubicine +
cyclophosphamide. Elles étaient ensuite randomi-
sées pour être traitées par docétaxel, avec ou sans
trastuzumab. Le taux de RHC était de 26 % dans le
groupe trastuzumab (n = 62) versus 19 % dans le
groupe sans trastuzumab (n = 58). Lefficacité du
trastuzumab était meilleure mais avec un taux de
réponse complète moins élevé que dans les autres
publications, peut-être à cause de son introduction
plus tardive. La cardiotoxicité de l’association trastu-
zumab + anthracyclines était à prendre en compte.
F. Peintinger et al. (9) ont posé spécifiquement la
question de la réponse histologique en fonction du
statut des RO et de l’introduction du trastuzumab
dans le schéma thérapeutique o-adjuvant asso-
ciant paclitaxel et FAC (5-FU, adriamycine et cyclo-
phosphamide) chez 199 patientes HER2+. Dans le
sous-groupe des tumeurs HER2+ RO+, le taux de
RHC (pas de résidu tumoral invasif dans le sein et les
ganglions axillaires) était de 73 % dans le bras tras-
tuzumab versus 34 % (p = 0,002) et 47 % (p = 0,02)
dans les bras sans trastuzumab. Dans le groupe des
tumeurs HER2+ RO–, le taux de RHC (pas de résidu
tumoral invasif dans le sein et les ganglions axillaires)
était de 72 % dans le bras trastuzumab versus 50 %
(p = 0,07) et 68 % (p = 0,44) dans les bras sans tras-
tuzumab. Ainsi, l’adjonction de trastuzumab en néo-
adjuvant améliore considérablement la réponse au
traitement des tumeurs HER2, quel que soit le statut
des récepteurs hormonaux. Létude de B.P. Coudert
et al. (10) s’intéressait à la réponse des tumeurs
HER2+ à une CT avec introduction de sels de platine.
Ainsi, 70 patientes avec tumeur HER2+ recevaient
6 cycles de docétaxel + carboplatine + trastuzumab
en néo-adjuvant. Une réponse clinique complète de
85 % et une RHC importante de 39 % étaient obser-
vées. Après confirmation par FISH (Fluorescence In
Situ Hybridization) du statut HER2+, il était observé
43 % de RHC (24 sur 56 patientes). Aussi le niveau
d’amplification par FISH pourrait-il influencer la
sensibilité de la tumeur au trastuzumab. Dans une
étude, S. Guiu et al. (11) ont essayé de trouver une
corrélation entre le niveau d’amplification de HER2
et la réponse à une CT néo-adjuvante comportant du
trastuzumab. Dans cette étude multicentrique, 116
tumeurs HER2+ avaient été collectées. Après FISH,
99 tumeurs ont été analysées en fonction du niveau
d’amplification – classé en haut niveau (HA) et bas
niveau (LA) d’amplification – et de la réponse au trai-
tement (score de Chevallier) : 17 tumeurs n’avaient
pas de surexpression de HER2. Le taux de RHC était
significativement corrélé au niveau d’amplification,
avec 55 % de réponse complète dans le groupe avec
HA, versus 24 % dans le groupe avec LA. Il n’y avait
aucune différence en termes de SG et de SSR entre
les groupes des 2 niveaux d’amplification.
Tumeurs triple-négatives
C. Liedtke et al. (12) ont abordé la question de l’im-
pact pronostique de la RHC (RHC axillaire et RHC
de la tumeur primaire) au traitement néo-adjuvant
dans une population de patientes présentant une
tumeur triple-négative (TN) [RO–, récepteurs à la
progesrone gatifs, HER2–]. Dans une rie de
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Déterminants de la réponse àla chimiothérapie néo-adjuvante
danslescancers dusein
DOSSIER THÉMATIQUE
Cancers du sein :
chimiothérapie néo-adjuvante
1 118 femmes ayant reçu un traitement par CT néo-
adjuvante, les auteurs ont identifié 255 cas présen-
tant une tumeur TN (23 %). Une RHC a été observée
chez 15 % des patientes, dont 22 % dans le groupe
TN et 11 % dans le groupe non TN. Parmi celles qui
avaient reçu un protocole à base d’anthracyclines, le
taux de RHC était de 20 % dans le groupe TN et de
5 % dans le groupe non TN (p < 0,0001). Chez celles
qui avaient reçu un protocole comportant du pacli-
taxel, le taux de RHC était de 28 % dans le groupe
TN et de 17 % dans le groupe non TN (p < 0,007).
Les femmes du sous-groupe TN présentant une RHC
avaient une survie à 3 ans identique (94 %) à celle
des membres du sous-groupe non TN présentant
une RHC (98 %). A contrario, les patientes TN dont
la réponse histologique était incomplète avaient un
pronostic médiocre à 3 ans (68 %).
Récemment, D.P. Silver et al. (13) ont étudié l’effi-
caci d’un traitement néo-adjuvant par 4 cycles
de cisplatine en monotrapie chez 21 patientes
présentant une tumeur TN. Ils ont mis en évidence
un taux de RHC de 22 %. Létude de T. Byrski et al.
(14) avait précédemment rapporté un taux de RHC
de 80 % chez 12 patientes porteuses de mutation
BRCA1 et traitées par cisplatine.
Infiltrat immunitaire
intratumoral et péritumoral
C. Denkert et al. (15) se sont intéressés à la relation
entre l’infiltrat lymphocytaire stromal, linfiltrat
lymphocytaire intratumoral et le taux de RHC après
CT néo-adjuvante d’un cancer du sein. Utilisant les
données de l’étude GeparDuo et GeparTrio, ils ont
étudié 1 058 prélèvements biopsiques. Les auteurs
ont mont que les infiltrats stromal et intratu-
moral étaient fortement corrélés. Le sous-groupe
des tumeurs présentant un infiltrat intratumoral de
plus de 10 % était associé à un taux de RHC de 31 %.
Celui des tumeurs présentant un infiltrat intratu-
moral ou stromal de plus de 60 % était associé à un
taux de RHC de 42 %. Le sous-groupe des tumeurs
sans infiltrat intratumoral ou stromal était associé
à un taux de RHC de 3 % (p < 0,0005). En analyse
multivariée, l’infiltrat inflammatoire intratumoral
(T-Cell) était un facteur indépendant de RHC.
Prolifération
Les tumeurs ayant un grade anatomopathologique
élevé semblent plus sensibles à la CT (2, 3). Le grade
étant essentiellement un reflet de la prolifération
cellulaire, celle-ci pourrait être un bon marqueur
prédictif.
Létude puble en 2004 par A. Vincent-Salomon
et al. (16) s’intéresse aux marqueurs de proliféra-
tion comme moyen de prédire la réponse à la CT.
Cette étude incluait 55 femmes avec un cancer
du sein de mauvais pronostic (tumeurs comprises
entre 3 et 7 cm, âge inférieur à 55 ans et fraction
de phase S surieure à 4 % et/ou âge inférieur à
35 ans et/ou grade 3 histologique et/ou emboles
vasculaires de la tumeur). Les patientes recevaient
4 cycles de CT FAC, suivis d’une chirurgie (60 % de
traitements conservateurs) puis d’une radiothérapie
externe. Trois marqueurs de prolifération (l’index
mitotique [IM], le Ki67 et la fraction de phase S
[SPF]) étaient analysés avant et après la CT. Les
3 marqueurs étaient prédictifs de la ponse à la
CT, avec un pouvoir discriminant plus fort pour l’IM.
Le taux de RHC pour un IM élevé, supérieur à 17 pour
10 champs, était de 50 %, contre 7 % lorsque l’IM
était inférieur ou égal à 17 (p = 0,0003). Lorsque la
SPF était supérieure à 8 %, le taux de RHC était de
42 %, contre 16 % dans le cas contraire (p = 0,04).
Il en était de même concernant le Ki67, pour lequel
le taux de RHC atteignait 41 % lorsque le Ki67 était
très élevé (supérieur à 42 %), contre 14 % de RHC
lorsque celui-ci était inférieur à 42 % (p = 0,03). Il
existait une décroissance significative des marqueurs
après CT, avec une SG à 52 mois meilleure lorsque
l’IM diminuait de plus de 50 % (84 versus 58 % ;
p = 0,02).
Dans larticle publié par R.L. Jones et al. (17) en
2009, limportance de la prolifération pré- et
post-thérapeutique sur le devenir des patientes
a é monte. Cette analyse trospective a é
effectuée sur 103 patientes traies par différents
schémas de CT néo-adjuvante entre 1985 et 2005.
La SG et la SSR ont été corrélées avec l’âge, le statut
nopausique, le stade T et N initial, l’opérabilité,
le Ki67, les récepteurs hormonaux aux œstrogènes
et à la progestérone, le statut HER2, le grade histo-
logique, le type histologique, l’invasion vasculaire,
la ponse clinique, le type de CT (avec ou sans
anthracyclines), le type de chirurgie, l’adminis-
tration d’un traitement adjuvant, la taille histolo-
gique de la tumeur et l’atteinte ganglionnaire. Après
analyse multivariée, le Ki67 postoratoire était
le seul ément pronostic significatif inpendant
en termes de SSR. Sur la SG, en analyse multi-
variée, les Ki67 pré- et post-thérapeutique sont
des marqueurs prédictifs indépendants, sachant
que le Ki67 post-trapeutique semblait avoir un
La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 7 - septembre 2011 | 443
DOSSIER THÉMATIQUE
impact plus important. Si on observe l’impact du
Ki67 postopératoire, la SSR est de 77 % pour le
tertile le plus bas, contre 27 % pour le tertile le
plus haut à 5 ans. Il en était de même pour la SG à
5 ans : le tertile le plus haut avait un taux de 39 %
de survie, contre 93 % dans le tertile de Ki67 le
plus bas. Dans cet article, les auteurs reprenaient
ensuite une cohorte de 284 patientes avec pce
opératoire disponible. En analyse multivariée, le
stade N initial, le Ki67 postoratoire et le statut
ER étaient des marqueurs prédictifs significatifs en
termes de SG. Sur la SSR, les stades T et N initiaux,
le Ki67 post-thérapeutique, l’atteinte ganglionnaire
postopératoire et l’hormonothérapie adjuvante
pour les tumeurs avec récepteurs hormonaux posi-
tifs étaient significatifs.
Ainsi, la proliration cellulaire tumorale paraît
constituer un outil intéressant : initialement, elle
semble être un marqueur fiable de réponse à la CT,
ensuite en postopératoire, elle se révèle être un bon
marqueur pronostique indépendant.
Cellules tumorales circulantes
et chimiothérapie
néo-adjuvante
Les cellules tumorales circulantes (CTC) ont
connu unveloppement important en situation
métastatique, essentiellement avec le sysme
CellSearch®. En situation néo-adjuvante, 4 essais
ont été rapportés jusqu’à présent, avec ce système,
en 2011. Le premier, Remagus 02 (n = 116), a établi
que le taux de détection en situation néo-adju-
vante avant traitement est de l’ordre de 20 à 25 %
(au moins 1 CTC pour 7,5 ml de sang total). Les
variations du taux de CTC détectées en cours de
traitement n’étaient pas corrées à l’obtention
d’une ponse pathologique complète. Dans cet
essai, la détection de CTC est un facteur pronos-
tique indépendant après 18 mois de suivi médian
pour la survie sans progression (SSP) [18], puis
après 36 mois pour la SG (19). La présence de
CTC semble constituer un plus grand facteur de
risque de rechute métastatique que la plupart des
facteurs pronostiques habituellement utilisés en
phase néo-adjuvante (ponse tumorale histo-
logique complète, absence datteinte axillaire
siduelle, tumeurs TN). À ce jour, il n’existe pas
d’autres données disponibles concernant l’impact
pronostique des CTC sur la survie après traitement
o-adjuvant ; cependant, des résultats identiques
ont été publiés (avec un taux d’incidence moindre
sur plus de 2 000 patientes) en situation adju-
vante, dans l’essai Success (ASCO 2009, SABCS
2010, PD04-08). Le deuxme essai, GeparQuattro
(n = 213), qui comportait lui aussi un traitement
“standard”, a été publié en 2010 (20) et a confir
les données de lessai Remagus 02 : détection
avant traitement chez 20 à 25 % des patientes
(au moins 1 CTC pour 7,5 ml) et absence de relation
entre les variations du taux de CTC et la ponse
histologique. Les données de survie sont en cours
d’analyse. Lessai français Beverly 2 (21) a inclus
52 patientes psentant un cancer du sein HER2+
inflammatoire et traitées par CT, trastuzumab et
vacizumab. Les taux de détection à linclusion
apparaissent plus élevés que dans les essais pré-
dents, avec 35 % de patientes présentant des CTC
(au moins 1 CTC pour 7,5 ml), certainement dus
à la présentation inflammatoire initiale. Le taux
de CTC s’effondre en cours de traitement (sans
corlation avec la réponse histologique), alors
que les cellules endothéliales circulantes (CEC)
augmentent. Ce phénone a dé é rapporté
avec le bévacizumab en situation métastatique
dans l’essai Athena (22). L’essai allemand Gepar-
Quinto (SABCS 2010, PD04-06) n’était pas dédié
aux cancers inflammatoires et comportait lui aussi
une CT néo-adjuvante combinée au bévacizumab :
des sultats superposables ont été rapportés
(diminution des CTC, augmentation des CEC).
En conclusion, lessai Remagus 02 confirmé par
l’essai adjuvant Success – montre que la présence
de CTC finit un nouveau facteur pronostique
indépendant dans le cancer du sein. Le suivi des
études déjà rapportées est attendu. Il faut rappeler
que la classification TNM a évolué en 2010, distin-
guant dorénavant une nouvelle classe de patientes
cM0(i+) : pas de localisationtastatique secon-
daire mais psence de CTC ou de DTC (micro-
métastases médullaires). Cette classification
ouvre ainsi la voie aux essais post-néo-adjuvants
se concentrant sur ces patientes cM0(i+) à haut
risque de rechute métastatique.
Signature moléculaire :
classification des sous-types
moléculaires
R. Rouzier et al. (23) ont analysé le profil d’expres-
sion génique sur puces d’expression à haut débit sur
des prélèvements cytologiques avant CT néo-adju-
444 | La Lettre du Cancérologue ̐ Vol. XX - n° 7 - septembre 2011
Déterminants de la réponse àla chimiothérapie néo-adjuvante
danslescancers dusein
DOSSIER THÉMATIQUE
Cancers du sein :
chimiothérapie néo-adjuvante
vante (12 semaines de paclitaxel, puis 4 cycles de
FAC). Ils ont identifié, en utilisant la liste des gènes
intrinsèques définissant la classification originelle
des sous-types moléculaires, les tumeurs de type
basal-like, HER2-like, luminal et normal-
like”. Vingt-six pour cent des patientes ont présenté
une RHC. Les auteurs ont observé une distribution
du taux de RHC ts difrente en fonction de la
classification des sous-types moléculaires (basal :
45 % ; HER2 : 45 % ; luminal : 7 % ; normal : 0 % ;
p < 0,001). En analyse multivare, seul le statut
des RO restait un terminant significatif de la
RHC. L.A. Carey et al. (24) ont analysé le lien entre
la ponse à une CT o-adjuvante (4 cycles de
doxorubicine + cyclophosphamide avec ou sans
4 cycles de taxanes) et la classification des sous-
types moléculaires déterminée par des marqueurs
immuno- histochimiques (basal [RO–, RP–, HER2–],
HER2 [RO–, RP–, HER2+], luminal A [ER+, HER2–],
luminal B [ER+, HER2+]). Cent sept patientes ont été
sélectionnées. Les taux de réponse clinique complète
étaient respectivement de 29 %, 10 %, 6 % et 8 %
(p < 0,0001). Les taux de réponse clinique complète
plus partielle étaient de 85 %, 70 %, 39 % et 58 %
(p < 0,0001). Les taux de RHC étaient de 27 %, 36 %,
0 % et 15 % (p = 0,03). Le taux de RHC était supé-
rieur dans le groupe adriamycine + cyclophospha-
mide (AC) + trastuzumab, comparativement à celui
du groupe AC (20 versus 4 % ; p = 0,04). La RHC était
un facteur pronostique non significatif en termes
de SG et de SSR. Toutefois, ce facteur était proche
d’être significatif (p = 0,09) dans le sous-groupe des
patientes RO–. En dépit d’une plus grande chimio-
sensibili, les tumeurs ROprésentaient une SG
moindre notamment en raison d’un plus fort taux
de récidive chez les patientes n’ayant pas répondu
à la CT néo-adjuvante.
Avec une approche similaire, S. Darb-Esfahani et al.
(25) ont étud 116 patientes participant à l’essai
de CT o-adjuvante GeparDuo (NCT00793377),
consistant à traiter les patientes soit avec un
protocole de 4 cycles dose dense dadriamy-
cine + docétaxel, soit avec un protocole standard de
4 cycles d’adriamycine + cyclophosphamide suivis
de 4 cycles de dotaxel. Parmi les 30 patientes
(11,2 %) ayant obtenu une RHC (tumorale et axil-
laire) les taux étaient de 24,2 % pour les tumeurs
HR– HER2–, 7,7 % pour les tumeurs HR– (récepteurs
hormonaux) HER2+, 1,8 % pour les tumeurs HR+
HER– et 23,1 % pour les tumeurs HR+ HER2+. Les
auteurs ont montré que l’absence de RHC dans les
sous-groupes tumoraux n’exprimant pas les RO
était un facteur de mauvais pronostic en termes
de SG et de SSR. V. Guarneri et al. (2), dans une
large analyse rétrospective, ont observé un taux
de RHC de 22,4 %, 29 %, 6 % et 15,3 % pour les
tumeurs HRHER2–, HR– HER2+, HR+ HER2et
HR+ HER2+ respectivement (p < 0,0001).
J. Huober et al. (26) ont analysé les sultats de
l’essai GeparTrio en fonction des sous-types molé-
culaires définis par l’association du statut des RO,
des RP et de la surexpression du gène HER2. Sur un
total de 1 511 patientes pour lesquelles l’ensemble
des données histologiques et cliniques sont dispo-
nibles, les auteurs ont montré que l’âge au moment
du diagnostic (moins de 40 ans [31 %] versus plus
de 40 ans [18 %]), la taille tumorale (non T4 [22 %]
versus T4 [12 %]), le sous-type histologique (lobu-
laire [9 %] versus canalaire [22 %]), le grade tumoral
(grade III [28 %] versus grades 1 et 2 [13%]), le
statut des RO (négatif [36 %] versus positif [11 %])
et le caractère TN de la tumeur (39 versus 15 %)
étaient des facteurs déterminants de la RHC
(absence de sidu tumoral invasif au niveau de
la tumeur primaire et des ganglions axillaires).
Le statut HER2 n’était pas une variable significa-
tivement corlée à la réponse histologique. En
analyse multivariée, seuls l’âge au diagnostic, le
type histologique, le grade tumoral et le statut des
RO étaient assocs à la RHC. L’aire sous la courbe
(ASC) de ce modèle logistique de prédiction de
RHC était de 0,72. De manière intéressante, les
auteurs analysaient les facteurs de RHC après CT
o-adjuvante dans les sous-groupes de tumeurs
luminal A (n = 562 ; RO+, RP+ HER2–), luminal B
(n = 462 ; RO+, HER2 ou HER2+, RP+ unique-
ment si RO+ et HER2+), basal-like (n = 351 ; RO–,
RP–, HER2–) et HER2-like (n = 193 ; RO–, HER2+).
Le grade tumoral était assoc à la RHC dans les
tumeurs luminal A et luminal B, le type histologique
dans les tumeurs luminal B, le volume tumoral dans
les tumeurs HER2, et l’âge au diagnostic dans les
tumeurs basal-like.
Signatures moléculaires
commercialisées
Grade génomique
Le test de grade génomique (Genomic Grade Index
[GGI]) a été initialement construit pour différencier,
au sein des tumeurs de grade histologique 2, celles
qui se rapprochent des tumeurs de grade histolo-
gique 1 ou, au contraire, de celles qui se rapprochent
des tumeurs de grade histologique 3.
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