Calcul par blocs. Si l’on d´ecompose les deux matrices M, N en sous-matrices alors le produit s’´ecrit
en comme si les sous-matrices ´etaient des scalaires :
A B
C D A0B0
C0D0=AA0+BC0AB0+BD0
CA0+DC0CB0+DD0
en tenant compte des contraintes ´evidentes :
−les tailles des sous-matrices doivent se correspondre (par exemple A∈ Mn1p1, A0∈ Mp1q1) pour
que les produits soient d´efinis ;
−le produit entre matrices est non commutatif (AA06=A0Aen g´en´eral, `a supposer que cela ait mˆeme
un sens).
Il n’y a aucune autre contrainte, en particulier les matrices ne sont pas n´ecessairement carr´ees, ni d´ecoup´ees
en le mˆeme nombre de blocs (1). Voir aussi le calcul de d´eterminant par blocs (page 11). On dira aussi
qu’un matrice est triangulaire par blocs (inf´erieure ou sup´erieure) ainsi que diagonale par blocs.
1.2 Structures d’espace vectoriel et d’alg`ebre
Alg`ebre des matrices. L’ensemble des matrices de taille p×q,Mnp(K), poss`ede une structure
d’espace vectoriel pour les lois suivantes. Si A= (aij ), B = (bij )∈ Mnp(K) et λ∈Kalors λA +B=
(λaij +bij )∈ Mnp(K). Cet espace vectoriel est de dimension finie ´egale `a np, avec une base canonique
(Eij )1≤i≤n,1≤j≤p, la matrice nulle sauf en position ij o`u elle vaut 1. On peut noter que (Eij )ab =δiaδjb
(symbole de Kronecker), mais aussi que l’endomorphisme correspondant est d´efini par
eb7→ eisi b=j
0 sinon ou encore Eij X=Eij
X1
.
.
.
Xp
=
Xj
en i-`eme position.
La structure d’espace vectoriel correspond ´evidemment `a celle de L(Kp,Kn) (plus g´en´eralement `a L(E, F ),
voir plus bas).
Le produit matriciel est un produit bilin´eaire de Mnp × Mpq → Mnq .
Exercice 1 Dans le cas des matrices carr´ees, montrer que Eij Ek` =δjkEi`, par deux m´ethodes : les coefficients,
les vecteurs de base (e1,...,en).
Cas carr´e. Si n=p, le produit est donc une loi interne de Mn× Mndans Mn. Cela d´efinit
exactement une alg`ebre multiplicative (associative et unitaire mais a priori non commutative !) (2) (3).
Le groupe (multiplicatif) des inversibles est not´e GLn(K). On peut aussi d´efinir la puissance d’une matrice :
Ak=AAk−1avec la convention A0=Imatrice identit´e, et quand Aest inversible, A−1l’inverse de Aet
1Cette approche n’est pas seulement formelle mais correspond aux d´ecompositions des espaces vectoriels en somme
directe. Ainsi si f∈ L(E, F ), (e1,...,ep) est une base de Eet (f1,...,fn) de F,M= Mat fdans ces bases ; alors on
peut d´ecomposer E= Vect(e1,...,ep1)⊕Vect(ep1+1,...,ep) et F= Vect(f1,...,fn1)⊕Vect(fn1+1,...,fn). Le bloc
A= (aij )16i6n1,16j6p1est la matrice de π◦f|Vect(e1,...,ep1)o`u πest la projection de Fsur Vect(f1,...,fn1). `
A l’inverse
d`es que l’on a une d´ecomposition en somme directe, on a une d´ecomposition par bloc correspondante (mˆeme sans parler de
base). L’´ecriture matricielle n’est autre que la d´ecomposition en les blocs les plus petits possibles, les scalaires.
2†on pourrait aussi dire que que Mnest un anneau, mais cela occulterait la structure de multiplication externe par les
scalaires.
3dans les cas r´eel et complexe, on munit ais´ement Mnd’une structure d’alg`ebre norm´ee.
3