Quand, le Dr Volvick Rémy Joseph, dans un style classique, s’adresse aux hommes de la pensée moderne. Jean L Théagène. In memoriam : Morange Elysée Ton Mo n’est plus. « Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse… » Chaque fois que disparaît l’un des nôtres, proche parent ou ami, muni de son passeport pour l’éternité, notre curiosité s’émeut sous l’effet du choc, souvent violent, que provoque en nous le phénomène quotidien de la mort qui, autrement, nous laisse indifférent. Certains expriment leur douleur par des cris ou des pleurs incompressibles ; d’autres n’arrivent pas à contenir leurs regrets sous des plaintes intermittentes ; les plus stoïques éclatent parfois en sanglots devant l’évidence de l’inévitable. Comment, en effet, rester insensible à la nouvelle de la mort ou devant le corps glacial, inanimé de Morange Elysée, familièrement dénommé Ton Mo, pour avoir passé toute sa vie à ne semer que le bien autour de lui ! Vir bonus, Oui ! Homme de bien dans toute l’acception du terme, Ton Mo, hypersensible au malheur des autres, était d’une générosité extrême, comme s’il développait une forme d’allergie à la pauvreté des autres. Il menait une vie de partage dans la discrétion, ce qui ne l’empêcha point d’élever convenablement ses enfants, en s’assurant de leur éducation chrétienne. De même qu’il ne pouvait tolérer les paresseux, les tire-au-flanc et les mendiants professionnels, Ton Mon ne reculait devant aucune déception pour éloigner le chômage des humbles chaumières, y faciliter la scolarité d’un enfant démuni, le commerce informel d’une pauvre femme sans mari, l’octroi d’un emploi à un père de famille désoeuvré, du support matériel et le placement d’orphelins dans des centres d’accueil ou des maisons de familles relativement aisées. Autant de démarches discrètes facilitées par le poste qu,il occupait au MTPTC et qui devaient plus tard le placer sur ma trajectoire, en raison des hautes fonctions qui, en ce temps-là, faisaient de moi un des grands pourvoyeurs d’emplois dans ce pays. Sa grande amabilité, son éducation raffinée, son exquise courtoisie ont vite fait ressortir notre vision commune, base des relations amicales qui allaient s’étendre à toute la famille. S’il est vrai que le nombre des années suffirait pour lui imposer le repos, on pouvait quand même s’attendre à ce qu’il restât encore parmi nous pour recueillir le fruit de ses bienfaits. Car, Ton Mo aimait la vie: il eût aimé vivre avec les siens et aussi avec et pour les autres. Son départ inopiné appelle à la réflexion sur la durée de vie, et le sens de l’existence humaine. Il commande le silence au sage comme au savant, silence mélancolique ou philosophique dont le poète clame la grandeur face à la fragilité humaine ; silence qui interroge l’origine et le destin de l’homme, mettant en parallèle l’évolutionnisme de Darwin ou le transformisme de Lamark avec la thèse de la Création divine culminant par le miracle du sixième jour. L’homme, comme tous les organismes vivants de la biocénose, n’échappe pas au caractère cyclique des phénomènes naturels. L’aurore “aux doigts de rose” doit faire place aux rayons dorés du couchant, comme l’homme issu de la poussière retourne en poussière, sous l’action des détritivores, pour la reproduction de la vie, dans l;e cadre de la chaîne trophique. Aussi, le Livre sacré commande-t-il de s’en souvenir:”Memini homo pulveris est et in pulverem, reverteris.” Maxime bien assimilée par les écologistes qui en comprennent le sens profond et au niveau de laquelle se réalise la soudure tangentielle de la science et de la religion. Il en est ainsi des mystères de l’Incarnation et de la Rédemption. Et verbum caro factum est. (Et le Verbe s’est fait chair … pour racheter le péché des hommes.) Je suis, Celui qui suis, (selon Sa propre définition) étonna les Docteurs de l’Eglise dès Sa plus tendre enfance, par l’à propos et la profondeur de Ses réponses. Il travailla surtout au métier d’ ébénisterie avec Son père adoptif, accorda seulement trois ans de vie publique à l’enseignement de Sa doctrine agrémenté de miracles qui, paradoxalement, exacerbèrent le scepticisme et l’agressivité du pouvoir temporel. Il fut livré à des bourreaux pour Lui être infligé le sort réservé à tout être de chair. Après Sa mort, Il reparut à Ses apôtres avant de s’en retourner dans la vaste demeure de Son Père, “nous y préparer une place.” Ton Mo vécut avec la conviction de ces vérités. Bon chrétien, il était imprégné des vertus théologales de foi, d’espérance et de charité qui se reflètent dans sa vie de partage discret au service d’autrui. Ces mêmes vertus éloignaient de lui la crainte de la mort. Il a su garder son calme, sa sérénité, en dépit de l’impuissance des spécialistes à juguler la maladie qui devait inéluctablement l’entrainer vers des complications indésirables. Sans doute, avait-il imploré le Seigneur: Fiat voluntas tua! Sa prière a été exaucée Il perdit peu à peu le contact avec le monde extérieur et s’éteignit doucement, en ce matin de mai 2011, sous l’effet d’une affection plus simple à laquelle son grand âge n’a pu résister. Alors, l’exclamation du poète remonte comme un refrain: “A voir ce que l’on fut sur terre et ce qu’on est Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse!” Ceux qui ont cotoyé Ton Mo sur leur chemin, verseront à sa mémoire des larmes de regrets ou de gratitude qui, sur sa terre natale, assombriront le plus pur regard de la Cité. A Ginette, à tous les parents et alliés, aux enfants, dignes héritiers d’un Père qui les a choyés, je presente l’hommage de mes condoléances émues. Dr Volvick Rémy Joseph 18 Mai 2011