E n a p a r t é ( ).
L ’ histoire d’un silence
• L’A t t e n t e : n’être réduit qu’à cette seule et unique chose, qu’à cette action du non
agir. La revêtir comme une identité imposée, greffée, comme le seul et unique trait de
caractère désormais autorisé, comme une maladie. Etre patient, un patient. N’être rien
d’autre que ça, que cette réduction de soi, que cette cellule sans mur, hors d’échelle, à
l’intérieur de laquelle le geste est un balbutiement. L’Attente comme une
condamnation, une illégitimité, une soustraction, l’attente comme une imperceptible
amputation…un esclavage sans l’autorité du tortionnaire.
L’attente est un virus, le silence est son verbe.
• L a N u d i t é : aucun artifice, pas de fard : être au plus près de la chair des choses, du
résidu, de la trace de l’anecdote, et peut-être même du fortuit : de ces gestes qui ne
savent plus qu’ils agissent parce qu’ils sont atteints de cécité. Alors, scruter le quotidien
au travers du judas, l’épier, disséquer l’habitude jusqu’à parvenir à en extraire la pulpe :
l’essence du néant. Que l’oeil soit ce scalpel, la force centrifuge qui extirpe la moelle du
creux de l’alvéole, et que la bouche, ultime organe du verbe, charge chaque terme
prononcé du vide dont il est issu.
• L’E s p a c e d e s m o t s : dans seconde partie, je mets en scène le mot à l’intérieur
de l’espace de la page. L’isolation du mot ou du groupe de mots, la place qu’ils
occupent sur la surface blanche, la relation qu’ils établissent les uns par rapports aux
autres, la façon dont ils s’assemblent, leurs physionomies respectives, sont autant
d’indices qui théâtralisent le mot. Le terme devient un acteur à part entière, il se libère
de l’interprétation traditionnelle et se pose comme une entité capable de véhiculer
autant d’intensité, de sens, et d’émotion que s’il prenait corps sous les traits et le timbre
d’un interprète.