Université François Rabelais de Tours Département de Mathématiques Td 5 : Endomorphismes des espaces euclidiens Algèbre Semestre 4 Exercice 5 Soient (E, h., .i) un espace euclidien de dimension n, où n ∈ N∗ , et f un endomorphisme normal de E, c’est-à-dire qui vérifie f ∗ ◦ f = f ◦ f ∗ . 1. Vérifier que les endomorphismes symeetriques, antisymétriques et orthogonaux de E sont normaux. 2. Montrer que f est normal si et seulement si pour tout x ∈ E, on ||f (x)|| = ||f ∗ (x)||. 3. En déduire que si x est un vecteur propre de f , alors x est un vecteur propre pour f ∗ . Solution. 1. C’est clair puisque f commute avec lui même, avec −f et avec son inverse f −1 . 2. Supposons que f est normal. Soit x ∈ E. On a ||f (x)||2 = hf (x), f (x)i = hf ∗ ◦ f (x), xi = hf ◦ f ∗ (x), xi = hf ∗ (x), f ∗ (x)i = ||f ∗ (x)||2 . Réciproquement, supposons que ||f (x)||2 = ||f ∗ (x)||2 pour tout x ∈ E. Soient (x, y) ∈ E 2 . On sait que ||f (x + y)||2 = ||f ∗ (x + y)||2 par hypothèse. De plus ||f (x + y)||2 = hf (x + y), f (x + y)i = hf (x) + f (y), f (x) + f (y)i = ||f (x)||2 + ||f (y)||2 + 2hf (x), f (y)i = ||f (x)||2 + ||f (y)||2 + 2hf ∗ ◦ f (x), yi et ||f ∗ (x + y)||2 = hf ∗ (x + y), f ∗ (x + y)i = ||f ∗ (x)||2 + ||f ∗ (y)||2 + 2hf ∗ (x), f ∗ (y)i = ||f ∗ (x)||2 + ||f ∗ (y)||2 + 2hf ◦ f ∗ (x), yi | {z } =|f (x)||2 +||f (y)||2 Ainsi, on a hf ∗ ◦ f (x), yi = hf ◦ f ∗ (x), yi pour tout couple (x, y) d’éléments de E. Ceci montre que f ∗ ◦ f = f ◦ f ∗. 3. Soit x un vecteur propre de f associé à la valeur propre λ. On a (f − λ Id)(x) = 0E . On remarque aussi que (f − λ Id)∗ = f ∗ − λ Id ce qui montre que l’endomorphisme (f − λ Id) est normal. Ainsi 0 = ||(f − λ Id)(x)|| = ||(f ∗ − λ Id)(x)|| et donc (f ∗ − λ Id)(x) = 0, c’est-à-dire f ∗ (x) = λx. Exercice 6 6 3 a 1 −2 6 b ∈ O3+ (R). 1. Déterminer les réels a, b, c, d tels que : A = 7 3 d c 2. Déterminer les matrices réelles orthogonales et triangulaires d’ordre 2, puis d’ordre 3. Généraliser. Solution. 1. La matrice A est orthogonale si et seulement ses colonnes forment une b.o.n de R3 . On désigne par Ci la iième colonne de A. On doit donc avoir C1 ⊥ C2 ⇐⇒ 18 − 12 + 3d = 0 ⇐⇒ d = −2 C1 ⊥ C3 ⇐⇒ 6a − 2b + 3c = 0 C2 ⊥ C3 ⇐⇒ 3a + 6b + dc = 0 ⇐⇒ 3a + 6b − 2c = 0. De plus, si A ∈ O3+ (R) alors 3 6 1 −2 det(A) = 7 3 det(A) = 1 : 2 3 a 3 1 1 6 b = (−14a + 21b + 42c) = (−2a + 3b + 6c) = 1. 7 7 d c Finalement, on a 6a − 2b + 3c = 0 + A ∈ O3 (R) =⇒ 3a + 6b − 2c = 0 −2a + 3b + 6c = 49 a = −2 =⇒ b = 3 c=6 6 3 −2 1 3 alors t A · A = I3 . Ainsi Réciproquement, on vérifie facilement que si A = −2 6 7 3 −2 6 A ∈ O3+ (R) si et seulement si a = 2, b = 3, c = 6, d = −2. a b c 2. Soit A = 0 d e ∈ M2 (R). On sait que A ∈ O3 (R) ssi ses colonnes forment une b.o.n de R3 . 0 0 f De plus si A ∈ O3 (R) alors det(A) = ±1. On a donc det(A) = ±1 ⇐⇒ a · d · f = ±1 =⇒ a, d, f 6= 0 C1 ⊥ C2 ⇐⇒ ⇐⇒ a·b=0 b=0 car a 6= 0 ⇐⇒ ⇐⇒ a·c=0 c=0 car a 6= 0 ⇐⇒ ⇐⇒ d·e=0 e=0 car d 6= 0 ||C1 || = 1 ⇐⇒ ⇐⇒ a2 = 1 a = ±1 ||C2 || = 1 ⇐⇒ ⇐⇒ d2 = 1 d = ±1 ||C3 || = 1 ⇐⇒ ⇐⇒ f2 = 1 f = ±1 C1 ⊥ C3 C2 ⊥ C3 On a donc montrer que si A est orthogonale et triangulaire, alors A doit être une matrice diagonale avec des 1 ou des −1 sur la diagonale. Réciproquement, toutes matrices diagonales avec ±1 sur la diagonale est orthogonale. On géneralise facilement au cas de la dimension n : les matrices triangulaires et orthogonales d’ordre n sont les matrices diagonales avec ±1 sur la diagonale. Exercice 7 Soit A une matrice de Mn (R) symétrique et orthogonale. 1. Caractériser géométriquement l’endomorphisme f de Rn canoniquement associé à A. 2. Dans les deux cas suivants, caractériser fi de R3 géométriquement l’endomorphisme −8 4 1 −1 2 2 1 1 canoniquement associé à Ai : A1 = 4 7 4 et A2 = 2 −1 2 . 9 3 1 4 −8 2 2 −1 Solution. 1. Puisque A est symétrique, A est diagonalisable dans une b.o.n de Rn . Puisque A est orthogonale, le spectre de f est inclu dans {1, −1}. Ainsi, il existe une b.o.n dans laquelle la matrice de f est diagonale avec ±1 sur la diagonale. On voit donc que f est un symétrie orthogonale par rapport au s.e.v E1 = {u ∈ Rn | f (u) = u}. 2. Un simple calcul montre que t A1 · A1 = I3 et comme A1 est symétrique, on en déduit que f1 est une symétrie orthogonale par rapport au s.e.v F = {X ∈ R3 | A1 .X = X}. x Soit X = y . On a z −8x + 4y + z = 9x A1 .X = X ⇐⇒ 4x + 7y + 4z = 9y x + 4y − 8z = 9z −17x + 4y + z = 0 ⇐⇒ 4x − 2y + 4z = 0 x + 4y − 17z = 0 ( 4x − 2y + 4z = 0 ⇐⇒ −9x + 9z = 0 ( 2x − y + 2z = 0 ⇐⇒ . −x + z = 0 1 On trouve donc F = Vect(u) où u = 4. Finalement f1 est un retournement par rapport à F . 1 Un simple calcul montre que t A2 · A2 = I3 et comme A2 est symétrique, on en déduit que f2 est une symétrie orthogonale par rapport au s.e.v F = {X ∈ R3 | A1 .X = X}. x Soit X = y . On a z −x + 2y + 2z = 3x A2 .X = X ⇐⇒ 2x − y + 2z = 3y 2x + 2y − z = 3z ( x + y − 2z = 0 ⇐⇒ . −x + z = 0 1 On trouve donc F = Vect(u) où u = 1. Finalement f2 est un retournement par rapport à F . 1 Exercice 8 Soit f un endomorphisme symétrique de l’espace euclidient (E, h·, ·i). 1. Démontrer que si λ1 ≤ . . . ≤ λn désignent ses valeurs propres alors λ1 ||x||2 ≤ hf (x), xi ≤ λn ||x||2 . 2. En deduire que si λ1 > 0, alors l’application b(x, y) = hf (x), yi définit un produit scalaire sur E. Interprétez géormétriquement, quand n = 2, l’inégalité de la question 1. Solution 1. Puisque f est symétrique, f est diagonalisable et les sous-espaces propres de f sont orthogonaux deux à deux. Tout x ∈P E s’écrit sous la forme x = x1 + . . . xn où xi ∈ Eλi et par le 2 théorème de pythagore, on a ||x|| = i ||xi ||2 . On a X hf (x), xi = hλ1 x1 + . . . λn xn , x1 + . . . xn i = λi ||xi ||2 . Puisque λi ≥ λ1 pour tout i on obtient X X hf (x), xi = λi ||xi ||2 ≥ la1 ||xi ||2 = λ1 ||x||2 . De même, puisque λi ≤ λn pour tout i on obtient X X hf (x), xi = λi ||xi ||2 ≤ λn ||xi ||2 = λn ||x||2 . 2. Il est clair que b est symétrique et bilinéaire. Reste à montrer que b est définie positive. Soit x ∈ E. On a b(x, x) = hf (x), xi ≥ λ1 ||x|| et puisque λ > 0, λ1 ||x|| = 0 si et seulement si x = 0.