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INNOVATION
et de l’Atlantique ont été concernés, puis rapidement cette
interdiction s’est étendue à toute la côte. Des mesures
comparables ont été reprises en Grande-Bretagne, puis dans
différents pays à partir de 1988 (États-Unis, Canada, Nou-
velle-Zélande...). L’Organisation maritime internationale (IMO,
International Maritime Organization ) propose l’interdiction du
TBT suite aux recommandations du MEPC (Marine
Environment Protection Commitee ) comme agent antisalis-
sure. La
convention ASF
est adoptée le 5 octobre 2001,
reprise par le
règlement européen CE n
o
782/2003 du
14 avril 2003
[10]. À partir du 1
er
janvier 2003, les
peintures à base de TBT ont été interdites et la présence de
TBT sur les coques des bateaux est interdite depuis le
1
er
janvier 2008. Les anciennes peintures ont dû être enlevées
ou stabilisées pour prévenir tout risque de contamination du
milieu marin par les organostanniques.
L’application de cette réglementation s’applique à tous les
navires dont les pays ont signés la convention ASF. En France,
selon le
décret n
o
2008-1125 du 3 novembre 2008
, un
navire peut être inspecté dans tout port, chantier naval ou
terminal au large. Le navire doit avoir à bord un
certificat
international du système antisalissure
, ou une
décla-
ration
en cours de validité (article 11, décret n
o
2008-1125
du 3 novembre 2008). En cas de doute, un échantillonnage du
système antisalissure du navire qui ne nuise ni à l’intégrité, ni
à la structure, ni au fonctionnement peut être effectué. Le
décret stipule que le délai requis pour traiter les résultats de
cet échantillonnage ne doit pas empêcher le mouvement et le
départ du navire (article 11).
3.4 Méthode de détection des organoétains
La méthode de quantification des organoétains la plus utili-
sée est la
chromatographie en phase gazeuse couplée à
différents détecteurs
comme la photométrie de flamme
(GC-FPD), la photométrie de flamme pulsée (GC-PFPD), la
spectrométrie d’émission atomique (GC-AED), la spectromé-
trie de masse (GC-MS) [11]. Cette technique fait l’objet de la
norme ISO NF 23161-2009 (méthode d’identification et de
quantification des organostanniques applicable aux sols,
sédiments, boues). La préparation des échantillons nécessite
d’extraire les composés organostanniques, puis d’effectuer
une dérivation pour rendre les composés volatils.
Les méthodes chimiques sont sensibles et permettent
d’identifier le TBT à des concentrations de l’ordre du ng · L
–1
dans l’eau, et de 20
µ
g Sn · kg
–1
pour les sédiments (matière
sèche). Cependant, elles sont longues et nécessitent un per-
sonnel qualifié pour les réaliser. D’autre part, le coût de l’ana-
lyse du TBT, DBT et MBT pour un échantillon de peinture est
de 154,50 euros (donnée de 2010). Ces techniques sont donc
peu applicables au contrôle rapide lors de l’inspection des
navires.
Une méthode d’inspection basée sur la détection de l’étain
par un
appareil portatif de spectrométrie à fluorescence
de rayons X (SFX)
a été proposée par une équipe
japonaise : le prélèvement de l’échantillon se fait par un
papier abrasif [12], cela peut donc entraîner une altération de
la coque et être refusé par les armateurs.
Actuellement, il n’existe pas de méthode simple, non des-
tructive et rapide permettant de vérifier le respect de la
convention ASF sur les systèmes
antifouling
[13] [14].
Pour pallier ce manque, nous proposons d’utiliser une
bactérie bioluminescente capable d’émettre de la lumière en
présence de TBT.
4. Détection du TBT par la bactérie
bioluminescente
Escherichia coli
TBT3
4.1 Construction de la bactérie
L’utilisation des bactéries bioluminescentes comme
Vibrio
fischeri
(reclassé
Aliivibrio fischeri
), pour révéler la toxicité de
composés chimiques ou d’échantillon de l’environnement
(effluent, lixiviat de sol...) est très utilisée et fait l’objet d’une
norme (NF EN ISO 11348). Au contact d’un échantillon
toxique, on observe une diminution de la luminescence
mesurée facilement à l’aide de luminomètres commerciaux.
Plusieurs applications commerciales sont disponibles telles que
le Microtox® (distribué par SDIX), le LUMIStox (Dr Lange),
TOXcontrol (distribué par Bionef).
Les études sur la bioluminescence bactérienne menées dès
1979 ont montré que les gènes permettant la synthèse des
enzymes responsables de cette réaction sont regroupés en
opéron appelé « opéron
lux
» (gènes
lux A, lux B, lux C, lux D
et
lux E
, et leurs gènes régulateurs) [17]. Les gènes
lux A
et
B
codent pour la luciférase, les gènes
lux C
,
lux D
et
lux E
pour les enzymes responsables de la synthèse de l’aldéhyde
(figure
3
). La connaissance de la génétique de la réaction de
bioluminescence a permis d’utiliser les gènes
lux A
et
B
ou les
cinq gènes comme gènes rapporteurs dans le suivi
in vivo
de
l’expression de gènes. Des fusions transcriptionnelles entre le
promoteur d’un gène (par exemple de dégradation d’un pol-
luant, un gène de réponse à un stress) et les gènes impliqués
dans la bioluminescence permettent d’obtenir des bactéries
émettant de la lumière en présence du polluant ou d’un
stress. Deux techniques de clonage sont utilisées : la méthode
par clonage direct et par clonage aléatoire.
■
La
méthode de clonage direct
est appliquée lorsque les
promoteurs inductibles sont connus. À titre d’exemple, elle a
été appliquée pour construire différentes bactéries du genre
Escherichia coli
, capables de produire de la lumière en pré-
sence de métaux [18] [19].
■
La
méthode aléatoire
est appliquée lorsque, comme dans
le cas des organostanniques, aucun promoteur spécifique n’a
été décrit. Dans ce cas, les gènes de bioluminescence sont
insérés au hasard dans le chromosome de la bactérie
Escherichia coli
[20]. Cette insertion est réalisée grâce à un
transposon modifié possédant les gènes de bioluminescence
(dépourvus de leur promoteur), des fusions transcriptionnelles
uniques sont donc réalisées à différents endroits du génome de
la bactérie. On obtient une banque de clones (plusieurs centai-
nes de clones bactériens) qui sont exposés au polluant recher-
ché, dans notre cas le TBT. Les clones sont ensuite
sélectionnés pour leur capacité à produire de la lumière en pré-
sence du polluant à détecter, dans notre cas le TBT (figure
4
).
Le principe était de développer une bactérie dont la bio-
luminescence serait augmentée (induction) en présence
d’un polluant comme le TBT.
La
bioluminescence
est un phénomène naturel de pro-
duction de lumière par des organismes vivants. Parmi ces
organismes, on retrouve plusieurs espèces bactériennes
majoritairement des espèces marines. La réaction est cata-
lysée par une enzyme : la luciférase. Cette enzyme cata-
lyse l’oxydation en présence d’oxygène, d’un aldéhyde à
longue chaîne et de flavine mononucléotide réduite
(FMNH
2
) en acide gras et en FMN. Cette réaction
s’accompagne de l’émission de lumière à 490 nm et
590 nm comme le montre la figure
3
[15] [16].
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