
Tout sur la toux
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le clinicien septembre 2011
« Je manque d’air! »
La dyspnée chez les aînés
Marcel Julien, M.D.
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L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère que, dans notre société
moderne, une personne est âgée à partir de 60 ans et plus. C’est donc à cette
tranche d’âge de la population que cet article s’adresse.
La dyspnée consiste en la sensation désagréable de faire un effort inhabituel pour
respirer à l’exercice ou au repos. La personne qui consulte qualifiera cette sensation par
l’impression de manquer d’air ou de souffle, d’étouffer, d’avoir de la difficulté à respi-
rer ou encore de se sentir oppressée, étranglée, etc. Cette condition est influencée par
des facteurs tels le statut social, les tensions familiales, le niveau d’éducation, l’origine
ethnique et la personnalité anxio-dépressive provoquée, entre autres, par une perception
de soi pessimiste. Le fait d’accepter difficilement de vieillir et de se voir encore à ses
meilleures années est un exemple de raisonnement pouvant affecter l’interprétation de
la dyspnée chez les aînés.
Les différents types de dyspnée
D’emblée, il faut faire la distinction entre la dyspnée aiguë d’apparition soudaine,
la dyspnée chronique d’apparition graduelle et la dyspnée subaiguë.
La dyspnée aiguë d’apparition soudaine
Dans ce premier cas, elle est souvent présente au repos, et cette situation amène
habituellement la personne à consulter à l’urgence ou en clinique sans rendez-vous peu
importe l’heure du jour ou de la nuit. C’est le cas, par exemple, de la crise d’asthme,
de l’œdème aigu du poumon, de l’embolie pulmonaire et du pneumo-thorax.
La dyspnée chronique d’apparition graduelle
Dans ce second cas, la dyspnée est d’apparition insidieuse, de sorte que, contrairement
à un symptôme perçu sans équivoque comme anormal, telle la douleur, la dyspnée
chronique est perçue comme un symptôme plus normal, attribuable à l’âge, à la fatigue,
et ce, jusqu’à ce que l’autonomie soit compromise ou qu’elle devienne alors un handi-
cap poussant la personne à finalement consulter. C’est le cas de la maladie pulmonaire
obstructive chronique (MPOC), de l’hypertension pulmonaire, de la fibrose pul-
monaire, de l’anémie ferriprive d’un cancer colorectal ou encore de l’hypothyroïdie.
La dyspnée subaiguë
Il existe également la dyspnée subaiguë qui survient non pas sur des années, mais sur
quelques semaines ou mois. Celle-ci est assez caractéristique, par exemple, d’un
épanchement pleural unilatéral néoplasique.
Il est donc à convenir que la dyspnée touche plusieurs systèmes et qu’il faut aborder
le diagnostic différentiel de manière structurée comme dans le Tableau 1.
La dyspnée
est la
sensation
désagréable
de faire un
effort
inhabituel
pour
respirer à
l’exercice ou
au repos.
Article basé sur une
présentation
donnée dans le
cadre des 19es
Journées annuelles
du Département de
médecine de
l’Université de
Montréal : Docteur,
je manque de
souffle!, organisées
par l’Université de
Montréal en
novembre 2010.