Corpus Médical– Faculté de Médecine de Grenoble
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Grippe (82)
Association des Professeurs de Pathologie Infectieuse et Tropicale
Juin 2003
Pré-Requis :
Cours de bactériologie et virologie du PCEM
Résumé :
La grippe, maladie aiguë virale très contagieuse, évolue sur un mode épidémique. C’est
une maladie généralement bénigne chez les personnes jeunes, sans comorbidité. En
revanche, chez les personnes âgées ou souffrant de maladie chronique, elle peut
entrainer des complications graves. En France, la grippe demeure l’un des premières
causes de mortalité et morbidité par maladies infectieuses.
Mots-clés :
Cycle viral, Vaccination
1. Virologie
L’agent infectieux responsable est le Myxovirus influenzae virus à ARN de la famille des
orthomyxoviridae.
Son enveloppe porte à la surface des glycoprotéines antigéniques :
la Neuraminidase (NA) permettant la libération de la particule virale fixée sur les
cellules respiratoires et sa dissémination dans l’épithélium respiratoire.
les Hémagglutinines (HA 1 et 2) fixant le virus sur les récepteurs cellulaires et permet
d’agglutiner les hématies de certaines espèces animales.
Les caractères antigéniques permettent de classer les virus grippaux en 3 types majeurs (A, B,
C) totalement distincts, ne présentant pas d’immunité croisée.
La principale caractéristique des Myxovirus est leur grande labilité génétique : les gènes
codant pour les protéines de surface se modifient constamment par des mécanismes mal
connus (recombinaison, délétion, insertion mutation).
Ces modifications apparaissent en premier lieu dans les pays d’Extrême-Orient permettant la
préparation des souches vaccinales pour chaque campagne annuelle.
Les souches sont nommées selon :
leur type antigénique
l’hôte d’origine s’il n’est pas l’homme
leur origine géographique
leur numéro de la souche
l’année d’isolement
pour les souches A, la nature des antigènes
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2. Epidémiologie
2.1. Contagiosité extrême
La transmission est directe, interhumaine et se fait par voie aérienne. Une épidémie atteint
entre 30 et 60 % des individus non immunisés d’une population.
2.2. Variabilité antigénique
La plasticité antigénique très particulière des virus grippaux, surtout de type A, explique pour
l’essentiel, l’absence d’immunisation durable et aussi les difficultés de la prophylaxie
vaccinale.
2.3. Résurgence des virus
La constatation récente de la réapparition de virus peu modifiés, responsables d’épidémies
anciennes, suggère le rôle d’un réservoir de virus animal (peut-être le porc et des oiseaux
domestiques ou sauvages).
2.4. Modes épidémiques
On retrouve deux modes évolutifs épidémiques : des pandémies consécutives à un
changement antigénique brusque et complet d’une hémagglutinine et/ou de la neuraminidase
(ou cassure), d’une morbidité élevée survenant tous les 15 ans environ, et entre ces cassures
des épidémies saisonnières et hivernales (entre novembre et février en France) consécutives à
l’évolution progressive et permanente des antigènes de surface du virus (ou glissement).
3. Physiopathologie
3.1. Cycle viral
L’hémagglutinine du virus grippal se fixe d’abord de façon réversible puis irréversible à un
récepteur spécifique de la surface des cellules des voies respiratoires.
Cette fixation est suivie de la pénétration intra-cellulaire puis de la réplication virale.
Les nouveaux virions sont libérés grâce à la neuraminidase.
Ceci aboutit à la nécrose et la lyse cellulaire.
3.2. Conséquences
C’est dans les cellules ciliées et à mucus de l’épithélium des voies respiratoires que le virus se
multiplie, la couche basale est respectée.
Une réaction inflammatoire sous-muqueuse se développe avec œdème interstitiel, afflux de
cellules macrophagiques, desquamation hémorragique des cellules alvéolaires, œdème
pulmonaire et thrombose capillaire.
La virémie est inconstante et transtoire.
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4. Clinique
4.1. La grippe commune de l’adulte sain
4.1.1. Incubation
Brève de 24 à 72 heures ,48 heures en moyenne
4.1.2. Phase d’invasion
Apparition brutale avec malaise général, frissons intenses, fièvre élevée d’emblée, céphalées
et myalgies vives.
4.1.3. Phase d’état
Elle se caractérise par un contraste entre l’intensité des signes généraux et fonctionnels et la
pauvreté des signes physiques.
Signes généraux : fièvre à 40° C, tachycardie, frissons, asthénie, anorexie, abattement
Signes fonctionnels : douleurs diffuses (arthralgies, myalgies), céphalée vives
frontales et rétro-orbitaires, photophobie, lombalgies, catarrhe des voies aériennes
supérieures (injection conjonctivale, rhinorrhée, douleurs pharyngées avec
odynophagie, dysphonie, brûlures rétro-sternales, toux sèche douloureuse)
Signes physiques : rougeur diffuse du pharynx, langue saburrale, râles sous-crépitants
4.1.4. Evolution
La guérison se fait spontanément en 4 à 7 jours, la fièvre tombant brusquement ,sa
réascension passagère (le V grippal) est rare. Une toux et une asthénie tenaces peuvent
persister plusieurs semaines.
Les examens complémentaires sont d’un intérêt limité (la classique leuconeutropénie est
inconstante ; l’hyperleucocytose avec polynucléose est possible).
La radiographie du thorax peut être normale, ou montrer des images parahilaires de
pneumopathie atypique grippale ; parfois des aspects plus impressionnants sont notés :
infiltrats limités ou micronodulaires, opacités en bandes, voire images systématisées.
4.2. Grippes compliquées
4.2.1. Surinfections
L’atteinte des voies respiratoires par le virus grippal favorise la surinfection bactérienne,
principalement H. influenzae, S. pneumoniae et S. aureus en particulier chez le vieillard. La
persistance de la fièvre, le caractère purulent de l’expectoration ,l’aggravation de la condition
respiratoire, l’hyperpolynucléose neutrophile sont des éléments en faveur .Chez l’enfant ,ce
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sont surtout les voies aériennes supérieures qui peuvent se surinfecter (otite, sinusite,
laryngite).
4.2.2. Atteintes extrapulmonaires
Elles sont possibles sous forme de type troubles digestifs, méningite lymphocytaire, avec ou
sans signes encéphalitiques, atteinte myocardique ou péricardique, rhadbomyolyse chez
l’enfant.
4.2.3. Avortement
La maladie est abortive chez la femme enceinte mais tératogénicité n’est pas établie.
4.3. Grippe maligne
Rare, souvent mortelle, elle est due au virus lui-même causant un tableau d’œdème
pulmonaire lésionnel avec insuffisance respiratoire aiguë quelques jours après le début d’une
grippe apparemment banale. Des manifestations extrarespiratoires plus contingentes sont
possibles : myocardite et péricardite, hépatite, insuffisance rénale, méningo-encéphalite.
L’évolution est habituellement fatale, en cas de survie, les séquelles sévères par fibrose
septale aiguë diffuse de règle.
5. Diagnostic
En période d’épidémie, le diagnostic est facile devant une grippe commune.
Le diagnostic de certitude, superflu dans ce cas, fait appel aux examens biologiques,
isolement du virus et surtout sérologie.
Isolement du virus sur cultures cellulaires : peut être pratiqué durant les 3 premiers
jours à partir de prélèvements des voies aériennes supérieures, mais aussi à partir
d’autres produits pathologiques (sang, LCR).
Sérologie : par réaction de fixation du complément ou par réaction d’inhibition de
l’hémagglutination, il est nécessaire de pratiquer 2 prélèvements à deux semaines
d’intervalle pour mettre en évidence l’augmentation du taux d’anticorps.
Réaction d’immunoflurescence indirecte sur prélèvement nasal : positifs durant les 3
premiers jours de la maladie, ils doivent être confrontés à ceux des autres techniques
biologiques.
6. Traitement
6.1. Traitement symptomatique
La grippe commune nécessite avant tout des mesures symptomatiques :
repos
antalgiques
antipyrétiques
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sédatifs de la toux
hydratation correcte et alimentation équilibrée
antibiotiques en cas de complication bactérienne
La grippe maligne doit être traitée en service de réanimation.
6.2. Traitement antiviral
Les antiviraux actuellement commercialisés ont un intérêt limité dans le traitement curatif de
la grippe.
6.2.1. Amantadine (Mantadix®)
Il est inactif sur des souches de virus de type A, de plus son utilisation est associée à
l’émergence de souches résistantes.
L’amantadine est très souvent mal toléré, les principaux effets secondaires sont
neuropsychiques (sensations vertigineuses, insomnies, nervosité) et digestifs.
6.2.2. Inhibiteurs de la neuraminidase (zanamivir,
oseltamivir)
Ils ont une activité in vitro sur les virus grippaux A et B. Le risque de sélection de souche
résistante lié à leur utilisation est faible. Ils n’ont pas d’indication en prophylaxie.
7. Vaccination
7.1. Le vaccin
Suspension virale inactivée, préparée sur œufs de poule embryonnée ,sa composition chaque
année est fixée par l’OMS en fonction des données épidémiologiques et virologiques
recueillies à travers le monde.
Il prévient 70-90% des adultes en bonne santé, âgés de moins de 65 ans lorsqu’il est bien
assorti aux souches circulantes.
Chez les personnes âgées et fragiles, il est moins efficace mais réduit les complications dues à
la grippe (réduction des pneumonies de 39 à 68 %, des hospitalisations 28 à 65 %, de la
mortalité 56 à 76 %).
Il est recommandé de vacciner à l’automne en sous-cutané profond (deltoïde, fosse sous-
épineuse) ou intra-musculaire (enfant) à une dose de 0,5ml chez l’adulte et de 0,25ml chez
l’enfant de moins de 10 ans.
L’immunité apparaît après 10 à 15 jours pour une durée de 9 à 12 mois ,et peut-être renforcée
par un rappel dans le courant de l’hiver.
La tolérance est bonne (réaction locale : 10 % des cas, courbatures fébriles du 5° jour : 5 %
des cas, réactions allergiques chez sujets sensibilisés aux protéines d’œuf).
7.2. Recommandations générales
La vaccination est recommandée chez :
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