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LIBÉRALE
Grippe
Inciter les personnes fragiles
à la vaccination
Depuis l’année dernière, le vaccin antigrippal est gratuit à partir
de 65 ans et pour certaines personnes souffrant d’une ALD
(affection de longue durée). La vaccination doit être renouvelée
tous les ans. Il faut le rappeler aux personnes fragiles.
L
es études épidémiologiques et pharmacoéconomiques ont démontré l’intérêt du
vaccin antigrippal pour les personnes fragiles. Malgré les mesures d’incitation prises
notamment par la CNAM, l’année dernière, ils
n’étaient que 44 %, parmi les 65-69 ans et les
personnes de moins de 65 ans atteintes d’une
ALD, à se faire vacciner. Or, la grippe est une
maladie sérieuse, très grave pour ces personnes.
L’infection par les virus de la grippe perturbe
temporairement la physiologie respiratoire, avec,
en conséquence, une augmentation du travail
respiratoire et une diminution de l’oxygénation.
« Les patients présentant une pathologie cardiaque
et/ou respiratoire préexistante risquent d’aggraver
leurs déficits », souligne le Dr P.M. Roger du CHU
de Nice. Les virus de la grippe étant différents
selon les années, la composition du vaccin doit
être renouvelée tous les ans. Il est établi que les
anticorps neutralisants dirigés contre les glycoprotéines de surface des virus grippaux, l’hémagglutinine (HA) et également la neuraminidase
(NA), jouent un rôle essentiel dans la protection
contre la réinfection par le virus. L’induction de
telles réponses constitue la base de la protection
conférée par les vaccins inactivés ou sous-unitaires administrés par voie parentérale qui n’induisent pas d’immunité mucosale ou cellulaire ou
en induisent peu. « L’immunité protectrice induite
par ces vaccins est de courte durée, explique le
Pr Sylvie van der Werf de l’Institut Pasteur. Elle
ne s’exerce que vis-à-vis de variants antigéniques
proches et ne procure pas de protection vis-à-vis des
virus de sous-types différents ou en procure peu,
nécessitant ainsi la réactualisation annuelle de la
composition vaccinale. En revanche, l’immunité
résultant de l’infection naturelle, peut persister pendant de nombreuses années. Elle protège contre des
variants viraux hétérologues de même sous-type et
confère une protection partielle vis-à-vis de virus d’un
sous-type différent (protection hétérosubtypique) ».
Accepter la vaccination
Selon une enquête réalisée chez 5 784 agents
d’EDF-GDF, il s’avère que la vaccination est
mieux acceptée lorsqu’elle est disponible gratuitement sur le lieu de travail et conseillée par les
professionnels médicaux et lorsque des motivations altruistes sont invoquées. Pour les personnes interrogées, les messages promotionnels
devraient comporter des explications sur la gravité potentielle de la grippe, l’innocuité du vaccin, son efficacité souvent masquée par d’autres
affections respiratoires. Il est vrai que les entreprises sont particulièrement concernées, notamment les PME pour lesquelles les absences des
personnels constituent une déstabilisation du
travail.
Chez les professionnels de santé, des enquêtes
réalisées en Écosse au cours de deux saisons
hivernales ont montré que des stigmates sérologiques pouvaient atteindre 23 % de ces professionnels. D’une façon générale, ceux-ci restent
peu nombreux à accepter le vaccin. Or, les soignants sont interpellés à double titre : pour euxmêmes mais aussi pour leurs patients. Car il ne
faut pas négliger la dimension nosocomiale de la
grippe. Certes, les études sont vagues, car il est
difficile de dissocier les virus, dont ceux de la
grippe, qui peuvent être introduits par des
patients, des soignants ou des visiteurs. « La transmission de la grippe se fait de personne à personne,
rappelle le Pr G. Offenstadt, de l’hôpital SaintAntoine à Paris. Elle est le plus souvent aéroportée
sous forme de particules de moins de 5 µ mais une
transmission par des particules infectantes, voire les
mains, est possible. En effet, le virus grippal peut
persister sur les surfaces jusqu’à 48 heures, sur les
tissus jusqu’à 12 heures et sur les mains pendant
5 minutes. »
A.-L.P
D’après les propos tenus lors des 14es Rencontres européennes
sur la grippe et sa prévention.
Professions Santé Infirmier Infirmière - No 30 - octobre 2001
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