UNIVERSITE HASSIBA BENBOU ALI –CHLEFDEPARTEMENT DE FRANÇAIS Module : Courants et concepts linguistique 2 Enseignante : Melle. MEDANE Niveau : 2éme année 2012-2013 Semestre 1 : Du morphème à la phrase Cours N°4 L’Unité lexicale : « le mot »? Le lexique désigne conventionnellement l’ensemble des mots au moyen desquels les membres d’une communauté linguistique communiquent entre eux. Cette définition du lexique oblige à donner une définition précise à l’unité lexicale, le mot, en tant qu’élément de base de l’ensemble. La notion traditionnelle de mot est l’une de celles qui ont tendance à solliciter le plus constamment l’attention des linguistes. Cette notion, qui semble être familière et évidente pour le grand public, constitue pour le linguiste une source de difficultés théoriques considérables. Mot ou morphème ? : Si le morphème doit être l’unité minimale de la description linguistique, qu’en est-il du mot, que les grammaires ont l’habitude d’utiliser pour décrire et analyser les langues? Lorsqu.il n’est pas défini simplement comme un segment graphique, c’est-à-dire comme un "élément de la langue constitué d’un ou de plusieurs phonèmes et susceptible d’une transcription graphique comprise entre deux blancs" (Le Petit Larousse Illustré, 1992, 657), il reçoit des définitions tout à fait comparables à celle du morphème: "son monosyllabique ou polysyllabique, composé de plusieurs articulations, qui a un sens" (Littré) "chacun des sons ou groupe de sons correspondant à un sens, entre lesquels se distribue le langage" (Le Nouveau Petit Robert , 1993, 1443). Le mot aurait donc un son et un sens, bref un signifiant et un signifié, comme le morphème! D’après la définition du dictionnaire du J Dubois, le mot est définit comme étant « un élément linguistique significatif composé d’un ou plusieurs phonèmes […] le mot dénote un objet (substantif), une action ou un état (verbe), une qualité (adjectif), une relation (préposition), etc. ». 1 Les dictionnaires de linguistique tiennent ordinairement le même langage, mais en signalant les difficultés d’une définition rigoureuse du mot: "«Un mot résulte de l’association d’un sens donné à un ensemble de sons susceptible d’un emploi grammatical donné.» Cette formule (A. Meillet), conçue en termes assez généraux pour pouvoir s’appliquer à toute langue, fait apparaître la difficulté de proposer une définition précise du mot. L’unité même du mot n’est pas aisément reconnaissable" ( Marouzeau, 19693.3, 149- 150) Une telle acception rencontre divers réserves portant sur : - Le fait qu’un mot possède en général non pas un seul sens mais plusieurs. - Sur l’identité postulée entre graphisme et fonctionnement sémantique. - Sur le fait que les mêmes notions comme la qualité ou l’action, peuvent être marquées indifféremment par des mots de diverses natures grammaticales. Traditionnellement, le mot est une suite de lettres (unités) qui possède un emploi spécifique et un sens (un noyau sémantique et noyau grammatical). Selon le point de vue le plus trivial, un mot est une unité graphique du code écrit délimitée à droit et à gauche par un blanc, possédant un emploi spécifique et un sens. La linguistique structurale a tendance à se servir assez peu de la notion du mot en raison de son manque de rigueur. " A ce titre deux arguments sont valables : 1- Dans certaines langues les mots ne sont pas distingués dans la chaîne syntagmatique. Cette difficulté de délimitation est due à l’absence d’indices de démarcation entre les mots dans la chaîne parlée. 2- Le deuxième argument est lié aux limites du mot qui est mal taillé, il regroupe parfois plusieurs unités minuscules de signification en formant un tout solidaire : le cas des mots composés, des expressions figées, …il y a aussi la présence d’un certain nombre de traits de juxtaposition de unités : la troncation, la siglaison, le collage, etc. Jusque là la question reste non résolue. Qu’est-ce qu’un mot ? Quelles sont ses limites ? Faut-il considérer tous les mots qui se produisent selon les formes comme des mots ? De toute façon, la méfiance à l’égard de notion de mot a poussé les linguistes à proposer d’autres concepts (morphème, monème, lexème, grammème) qui répondent plus ou moins à des critères scientifiques, en partant bien sur de quelques a priori méthodologiques qui ont fortement marginalisé l’usage du « mot » du contexte linguistique. Tout ceci revient bien à voir malgré tout dans le mot une unité significative plus ou moins assimilable au morphème. 2 La composition : peut être définie comme la juxtaposition de deux ou plusieurs éléments qui peuvent servir de base à des dérivés, les unités complexes principalement nominales, à deux termes (chou-fleur, porte-money, …) ; et les unités complexes à trois termes ( pomme de terre, chemin de fer, machine à coudre,...). tous les faits de résultats différents et de formes plus complexes sont regroupées sous l’étiquette « locution » (à pas de loup, au fur et à mesure,…) André Martinet : Le synthème, unité syntaxique, regroupe toutes les formes construites par dérivation, composition ou figement. Ce sont des groupements de monèmes conjoints, alors que le syntagme, appelé aussi syllème par Martinet, est une combinaison de monèmes libres. Le critère fonctionnel de non-séparabilité n’est pas obligatoire pour définir le synthème. Bernard Pottier parle de lexies : les lexies peuvent être simples (chaise), composées (sous-chef, cheval-vapeur) ou complexes (pomme de terre, prendre la mouche). Elles ne sont jamais inférieures à l’unité empirique que constitue le mot-graphique. Emile Benveniste : Synapsie Dans des articles postérieurs de quelques années à ceux de Pottier, Benveniste (1966,1967) identifie des synapsies, qu’il définit comme des groupes de lexèmes formant une unité nouvelle à signifié unique et constant. -----------------------------------Références bibliographiques : Bally C. 1965 (1ère édition 1932). Linguistique générale et linguistique française, Berne, Francke. Benveniste E. 1967. “Fondements syntaxiques de la composition nominale”. BSL. Dubois J. 1973, Dictionnaire de linguistique, Paris, Larousse. Gaudin, F., Guespin L. 2000, Initiation à la lexicologie française, Bruxelles, Duculot. Lehmann A. Martin-Berthet F. 2005, Introduction à la lexicologie : Sémantique et morphologie, Paris, Armand Colin Le Nouveau Petit Robert , 1993. Martinet A. 1960. Elements de linguistique générale. Paris:Armand Colin. Mitterand H. 1965. Les mots français. Que-sais-je ? N° 270 Paris, PUF. Mounin G. 1964. La machine à traduire. Histoire des problèmes linguistiques. La Haye, Mouton. Niklas-Salminen A. 1997, la lexicologie, Paris Armand Colin. Picoche J. 1977, Précis de lexicologie française, Paris, Nathan. Pottier B. 1962a. “Le mot, unité de comportement”, colloque ATALA Le mot pour la Traduction Automatique et la linguistique appliquée, 8 décembre1962. 3