
meilleure réduction de l’agressivité sans modification
du score au MMSE [22, 23]. Les manifestations extrapy-
ramidales ne sont observées avec ces traitements
qu’aux posologies élevées. La somnolence et les trou-
bles de la marche sont les causes les plus fréquentes
d’arrêt du traitement.
Cependant, au cours de ces dernières données, des
essais avec l’olanzapine ont révélé une incidence trois
fois plus élevée d’accidents vasculaires cérébraux et
une mortalité deux fois plus élevée que sous placebo,
surtout en cas de lésions vasculaires cérébrales. Des
résultats similaires ont été rapportés pour la rispéri-
done. Ceci a conduit l’Agence française de sécurité
sanitaire des produits de santé (Afssaps) à déconseiller
leur usage chez les patients déments âgés [24]. Cela ne
doit pas amener à revenir à la prescription des neuro-
leptiques classiques, dont rien ne dit qu’ils n’entraînent
pas les mêmes inconvénients. Il faut rappeler l’intérêt
des traitements de fond spécifiques (mémantine), des
sérotoninergiques et des thymorégulateurs. Si l’agita-
tion est importante, on peut discuter l’emploi d’un car-
bamate, voire recourir au tiapride, seul neuroleptique
classique non anticholinergique qui, à la dose de 100 à
300 mg/j, respecte mieux la cognition que2à6mg
d’halopéridol [25]. S’il existe un état délirant persistant
et gênant, on peut alors être amené à utiliser un neuro-
leptique atypique, en respectant des posologies mo-
destes mais bien souvent efficaces : 1 mg pour la rispé-
ridone (maximum 2 mg) et 5 mg pour l’olanzapine
(maximum 10 mg).
Il convient de faire particulièrement attention aux
comorbidités associées et aux médicaments co-
prescrits, qui peuvent parfois contenir des neurolepti-
ques cachés. Le traitement précoce, rapide et efficace
de toutes les comorbidités permet de limiter les fac-
teurs déclenchants de déstabilisation et l’utilisation de
psychotropes.
De même une prise en charge adaptée et tolérante,
dans l’organisation spatiale et temporelle, permet de
limiter nombre de troubles du comportement.
Conclusion
Même devant une maladie d’Alzheimer à un stade
sévère, le clinicien dispose d’un arsenal thérapeutique
qui repose sur le traitement de fond (mémantine), mais
qui peut aussi associer certains psychotropes ou assi-
milés, comme les IRS et les thymorégulateurs, et le
plus rarement possible, un neuroleptique. Le coût (en-
viron 100 5par mois pour les médicaments spécifi-
ques) est parfois avancé comme un frein à leur utilisa-
tion, ce qui dans la pratique ne devrait pas l’être
puisque, au domicile, la prise en charge à 100 % par la
Sécurité sociale au titre de l’ALD ne pose pas de pro-
blème, alors qu’en institution il est toujours possible de
l’obtenir hors du forfait soins qui est bien inférieur.
Décrite pour la première fois il y a maintenant un
siècle, la maladie d’Alzheimer est pourtant encore une
« maladie nouvelle » : tout d’abord à cause du vieillis-
sement de la population qui en fait une maladie fré-
quente ne pouvant plus être ignorée aujourd’hui, mais
également parce que les recherches récentes ont accru
nos connaissances et ont ouvert la voie d’une réflexion
globale sur la prise en charge des patients qui inclut
une approche pharmacologique en plein essor.
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