augmentent la fréquence cardiaque de ceux qui la réduisent5.
Elle confirme aussi les résultats d’une méta-analyse qui a démontré
que le diltiazem et le vérapamil permettaient de réduire le risque
de récidive d’infarctus non mortel (risque relatif=0,79, intervalle
de confiance à 95%; 0,67 à 0,94) sans aucun effet indésirable
sur la mortalité6. Les avantages sont particulièrement notables
chez les patients ne souffrant pas d’insuffisance cardiaque ou de
dysfonction ventriculaire gauche grave (fraction d’éjection < 40%).
En outre, le diltiazem (et peut-être aussi le vérapamil) semble
réduire le risque d’événements cardiaques de 25 à 35%7-8, chez
les patients ayant subi un infarctus incomplet. Par conséquent, il
semble sage de retenir que les inhibiteurs des canaux calciques
ne sont pas tous égaux10.
Un autre rapport décrivant les résultats de l’essai CRIS (Calcium
Antagonist Reinfarction Italian Study) a été publié récemment
dans l’American Journal of Cardiology11. Dans cet essai multi-
centrique, mené à double insu, avec répartition aléatoire et
comparaison avec un placebo, pour évaluer l’effet du vérapamil
administré après un infarctus du myocarde, 531 patients ont été
répartis aléatoirement pour recevoir du vérapamil à action
prolongée (360 mg/j) et 542 autres pour recevoir un placebo, de
7 à 21 jours (13,8 en moyenne) après l’IM. L’essai CRIS a été
mené entre 1985 et 1987 auprès de patients âgés de 30 à 75 ans
(âge moyen de 56 ans) sans antécédents d’insuffisance cardiaque
grave. Au cours de la période moyenne de suivi de 23,5 mois,
5,5% des patients sont décédés. Il n’y avait aucune différence
dans les taux de mortalité totale (5,6% c 5,4%) et de mort
cardiaque (4,0% c 4,1%) entre les groupes vérapamil et placebo.
Le groupe vérapamil avait un taux de récidive d’infarctus non
significatif (7,3% c 9,0%) et présentait un risque bien moindre
de souffrir d’angine durant la période de suivi (18,8% c 24,3%,
p<0,05).
Dans un éditorial connexe12, le DrSalim Yusuf a combiné les
résultats de l’essai CRIS aux données des essais DAVIT I et
DAVIT II. Parmi les 4 284 patients issus des 3 essais, le taux
global de mortalité et de récidive d’infarctus non mortel était
inférieur dans le groupe vérapamil, comparativement au groupe
placebo (15,1% c 17,2%; risque relatif de 0,86%; intervalle de
confiance à 95%; 0,73 à 1,01). Bien que ces données aient une
signification quasi statistique, le DrYusuf laisse croire que les
résultats de ce type de méta-analyse cumulative (dans laquelle
les données sont regroupées chaque fois que les résultats d’un
essai sont connus) doivent être interprétés avec circonspection,
à moins que l’évidence ne soit criante. Il a souligné le rôle établi
des bêta-bloquants dans la prévention secondaire et a suggéré
qu’une étude définitive d’un inhibiteur des canaux calciques
réducteur de la fréquence cardiaque, menée auprès d’un échan-
tillon suffisant, serait nécessaire pour démontrer de façon probante
une réduction cliniquement significative du risque d’événements
cardiaques (mort et récidive d’infarctus non mortel).
Deux essais prospectifs sur l’innocuité et l’efficacité du
diltiazem à action prolongée étudieront la question plus en
profondeur. Actuellement, l’étude INTERCEPT13 (Incomplete
Infarction Trial of European Research Collaborators Evaluating
Prognosis Post Thrombolysis) recrute des sujets qui ont subi un
seul IM aigu non compliqué (sans insuffisance cardiaque ou
dysfonction ventriculaire gauche), de 36 à 96 heures avant
d’avoir reçu un traitement thrombolytique. Cette étude multi-
centrique, à double insu, randomisée et contre placebo compare
le diltiazem à action prolongée (300 mg/j) administré avec de
l’aspirine (160 mg/j) à l’aspirine administrée seule, chez un peu
moins de 1 000 patients. L’objectif principal de cette étude est
d’évaluer l’effet de ces deux traitements sur la morbi-mortalité
clinique à six mois (mort cardiaque, récidive d’infarctus non
mortel et ischémie réfractaire médicale combinées). Une
deuxième étude, l’étude PROTECT (Prospective Reinfarction
Outcomes in the Thrombolytic Era Cardizem CD Trial), les
auteurs devraient commencer à recruter des patients qui ont
subi un infarctus incomplet non compliqué. Cette étude
canadienne, randomisée, à double insu, comparera l’innocuité et
l’efficacité du diltiazem à action prolongée à celles de l’aténolol,
tous deux administrés de 24 à 96 heures après la survenue de
l’IM chez un peu moins de 8 000 sujets. Elle évaluera
principalement leurs effets sur la mort cardiaque et la récidive
d’infarctus non mortelle.
Cardiologie
Actualités scientifiques