derniers centimètres d’iléon terminal et les 15 premiers centimètres
ducôlon droit sont prélevés. Le prélèvement et le rétablissement
de continuité digestive sont identiques à celui de l’anse iléale. Le
greffon est nettoyé et lavé à l’aide de bétadine® diluée ou d’eau
stérile. L’anse est détubulisée en sectionnant longitudinalement
le tube digestif sur le bord antimésentérique au bistouri électrique.
L’incision est débutée au niveau de l’iléon en direction de la
valvule iléocæcale pour la traverser et ensuite remonter le long
de la bandelette antérieure du cæcum et du côlon droit. En cas
d’appendice en place, une appendicectomie est associée.
Le segment digestif prélevé peut être utilisé soit comme un patch
rectangulaire placé en losange au niveau de l’incision vésicale, soit
comme une poche, les deux berges iléale et colique suturées
l’une à l’autre pour obtenir une poche qui devra subir une rotation
de 180° sur son méso pour être anastomosée à la vessie.
6. Plastie gastrique d’agrandissement
Un greffon gastrique est utilisé en cas de blindage pelvien avec
des antécédents de radiothérapie ou en cas d’impossibilité d’utiliser
l’iléon ou le sigmoïde. Il est aussi très utilisé chez l’enfant. Cette
technique a pour avantages l’absence de sécrétion de mucus, une
diminution du risque infectieux et une réduction des troubles
métaboliques. Cependant, elle peut être responsable d’un syndrome
«douleur-hématurie » secondaire à la sécrétion acide.
Le prélèvement gastrique consiste à isoler et à prélever le pédicule
gastroépiploïque droit pour vasculariser le greffon. Le grand
épiploon est incisé le long de la grande courbure gastrique en
préservant la portion située en regard du patch. L’épiploon est
libéré du côlon transverse. L’artère gastroépiploïque gauche est
liée. Les deux clamps digestifs sont disposés en coin sur la partie
médiane de l’estomac. L’estomac est sectionné pour prélever le
greffon dont la base se situe sur la grande courbure et la pointe
se dirige à 1 ou 2 cm vers la petite courbure. L’estomac est suturé
pour sa remise en continuité. Le greffon correspond à un tiers de
l’estomac. Le patch gastrique est ensuite descendu dans le pelvis
en allongeant le plus possible son pédicule vasculaire. Il est passé
en arrière du mésocôlon transverse puis de la racine du péritoine
en position rétropéritonéale. Le greffon est basculé de 180° sur
son axe afin d’amener la pointe vers le col vésical [5, 15]. Il est
placé en losange au niveau de l’incision vésicale soit, en cas de
cystoplastie bivalve, avec une pointe au niveau de la commissure
antérieure et postérieure de la cystotomie et une pointe sur les faces
latérales du dôme vésical, soit, en cas de cystectomie sus-trigonale,
au contact du trigone fixé par quatre points placés à chaque
extrémité de ce losange en utilisant les fils repères du temps de
préparation vésicale. La suite de l’intervention est identique à
celle réalisée avec un greffon iléal.
7. Entérocystoplastie par voie cœlioscopique
La réalisation d’un agrandissement vésical digestif a été décrite
par voie laparoscopique [16]. Les temps opératoires sont identiques
àceux de la chirurgie ouverte. Le segment digestif utilisé était dans
chaque cas de l’iléon. Toutefois, il s’agissait de séries limitées à
un petit nombre de patients et aucune étude n’a, à ce jour, comparé,
l’agrandissement vésical laparoscopique à l’agrandissement vésical
par chirurgie à ciel ouvert [16-18].
VIII. SUITES OPÉRATOIRES
La sonde naso-gastrique est retirée précosément en salle de réveil
ou le lendemain de l’intervention, ou à la reprise du transit gazeux
pour prévenir une surdistension abdominale. Le drain de Redon
est retiré au bout de 48 à 72 heures. Un lavage vésical à la seringue
par la sonde uréthrale 3 à 4 fois par jour est maintenu pendant toute
la durée du drainage vésical. La reprise alimentaire est progressive
et débutée quelques heures après l’ablation de la sonde naso-
gastrique. Les sondes urétérales sont retirées précosément si elles
ont été maintenues, la sonde vésicale au 10ème jour. Les patients
débutent alors les autosondages avec une fréquence au départ de
toutes les trois heures jour et nuit qui sera allongée, au bout de
quelques semaine, à toutes les quatre heures le jour et toutes les
huit heures la nuit.
Une échographie rénale et vésicale et un dosage de la créatininémie
ou une mesure de la clairance de la créatinine sur 24 heures sont
réalisés à un et 6 mois. A un an, une uréthro-cystographie rétrograde
et mictionnelle, une cystoscopie et un bilan urodynamique sont
aussi réalisés. Au-delà, une échographie rénale et vésicale et un
dosage de la créatininémie ou une mesure de la clairance de la
créatinine sur 24 heures annuels sont pratiqués. En cas d’anomalie
ou de modifications de fonctionnement de cet agrandissement, une
uréthro-cystographie rétrograde et mictionnelle et un bilan
urodynamique seront réalisés. Un catalogue mictionnelle doit être
réalisé à chaque visite pour contrôler la durèse et le rythme des
sondages.
IX. RÉSULTATS DES AGRANDISSEMENTS
VÉSICAUX DIGESTIFS
1. Morbidité et mortalité
Le taux de mortalité est estimé entre 0 et 3,2 %. La morbidité post-
opératoire précoce de la chirurgie d’agrandissement de vessie par
un segment de tube digestif est présentée tableau 1.La morbidité
précoce la plus fréquemment rapportée est l’iléus post-opératoire
prolongé. Il survient jusque dans 11,7 % des cas [19-22].
La morbidité tardive est principalement liée à l’apport d’une
muqueuse digestive. Elle est responsable de la production de mucus
et donc de lithiases dont l’incidence est de 10 à 50 % [19, 23-26],
principalement dans les deux premières années, de bactériurie
chronique dans 70 % des cas [27], de troubles électrolytiques
(acidose hyperchlorémique dans 0 à 15 % des cas pour le grêle,
alcalose hypochlorémique pour l’estomac) [28, 29], du syndrome
“douleur-hématurie” dû à une cystite peptique en cas d’utilisation
d’estomac [28]. Il existe un risque de dégénérescence néoplasique
au bout de 5 à 10 ans estimé a 1 % des cas par Shaw [30].
La complication la plus grave est la perforation de la cystoplastie
d’agrandissement. Il s’agit d’une complication grave pouvant
mettre en jeu le pronostic vital. Elle peut survenir quelque soit le
segment digestif utilisé mais se voit plus fréquemment en cas
d’iléocystoplastie [31]. Sa fréquence est estimée entre 5 et 13 %
[19]. Habituellement, elle survient au niveau du greffon digestif
ou de la jonction entre la vessie et la plastie digestive. Elle est le
plus souvent la conséquence d’une hyperpression dans
l’entérocystoplastie et plus rarement secondaire à un sondage
traumatique.
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