3. Déterminer la teneur maximale par portion
L’objectif principal poursuivi par l’approche proposée,
soit d’établir des teneurs maximales en vitamines, en
minéraux nutritifs et en acides aminés, consiste à éviter
que l’adjonction de ceux-ci aux aliments faisant l’objet
d’une AMT contribue au bout du compte à des apports
excessifs chez les consommateurs.
Une approche générale visant les vitamines et les minéraux
nutritifs pour lesquels un apport maximal tolérable1 a été
établi par l’Institute of Medicine (IOM) a été élaborée. Selon
l’approche générale, les teneurs maximales ont été
déterminées en ajoutant l’apport alimentaire quotidien au
95e centile (selon l’Enquête sur la santé des collectivités
canadiennes, à moins d’une indication contraire [Santé
Canada et coll., 2009]) à l’apport estimatif issu des
suppléments2 et à soustraire cette somme de l’apport
maximal tolérable. Ce faisant, un apport quotidien
maximal qui pourrait être accepté en chacun des
nutriments dans ces aliments a été établi. Puis, celui-ci a été
divisé par cinq afin de tenir compte de la possibilité que
des personnes consomment jusqu’à cinq portions de ces
produits alimentaires au cours d’une journée.
Le 95e centile de l’apport alimentaire a été retenu comme
valeur de référence afin de parer les risques potentiels
pour la santé que comporte une consommation excessive
conformément à l’approche recommandée par Flynn et
coll. (2003) et Rasmussen et coll. (2006) pour l’adjonction
sans risque de vitamines et de minéraux aux aliments.
Pour s’assurer que les apports issus des nutriments
ajoutés n’entraînent pas de risques, les apports chez les
personnes consommant déjà des quantités élevées de
nutriments issus des aliments doivent être pris en
compte. Ainsi, le 95e centile est représentatif des
personnes chez lesquelles les apports sont
considérablement supérieurs à la moyenne de la
population, c.-à-d., dans la tranche supérieure de 5 % de la
consommation de chaque nutriment (Flynn et coll., 2003).
Dans le cas de quelques nutriments (l’acide folique, la
niacine et le fer) pour lesquels un apport maximal
tolérable est établi, l’approche générale décrite ci-dessus
n’a pas été mise en œuvre parce qu’une raison
1 L’apport maximal tolérable est l’apport nutritionnel quotidien
et continu le plus élevé qui n’entraîne vraisemblablement pas de
risques d’effets indésirables sur la santé chez la plupart des
membres d’un groupe donné établi en fonction de l’étape de la
vie (IOM, 2006).
2 Une valeur présumée a été attribuée à l’apport issu de
suppléments chez la population canadienne, laquelle a été
estimée en déterminant la teneur la plus élevée en chaque
nutriment des cinq suppléments de multivitamines avec
minéraux destinés aux enfants et aux adultes les plus vendus au
Canada selon une étude de marché réalisée par AC Nielsen en
2012.
primordiale justifie la décision d’interdire l’adjonction de
ceux-ci aux aliments admissibles à l’AMT. Un bilan
physiologique élevé chez certains segments de la
population canadienne a été utilisée comme justification
de la décision relative à l’acide folique et à l’iode. Quant à
la niacine, en raison des risques de bouffées congestives à
l’égard desquelles elle est mise en cause, il est
recommandé de la remplacer, comme source de niacine,
par le niacinamide. Interdire l’adjonction de fer aux
produits faisant l’objet d’une AMT est aussi proposé
puisqu’il peut se révéler dangereux pour les personnes
atteintes d’hémochromatose non diagnostiquée.
En l’absence d’un apport maximal tolérable ou dans les
cas où d’autres données ont été jugées plus appropriées
(le niacinamide et la vitamine E), des approches
différentes ont été adoptées selon le nutriment concerné.
Les teneurs maximales par portion ont été établies pour
s’appliquer à la quantité déclarée du nutriment et elles
englobent à la fois les quantités naturellement présentes
et les quantités ajoutées.
4. Établir les teneurs maximales par population
cible et catégorie de risque
Dans le cas de plusieurs nutriments, l’approche proposée
décrite ci-dessous établit une différence entre les aliments
destinés à la population générale (c.-à-d., comprenant les
enfants) et ceux qui sont destinés aux adultes seulement.
Plus précisément, à l’égard de certains nutriments pour
lesquels un apport maximal tolérable a été déterminé,
plus d’une teneur maximale a été établie. Cette mesure a
pour but de tenir compte de cette différence alors qu’en
règle générale les apports maximaux tolérables
déterminés pour les enfants sont plus bas que ceux établis
pour les adultes. Selon la proposition, un aliment d’une
teneur supérieure à celle établie pour la population
générale tout en étant inférieure à la teneur maximale
déterminée pour les adultes seulement et dont la vente
est autorisée porte néanmoins clairement sur son
étiquette la mise en garde « Pour adultes seulement».
Les vitamines et les minéraux nutritifs ne sont pas sur un
pied d’égalité par rapport à la capacité du corps humain
de les métaboliser et d’en éliminer les apports excessifs.
Certains le sont avec tant d’efficacité qu’aucun effet
indésirable n’a été lié à un apport excessif en ceux-ci
découlant de la consommation d’aliments ou de
suppléments, bien que cela ne permette pas de conclure à
l’impossibilité que de tels effets indésirables résultent
d’apports élevés. Dans certains cas, la majorité de la
population canadienne consomme déjà l’apport maximal
tolérable ou davantage, ce qui fait que l’ajout de sources
alimentaires à un tel apport n’est pas recommandé. La
toxicité d’autres vitamines et minéraux nutritifs, lorsqu’ils
3
Chantal Martineau, Jennifer Barber, Jesse Bertinato, Steve Brooks, Eunice Chao, Janice Daoust, Nora Lee,
Lindsay Lukeman Robin J. Marles et Natasha Hinkson: Communication Sur L’analyse des Risques Alimentaires