Soins infirmiers auprès d'un patient usager de drogues Devant une suspicion de prise de produits toxicologiques, faire un prélèvement urinaire avec l'accord de la personne. Le prélèvement urinaire doit servir d'outil pour ouvrir le dialogue avec le patient. I. Recueil de données : Quel(s) produit(s) est consommé(s)? A quelle fréquence? Quel est le mode de consommation (par voie veineuse, nasale, intra musculaire,…)? Depuis combien de temps? Et dans quel contexte la consommation a-t-elle lieu? Quelles sont les répercussions : somatiques, psychiques, sociales, professionnelles et relationnelles. II. Traitement : Pour une personne consommatrice d'opiacés (héroïne, morphiniques, méthadone non prescrite,…) : Pour le sevrage des opiacés, plusieurs types de traitements peuvent être proposés : - Les traitements de substitution : la méthadone et la buprénorphine ( subutex®). Attention : ne pas utiliser de benzodiazépines (si pas de problèmes d'alcool ni de dépendance aux benzodiazépines) car risques ++ d'entrainer une dépression respiratoire et un état de somnolence important pouvant aller jusqu'au coma. - Les traitements symptomatiques : destinés à atténuer et si possible faire disparaître les manifestations du manque si il n'y a pas de traitement de substitution mis en place (en effet les signes de manque sont les indicateurs de l'équilibre du traitement) : antalgiques (paracétamol uniquement! Attention à ne pas utiliser diantalvic, codéine,...!!!), spasmolytiques (spasfon), antinauséeux, antidiarrhéiques, sédatifs et hypnotiques. Pour une personne consommatrice de stimulants, … : Pour le sevrage il est possible de donner un traitement pour diminuer l'anxiété et /ou traiter les problèmes d'insomnie. Pour une personne consommatrice de cannabis : Pour aider au sevrage il possible de donner des substituts nicotiniques ainsi que des traitements anxiolytiques. Equipe de Liaison et de Soutien en Addictologie, A-L Bailly Tel : 3 99 61 Rappel : Le traitement médicamenteux est sur prescription médicale et doit être évalué individuellement avec le patient III. Surveillances et conduite à tenir : 1/ Surveillance des signes de manque : Le syndrome de manque aux opiacés associe les symptômes suivants : agitation, lombalgies, crampes musculaires, hyperalgésie, larmoiement, rhinorrhée, augmentation de la transpiration, accélération du transit intestinal, avec diarrhée et parfois vomissements. L’examen peut mettre en évidence une tachycardie, une hypotension et une mydriase bilatérale de valeur sémiologique importante. Aux signes physiques, s’ajoutent des symptômes psychiques : anxiété, irritabilité, recherche compulsive de produits, troubles du sommeil, dépression. Le délai d’apparition est variable et fonction de la demi-vie d’élimination de la substance consommée : - pour l’héroïne dont l'élimination est rapide, les symptômes apparaissent en général après 6 à 12 heures, s’accentuent progressivement jusqu’au troisième jour, et régressent habituellement en moins de 8 jours. - pour les produits de substitution dont l'élimination est longue (méthadone ou buprénorphine), les symptômes sont souvent décalés dans le temps et persistent de manière plus prolongée. Il s’agit alors notamment de manifestations psychiques (anxiété, insomnie, aboulie, asthénie) qui pourraient contribuer à une reprise ultérieure de la consommation de drogue. Le syndrome de manque des stimulants (cocaïne, amphétamines) se manifeste essentiellement par la dysphorie, l'asthénie, l'anhédonie (insensibilité au plaisir), les troubles du sommeil, et peut même constituer un véritable syndrome dépressif. Souvent, ces manifestations passent inaperçues : le sujet est fatigué pendant quelques jours et “récupère“ par le simple repos. Rarement, il s’agit d’un état dépressif grave avec idées suicidaires nécessitant l’hospitalisation. Les symptômes apparaissent quelques jours après l’arrêt des stimulants et peuvent persister pendant une à dix semaines. 2/ Conduite à tenir : 1 - Rechercher systématiquement une affection liée au mode de consommation (c'est à dire effectuer un dépistage systématique avec l'accord du patient des hépatites virales et du VIH) et prendre en charge les complications liées au mode de consommation (abcès, surinfections, ....). 2 - L'accompagnement social vise à restaurer l'inscription sociale du patient : s'interroger sur la situation sociale du patient : papiers d'identité (existants, valides,...?), couverture sociale Equipe de Liaison et de Soutien en Addictologie, A-L Bailly Tel : 3 99 61 (sécurité sociale, carte vitale, CMU, mutuelle,...), logement, insertion professionnelle (travail, RMI, droits ouverts,...). Cet accompagnement social permet d'aider le sujet dans ses éventuelles démarches administratives et cette insertion ne se pose pas de façon identique pour tous les patients. 3 - Le soutien psychologique est nécessaire tout au long de la prise en charge. Etre à l'écoute et favoriser le dialogue. Eviter le jugement et proposer des conseils et une orientation au patient s'il le souhaite. Il est très important d'énoncer, rappeler et faire respecter le cadre sans rejeter le patient. Apporter un soutien à la famille et tenter de l'impliquer dans le processus de soins et de suivi. Equipe de Liaison et de Soutien en Addictologie, A-L Bailly Tel : 3 99 61