Chapitre 3 : Fonctionnement d’un marché concurrentiel
faire entrer dans la liste des déterminants potentiels, les informations et les anticipations de
l'agent sur le marché et son environnement.
Dans une perspective générale, la demande d'un bien est donc une fonction de multiples
variables. Cependant, dans une analyse d'équilibre partiel centrée sur le marché d'un bien
particulier, la représentation retenue est celle d’une courbe de demande qui relie la quantité
demandée du bien à son prix, toutes choses égales par ailleurs. Cette courbe peut être
interprétée de deux manières complémentaires :
- d’un côté, elle représente la quantité de bien que l’individu est prêt à acquérir pour
chaque niveau de prix possible ;
- de l’autre, elle indique quel est le prix maximum que l’individu est prêt à payer pour
chaque unité additionnelle de bien.
Dans le cas le plus général, la courbe de demande traduit une relation décroissante entre prix
et quantité. Pour un bien dit « normal » (du point de vue de la demande), plus le prix est élevé
et plus la quantité demandée par le consommateur est faible. Une telle relation peut sembler
aller de soi ; des formes atypiques sont néanmoins concevables et peuvent se rencontrer dans
la réalité. Deux exemples peuvent être évoqués.
- Un consommateur peut accroître sa demande d’un bien dont le prix augmente pour obtenir
un effet de démonstration ; dans ce cas le prix est en lui-même une caractéristique du bien
en relation positive avec la satisfaction retirée de sa consommation. Cette configuration
peut se rencontrer pour des biens de luxe consommés par une clientèle à hauts revenus.
On parle d’un effet d’ostentation ou de snobisme, encore dénommé « effet Veblen ».
- A l’opposé, un consommateur disposant de faibles revenus peut accroître sa demande d’un
bien de première nécessité dont le prix augmente. Cela peut s’expliquer par le fait que
l’augmentation de prix de ce bien réduit le pouvoir d’achat global de l’individu qui doit
alors renoncer à consommer des produits plus nobles et de prix plus élevé et se reporte sur
le produit primaire dont le prix a augmenté. On parle d’un « effet Giffen ».
Revenons au cas d’une demande normale. La relation décroissante entre quantité et prix peut
se comprendre à la lumière des deux interprétations complémentaires évoquées plus haut.
Dans la première interprétation, on s’intéresse à la quantité de bien que souhaite acquérir
l’individu lorsque le prix varie, toutes choses égales par ailleurs. Deux effets peuvent alors
contribuer à la diminution de la demande du bien suite à une augmentation de son prix.
- D’une part, le bien considéré se retrouve relativement plus cher que les autres biens (dont
les prix sont supposés constants) : dans des conditions normales cela doit inciter à réviser
la répartition des consommations entre les différents biens, au détriment du bien devenu
plus cher. C’est un « effet substitution ».
- D’autre part, l’augmentation du prix du bien contribue à réduire le pouvoir d’achat global
du consommateur, ce qui conduit normalement à diminuer l’ensemble des
consommations. C’est un « effet revenu ».
Au total, dans le cas normal, les deux effets (substitution et revenu) jouent dans le sens d’une
baisse de la demande du bien dont le prix augmente.
La seconde interprétation peut être plus directement reliée à un raisonnement à la marge. En
première approximation, nous pouvons faire l’hypothèse que la satisfaction retirée de la
consommation d’un bien augmente avec la quantité consommée, mais que cette augmentation
ne se fait pas de manière proportionnelle. La satisfaction supplémentaire retirée de la