[12] • 165 | PrintemPs-été 2015
3. Il est préférable de diversifier les
types d’expériences aléatoires
(lancer de dés, roulette, tirage de
boules, tirage de cartes, etc.). Si on
utilise toujours des situations comme
le lancer d’un dé ou d’une pièce de
monnaie, on renforcera la conception
que toutes les situations sont équipro-
bables, c’est-à-dire que chaque résul-
tat a la même probabilité. Il est donc
préférable de parfois avoir recours
à des situations non équiprobables
comme de s’intéresser à la somme lors
du lancer de deux dés, étant donné
que la probabilité d’obtenir une somme
de 7 n’est pas égale à la probabili-
té d’obtenir une somme de 10, par
exemple.
4. Même si on utilise un outil technolo-
gique pour simuler les résultats d’une
expérience aléatoire, il apparait impor-
tant d’utiliser d’abord du matériel
concret. La manipulation du matériel
(dés, pièces de monnaie, cartes,
etc.) permet de bien comprendre la
situation et s’avère primordiale dans
le développement de la pensée pro-
babiliste avant de simuler. En d’autres
mots, il est souhaitable de bien doser
les moments d’utilisation du matériel
concret, puis des outils technologiques.
5. Le rôle de l’enseignant est fonda-
mental pour orienter le question-
nement et les discussions avec les
élèves. De plus, en encourageant des
discussions en grand groupe et l’op-
position des différentes conjectures,
les conceptions des élèves pourraient
potentiellement se confronter et être
ébranlées. L’enseignant, en remettant
en doute les conjectures des élèves,
fait ressortir le besoin d’aller simuler
l’expérience aléatoire afin de confirmer
ou d’infirmer leur conjecture. Cela
peut ensuite amener les élèves à se
questionner et à établir des conjec-
tures qu’ils pourraient ensuite tester à
l’aide de la simulation. Par exemple, il
serait possible de tester la conjecture
qu’il faut additionner les probabilités
d’obtenir un évènement OU un autre
évènement indépendant alors qu’il
faut multiplier la probabilité d’avoir un
évènement ET un autre évènement
indépendant ensuite.
6. Il faut comprendre quel est l’apport
du simulateur dans l’activité afin
de l’exploiter adéquatement. Que ce
soit un simulateur en ligne, un logiciel,
une macro sur Excel ou un programme
sur une calculatrice, un avantage
indéniable est la rapidité de générer
un grand nombre de résultats et de
les représenter afin d’en faire ressortir
une tendance générale. Il faut ensuite
se servir de ses résultats pour prendre
une décision, soit de participer ou non
à ce jeu par exemple.
7. La loi des grands nombres est l’élément
central du développement de la pensée
probabiliste. En effet, plus la taille de
l’échantillon augmente, plus les carac-
téristiques d’un échantillon aléatoire se
rapprochent des caractéristiques de
la population. Donc, plus le nombre de
simulations est élevé, plus la probabilité
fréquentielle devrait se rapprocher
de la probabilité théorique. Encore
ici, l’enseignant peut questionner les
élèves, par exemple sur le nombre de
simulations nécessaires pour considérer
que les résultats sont suffisamment
fiables. Il est aussi intéressant de
faire remarquer que la variabilité des
résultats diminue au fur et à mesure
que le nombre de résultats augmente,
comme l’illustre le graphique dans la
figure 4 précédente.
8. Les activités devraient mener à une
modélisation mathématique. En
effet, les élèves sont amenés à
interpréter les résultats du simulateur
de probabilités, ce qui peut être
difficile s’ils n’ont pas bien saisi l’étape
de la modélisation. Pour ce faire, on
peut d’abord utiliser le mode « pas à
pas » du simulateur pour comprendre
comment les résultats sont générés
et représentés, puis il faut ensuite se
dégager de chacun des résultats pris
individuellement pour en faire ressortir
une tendance générale à partir du
mode « turbo ». Il faut donc s’appuyer
sur de nombreux résultats observés
pour faire ressortir une tendance
mathématique afin de modéliser la
situation aléatoire dans son ensemble.
9. L’enseignant qui utilise diverses
représentations des résultats
(tableau à double entrée, diagramme
en arbre, diagramme à bandes,
graphique, etc.), en élaborant des
liens entre elles pour permettre le
passage des probabilités théoriques
aux probabilités fréquentielles,
favorise la compréhension globale de
la situation aléatoire.
10. Il faut faire attention au vocabulaire
à employer dans l’enseignement des
probabilités. Par exemple, pour ne pas
confondre la chance (au sens d’une
personne chanceuse) avec les chances
mathématiques, Savard (2008)
affirme qu’il serait préférable
d’employer les termes « possibilités »
et « probabilités ».
Créer des activités
interactives
Pour compléter les activités réalisées en
classe, il peut être intéressant de créer
des activités interactives pour les élèves
sur le site web Learning Apps. Voici un lien
vers une activité qui permet de vérifier
les connaissances des élèves sous forme
d’évaluation formative : http://monurl.ca/
exerciceprobs. Il est possible de la réutili-
ser et de la soumettre directement à vos
élèves en leur partageant ce lien ou de la
modifier en vous créant un compte gratui-
tement.
Conclusion
J’espère que ces idées vous inciteront
à mettre à l’essai une approche expéri-
mentale pour enseigner les probabilités
à vos élèves. N’hésitez pas à utiliser les
ressources partagées en ligne (http://
monurl.ca/probs), à les modifier au besoin
et à me donner votre rétroaction si vous
le souhaitez. D’ici là, bonnes expérimenta-
tions mathématiques et que la chance soit
avec vous!
Remerciements
Je tiens à remercier Caroline Lajoie et
Andréanne Parcel pour leur aide dans la
révision de ce texte.