Les troubles psycho-comportementaux dans la maladie d`Alzheimer

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LES SYMPTOMES PSYCHOCOMPORTEMENTAUX DE LA
DEMENCE
Formation Médicale Continue Gériatrie
11 Février 2016
Dr SAIDLITZ Pascal, Gérontopôle, Toulouse
SPCD: les difficultés
Une situation fréquente…Et grave
Une situation complexe
De nombreux symptômes
Une prise en charge préventive et « curative »…
SPCD: les difficultés
Une situation fréquente…Et grave
Une situation complexe
De nombreux symptômes
Une prise en charge préventive et « curative »…
Mais pour quelle efficacité?
Une situation fréquente
% de patients selon les stades de
Comportements
sévérité de la démence
Idées délirantes
Hallucinations
Agitation
Dysphorie / Dépression
Anxiété
Euphorie
Apathie
Désinhibition / Impulsivité
Irritabilité
Comportement moteur aberrant
Léger
MMSE 21-30
(n = 17)
Modéré
MMSE 11-20
(n = 20)
Sévère
MMSE 0-10
(n = 13)
Total
(n = 50)
12
12
47
12
24
18
47
35
35
12
25
15
55
45
65
0
80
40
40
30
31
8
85
62
54
8
92
31
54
84
22
10
60
38
48
8
72
36
42
38
Mega MS et al. Neurology, 1996
Une situation fréquente
Jost BC et al. J Am Geriatr Soc, 1996
Les SPCD
Sont fréquents (60% à 80%)
Peuvent apparaitre QUEL QUE SOIT le stade
Certains sont plus précoces que d’autres:
Apathie, dépression, repli sur soi
Sont graves:
déclin cognitif
autonomie
institutionnalisation
Gilley DW et al. Psychol Med, 2004
Une situation complexe
Une situation complexe
Le patient (habitudes,
histoire de vie,
comorbidités,…)
Une situation complexe
Le patient (habitudes,
histoire de vie,
comorbidités,…)
L’environnement (lieu
de vie, locaux,
aidants,…)
Une situation complexe
Le patient (habitudes,
histoire de vie,
comorbidités,…)
L’environnement (lieu
de vie, locaux,
aidants,…)
La pathologie
démentielle
(modifications
neurobiologiques,
troubles cognitifs,…)
Une situation complexe
Le patient (habitudes,
histoire de vie,
comorbidités,…)
L’environnement (lieu
de vie, locaux,
aidants,…)
La pathologie
démentielle
(modifications
neurobiologiques,
troubles cognitifs,…)
Une situation complexe
Le patient (habitudes,
histoire de vie,
comorbidités,…)
L’environnement (lieu
de vie, locaux,
aidants,…)
La pathologie
démentielle
(modifications
neurobiologiques,
troubles cognitifs,…)
Troubles
psychologiques et
comportementaux
De nombreux symptômes
De nombreux symptômes
TROUBLES COMPORTEMENTAUX
Troubles du comportement moteur
• Agitation
• Comportement aggressif
• Fugue
• Comportements stéréotypés
• Divagations
Troubles des conduites élémentaires
• Comportement alimentaire
• Comportement sexuel
• Rythme veille- sommeil
TROUBLES PSYCHIATRIQUES
Troubles de l’humeur
• Symptômes dépressifs
• Troubles anxieux
Modifications de la personnalité
• Indifférence affective
• Désintérêt, démotivation
• Anhédonie
Troubles psychotiques
• Idées délirantes
• Hallucinations
• Paranoïa
Touchon J et al. Consulter-Prescrire-Ed. Masson, 2002
De nombreux symptômes
IDÉES DÉLIRANTES
– croyances paranoïdes non systématisées, souvent
simples (vol, infidélité) ou plus complexes
– perceptions erronées de la réalité
– phénomène du « fantôme », trouble de reconnaissance
de son image (miroir), de l’identification d’une
personne, conviction que les personnes à la TV sont
présents
– PAS de perception « sensorielle »
De nombreux symptômes
HALLUCINATIONS
– expériences sensorielles sans perception (visuelle,
auditive, cénesthésique)
AGITATION
– activité verbale, vocale ou motrice inappropriée
(fréquence, survenue) au contexte social
– peut être agressive ou non
De nombreux symptômes
INSTABILITÉ PSYCHOMOTRICE
– déambulation (exploration inadaptée), tasikinésie
(impossibilité à rester assis/allongé), comportements
moteurs aberrants
COMPULSIONS
– mécanismes compulsifs de comptage, répétitions
gestuelles ou verbales
De nombreux symptômes
TROUBLES DES CONDUITES SEXUELLES
– généralement réduction de la libido et de l’activité
sexuelle
– parfois perte des convenances sociales (verbale ou
physique) qui se traduit par une désinhibition
LES TROUBLES D’ALLURE « PSYCHIATRIQUE »
– hyper-émotivité (forte tendance à pleurer)
– anxiété
– apathie (défaut motivationnel, diminution de l’initiation
motrice/cognitive/affective)
De nombreux symptômes
LA DÉPRESSION
– tristesse de l’humeur peut se retrouver à tous les
stades
– prise de conscience du déclin cognitif/autonomie
– dysfonctionnement neurobiologique
– peu d’idées suicidaires
– attention aux manifestations « cachées » d’un réel
syndrome dépressif
De nombreux symptômes
LA DÉPRESSION
– tristesse de l’humeur peut se retrouver à tous les
stades Troubles du sommeil ou de
l’appétit, ralentissement,
– prise de conscience
duirritabilité,
déclin cognitif/autonomie
apathie, pleurs,
clinophilie, baisse
des envies,
– dysfonctionnement
neurobiologique
plaintes somatiques…
– peu d’idées suicidaires
– attention aux manifestations « cachées » d’un réel
syndrome dépressif
De nombreux symptômes
LES TROUBLES DU SOMMEIL
– fragmentation du rythme de sommeil fréquente
– phénomène du « coucher » de soleil
LES TROUBLES DE L’APPÉTIT
– fréquence de l’anorexie (perte d’appétit), raisons
multiples (DTS, apraxie, sensation de faim,…)
– hyperphagie (quantité excessive, grignotage) ≠
hyperoralité (non comestibles)
Les SPCD: quelle efficacité de la prise
en charge?
Les SPCD: quelle efficacité de la prise
en charge?
AGITATION ET MALADIE D’ALZHEIMER
Comparaison: prise en charge comportementale non
médicamenteuse (BMT), Halopéridol (HALDOL°), Trazodone
(TRAZOLAN°) et placebo
Teri L. et al. Neurology, 2000
Les SPCD: quelle efficacité de la prise
en charge?
• Etude chez 149 patients atteints d’une
maladie d’Alzheimer présentant une
« agitation »
• Comparaison: prise en charge
comportementale non médicamenteuse
(BMT), Halopéridol (neuroleptique),
Trazodone (Antidépresseur) et placebo
Teri L. et al. Neurology, 2000
Les SPCD: quelle efficacité de la prise
en charge?
• Etude chez 149 patients atteints d’une
maladie d’Alzheimer présentant une
« agitation »
• Comparaison: prise en charge
comportementale non médicamenteuse
(BMT), Halopéridol (neuroleptique),
Trazodone (Antidépresseur) et placebo
Teri L. et al. Neurology, 2000
Les SPCD: quelle efficacité de la prise
en charge?
• Etude chez 149 patients atteints d’une
maladie d’Alzheimer présentant une
« agitation »
• Comparaison: prise en charge
comportementale non médicamenteuse
(BMT), Halopéridol (neuroleptique),
Trazodone (Antidépresseur) et placebo
Teri L. et al. Neurology, 2000
Les SPCD: quelle efficacité de la prise
en charge?
La prise en charge nécessite:
– D’ANALYSER le(s) trouble(s) (nature, fréquence,
gravité)
– D’ANALYSER l’environnement (lieu de vie, aidants
formels et informels)
– De CONNAITRE le patient et sa maladie (histoire
de vie, comorbidités, diagnostic cognitif)
La prise en charge est forcément individuelle
Recommandations de PEC
Mai 2009
Recommandations HAS 2009
« Il est recommandé d’utiliser en première intention des
techniques de soins appropriées aux troubles du
comportement. Elles peuvent permettre de prévenir le
déclenchement ou la majoration des troubles et d’éviter le
recours à des traitements médicamenteux ».
« Un traitement par psychotrope ne doit pas être instauré si
les symptômes sont d’origine somatique ou iatrogène. (…) Les
psychotropes peuvent être utilisés lorsque les techniques de
soins appropriées sont d’efficacité insuffisante, notamment
quand la sévérité des troubles du comportement met en
danger le patient (…).
Recommandations HAS 2009
« Il est recommandé de demander l’avis d’un autre
professionnel spécialisé (psychiatre, psychologue, neurologue,
gériatre) en cas de comportement difficile à gérer ou à risque
d’aggravation à court terme, de désadaptation à
l’environnement, de danger pour le patient ou pour autrui. »
Les mesures de contention physique doivent rester
exceptionnelles et relever exclusivement d’une prescription
médicale. La contention physique n’est envisageable qu’en cas
d’échec des autres mesures environnementales, relationnelles
et pharmacologiques et lorsqu’un danger élevé existe à très
court terme dans l’attente des autres mesures.
Recommandations HAS 2009
Recommandations HAS 2009
Echelle d’évaluation: NPI NH
Echelle d’évaluation: NPI NH
Présence, fréquence et sévérité des troubles du comportement
Passation par un accompagnant, vivant de préférence avec lui
Explore 10 domaines comportementaux :
–
–
–
–
–
Idées délirantes,
Hallucinations,
Agitation,
Dysphorie / Dépression,
Anxiété,
Euphorie,
Apathie,
Désinhibition / Impulsivité,
Irritabilité,
Comportement moteur aberrant.
2 domaines neurovégétatifs peuvent être pris en compte :
Sommeil et Appétit
12 points maximum par item, soit un score total maximum de 144 points
Cummings J.L et al. Neurology, May 1997
Robert P et al. Serdi, 1998
Echelle d’évaluation: CMAI
Recommandations HAS 2009
Recommandations HAS 2009
Les interventions non
médicamenteuses
Les « techniques de soins » pour aider à
prévenir les troubles:
–
–
–
–
–
–
Reconnaitre les signes avant coureurs
Mettre en confiance, dans un endroit calme
Favoriser la compréhension et la participation
Réorienter régulièrement le sujet
Savoir détourner son attention au besoin
Ne pas se mettre « en opposition »
Les interventions non
médicamenteuses
Aucune n’est à mettre en place « en
systématique »
Sont à adapter à la situation:
• Le sujet (histoire de vie, gouts, personnalité…)
• L’environnement (EHPAD, domicile, professionnels…)
• Au(x) trouble(s) (crise comportementale, situation
chronique…)
Les interventions non
médicamenteuses
Les interventions non
médicamenteuses
Type d’études
Résultats principaux
Références
Intervention multi-domaine
- Baisse agitation sans agressivité
- Augmentation des intérêts
Cohen Mansfield J et al. J
Clin Psychiatry, 2012
Méta-analyse d’interventions sur
les aidants
- Baisse fréquence SPCD
- Amélioration des réactions
Brodarty H et al. Am J
Psychiatry, 2012
Intervention sur les aidants vs
placebo
- Baisse troubles dépressifs chez les
aidants
- Amélioration des réactions
Gitlin LN et al. J Am Geriatr
Soc, 2010
Revue de littérature
- Intérêt: Activités motrices, animaux de O’Neil ME et al. Evidencecompagnie, touché-massages, thérapies based Synthesis Program,
sensorielles, luminothérapie,
2011
musicothérapie.
Méta-analyse
- Niveau de preuve A : interventions
multi-domaines pour les aidants
- Niveau de preuve B : Stimulation
cognitive et interventions multidomaines pour les aidants
Olazarán J et al. Dement
Geriatr Cogn Disord, 2010
Revue systématique de littérature, études randomisées
33 études. Interventions non médicamenteuses, agitation et
démence
« Interventions centrées sur les aidants », « soins adaptés à la
démence », « entrainement aux techniques de
communications » sont efficaces immédiatement et au cours
du suivi (6 mois)
Activités et musicothérapie baissent l’agitation « globale »
Interventions sensorielles baissent l’agitation « aigue »
Livingston G. et al. Br J Psychiatry, 2014
Les interventions non
médicamenteuses
Les interventions non
médicamenteuses
Sont difficiles à évaluer
Pourraient être efficaces sur certains troubles:
Apathie, agitation +/- agressivité, dépression
N’ont pas réellement d’effet indésirable… Même
s’il faut éviter la mise en échec et veiller à
l’acceptation du patient
Les interventions non
médicamenteuses
Des arguments pour une efficacité:
–
–
–
–
Interventions basées sur l’aidant
Interventions ciblant la cognition
Activités motrices
Activités sensorielles
Les interventions multimodales, adaptées au
patient, semblent les plus pertinentes
Les interventions non
médicamenteuses
Des arguments pour une efficacité:
–
–
–
–
Interventions basées sur l’aidant
Interventions ciblant la cognition
Activités motrices
Activités sensorielles
Les interventions multimodales, adaptées au
patient, semblent les plus pertinentes
Intérêt de développer des unités « spécialisées » dans
la prise en charge des SPCD?
Les interventions non
médicamenteuses
Intérêt de développer des unités « spécialisées »
dans la prise en charge des SPCD?
PEC non pharmacologique, adaptation de l’environnement, aide aux
aidants…
Une PEC globale en unité spécialisée est efficace:
- Réduction des SPCD
- Allègement/adaptation des psychotropes
- Sans aggravation de l’autonomie
En hospitalisation (UCC), lieux de vie (UHR, PASA).. Au domicile? (ESA)
Recommandations HAS 2009
Recommandations HAS 2009
Cas de Mr V., 74 ans
Maladie d’Alzheimer à un stade modéré, MMS
17/30
Entré en EHPAD depuis 1 mois, en raison de
troubles du comportement (agitation, opposition)
envers son épouse
Difficultés depuis l’entrée quotidiennes, Mr V.
cherche en permanence à partir, avec une agitation
quotidienne, une agressivité régulière
Cas de Mr V., 74 ans
L’équipe de l’EHPAD est en difficulté. Il est introduit
un neuroleptique: RISPERDONE 1 mg matin et soir
– Ce traitement parait-il indiqué?
– Quels sont les risques principaux de ces
traitements?
Les neuroleptiques: quelles données?
Une efficacité modeste sur certains symptômes
productifs: Idées délirantes, hallucinations,
Ag/Ag
Maher AR. Et al. JAMA, 2011
Schneider LS. Et al, Am J Ger Psy, 2006
Une place dans la gestion « aigue »
Des effets secondaires non négligeables
Les neuroleptiques: quelle efficacité?
Revue systématique de la littérature (sécurité,
efficacité)
14 études chez le SA avec démence
3 études pour les symptômes anxieux (Quetiapine)
Maher AR et al. JAMA, 2011
Les neuroleptiques: quelle efficacité?
Maher AR et al. JAMA, 2011
Les neuroleptiques: quelle efficacité?
Maher AR et al. JAMA, 2011
Les neuroleptiques: quelle efficacité?
Etude en double aveugle, vs placebo
421 patients. Période de suivi: 36 semaines
MA possible ou probable, avec symptômes
« psychotiques « (Hallucinations ou idées
délirantes), Ag/Ag
Schneider LS et al. N Engl J Med, 2006
Les neuroleptiques: quelle efficacité?
Temps d’arrêt
toutes causes
(sem)
Efficacité à
CGIC (%)
Temps d’arrêt
inefficacité
(sem)
Arrêt pour EI
(%)
Syndrome
Parkinsonien
(%)
OLANZAPINE
8,1
32%
22,1
24%
12%
RISPERIDONE
7,4
29%
26,1
18%
10%
QUETIAPINE
5,3
26%
9,1
16%
2%
PLACEBO
8,0
21%
9,0
5%
1%
p=
P=0,51
P=0,22
P=0,002
P=0,009
P<0,001
Schneider LS et al. N Engl J Med, 2006
Les neuroleptiques: quelle efficacité?
Temps d’arrêt
toutes causes
(sem)
Efficacité à
CGIC (%)
Temps d’arrêt
inefficacité
(sem)
Arrêt pour EI
(%)
Syndrome
Parkinsonien
(%)
OLANZAPINE
8,1
32%
22,1
24%
12%
RISPERIDONE
7,4
29%
26,1
18%
10%
QUETIAPINE
5,3
26%
9,1
16%
2%
PLACEBO
8,0
21%
9,0
5%
1%
p=
P=0,51
P=0,22
P=0,002
P=0,009
P<0,001
Schneider LS et al. N Engl J Med, 2006
Les neuroleptiques: quels risques?
Méta-analyse, 18 études
3353 patients sous NRL vs 1757 sous placebo
Sont analysés: OLA-ARI-RIS-QUE
Sujets MA ou apparentées
Schneider LS. Et al. Am J Geriatr Psychiatry, 2006
Les neuroleptiques: quels risques?
Somnolence: OR 2,84 [2,25-3,58]
Chutes: OR 0,93 [0,78-1,11] -> Pas augmentation
Sp extra-pyramidaux: OR 1,80 [1,35-2,42] pour la RIS
Prise de poids: OR 3,42 [1,78-6,56] pour OLA
Sp urinaires: OR 1,28 [1,02-1,61] sauf OLA
AVC: OR 2,13 [1,20-3,75]
-> surtout RIS: OR 3,43 [1,60-7,32]
Schneider LS. Et al. Am J Geriatr Psychiatry, 2006
Les neuroleptiques: quels risques?
Les neuroleptiques: quels risques?
Décès sous Neuroleptiques: OR 1.54; IC 95%, [1.06-2.23]
Pas d’influence des autres facteurs (sévérité, diagnostic…)
Schneider LS. Et al. JAMA, 2005
Comparativement à Risperidone: HAL: 2,07 [ 1,89-2,26]; QUE:
0,81 [0,75-0,88]
Risque principal en début de traitement, dose / dépendant
(sauf QUE)
Huybrechts KF et al. BMJ, 2012
Les neuroleptiques: quels risques?
Etude rétrospective, cas-témoins
90 786 patients, MA > 65 ans
Suivis sur 180 jours
Maust et al. JAMA Psy, 2015
Les neuroleptiques: quels risques?
Molécule (DCI)
Risque de mortalité
Nombre de patients à traiter pour 1
DC (n=)
Haloperidol
3.8%
26
Risperidone
3.7%
27
Olanzapine
2.5%
40
Quetiapine
2%
50
Maust et al. JAMA Psy, 2015
Les neuroleptiques: quels risques?
Les neuroleptiques: quels risques?
Augmentation du risque de mortalité
D’autres EI potentiels, certains connus, d’autres moins
Des risques communs à tous
Mais dont la fréquence varie selon les molécules
Les neuroleptiques: quels risques?
Augmentation du risque de mortalité
D’autres EI potentiels, certains connus, d’autres moins
Des risques communs à tous
Mais dont la fréquence varie selon les molécules
COMMENT CHOISIR ?
Neuroleptiques « conventionnels » vs
« atypiques »
Cohorte rétrospective de 22 890 sujets âgés de 65 ans
recevant un traitement neuroleptique.
Analyse du risque de décès dans les 180 jours
Wang PS. Et al. N Eng J Med, 2005
Neuroleptiques « conventionnels » vs
« atypiques »
Risque de décès
supérieur sous
traitements
conventionnels vs
atypiques
Les atypiques ne devraient donc pas en théorie être
remplacés par un traitement conventionnel
Wang PS. Et al. N Eng J Med, 2005
Les neuroleptiques: le moment du
choix
Efficacité modeste
Symptômes “productifs”: idées délirantes, hallucinations, Ag/Ag
Un profil de tolérance variable selon les molecules:
Prendre en compte les comorbidités, l’état general…
Privilégier la prise orale, à la dose la plus faible possible
Pour la durée la plus courte possible
Les NRL atypiques (2eme generation):
Une efficacité au moins équivalente
Une tolerance meilleure
Focus sur la Quétiapine
Complexité d’utilisation liée à la galénique
Une tolérance meilleure que les autres NRL atypiques:
Pas plus de Sp EP, CV et risque d’AVC que le placebo
Maher AR et al. JAMA, 2011
Mortalité toutes causes confondues moindre que les autres NRL
Maust DT et al. JAMA Psychiatry, 2015
Une efficacité faiblement significative:
Comparable aux autres NRL atypiques
Cheung G et al. N Z Med J, 2011
Maher AR et al. JAMA, 2011
Supérieure sur certains SP associés: Anxiété, sommeil
Maher AR et al. JAMA. Sept 2011
Reparlons de Mr V., 74 ans
Sous Risperidone 2 mg/jour, les troubles du
comportement s’améliorent
Malheureusement, apparait progressivement un
trouble de la marche, d’allure Parkinsonienne
– Peut-on faire « autrement » ?
– Quel(s) autre(s) traitement(s) en relais?
Peu de classes pharmacologiques…
Anticholinestérasiques, Mémantine
Antipsychotiques
Antidépresseurs
Antiépileptiques
Anxiolytiques
hypnotiques
…
Psychotropes et SPCD
Classe
pharmacologique
Mécanisme d’action principal
Efficacité
Etude
Anti-cholinestérasiques Inhibition dégradation de
l’Acétylcholine
NPI global
Agitation
Légers à modérés
Tariot PN et al.
Neurology, 2000
Mémantine
Antagoniste récepteurs NMDA
NPI global
Agitation/Agressivité
Modérés à sévères
Gauthier S et al. Int
J Geriatr Psychiatry,
2005
Antidépresseurs
Inhibition recapture de la
Sérotonine
NPI global
Agitation,
Anxiété
Porsteinsson AP et
al. Neurodegener
Dis Manag, 2014
Antiépileptiques
(Carbamazepine)
Variable (GABA, Glutamate, canaux
ioniques)
BPRS globale
Agitation/agressivité
Stades sévères
Tariot PN et al, Am
J Psychiatry, 1998
Neuroleptiques
Antagonistes Dopa
Amélioration globale
(ARI, RIS, OLA, QUE)
Maher AR et al.
JAMA, 2011
Troubles psychotiques,
agitation/agressivité: Quels traitements?
Antipsychotiques atypiques/Benzodiazepines
Antidépresseurs (IRS), trazodone
Anti-épileptiques: carbamazepine, gabapentine…
Inhibiteurs des cholinestérases
Mémantine
Dépression et anxiété dans la démence:
Quels traitements?
SSRI
– Sertraline (50 – 75 mg/j)
– Citalopram (20 mg/j)
– (Fluoxetine, Paroxetine)
SNRI
– Venlafaxine (75-150 mg/j)
– Mirtazapine (15-45 mg/j)
Triazolopuridines
– Trazodone (150 mg/j)
Benzodiazepine
– Alprazolam
– Oxazepam
SPCD: Quelle stratégie de prise en
charge?
SPCD: Quelle stratégie de prise en
charge?
ANALYSER le trouble:
–
–
–
–
Environnement, patient
Le/les troubles: fréquence, gravité, retentissement
A l’aide d’échelles, en équipe/famille
Facteur déclenchant/agravant?
Evaluer l’INDICATION d’un traitement « aigu »:
– En fonction du trouble, du patient (et comorbidités),
de l’environnement, de la pathologie
– En évaluant la balance bénéfice/risque
SPCD: Quelle stratégie de prise en
charge?
SURVEILLER la tolérance:
– Vigilance, marche, alimentation
– ECG sous neuroleptiques?
Envisager un traitement « DE FOND »
– Ayant une balance bénéfice/risque plus favorable
– En fonction de la pathologie, du trouble, du
patient…
Cas particulier de la DCL
Dépôts corticaux et sous corticaux de « corps de Lewy »
(agrégats d’alpha-synucléine)
Présentation et complications multiples: cognitive, motrice,
comportementale
Fréquence de troubles du comportement:
Comportements moteurs en sommeil paradoxal
Hallucinations
Les hallucinations, surtout au stade léger, sont plus fréquentes
que dans MA (p<0,005)
Rockwell E et al. Int J Geriatr Psychiatry, 2000
Cas de Mme P.
Mme P, 73 ans, couturière à la retraite
Un diagnostic de maladie à corps de Lewy a été porté il y
a 1 an: troubles cognitifs modérés, MMSE 18/30.
Légère akinésie avec tremblements aux membres
supérieurs
En raison de l’apparition d’hallucinations visuelles, est mis
en place un neuroleptique: Risperidone 1 mg par jour
Cas de Mme P.
Après 15 jours de RISPERIDONE, apparait un
trouble de la marche franc, d’allure
parkinsonienne, avec des chutes multiples.
Cas de Mme P.
Après 15 jours de RISPERIDONE, apparait un
trouble de la marche franc, d’allure
parkinsonienne, avec des chutes multiples.
Que pensez-vous du choix du psychotrope?
SPCD: Cas particulier de la DCL
Anti-cholinestérasiques: efficacité sur certains symptômes
(apathie, anxiété, hallucinations, idées délirantes)
Troubles moteurs en sommeil paradoxal: améliorés par
CLONAZEPAM, MELATONINE, CLOZAPINE
Stinton et al. Am J Psychiatry, 2015
Neuroleptiques formellement contre-indiqués (hormis
CLOZAPINE)
SPCD: Cas particulier de la DCL
Anti-cholinestérasiques: efficacité sur certains symptômes
(apathie, anxiété, hallucinations, idées délirantes)
Troubles moteurs en sommeil paradoxal: améliorés par
CLONAZEPAM, MELATONINE, CLOZAPINE
Stinton et al. Am J Psychiatry, 2015
Neuroleptiques formellement contre-indiqués (hormis
CLOZAPINE)
50% des DCL exposées à un neuroleptique développeront une
hypersensibilité (aggravation motrice, cognitive, syndrome malin)
Recommandations HAS 2009
Recommandations HAS 2009
Cas de Mr B., 78 ans
Patient vivant à l’unité ouverte de l’EHPAD
Présente une maladie d’Alzheimer à un stade
modéré. MMS récent à 19/30
Ce matin, a présenté une crise aigue
comportementale importante: Agitation, hétéroagressivité, idées de persécution. Aucune
mesure de réassurance n’est efficace.
Cas de Mr B., 78 ans
Mr B. n’a jamais présenté de trouble du
comportement. Il n’a pas d’autre antécédent
important. Son seul traitement est de
l’Amlodipine
Cas de Mr B., 78 ans
Mr B. n’a jamais présenté de trouble du
comportement. Il n’a pas d’autre antécédent
important. Son seul traitement est de
l’Amlodipine
Quel traitement médicamenteux pour gérer
cette « crise comportementale »?
Traitement de la crise
Agitation sévère SANS AGESSIVITE PHYSIQUE
Si anxiété prédominante: Benzodiazépines à pic
d’action rapide et à demi vie courte per os : par ex
Oxazepam 25mg (50mg si patient déjà sous
benzodiazépines).
Si délire et hallucinations prédominants:
Neuroleptiques peu anticholinergiques per os : par
ex Haloperidol 10 à 20 gouttes (+10 gouttes si
patient déjà sous neuroleptiques).
Traitement de la crise
Agitation sévère AVEC AGRESSIVITE PHYSIQUE
Si délire et hallucinations prédominants: Neuroleptiques
peu anticholinergiques per os : par ex Halopéridol 10 à 20
gouttes (+10gouttes si patient déjà sous neuroleptiques).
Si voie orale possible et DANGEROSITE : par ex Loxapine
25 gouttes.
Si voie orale impossible et DANGEROSITE : contention
physique et administrer Halopéridol ou Loxapine 1/2
ampoule IM (Si AVK = IM à discuter).
Traitement de la crise
Cas particulier de la DCL
Dans le cas où un neuroleptique est indiqué et
voie per os possible : CLOZAPINE.
Dans le cas où voie per os impossible :
CHLORAZEPATE 50mg IM (longue demi-vie, à
éviter dans les autres situations).
Recommandations HAS 2009
Recommandations HAS 2009
Et la
Contention?
La contention: une entrave à la liberté
d ’aller et venir..?
Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen
(1789):
« les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit »
« la liberté consiste à ne pas faire tout ce qui nuit à autrui »
Convention Européenne des droits de l’homme (1947):
Droit de circulation, du choix de résidence
Restriction possible pour: Maintien de sécurité
nationale/publique, l’ordre, protection d’autrui, protection de la
santé
Qu’appelle-t-on une contention?
Contention dite ACTIVE…
Contention dite PASSIVE:
« Tous moyens, méthodes, matériels ou vêtements, qui empêchent ou
limitent les capacités de mobilisation volontaire de tout ou d’une partie du
corps, dans le seul but d’obtenir de la sécurité pour une personne âgée qui
présente un comportement estimé dangereux ou mal adapté ».
ANAES, 2000
La contention physique: un constat
Prévalence:
Dans les services de court séjour: 18 à 22%
Sujets âgés: 3 fois plus de risque d’être attachés durant leur séjour
En institution ou en long séjour: 20 à 84%
ANAES, 2000
Les circonstances de la mise en place:
Chutes ou craintes de chutes (80% à 90% en USLD)
Troubles comportementaux (déambulation excessive, agitation)
Motif médical (perfusion, sonde...)
Hamers JP et al. J Adv Nurs, 2004
Huizing A.R et al. BMC Geriatrics, 2006
Cas de Mr H., 69 ans
Mr H., vit en EHPAD depuis 15 jours
MA modérément sévère. Traitements: Risperidone, Amlodipine
Mr H. présente une déambulation quotidienne avec agitation motrice.
Il a du mal à rester à table aux moments des repas
Cas de Mr H., 69 ans
Mr H., vit en EHPAD depuis 15 jours
MA modérément sévère. Traitements: Risperidone, Amlodipine
Mr H. présente une déambulation quotidienne avec agitation motrice.
Il a du mal à rester à table aux moments des repas
L’équipe soignante décide de mettre en place une
contention pelvienne au fauteuil « pour sa sécurité
et celle de l’environnement »
Cas de Mr H., 69 ans
Qu’en pensez-vous?
Quelle discussion éthique faut-il avoir?
Recommandations HAS 2009
Les mesures de contention physique doivent rester exceptionnelles et relever
exclusivement d’une prescription médicale. La contention physique n’est
envisageable qu’en cas d’échec des autres mesures environnementales,
relationnelles et pharmacologiques et lorsqu’un danger élevé existe à très
court terme dans l’attente des autres mesures.
Avec un protocole de suivi et de surveillance
Discussion éthique autour de la
contention dans les SPCD
Au préalable: concertation pluridisciplinaire (famille? Patient?)
Au quotidien: formation/information des soignants (prise en
charge médicamenteuse et non médicamenteuse des SPCD)
Analyse de la balance bénéfice/risque, la tolérance de la
contention
Au quotidien: une réévaluation régulière de la contention,
alternatives?
Discussion éthique autour de la
contention dans les SPCD
Doit rester une exception, n’être utilisée qu’en dernier recours
Dans l’objectif de mettre en place des mesures « non
pharmacologiques » ou de réaliser des soins nécessaires
Être prescrite par le médecin
Induire une surveillance rapprochée de tolérance et efficacité
Selon les cas: être expliquée (patient, famille, personne de
confiance)
Sur le plan éthique, la contention
physique
Sur le plan éthique, la contention
physique
Sécurité
Liberté
Chez les majeurs non protégés, peu/pas de cadre légal
La restriction de liberté, pour des raisons de sécurité (patient OU
environnement), nécessite concertation, information, surveillance,
réévaluation
Utilité d’un « programme »
d’évaluation de la contention?
Formation initiale sur 2 jours et réunions mensuelles
concernant la contention:
-
Baisse du nombre de contention mises en place à 6 mois
Baisse de l’agitation à 6 mois et 12 mois (échelle Agitation de
la C&M)
Testad I et al. J Clin Psychiatry, 2010
EN CONCLUSION
La prise en charge des SPCD repose sur
Une connaissance globale: patient, aidants,
environnement, maladie
Les SPCD sont complexes, souvent multifactoriels. Les limites
de l’environnement sont à évaluer
Une évaluation initiale et continue du
symptôme (échelles)
Derrière une agitation peuvent se cacher une douleur, des
hallucinations, des idées délirante…
Les mesures non pharmacologiques
Une efficacité difficile à démontrer
Doivent être privilégiées autant que possible
Sont adaptées au patient, ses goûts, son histoire
de vie…
Les mesures non pharmacologiques
Une efficacité difficile à démontrer
Doivent être privilégiées autant que possible
Sont adaptées au patient, ses goûts, son histoire
de vie…
Et les habitudes de la structure
Les thérapeutiques médicamenteuses
Peu de niveaux de preuve « suffisants »
Des consensus d’experts, des habitudes et
expériences de prescription
Des effets secondaires NON NEGLIGEABLES
Les thérapeutiques médicamenteuses
Peu de niveaux de preuve « suffisants »
Des consensus d’experts, des habitudes et
expériences de prescription
Des effets secondaires NON NEGLIGEABLES
Un consensus entre le patient et l’environnement
Un choix de la balance bénéfice/risque
La contention physique
Doit être évaluée, discutée, prescrite, surveillée
N’est à mettre en place qu’en dernière intention
Présente certains risques: Escarres, confusion, agitation,
inconfort
Un programme « d’information, d’éducation » sur la
contention, peut permettre:
De réduire son utilisation (ou de l’optimiser)
De réduire certaines de ses complications
De réduire certains troubles du comportement
Merci de votre attention
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