Les Symptômes Psychologiques et Comportementaux de la Démence (SPCD) Dr COFFY JM (Réseau MADO) 15/04/2014 Les Symptômes Psychologiques et Comportementaux de la Démence (SPCD) sont, avec les troubles cognitifs, une composante clinique de la maladie d’Alzheimer et des pathologies apparentées. Leur fréquence et leurs répercussions négatives sur la prise en charge de l’aidé en font une préoccupation majeure pour l’ainé, ses proches et les aidants. Leur survenue est souvent imprévisible, ils sont variables dans le temps, et sont fréquemment associés entre eux. Leur repérage est encore soumis à la subjectivité du patient mais aussi de l’aidant. 90% des patients atteints de la maladie d’Alzheimer présentent au moins un symptôme de SPCD, mais une grande variabilité interindividuelle est notée. Quelques définitions pour parler le même langage - Les Symptômes comportementaux - Les Symptômes psychologiques Les symptômes comportementaux - L’opposition correspond au refus, refus de soins, de respecter les règles sociales, de coopérer…Parfois interprétée à tort pour de l’agressivité ou un désir de nuire. - L’agitation est une activité verbale, vocale ou motrice inappropriée, ne résultant pas, selon un observateur extérieur, d’un besoin ou d’un état de confusion. - L’agressivité, physique ou verbale, est un comportement qui est perçu par l’entourage du patient comme violent envers les personnes ou les objets. Elle est souvent assimilée à une menace ou un danger pour l’environnement ou le patient lui-même - Les comportements de déambulation avec errance : déambulation ou locomotion répétitive et aléatoire, sans but apparent ou rationnel pour l’observateur, à distinguer du déplacement volontaire qui comporte habituellement un but, une visée ou une intention (ex : fugue) ou d’un état de préoccupation, d’attente ou d’impatience (marcher de long en large ou faire les cents pas) - Les cris ou les comportements vocaux inadaptés : verbalisations compréhensibles ou non, ils sont souvent l’expression d’une détresse psychologique, d’un inconfort, de demande d’attention. - La désinhibition correspond à un comportement impulsif et inapproprié, par rapport aux normes sociales et familiales, au moment où ce comportement est observé. - Réaction de catastrophe : état de détresse manifesté par les personnes en situation de difficulté ou d’échec (anxiété-agressivité-refus) - Le syndrome crépusculaire : apparition ou exacerbation des SPCD à l’heure du coucher du soleil Les symptômes psychologiques • Les idées délirantes : perceptions, convictions et jugements erronés de la réalité par le sujet (vol, préjudice, non-identification, sensation d’abandon (en institution), …) • Les hallucinations : perception sensorielle sans objet. • Les illusions : perception inexacte ou interprétation erronée d’un stimuli extérieur réel avec une conviction délirante. • La dépression : la symptomatologie de la dépression au cours des démences, fait l’objet de controverses : changements de comportements aigus inexpliqués, humeur dépressive envahissante, autodépréciation … • L’apathie : manque d’intérêt dans les activités de la vie quotidienne, les soins personnels, les interactions sociales. • L’anxiété : isolée ou associée aux signes de SCPD, polymorphe : manifestations neurovégétatives, troubles comportementaux (agitation), réactions de catastrophe, syndrome de Godot (questionnement incessant), peur d’être laissé seul … ENQUETE ETIOLOGIQUE •Éliminer une confusion - Désorganisation aigue de l’ensemble des fonctions cognitives et comportementales mais n’étant pas due à des lésions structurelles du cerveau • Syndrome déficitaire : désorientation temporospatiale , troubles de mémoire et de l’attention , troubles de la vigilance , « comportement anormal » . • Syndrome productif : hallucinations , délires . Confusion aigue chez la personne âgée • Causes somatiques : - Douleur - rétention d’urine - fécalome infections - troubles métaboliques - Iatrogénie (anticholinergiques) - Intoxication - sevrages • Causes psychiatriques : - Décompensation d’une maladie psychiatrique préexistante, expression polymorphe pouvant reproduire un SPCD - Révélation d’une pathologie psychiatrique méconnue • Facteurs précipitants – Décompensation d’un « état fragile » lié au stress induit par un événement en apparence anodin – Le patient se sent contraint à une situation qu’il n’a pas choisie ou préparée • Facteurs prédisposants - Facteurs cognitifs : • Un lien est démontré entre sévérité de la démence et émergence des SPCD. • Rechercher les troubles ayant le plus de conséquences sur l’adaptation du patient à la vie quotidienne : orientation temporo-spatiale, reconnaissance, expression, compréhension verbale -Facteurs somatiques - Pathologies chroniques génératrices de stress, de handicap et de contraintes - La douleur – Facteurs d’autonomie Déficits sensoriels, difficultés d’adaptation, handicaps perturbant les AVQ générateurs d’anxiété, de dépendance à autrui – Facteurs d’environnement Les modifications de lieu de vie et de l’environnement nécessitant une adaptation de la personne sont des facteurs de vulnérabilité et d’aggravation des SCPD. Les interactions parents aidants Les capacités d’adaptation aux modifications du lieu et du style de vie • Facteurs de personnalité – Personnalité antérieure, style de vie , réaction au stress, capacité à faire face… • Facteurs relationnels – Attitude des aidants face aux troubles (capacité d’empathie, d’anticipation, d’adaptation). – Degré d’information et de formation. PREVALENCE La survenue des SCPD est très importante (90% des maladies d’Alzheimer présentent au moins un symptôme), Cette fréquence tend à augmenter avec la sévérité du déficit cognitif (1/3 ont des symptômes d’intensité sévère) Dans les formes légères à modérées, les symptômes les plus fréquents sont l’apathie (jusqu’à 50%), les symptômes dépressifs (40 à 50%), l’agitation et l’agressivité . Les symptômes affectifs ou les signes psychotiques sont souvent épisodiques mais récurrents dans 2/3 des cas. Les symptômes comportementaux augmentent parallèlement au déclin cognitif. Les SCPD peuvent varier selon le type de démence : les hallucinations sont fréquentes dans les démences à corps de Lewy (80%) de même que les symptômes psychotiques, les comportements impulsifs et la désinhibition sont plus fréquents dans les démences fronto-temporales. • Agitation, agressivité, déambulation, opposition, troubles psychotiques ont un retentissement fonctionnel important sur le patient, ce sont les symptômes les plus envahissants , les plus difficiles à gérer pour les aidants et les plus difficiles à supporter pour l’entourage • Par conséquence : – ils influencent le plus le fardeau, la qualité de vie et la santé de l’aidant et alourdissent la charge économique – Ils influencent la qualité de la prise en charge qui peut être altérée (négligence-maltraitance) – Ils favorisent le passage en institution CONDUITES PRATIQUES • Principes de base • « A FAIRE ET NE PAS FAIRE » • SAVOIR-ETRE ET SAVOIR-FAIRE Principes de base • Respect de la dignité – Le tutoiement n’est jamais ni adapté ni justifié – Appeler la personne par son nom de famille et la vouvoyer (des exceptions peuvent être faites pour certaines personnes pour autant que cela soit validé par les aidants, l’ainé ou son représentant) • Approche centrée sur la personne – Se concentrer sur la personne plutôt que sur sa maladie, sur ses forces et ses capacités plutôt que ses faiblesses • Éviter l’infantilisation – Ceci serait un manque de respect. De plus elle peut provoquer une résistance aux soins. • Comportement – Proscrire (sauf urgence) toute invasion rapide de l’espace personnel – S’annoncer avant d’arriver ce qui permet d’attirer son attention (= capture attentionnelle) – Éviter de dominer l’ainé, se mettre à sa hauteur autant que possible – Éviter de se déplacer rapidement et les grands gestes • Contact – Établir un contact visuel avant de commencer à parler ou d’entreprendre un soin et le maintenir autant que possible ; mais attention le regard ne doit pas être perçu comme une provocation – S’assurer d’une bonne luminosité, du port des lunettes et appareillages auditifs – Diminuer les stimulis environnementaux qui peuvent nuire à l’attention et à la concentration – Compatibilité du discours verbal et du comportement non verbal • Discours – Adopter un débit plutôt lent, des phrases courtes, un vocabulaire simple – Une indication ou une consigne à la fois – Favoriser les demandes positives, les demandes directives sont préférables aux demandes où l’ainé doit faire un choix, mais ne jamais donner d’ordre – Ne pas crier. Si mal entendant, abaisser la tonalité de la voix et parler distinctement, face à lui. – Ne jamais mentir sauf en dernier recours, le mensonge nuit à la relation de confiance et va à l’encontre du respect de la personne • Ne jamais oublier que le silence et la simple présence auprès de l’ainé valent souvent de l’OR « SAVOIR FAIRE SAVOIR ÊTRE » Bibliographie • HAS service des bonnes pratiques professionnelles – Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées:prise en charge des troubles du comportement perturbateurs – Confusion aigue chez la personne âgée : prise en charge initiale de l’agitation. • • • • • • Les symptômes psychologiques et comportementaux de la démence description et prise en charge ,P Brocker et coll , la revue de gériatrie Tome 30 N°4 avril 2005 Reconnaître et traiter les symptômes comportementaux de la démence .Peter N.McCracken et coll. , La revue canadienne de la maladie d’Alzheimer et autres démences , Février 2009 Gestion optimale des symptômes comportementaux et psychologiques de la démence chez les ainés vivant en institution de longue durée .Centre de santé et de services sociaux de Portneuf . Février 2012. Ces troubles qui nous troublent. Les troubles du comportement dans la maladie d’Alzheimer et les autres syndromes démentiels. Edition ERES 2010 . Dépression ou démence ? Comment aborder l’évaluation du patient . Lilian Thorpe . La revue canadienne de la maladie d’Alzheimer et autres démences , Septembre 2009. La fragilité . D Balas et coll . Corpus de gériatrie tome 2 .