Universit´e Denis Diderot Paris 7, Semestre F´evrier-juin 2005
Cours d’arithm´etique (M1)
(Marc Hindry : [email protected] )
PLAN
Premi`ere partie : structures finies page 3
Rappels sur Z/mZ, (Z/mZ)et Fq. page 3
La structure des groupes (Z/mZ)et Fq. page 5
Symboles de Legendre et Jacobi). page 7
Sommes de Gauss. page 9
Applications au nombre de solutions d’´equations. page 12
Applications I : algorithmes, primalit´e et factorisation. page 16
Algorithmes de base. page 16
Cryptographie, RSA. page 17
Test de Primalit´e (I). page 19
Test de Primalit´e (II). page 22
Factorisation. page 25
Applications II : Codes correcteurs. page 28
G´en´eralit´es sur les codes correcteurs. page 28
Codes lin´eaires cycliques. page 31
Deuxi`eme partie : Alg`ebre et ´equations diophantiennes. page 36
Sommes de carr´es. page 36
Equation de Fermat (n= 3 et 4). page 41
Equation de Pell-Fermat x2dy2= 1. page 43
Anneaux d’entiers alg´ebriques. page 49
Troisi`eme partie : th´eorie analytique des nombres page 55
Enonc´es et estimations “´el´ementaires”. page 55
Fonctions holomorphes (r´esum´e/rappels). page 58
S´eries de Dirichlet, fonction ζ(s). page 61
Caract`eres et th´eor`eme de Dirichlet. page 63
Le th´eor`eme des nombres premiers. page 68
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BIBLIOGRAPHIE (commenee subjectivement)
D. Perrin, Cours d’alg`ebre, Ellipses. (excellent livre particuli`erement recommand´e pour la pr´eparation `a
l’agr´egation)
M. Demazure, Cours d’alg`ebre, Cassini, Paris, 1997. (surtout pour la partie “structures finies” et algorithmes)
K. Ireland, M. Rosen, A classical introduction to modern number theory, Graduate texts in math. 84,
Springer, 1982. (comme le titre l’indique . . . )
P. Samuel, th´eorie alg´ebrique des nombres, Hermann. (traite les anneaux de Dedekind `a un niveau un peu
plus ´elev´e que ce cours – deuxi`eme partie – mais si bien ´ecrit. Un classique)
A. Baker, Transcendental Number Theory, Cambridge University Press, 1975. (les toutes premi`eres pages
emontrent la transcendance de eet π, le reste du livre est plus sp´ecialis´e)
. . . et mes livres pr´ef´er´es :
G. H. Hardy and E. M.Wright, An introduction to the theory of numbers, Oxford University Press, 4th
ed.,1960. (pr´esentation de la plupart des sujets de th´eorie des nombres `a un niveau ´el´ementaire, tr`es at-
trayant!)
J.-P. Serre, Cours d’arithm´etique, Presses Universitaires de France, 1970. (Un classique insurpassable.
J’utiliserai le d´ebut sur les corps finis, la loi de r´eciprocit´e et la partie th´eorie analytique pour les s´eries
et th´eor`eme de Dirichlet )
Borevich, Shafarevich, Th´eorie des nombres (traduit du russe), Gauthier-Villars. (Un tr`es joli livre qui,
mˆeme s’il d´emarre `a un niveau ´el´ementaire, est d’un niveau plus ´elev´e que ce cours)
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Universit´e Denis Diderot Paris 7, Semestre F´evrier-juin 2004
Cours de maˆıtrise : arithm´etique
Premi`ere partie : Structures finies Z/nZ, (Z/nZ), Fq, F
q.
A. Rappels sur Z/nZ, (Z/nZ),Fq,F
q.
B. La structure des groupes (Z/nZ)et F
q.
C. Symboles de Legendre et Jacobi.
D. Sommes de Gauss.
E. Applications au nombre de solutions d’´equations.
A. Rappels sur Z/nZ, (Z/nZ), Fq, F
q.
La th´eorie des congruences am`ene, pour chaque entiers n2, `a consid´erer l’anneau Z/nZainsi que le
groupe de ses ´el´ements inversibles (pour la multiplication) (Z/nZ). Pour chaque puissance d’un nombre
premier q=pf, il existe un corps fini de cardinal q, unique `a isomorphisme pr`es, not´e Fq. Nous rappelons
la construction de ces objets et pr´ecisons leurs principales propri´et´es.
Le groupe Zest l’unique groupe (`a isomorphisme pr`es) qui est cyclique (engendr´e par un ´el´ement) et infini.
Tous ses sous-groupes sont du type mZpour m0. L’ensemble Zest ´egalement muni d’une multiplication
qui en fait un anneau commutatif. Dans cet anneau on a la notion de divisibilit´e et de PGCD et PPCM.
Dans le cas de Zla notion d’id´eal co¨ıncide avec celle de sous-groupe. On peut en d´eduire facilement le
th´eor`eme suivant
Th´eor`eme. (B´ezout) Soit m, n Zet soit dleur PGCD, alors il existe u, v Ztels que
d=um +vn.
Preuve. L’ensemble H:= mZ+nZ={um +vn |u, v Z}est clairement un sous-groupe; il est donc de la
forme d0Zet il existe u, v tels que d0=um +vn. Comme ddivise met n, on voit que ddivise um +vn =d0
mais m, n appartiennent `a Hdonc d0divise met ndonc d0divise ´egalement det on conclut que dZ=d0Z
(on aura mˆeme d=d0si l’on a pris soin de les prendre tous les deux positifs).
Le groupe Z/nZest l’unique groupe cyclique `a n´el´ements (`a isomorphisme pr`es) i.e. engendr´e par un
´el´ement d’ordre n. On peut d´ej`a ´etudier ses g´en´erateurs
Proposition. Soit mZet ¯msa classe dans Z/nZ, les trois propri´et´es suivantes sont ´equivalentes
(i) L’´el´ement ¯mest un g´en´erateur de Z/nZ.
(ii) Les ´el´ements met nsont premiers entre eux.
(iii) L’´el´ement ¯mest inversible modulo n, c’est-`a-dire qu’il existe m0Ztel que mm01 mod nou encore
¯m¯m0= 1 Z/nZ.
Preuve. Supposons que ¯mengendre Z/nZalors il existe m0Ztel que m0¯m= 1 Z/nZ; ainsi mm0
1 mod nce qui signifie que mest inversible modulo n. Si mm01 mod nalors mm0= 1 + an et donc m
est premier avec n. Si mest premier avec nalors, d’apr`es le th´eor`eme de B´ezout, il existe a, b tels que
am +bn = 1 donc a¯m= 1 Z/nZet donc ¯mengendre Z/nZ.
Exercice. Montrer que si, dans un groupe commutatif, l’ordre de x1est d1, l’ordre de x2est d2avec d1et
d2premiers entre eux, alors l’ordre de x1x2est d1d2. Montrer ´egalement que si, dans un groupe cyclique,
l’ordre de x1est d1, l’ordre de x2est d2, alors l’ordre du sous-groupe engendr´e par x1et x2est ´egal au
PPCM de d1et d2.
Le groupe des ´el´ements inversibles de l’anneau Z/nZest ´egal `a
(Z/nZ)={¯mZ/nZ|mest premier avec n}={en´erateurs de Z/nZ}.
efinition. On note φ(n) := card(Z/nZ)l’indicatrice d’Euler.
3
On en d´eduit facilement que, si pest premier, φ(pr) = prpr1= (p1)pr1. Le calcul en g´en´eral de φ(n)
se fait grˆace au lemme classique suivant.
Proposition. (Lemme chinois) Soit m, n Z, supposons met npremiers entre eux, alors les groupes
Z/mnZet Z/mZ×Z/nZsont naturellement isomorphes. De plus cet isomorphisme est aussi un isomorphisme
d’anneaux et, par cons´equent induit un isomorphisme entre (Z/mnZ)et (Z/mZ)×(Z/nZ). En particulier
φ(mn) = φ(m)φ(n).
Preuve. Consid´erons l’application f:ZZ/mZ×Z/nZdonn´ee par x7→ (xmod m, x mod n). C’est un
homomorphisme de groupe de noyau ppcm(m, n)Z, d’o`u une injection
ˆ
f:Z/ppcm(m, n)ZZ/mZ×Z/nZ.
Comme met nsont suppos´es premiers entre eux, on a ppcm(m, n) = mn et, pour des raisons de cardinalit´e,
l’homomorphisme ˆ
fdoit ˆetre un isomorphisme. De mani`ere g´en´erale, si Aet Bsont des anneaux, on a
(A×B)=A×Bd’o`u la deuxi`eme assertion.
Rappelons que, d’apr`es le th´eor`eme de Lagrange l’ordre d’un sous-groupe divise toujours l’ordre du groupe.
La description des sous-groupes de Z/nZest assez simple.
Proposition. Pour chaque entier d1divisant n, il existe un unique sous-groupe de Z/nZd’ordre d, c’est
le sous-groupe cyclique engendr´e par la classe de n/d dans Z/nZ.
Preuve. Supposons n=dd0alors l’´el´ement x=¯
d0Z/nZest d’ordre dcar clairement dx = 0 et, si
cx = 0 alors ndivise cd0donc ddivise c. Soit maintenant Hun sous-groupe de Z/nZd’ordre d. Notons
s:ZZ/nZla surjection canonique. On sait que s1(H) = mZest engendr´e par mdonc Hest engendr´e
par ¯mZ/nZ. On a d¯m= 0 donc ndivise dm donc d0divise mdonc le sous-groupe Hest contenu dans le
sous-groupe engendr´e par ¯
d0et donc ´egal `a ce sous-groupe.
Comme application, on peut en tirer la formule (que nous utiliserons plus bas)
n=X
d|n
φ(d).
En effet on ´ecrit Z/nZcomme union (disjointe) des ensembles d’´el´ements d’ordre dpour ddivisant n. Le
nombre de ces ´el´ements est le nombre de g´en´erateurs de l’unique sous-groupe de cardinal d, et comme ce
dernier est isomorphe `a Z/dZ, le nombre de g´en´erateurs est φ(d).
Un corps fini kest n´ecessairement de caract´eristique finie ´egale `a pun nombre premier et contient donc
Z/pZ=Fp(l’homomorphisme Zka pour noyau nZavec n > 0 et comme Z/nZkon doit avoir
npremier). La dimension de ksur Fp, comme Fp-espace vectoriel est finie, ´egale disons `a fet donc
card(k) = pf. On observe que card(k) = pf1 donc tous les ´el´ements de kv´erifient xpf1= 1 et donc
tous les ´el´ements de kv´erifient xpf=x. Inversement on peut en d´eduire une construction d’un corps `a
pf´el´ements ainsi : on consid`ere une extension Kde Fp=Z/pZdans laquelle le polynˆome P=XpfX
est scind´e et on pose k:= {xK|P(x) = 0}. Comme P0(X) = 1, les racines de Psont simples et
card(k) = deg(P) = pf; de plus kest un sous-corps de Kcar, en caract´eristique p, l’application “Frobenius”
d´efinie par φ:x7→ xpest un homomorphisme de corps de mˆeme que φf. C’est-`a-dire que l’on a :
(xy)p=xpypet (x+y)p=xp+yp.
D’apr`es les th´eor`emes g´en´eraux de th´eorie des corps le corps kde cardinal pfest donc unique `a isomorphisme
pr`es, on le note Fpf. esumons cela dans un ´enonc´e.
Th´eor`eme. Soit ppremier et f1, notons q=pf. Il existe un corps fini de cardinal q, unique `a
isomorphisme pr`es. Les ´el´ements de Fqsont les racines du polynˆome XqXZ/pZ[X].
4
Corollaire. Soit q=pfet Fqcomme ci-dessus. Les sous-corps de Fqsont isomorphes `a un Fpdavec d
divisant f. Inversement si ddivise fil existe un unique sous-corps de Fqisomorphe `a Fpd: c’est l’ensemble
des ´el´ements v´erifiant xpd=x.
Preuve. Si l’on a FpkFqalors on a card(k) = pdavec d= [k:Fp] et k
=Fpd; de plus f= [Fq:
Fp]=[Fq:k][k:Fp] donc ddivise f. Inversement si ddivise f(disons f=ed), tout ´el´ement (dans une
extension de Fp) v´erifiant xpd=xerifie xpf=xped =xdonc est dans Fqet ces ´el´ements forment un
sous-corps isomorphe `a Fpd.
En pratique on construit les corps Fpfainsi : on choisit un polynˆome unitaire, de degr´e f, irr´eductible
PFp[X] (pourquoi existe-t-il?) et on d´ecrit Fpfcomme Fp[X]/P Fp[X] ; un ´el´ement de Fpfpeut ˆetre
vu comme un polynˆome de degr´e f1 `a coefficients dans Z/pZ. L’addition est simple `a effectuer, la
multiplication est simplement la multiplication de polynˆomes suivie par l’op´eration consistant `a prendre le
reste dans la division euclidienne par P. Par exemple :
F4=F2[X]/(X2+X+1)F2[X],F8=F2[X]/(X3+X+1)F2[X],F16 =F2[X]/(X4+X3+X2+X+1)F2[X].
B. La structure des groupes (Z/nZ)et F
q.
Commen¸cons par montrer le r´esultat suivant.
Lemme. Soit kun corps commutatif et Gun sous-groupe fini de k, alors Gest cyclique. En particulier
(Z/pZ)ou plus g´en´eralement F
qest cyclique.
Preuve. Notons n:= card(G) et ψ(d) le nombre d’´el´ements d’ordre ddans G. On a clairement n=
Pd|nψ(d). Soit ddivisant n, ou bien il n’y a pas d’´el´ement d’ordre ddans Gauquel cas ψ(d) = 0, ou bien il
en existe un qui engendre alors un sous-groupe cyclique Hd’ordre d. Tous les ´el´ements de Hsont solutions
de l’´equation Xd= 1, mais, comme kest un corps commutatif, une telle ´equation poss`ede au plus dracines
dans k; tous les ´el´ements d’ordre dsont donc dans Het il en a φ(d) puisque H
=Z/dZ. Ainsi ψ(d) vaut
z´ero ou φ(d), mais comme n=Pd|nψ(d) = Pd|nφ(d), on voit que ψ(d) = φ(d) pour tout ddivisant n.
En particulier ψ(n) = φ(n)1, ce qui implique bien que Gest cyclique.
D’apr`es ce que nous avons vu, si n=pα1
1. . . pαs
salors
(Z/nZ)
=(Z/pα1
1Z)×. . . ×(Z/pαs
sZ)
et en particulier
φ(n) = φ(pα1
1). . . φ(pαs
s) =
s
Y
i=1 pαi
ipαi1
i=n
s
Y
i=1 11
pi
Il reste `a d´ecrire la structure des groupes (Z/pαZ).
Proposition. Soit ppremier et α1alors
(i) Si pest impair (Z/pαZ)est cyclique.
(ii) Si p= 2 et α3alors (Z/2αZ)
=Z/2α2Z×Z/2Zn’est pas cylique. Par contre (Z/2Z)={1}et
(Z/4Z)
=Z/2Zsont cycliques.
Preuve. Si α= 1 on a vu que (Z/pZ)=F
p´etait cyclique. Lorsque α > 1 nous allons utiliser l’´el´ement
p+ 1.
Lemme. Soit ppremier impair, la classe de p+ 1 dans (Z/pαZ)est d’ordre pα1.
Preuve du lemme. Montrons d’abord par r´ecurrence la congruence
(p+ 1)pk1 + pk+1 mod pk+2.
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