Programmation de groupe pour le trouble concomitant de

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Programmation de groupe pour
le trouble concomitant de
schizophrénie et de toxicomanie
du suivi d’intensité variable
du CSSS Champlain Charles LeMoyne
PAR
SYLVAIN PROULX
Essai synthèse
Sous la supervision de Pascal Schneeberger
Présenté dans le cadre du Programme de Maîtrise en
intervention en toxicomanie
Université de Sherbrooke
Faculté de médecine et des sciences de la santé
24 juillet 2014
©
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique
et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.
Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
Programmation de groupe pour le trouble concomitant
de schizophrénie et de toxicomanie
du suivi d’intensité variable
du CSSS Champlain Charles LeMoyne
Résumé
Ces dernières années, la problématique de toxicomanie élevée chez nos usagers ayant un
trouble grave et persistant de schizophrénie a été un élément de réflexions afin qu’ils
retrouvent une vie plus fonctionnelle dans la communauté tout en réduisant le nombre de
jours d’hospitalisation. Lors d’une journée d’étude en 2005, l’équipe de soutien intensif
dans la communauté du volet au Program of Assertive Community Treatment (PACT)
constatait un manque de ressources pouvant répondre aux besoins reliés à leur réalité
complexe ce qui a conduit à la création d’un projet de rencontres de groupe pour ce
trouble concomitant. L’implantation de ce projet de rencontres de groupe a été concluant
ce qui a permis d’élargir la clientèle cible en permettant l’accessibilité aux usagers du
suivi d’intensité variable. Suite à l’accessibilité aux rencontres de groupe, il y a eu une
baisse du taux de rétention du 1er volet de suivi, le PACT, et, en particulier, du second
volet : suivi d’intensité variable (SIV). Ce travail d’essai synthèse vise donc à rencontrer
les personnes utilisatrices du suivi d’intensité variable et découvrir des éléments
favorables à augmenter le taux de rétention au programme. L’objectif de diminuer
l’attrition au programme est favorisé par l’accompagnement de ces usagers afin de les
outiller pour une meilleure gestion des symptômes de schizophrénie et de toxicomanie,
d’acquérir une plus grande autonomie et de s’intégrer dans la communauté.
Abstract
In recent years, the problem of high drug abuse among our users with severe and
persistent impairment of schizophrenia was an element of reflection so that they find a
more functional life in the community and reduce the number of days of hospitalization.
At a workshop in 2005, the team of Program of Assertive Community Treatment (PACT)
noted a lack of resources to meet their needs related to their complex reality which led to
the creation of a project meetings group for double diagnostic. The implementation of
this project group meetings was conclusive, therefore it helped broaden the target
audience by allowing users access to the followed by variable intensity. Following
accessibility to group meetings, there has been a decline in the retention rate of the first
components, the PACT, and, in particular, the second component: the variable intensity.
This synthesis test article aims to meet users of the followed by variable intensity and
discover favorable elements to increase the program retention rate. The goal of reducing
the attrition program is promoted by the accompaniment of these users in order to equip
them for a better management of the symptoms of schizophrenia and drug addiction, to
acquire greater autonomy and to integrate themselves in the community.
MOTS-CLÉS
Trouble concomitant, schizophrénie et toxicomanie, suivi intensif, suivi d’intensité
variable, intégration, communauté, emploi et étude, intervention de groupe
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L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique
et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.
Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
TABLE DES MATIERES
Résumé ................................................................................................................................. i
INTRODUCTION .............................................................................................................. 2
1. JUSTIFICATION ET OBJECTIF DE L’ESSAI ............................................................ 2
1.1 La prévalence ................................................................................................. 2
1.2 L’interaction du trouble concomitant de schizophrénie et toxicomanie ........ 3
1.3 Le suivi intensif dans la communauté ............................................................ 5
1.4 Le programme intégré avec les rencontres de groupe ................................... 6
1.5 L’intégration des deux volets dans les rencontres de groupe d’entraide ....... 8
1.6 L’objectif de l’essai synthèse ......................................................................... 9
2. LE MOYEN .................................................................................................................. 10
3. LA DESCRIPTION ET LE DÉROULEMENT DES ACTIVITÉS RÉALISÉES ....... 12
4. LE PROFIL DES PARTICIPANTS RENCONTRÉS .................................................. 13
5. LES RÉSULTATS ........................................................................................................ 15
5.1 Thématiques à aborder dans le rétablissement............................................. 16
5.1.1 Le projet de vie ..................................................................................... 16
5.1.2 Les sphères de vie motivant le rétablissement ...................................... 18
5.2 Facteurs qui influencent la rétention en traitement ...................................... 19
5.2.1 Les angoisses face à la réalisation des objectifs ................................... 20
5.2.2 Le groupe en guise de soutien ............................................................... 21
5.2.3 La pathologie comme élément de résilience ......................................... 23
5.3 Approches à utiliser avec ce trouble concomitant ....................................... 25
5.3.1 L’attitude de l’intervenant..................................................................... 25
5.3.2 Les outils à utiliser en intervention ....................................................... 27
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Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
5.4 Modalités de la programmation ................................................................... 28
5.4.1 La relation d’aide dans le suivi intensif ................................................ 29
5.4.2 Composition du groupe ......................................................................... 29
5.4.3 Fréquence des activités ......................................................................... 29
6. ANALYSE DES RÉSULTATS .................................................................................... 31
6.1 L’intégration et le soutien à l’emploi et aux études ..................................... 31
6.2 Développer des techniques motivationnelles d’animation de groupe ......... 34
6.3 Intervenir en encourageant et supportant les forces ..................................... 35
6.4 Cibler les obstacles et les changements possibles pour les diriger vers les
services appropriés ............................................................................................. 36
7. FORCES ET LIMITES DE L’ESSAI........................................................................... 39
8. RECOMMANDATIONS ............................................................................................. 40
8.1 Créer une programmation de groupe visant l’intégration et le soutien à
l’emploi et aux études ........................................................................................ 40
8.2 Développer des liens avec nos partenaires................................................... 41
CONCLUSION ................................................................................................................. 41
RÉFÉRENCES ................................................................................................................. 43
ANNEXE A - Grille d’entrevue ....................................................................................... 48
ANNEXE B - Formulaire d’information et de consentement .......................................... 53
LISTE DES TABLEAUX
TABLEAU 1 : Le profil des usagers rencontrés…………………………………………13
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variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
INTRODUCTION
Je travaille à titre d’agent de relations humaines en toxicomanie dans une équipe
interdisciplinaire de suivi intensif au Program of Assertive Community Treatment
(PACT) du CSSS Champlain Charles LeMoyne. J’interviens auprès d’une clientèle
présentant un trouble concomitant grave et sévère de schizophrénie et toxicomanie.
Aussitôt entré dans mes fonctions, je me suis intéressé à l’amélioration des services dans
le but de perfectionner mes interventions et maintenir les utilisateurs de ce service dans
un processus de rétablissement. L’intervention de groupe avec thématiques me paraissait
être une avenue intéressante à explorer d’autant plus que j’avais développé au cours des
années une expertise avec ce type d’animation. Ces rencontres ont connu, au cours des
dernières années, une attrition marquée et je souhaite découvrir des stratégies afin de
développer un nouveau programme ayant un meilleur taux de rétention. J’ai donc décidé
de faire mon essai sur ce thème dans le but de répondre à mon questionnement. Voici
maintenant comment sera présenté l’essai : la prévalence, l’interaction du trouble
concomitant de schizophrénie et toxicomanie, une description des services de suivi
intensif et un bref historique du projet de groupe d’entraide. Cette partie se terminera par
l’identification et la justification de mon objectif d’essai ainsi que le moyen utilisé et la
description du déroulement des activités réalisées. La suite de l’essai présentera : le
profil des participants rencontrés, les résultats recueillis ainsi que l’analyse. Elle se
conclura par mes recommandations pour une programmation plus adaptée aux besoins
de ma clientèle.
1. JUSTIFICATION ET OBJECTIF DE L’ESSAI
1.1 La prévalence
Il existe certes plusieurs types de troubles concomitants en santé mentale. Dans
cet essai toutefois, le terme trouble concomitant sera utilisé pour désigner
essentiellement la schizophrénie ainsi que le trouble schizo-affectif avec éléments
psychotiques et plusieurs formes de schizophrénies sévères et persistantes liées à une
problématique de toxicomanie. Le Centre for Addiction and Mental Health (CAMH),
estime que 1 % des gens seront atteints de schizophrénie au cours de la vie et que parmi
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variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
ceux-ci, 47 % sont à risque de développer un trouble lié à l’abus d’alcool et de drogues
(Skinner et coll., 2004).
Parmi les troubles mentaux graves, les schizophrénies touchent de 0,6 % à 1,5 %
de la population adulte au Québec et dans le monde (Rouillon, 2008; Vanasse et coll.,
2012). Comme certains le soulignent, il est difficile de déterminer avec exactitude la
prévalence réelle de ce trouble concomitant sévère et persistant (Chassé, Gagné et
Morin, 2001; CRDSMT, 2004). Ce constat s’expliquerait en raison des outils
d’évaluation ainsi que des indicateurs distincts attribués en fonction des pays étudiés
(Rush et Nadeau, 2012).
Une étude québécoise commandée par le Comité Permanent de Lutte à la
Toxicomanie (CPLT), il y a plus de 15 ans, indique que 33 à 50 % de la clientèle en
milieu psychiatrique présenteraient un problème de toxicomanie (Mercier et Beaucage,
1997). Selon une étude un peu plus récente, les schizophrènes seraient quatre fois plus à
risque que la population en générale de développer un problème relié à la toxicomanie et
ce risque serait cinq fois plus élevé pour les troubles schizo-affectifs de type bipolaire
(Rush et Nadeau, 2012). En définitive, l’interaction du trouble concomitant de
schizophrénie et toxicomanie complexifie les interventions du rétablissement dans la
communauté.
1.2 L’interaction du trouble concomitant de schizophrénie et toxicomanie
Lorsqu’une personne est atteinte d’une schizophrénie grave, l’objectif principal
est de stabiliser les symptômes de distorsion et de perte de contact avec la réalité
(symptômes positifs) et de développer des stratégies d’intervention pour motiver
l’usager à sortir de l’isolement social (symptômes négatifs)1. Les symptômes peuvent
occasionner des problèmes de mémoire et d’attention ou des difficultés à prendre des
décisions; il peut s’agir alors de troubles cognitifs sévères qui affectent le processus de
1
Les symptômes positifs sont les délires, les hallucinations auditives, visuelles et
olfactives ainsi que le langage et les comportements désorganisés ou catatoniques. Les
symptômes négatifs sont caractérisés par la restriction des émotions, la baisse de
motivation, la perte des idées et des désirs, ainsi qu’une altération du fonctionnement
social (DSM-5, 2013).
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variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
rétablissement (Société Canadienne de Schizophrénie, 2003). Cette maladie plus
marginalisée sur le plan des comportements déstabilise socialement la personne et elle
bouleverse ses projets ainsi que l’équilibre du système familial (O’Grady et Skinner,
2008). D’ailleurs, ce sont souvent l’entourage et les familles qui sont les premiers
témoins des symptômes et des dysfonctions sociales associées à la schizophrénie.
En ce qui concerne la toxicomanie, la nouvelle version du DSM-5 regroupe
maintenant les critères d’abus et de dépendances ensembles et ils sont appelés « trouble
lié à une substance » (Chanut, 2013). Ce trouble prend la forme d’usage de substances
psychoactives mal adapté qui entraîne des conséquences négatives et il est caractérisé
par l’augmentation de la quantité de substances afin d’obtenir les mêmes effets
recherchés, la présence d’effets du sevrage lors de l’arrêt de la consommation ou de
comportements obsessifs lors d’une période continue de douze mois, qui nuisent au
fonctionnement global de la personne (DSM-5, 2013).
Visiblement, l’interaction des deux troubles est synonyme d’une plus grande
détresse psychologique et sociale (Kairouz et coll., 2008). Les problèmes psychiatriques
graves sont l’un des facteurs qui prédisposent aux passages à l’acte suicidaire;
conséquemment, la consommation de substances psychoactives est un élément
contribuant, alors qu’une situation de pauvreté précipite souvent le geste (DCMSSS,
2012). Notons également que le taux de suicide est de 10 % à 20 % plus élevé chez les
personnes atteintes de schizophrénie que dans la population générale (Santé Canada,
2002). Pour prévenir le suicide des schizophrènes aux prises avec des dépendances, le
plan d’action en santé mentale proposait, pour les troubles plus sévères, un meilleur
soutien à l’intégration dans la communauté (MSSS, 2005). Soulignons aussi que les
schizophrènes utilisent parfois l’alcool ou d’autres drogues pour sortir de leur isolement
ou atténuer les symptômes désagréables de cette maladie et ils deviennent plus à risque
d’adopter des comportements agressifs envers eux-mêmes ou les autres (O’Grady et
Skinner, 2008). En somme, il m’apparaît essentiel de rejoindre ces personnes plus
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vulnérables et leur offrir des activités éducatives de prévention ainsi que des stratégies
de gestion des symptômes liés à la schizophrénie et la toxicomanie.
Les troubles liés aux drogues et à l’alcool ont aussi comme conséquence une
exacerbation des symptômes psychotiques ainsi qu’un risque de rechutes chroniques
créant ainsi des troubles cognitifs graves et parfois irréversibles (Drake et coll., 1998).
Ces deux problématiques augmentent les risques de développer des troubles du sommeil
(insomnie et hypersomnie), d’humeur, d’anxiété, et surtout d’amplifier le manque de
jugement et d’autocritique (Alexandre, Labrie et Rouillard, 2005). L’interaction est aussi
synonyme
de
multiples
problèmes
sociaux,
notamment,
l’endettement,
les
comportements sexuels à risques, les comportements violents, le suicide, les réhospitalisations, les risques d’être abusé par l’entourage et d’être victime du réseau de
vente de drogues illicites (Mueser, 2010). De nombreuses études ont clairement
démontré que les troubles liés à une substance chez les schizophrènes sont fortement
reliés aux hospitalisations en psychiatrie (Drake et coll., 1998 ; Mueser et coll., 2001;
Alexandre, et coll., 2005; Ziedonis et coll., 2005). Pour prévenir les ré-hospitalisations
multiples, les équipes de suivi intensif se sont implantées dans la communauté afin de
rejoindre la personne dans son milieu de vie, dans l’objectif de la mobiliser socialement
dans son rétablissement (Rodriguez et Poirel, 2011). Il en demeure pas moins que ces
personnes se retrouvent souvent isolées, parfois sans logement adéquat, démunies sur le
plan des activités sociales et avec beaucoup de temps libre à combler.
1.3 Le suivi intensif dans la communauté
En mai 1999, les services ambulatoires de psychiatrie ont mis en place le
suivi intensif dans la communauté (SICOM), un programme biopsychosocial pour adulte
avec accompagnement dans les services de la communauté et soutien au domicile. Les
objectifs principaux de l’équipe interdisciplinaire impliquée dans cette programmation
visent à offrir une panoplie d’interventions afin d’éviter les consultations à l’urgence, de
réduire les périodes d’hospitalisation ou le nombre de jours en psychiatrie interne et
aussi de prévenir l’itinérance (Latimer, Gélinas et Thomson, 2004). Ce service offre en
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particulier des interventions médicales (livraison des médicaments et suivi en santé
physique) et de réadaptation psychosociale dans le but d’augmenter la qualité de vie des
usagers et de leur famille (Gélinas, 2009). L’organisation du service est donc divisée en
deux volets : l’équipe du Program of Assertive Community Treatment (PACT)
composée d’une équipe interdisciplinaire et celle du suivi intensif sur une base
individuelle (SIBI) aussi appelé le suivi d’intensité variable (SIV). Le SIV repose sur une
équipe d’éducateurs spécialisés offrant des services d’intervention avec moins de
rencontres d’intervention par semaine que le PACT.
Les personnes admises au SIV sont parfois moins réfractaires au traitement
pharmacologique. Elles ont aussi acquise une meilleure autonomie à la gestion de la
médication et des symptômes psychotiques. Ces facteurs facilitent l’intégration dans les
services du réseau et contribuent ainsi au développement de meilleures habiletés
sociales. Par contre, les intervenants des deux volets constatent une désorganisation
reliée à la toxicomanie et à certains troubles de personnalité à l’axe II. Ces symptômes
entravent les objectifs du SICOM, puisqu’ils deviennent un obstacle aux réflexions
pondérées faisant en sorte de ralentir le processus de demande d’aide à des ressources
spécialisées autre que l’urgence psychiatrique (Vincent, Gagné, et Thérien, 2001). Pour
prévenir et éviter les rechutes psychotiques ainsi que les troubles liés aux substances, le
SICOM offre des rencontres de support en relation d’aide. Ces interventions visent à
développer avec eux de nouvelles stratégies d’adaptation sociale pour qu’ils acquièrent
une plus grande autonomie à vivre en logement ainsi que dans les sphères relationnelles,
les loisirs et l’employabilité/étude.
1.4 Le programme intégré avec les rencontres de groupe
Lors d’une journée d’étude en 2005, l’équipe du PACT a pris la décision
d’implanter une programmation de groupe pour ce trouble concomitant. Le but était
aussi d’adopter un traitement ainsi qu’une philosophie plus cohérents, puisque l’équipe
interdisciplinaire dispense des services pour l’ensemble des deux problématiques
(Mueser et coll., 2001; Mueser, 2010). Une telle approche, incluant un suivi intensif
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variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
comme le PACT et le SIV, est reconnue pour ajouter à l’efficacité du traitement (Drake
et Mueser, 2000). Drake et ses collègues ont d’ailleurs mis en évidence trois types de
programmations potentiellement efficaces avec les troubles concomitants sévères : la
diversité des activités de réadaptation, le traitement résidentiel de longue durée et enfin
la thérapie de groupe (Drake, O’Neal et Wallach, 2008). Pour l’équipe du volet PACT, le
projet d’implanter un programme de groupe était à privilégier dans nos activités
d’interventions afin de les intégrer à une programmation, de stimuler la motivation aux
changements et les maintenir dans un processus thérapeutique.
Notre service de psychiatrie ambulatoire était bien conscient des défis à relever
en raison des déficits de mentalisation ainsi que des discours désorganisés et délirants de
ce type de trouble concomitant. Ces symptômes plus marginaux nuisent à l’intégration
des services offerts dans la communauté et au développement de leurs habiletés à vivre
en société (Alexandre et coll., 2005), et réduisent leurs capacités à se constituer un
réseau social de non-consommateurs (Bennett, Bellack et Gearson, 2001). Somme toute,
il fallait aussi innover avec ce type de clientèle car la complexité des cas et le manque
d’engagement en traitement sont des obstacles à la réadaptation (Barabé, Jauron et
Maisi, 2008).
Finalement, le PACT lançait en 2008, le projet groupe d’entraide. Cette
programmation empruntée au Centre Hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM)
existe depuis 1993. Ce modèle offre la possibilité d’un contact relationnel étroit entre les
participants ce qui permet l’identification aux autres membres du groupe et de vaincre le
déni des deux problématiques (Gagné, 1999). La dynamique d’entraide contribue aussi à
diminuer les sentiments de dévalorisation, à briser l’isolement, obtenir une meilleure
distanciation psychologique à l’égard de leurs propres difficultés et surtout à avoir le
sentiment de pouvoir aider d’autres participants (Jalbert et Lazure, 1995; Levy, 1997;
Vincent et coll., 2001). De plus, ces rencontres de groupe sont reconnues comme étant
efficaces pour la réadaptation des personnes souffrant de trouble concomitant grave et
sévère (Mueser et coll., 2001; Gråwe et coll., 2007; Drake et coll., 2008).
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Au début du projet, nous avons dû construire une dynamique d’animation dans le
but de créer des échanges et des discussions. Nous y sommes arrivés difficilement car
nos usagers étaient plutôt centrés sur leurs affects et la paranoïa. Une fois cette
dynamique de groupe créée, nous avons remarqué chez certains, une diminution des
fréquences à l’urgence psychiatrique ainsi qu’une diminution de la consommation, de
meilleures réflexions sur l’usage de substances psychoactives, une activité de soutien
externe lors des hospitalisations en psychiatrie interne ainsi qu’une attitude plus
adéquate dans leurs relations sociales. Nous avons également pu constater à l’instar de
Gråwe et coll., (2007), que les discussions entre les participants favorisaient une stabilité
dans la vie de groupe, une amélioration de l’alliance thérapeutique et une bonification du
fonctionnement global. Cette constatation favorable auprès de la clientèle du PACT a
convaincu la direction d’élargir la clientèle-cible aux deux volets du SICOM.
1.5 L’intégration des deux volets dans les rencontres de groupe d’entraide
Cette expérience d’unir les deux volets du SICOM au programme de groupe a eu
comme impact de créer un certain malaise dans nos rencontres, résultant en une baisse
du taux de participation et de rétention. Nous avons observé au cours des années que les
usagers du SIV adhéraient moins longtemps et perdaient graduellement leur motivation
pour ces rencontres. Cette situation a également été observée dans les travaux de Drake
(2005) qui constatait un manque d’engagement à long terme dans les services puisque
cette population est plus difficile à desservir et que l’alliance thérapeutique demeure
laborieuse à construire. Avec du recul, nous émettions l’hypothèse que le manque
d’homogénéité pourrait contribuer à l’attrition au programme? Il était également
possible que ces usagers visent des objectifs différents que ceux de la clientèle du
PACT?
En dépit de ces observations, la direction du SICOM a pris la décision de
persévérer dans le projet en incluant les deux volets; conséquemment, nous avons assisté
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graduellement à une baisse de la clientèle. Les résultats compilés par le PACT montrent
que le taux de rétention au groupe est passé de 67,9 % en 2008-2009 à 64,6 % en 20092010 puis à 62,8 % en 2010-2011 et finalement à 47,8 % en 2011-2012 pour une
moyenne annuelle de 60,8 % au cours des quatre dernières années. Si on considère
seulement la clientèle du SIV, la moyenne de rétention au cours des années
d’accessibilité aux rencontres de groupe a été de 52,2 %. Pourtant la programmation de
groupe intégré et en particulier le « Better Life Program » affichent un taux de 83 %
d’usagers qui complètent les 37 sessions du programme (Gråwe et coll., 2007). En 20122013, nous avons cessé d’offrir les rencontres de groupe au volet du SIV et le taux de
rétention avec les usagers du PACT est passé de 47,8 % à une augmentation de 74,9 %.
Puisque les recherches démontrent que ces rencontres de groupe sont synonymes de
meilleurs pronostics si les usagers demeurent en thérapie à plus long terme (Mueser, et
coll., 2001; Vincent et coll., 2001), il m’importe donc d’identifier quels sont les
éléments à considérer pour augmenter le taux de rétention dans une future
programmation de groupe avec les usagers du suivi d’intensité variable.
1.6 L’objectif de l’essai synthèse
À la lumière des informations colligées, j’estime que les groupes constituent une
façon adéquate et efficiente d’intervenir auprès de cette population mais j’aimerais
néanmoins vérifier avec les usagers du SIV quels sont leurs besoins avant de formuler un
programme spécifique à eux. Mon essai synthèse vise donc à identifier les conditions
d’intervention et les éléments de programmation qui favoriseront un meilleur taux de
rétention en traitement auprès des usagers du suivi d’intensité variable. La conversation
que
j’ai
eue
avec
M.
François
Neveu,
Conseiller
pour
le
SIV
au
Centre National d’Excellence en Santé Mentale (CNESM), m’encourage dans la
poursuite de mon essai puisque mon objectif est en parfait accord avec les stratégies
proposées par le CNESM et le Ministère de la santé et des services sociaux (MSSS,
2005).
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2. LE MOYEN
Le moyen utilisé afin d’atteindre mon objectif d’essai est de faire une analyse des
besoins. Ce moyen est préconisé pour développer un nouveau service ou améliorer les
services dans la communauté et elle vise à obtenir un portrait de la situation
problématique afin d’apporter de nouvelles pistes de solutions (Ouellet et Mayer, 2000).
L’approche appropriée est de rencontrer des usagers du SIV afin d’obtenir de
l’information pertinente dans le but de connaître ce qui les soutiendraient à terminer leur
démarche d’intervention.
La technique utilisée vise à cibler des informateurs clés et de les rencontrer avec
un questionnaire d’entrevue semi dirigée. Cet outil me permettra notamment un contact
relationnel laissant place aux discussions tout en plaçant la personne au centre de mes
préoccupations. Ces rencontres individuelles annulent la contamination entre les pairs
qui pourraient survenir dans un contexte de groupe et elles permettent d’obtenir les
renseignements nécessaires à l’élaboration d’une programmation plus spécifique à leurs
besoins (Boies et coll., 2008). Ce contact direct avec ces usagers plus stigmatisés fait
référence à un statut d’égalité et de collaboration dans l’organisation et le contenu des
services (Auteuil et Bizier, 2011). D’ailleurs, le plan d’action en santé mentale de 20052010 avait recommandé l’importance de donner la parole aux usagers afin de connaître
leurs priorités dans la planification et l’organisation des programmes concernant leur
rétablissement (MSSS, 2005). Je préconisais donc d'adhérer à cette philosophie en
effectuant
des
entrevues
dans
nos
locaux,
d’une
durée
approximative
d’une heure 30 minutes avec une pause santé de 10 minutes. Cet environnement a
d’ailleurs favorisé les échanges ainsi que la création d’un climat de confiance limitant
ainsi l’angoisse ou les stimuli en plus de créer un climat favorable pour l’enregistrement
audio numérique.
Dans le cadre de l’essai, je me suis limité à effectuer quatre entrevues avec des
hommes âgés entre 25 et 50 ans qui admettent avoir une problématique de toxicomanie.
Les hommes de cet âge constituent une clientèle plus vulnérable aux hospitalisations
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L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique
et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.
Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
reliées aux rechutes psychotiques (Santé Canada, 2002). J’ai aussi choisi de rencontrer
des hommes parce qu’ils sont plus nombreux à développer un trouble lié aux substances
et qu’ils sont plus hésitants à s’engager dans une démarche d’intervention contrairement
aux femmes qui vont davantage vers les ressources du réseau (Fleury et coll., 2013). Les
hommes sélectionnés à l’essai devaient : 1) être motivés à participer à l’entrevue semi
dirigée; 2) reconnaître avoir des problèmes associés à un mauvais usage d’alcool ou de
drogues; 3) avoir amorcé le programme de rencontres de groupe du SICOM sans l’avoir
terminé; 4) présenter aussi une hésitation à faire une demande d’aide dans les services de
la communauté ou dans un processus de rétablissements interne et externe.
Pour construire ma grille d’entrevue, j’ai fait des recherches afin de découvrir si
un outil existant me permettrait de répondre à l’objectif de l’essai. Je me suis ainsi
intéressé à l’Entrevue du Diagnostic International Composé – Module Abus de Drogues
(EDIC-MAD), connu aux E.U. sous le sigle de (CIDI-SAM). Cet outil est intéressant
afin d’évaluer et de connaître l’anamnèse des démarches effectuées pour solutionner ou
stabiliser le trouble concomitant de schizophrénie et toxicomanie (Cottler, Robins et
Helzer, 1989). Néanmoins, ce questionnaire ne répondait pas à l’ensemble des
interrogations relatives à atteindre mon objectif d’essai.
J’ai donc décidé de construire mon outil d’entrevue en me basant sur le CIDISAM et en y incorporant de nouvelles questions notamment sur la motivation. L’outil
d’entrevue contient cinq thèmes principaux : les substances consommées au cours des
douze derniers mois, les sphères de vie affectées par la consommation, les facteurs de
maintien/abandon des démarches de désintoxication/réadaptation/réinsertion sociale,
des recommandations sur les éléments de succès des groupes d’entraide (Alcoolique
Anonyme, Narcotique Anonyme, Cocaïnomane Anonyme, SICOM, etc.) et les sources
motivationnelles propices à un meilleur engagement en traitement. L’outil a été présenté
à la coordonnatrice du SIV et à une psychoéducatrice du PACT qui l’ont toutes deux
validé en plus de mon directeur d’essai et de deux professeurs responsables des
séminaires de la Maîtrise en Intervention en Toxicomanie (MIT). Pour garantir le bon
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et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.
Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
déroulement des entrevues, je l’ai aussi testé avec deux usagers du PACT afin de
m’assurer de la compréhension des questions et du temps requis pour l’entrevue (voir
l’annexe A).
3. LA DESCRIPTION ET LE DÉROULEMENT DES ACTIVITÉS RÉALISÉES
Pour mettre en place mon moyen, il m’a fallu dans un premier temps mobiliser
l’équipe du SIV et obtenir l’approbation verbale du Département de Recherches de
l’Hôpital Charles LeMoyne (HCLM) afin de recevoir l’autorisation formelle de la
Direction des Services Ambulatoires de Psychiatrie. Suite à cette autorisation écrite, j’ai
pu construire le formulaire d’information et de consentement à la participation de l’essai
(voir l’annexe B). Ce formulaire visait, entre autres, à protéger les droits et les intérêts
des usagers impliqués dans mon projet de maîtrise.
À la fin des rencontres de groupe de l’année 2011-2012, j’ai sollicité une
rencontre avec les coordonnateurs des deux volets et le Chef de Service Santé Mentale et
Psychiatrie Adulte. L’objectif était d’exprimer la problématique d’attrition et ma
motivation de réaliser un essai dans le but de développer un nouveau programme de
rétablissement pour les utilisateurs du SIV. Suite à cette rencontre, la direction du SIV a
pris la décision de cesser la programmation de groupe et d’évaluer les usagers de ce
volet avec l’outil de Dépistage d’Évaluation du Besoin d’Aide-alcool/drogues (DÉBAA/D). Ce projet s’est effectué du 12 juin au 6 novembre 2012 et il a été utile pour cibler
des participants du SIV qui répondent aux critères de sélection pour collaborer à
l’entrevue et qui nécessitent un besoin de référence dans le réseau.
Lors du bilan des activités d’évaluation en toxicomanie, nous avons discuté en
équipe des usagers répondant aux critères et potentiellement motivés à participer aux
entrevues. Suite à notre décision, j’ai fixé dans mon agenda des rendez-vous dans les
locaux du SICOM entre le 14 et le 23 novembre 2012. Je suis entré en contact
téléphonique avec les quatre participants en expliquant les raisons du projet et les
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et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.
Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
modalités des rencontres. Avant chaque entrevue, ils ont pris connaissance du formulaire
d’information et consentement et ils ont tous accepté de signer ce document. J’ai dû
également reprendre l’entrevue du 14 novembre, puisque lors de cet entretien, nous
avons été dérangés par le bruit ainsi que par l’entrée soudaine de la femme de ménage
dans le local et que j’ai ensuite supprimé le fichier mp3 en le manipulant. Le lendemain,
j’ai téléphoné à cette personne en lui expliquant le contexte et elle a accepté de refaire
l’entrevue. À sa demande, je l’ai rencontrée à son domicile. J’ai ensuite fait transcrire
mes entrevues par une personne extérieure. Les verbatim ont été analysés en fonction de
l’objectif d’essai et des thématiques soulevées dans les entrevues.
4. LE PROFIL DES PARTICIPANTS RENCONTRÉS
Les prénoms des participants ont été changés dans le but de protéger leur
confidentialité. Voici donc un bref aperçu du profil de Denis, Serge, Gabriel et Richard
(voir le tableau 1), qui ont tous été diagnostiqués au département de psychiatrie de
l’Hôpital Charles LeMoyne (HCLM) pour un trouble schizo-affectif de type bipolaire
sauf Denis qui a été diagnostiqué d’un trouble psychotique non spécifique de délire de
persécution.
TABLEAU 1-Le profil des usagers rencontrés
Nom des
participants
et durée de
l’entrevue
Denis
58 minutes
Âge
40 ans
Démarches internes/externes
en toxicomanie
c = complétée ¢ = non complétée
- Une réadaptation en communauté
thérapeutique (¢).
- 2 désintoxications (¢)
Serge
64 minutes
32 ans
- Groupe thématique du SICOM (¢) et
groupe A.A.
- 4 réadaptations en communauté
thérapeutique 3 (c) et 1 (¢).
- Groupe thématique du SICOM (¢) et
groupe A.A.
- 1 désintoxication et une réadaptation
externe dans le réseau public (c).
Consommation de
substances dans les
12 derniers mois
Diagnostic
axe I et axe II
- Il a cessé de
consommer des
drogues depuis un an.
- Consommation
quotidienne d’alcool.
- Trouble psychotique non
spécifique avec délire de
persécution.
- Cluster B
- Abstinent d’alcool et
de drogues depuis
8 mois.
- Schizo-affectif de type
bipolaire.
-Trouble de
l’apprentissage et
intelligence limite.
- Trouble d’adaptation
sociale.
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Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
Gabriel
45 minutes
29 ans
- Désintoxication en psychiatrie interne (c).
- Groupe thématique du SICOM (¢).
Richard
70 minutes
47 ans
- Aucune démarche de réadaptation
interne/externe en toxicomanie et santé
mentale.
- Groupe thématique du SICOM (¢)
- Abstinent
d’amphétamines.
- Consommation
quotidienne de
cannabis.
- Consommation de
cannabis.
- Abstinent aux
stimulants majeurs
depuis plus de 6 mois.
- Schizo-affectif de type
bipolaire.
- Trouble de personnalité
narcissique.
- Schizo-affectif de type
bipolaire.
- Trouble de personnalité
antisociale.
Denis est âgé de 40 ans et il a cessé la consommation de drogues (cannabis,
cocaïne, kétamine, psilocybine), il y a plus d’une année. Il maintient toutefois une
consommation quotidienne d’alcool et de tabac. Il a fait quelques démarches en
désintoxication et en réadaptation interne pour solutionner sa poly-toxicomanie;
cependant, il n’a jamais terminé les programmes. Le psychiatre traitant a aussi
diagnostiqué la possibilité d’un syndrome de stress post-traumatique puisqu’il a vécu à
l’enfance des abus sexuels et un trauma crânien relié à de la violence physique. Il a aussi
un diagnostic à l’axe II de trouble impulsif du cluster B. Il est sans travail significatif
depuis l’âge de 22 ans, par contre, il est content de travailler l’été à temps partiel dans
l’entretien paysager ainsi que dans l’installation de piscines. J’ai dû reprendre l’entretien
de Denis à sa demeure.
Serge est âgé de 32 ans. Il a effectué au cours de sa vie plusieurs démarches de
réadaptation en toxicomanie et il a participé à quelques rencontres de groupes au
SICOM. Il a un historique de plusieurs psychoses toxiques impliquant les substances
suivantes : un mélange d’alcool, de cocaïne, de PCP, d’amphétamines et de cannabis.
Depuis 7 mois et demi, il est abstinent d’alcool et de drogues. Il vise d’ailleurs
poursuivre cet objectif de sobriété. Il a été diagnostiqué à l’école élémentaire d’un
trouble de l’apprentissage et d’adaptation sociale avec intelligence limite. Il n’a pas
terminé son secondaire V et prend alors la décision d’entrer sur le marché du travail. Il
obtient son premier emploi dès l’âge de 17 ans comme journalier dans un entrepôt de
tapis et il y travaille durant 3 années. Par la suite, il a travaillé deux ans comme
concierge dans une ressource d’aide aux itinérants. Lorsqu’il apprend le diagnostic à
l’âge de 26 ans, soit d’un trouble schizo-affectif de type bipolaire, il s’inscrit avec l’aide
de son intervenante du SIV à un programme d’emploi Québec.
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Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
Gabriel est âgé de 29 ans. Il a connu plusieurs désintoxications et hospitalisations
au Pavillon de l’HCLM. Le personnel de la psychiatrie l’a référé à des ressources de
réadaptation
afin
qu’il
solutionne
sa
consommation
abusive
de
substances
psychoactives. Il a néanmoins toujours refusé de faire une demande d’aide. Il a accepté
de participer au printemps 2009 aux rencontres de groupe du SICOM. Il s’est présenté à
8 ateliers sur 10 sans toutefois compléter le programme. Suite à cette démarche, il a pris
la décision de cesser sa consommation de stimulants majeurs. Il a été diagnostiqué à
l’âge de 19 ans d’un trouble schizo-affectif de type bipolaire et un trouble narcissique à
l’axe II. Il a des problèmes de santé physique reliés à sa mauvaise alimentation et a eu
deux accidents d’automobile qui l’ont conduit à un trouble de fonctionnement ainsi qu’à
des difficultés à se maintenir à l’emploi.
Richard est âgé de 47 ans et il a reçu son premier diagnostic à l’âge de 34 ans au
Centre de Psychiatrie Légale pour un trouble psychotique avec réaction paranoïde et une
personnalité antisociale. Il a été référé par la suite à l’HCLM et le psychiatre traitant a
diagnostiqué un trouble schizo-affectif avec éléments psychotiques non spécifiques.
Suite à des observations cliniques, les intervenants lui ont proposé des démarches en
toxicomanie et il a toujours refusé. Il a accepté néanmoins de participer aux rencontres
de groupe au SICOM mais il a abandonné sans donner de motifs. Avant d’être
diagnostiqué, il a travaillé dès l’âge de la vingtaine dans le domaine de la vente de linge.
Depuis quelques années, il vit de l’instabilité au logement ainsi qu’à l’emploi et il a
intégré avec l’aide du SIV deux programmes du Service d’Employabilité Montérégie
(SEMO) qu’il a abandonnés. Au cours de la dernière année, il a consommé du cannabis
et des amphétamines. Par contre depuis 6 mois, il est abstinent d’amphétamines.
5. LES RÉSULTATS
Dans cette partie de l’essai, j’ai divisé les résultats en quatre points qui font
ressortir les éléments les plus pertinents à mon objectif d’essai : 1) Thématiques à
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variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
aborder dans le rétablissement; 2) Facteurs qui influencent la rétention en traitement; 3)
Approches à utiliser avec ce trouble concomitant; 4) Modalités de la programmation.
Voilà donc la présentation des principaux points offerts dans le discours des participants
interrogés.
5.1 Thématiques à aborder dans le rétablissement
Au cours des entretiens, nous avons exploré différents thèmes de programmation
qui pouvaient motiver les personnes interrogées et soutenir la rétention. Voici la
présentation des thèmes principaux discutés lors des entrevues : le projet de vie ainsi que
les sphères de vie motivant le rétablissement.
5.1.1 Le projet de vie
L’ensemble des participants souhaite donner un sens à leur vie en poursuivant un
projet de vie. L’obtention d’un emploi ou l’adhésion à un programme d’études fait
consensus comme projet et peut ainsi devenir une source de motivation importante pour
la poursuite d’un programme tout en diminuant le taux d’attrition. Un tel projet de vie
sous-tend également une plus grande volonté dans la gestion de la consommation des
substances psychoactives, ouvrant ainsi l’accès au processus de rétablissement.
L’exemple de Denis et Gabriel illustre très bien cette affirmation car, visant tous deux à
travailler dans le domaine du transport, l’arrêt de leur consommation lors des périodes à
l’emploi devient un enjeu important :
« Je ne peux pas aller travailler… si je décide de prendre une auto… que
j’ai déjà bu… ça va pas bien! Moi, je ne fais jamais ça ». (Denis, p. 8)
« Je m’en cherche un job… c’est en conduite. Puis la marijuana, c’est
interdit parce que ça l’endort… les réflexes. L’alcool aussi. […] Ça
l’affecterait mon travail, c’est sûr. Faudrait que j’arrête ça le plus vite
possible ».
(Gabriel, p. 6)
Ces exemples démontrent que les personnes souffrant de troubles concomitants
arrivent à des réflexions responsables en matière de toxicomanie. Pour les aider à
continuer leurs réflexions et à les maintenir dans un processus d’intervention qui leur
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variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
permettra de réaliser leur projet de vie, nous devons formuler une programmation qui
tient compte de leur intention d’intégrer un emploi ou un programme d’étude. Gabriel
illustre très bien cette affirmation en expliquant sa raison de départ du groupe au SICOM
:
« J’avais le goût de continuer à participer, mais… il a fallu que j’aille…
suivre des cours, parce que… je veux me trouver un job ». (Gabriel, p. 1415)
Richard, qui a vécu des tentatives de retourner aux études, précise n’avoir reçu
aucun support d’intervention pour maintenir sa motivation à terminer ces programmes
scolaires. Aujourd’hui, il mentionne vivre une certaine baisse d’énergie à entreprendre
un projet d’avenir. Il reconnaît toutefois la poursuite d’un objectif d’employabilité ou
d’une activité bénévole tout en mettant en lumière les difficultés d’y parvenir :
« J’en ai un but. […] Mais il faudrait que j’aille aux études… puis rendu
là… ça me tente plus d’aller aux études. […] J’aimerais… que mes qualités
puissent servir sans… aller à l’école… Je suis prêt à le faire bénévolement,
mais c’est important pour moi d’aider les autres ». (Richard, p. 34)
Serge quant à lui exprime sa nécessité d’obtenir de l’aide avec l’emploi et c’est
l’un des éléments qui explique son départ des rencontres de groupe du SICOM. Son
projet est surtout d’intégrer un travail avec un support d’accompagnement à
l’employabilité. Présentement, il vise réintégrer le Service d’Employabilité en
Montérégie (SEMO). Cependant, à plusieurs occasions, il nomme les difficultés
d’intégrer l’emploi et surtout de demeurer dans ses programmes de formation. Il vit une
certaine perte de confiance lorsqu’il est au travail et il aimerait recevoir des
interventions qui soutiendraient sa motivation à demeurer en poste :
« Le travail… c’est quelque chose que j’aimerais avoir de l’aide ». […]
« Ouais. T’sais, avoir de l’aide… C’est sûr que j’ai un organisme qui
s’appelle le SEMO, ils sont en train de m’aider, mais je ne me sens pas en
confiance ». […] Intervieweur: « Le travail, avoir du support, de
l’intervention, ça serait intéressant pour toi »? Participant: « Oui ».
(Serge, p. 20-21)
À la lueur des résultats obtenus avec les participants, il apparaît clairement que le
projet de vie visant à intégrer la sphère de vie "emploi et étude" est l’un des éléments
mobilisateurs à la rétention en traitement.
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5.1.2 Les sphères de vie motivant le rétablissement
Dans le but de faciliter l’intégration à l’emploi ou à un programme d’étude, les
personnes interviewées proposent une programmation thématique diversifiée et
captivante. Ce programme doit offrir du contenu éducatif sur les sphères de vie faisant le
plus consensus et particulièrement formulé pour cette intégration. Pour parvenir plus
aisément à intégrer cette sphère de vie, ils souhaitent acquérir des informations et des
méthodes pour développer une meilleure gestion des symptômes psychotiques ainsi que
des stratégies de maintien de l’abstinence ou d’une consommation de substances
psychoactives plus responsable. Il faut aussi souligner que lors de leurs démarches
antérieures, ils étaient tous motivés par le développement des habiletés sociales entre les
pairs et ils ont grandement apprécié les explications thématiques abordant la
toxicomanie.
Par contre, il ne faut pas négliger le discours de trois participants sur quatre qui
sont disposés à augmenter les activités de loisirs sociaux/sportifs et enfin accroître leur
savoir-faire dans l’organisation et la planification des activités de vie quotidiennes
(AVQ) ainsi que les activités de vie domestiques (AVD)2. Prenons ici le témoignage de
Serge qui évoque avoir mis des efforts afin de découvrir des stratégies pour mieux gérer
ses deux troubles. Il précise aussi que le travail contribue à maintenir en place ses
stratégies ainsi que ses habiletés de gestion des AVQ/AVD et la perte de l’emploi
diminue ses capacités à garder ses bonnes habitudes :
« Lorsque je travaille… je prends mes médicaments… Mais… depuis que je
suis sur le chômage… J’ai de la difficulté… J’ai perdu mes acquis du
travail… Je commençais à aimer… cette routine-là. […] Si je perds ces
habitudes-là… je vais perdre mon hygiène personnelle… de vie… comme me
lever le matin, me brosser les dents, manger… Ça commence à toucher mes
autres sphères de vie… c’est dangereux ». (Serge, p. 23)
2
- Les AVQ incluent ces activités: s’organiser pour se réveiller le matin, s’habiller,
manger, effectuer ses soins d’hygiène personnels, etc.
- Les AVD comprennent: faire les achats et l’épicerie, faire l’entretien ménager, gérer
leurs finances (budget), préparer les repas, assurer leurs déplacements avec le transport,
etc.
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variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
En dépit de ses efforts, il se sent encore fragile avec ses symptômes, en particulier
avec les émotions reliées à sa paranoïa. Il estime que toutes les sphères de vie sont
importantes dans son rétablissement. En plus de l’emploi qui stabilise sa routine de vie,
il spécifie que la sphère relationnelle ainsi que les loisirs sont des thèmes fondamentaux
dans son processus de maintien de l’abstinence et qu’il serait motivé à demeurer dans un
programme à condition d’obtenir du contenu spécifique à ces sphères de vie :
« Toutes mes sphères […] sont importantes… c’est sûr la sphère famille…
travail… amour… Ces sphères-là que je veux travailler… pour avoir un
certain équilibre… dans ma sobriété. […] Loisirs aussi, là! ». (Serge, p. 34)
Gabriel et Richard admettent avoir des difficultés reliées à une mauvaise gestion
de leur budget. Pour Gabriel, certes, sa consommation de cannabis occasionne des
problèmes financiers qui ont un impact majeur dans le choix de ses aliments mais il
ressent aussi une baisse de motivation qui l’amène à négliger les AVQ ainsi que les
AVD et qui accentue ses variations d’humeur. Richard exprime avoir de la difficulté à se
maintenir en logement qu’il impute à une mauvaise gestion d’argent reliée à sa
toxicomanie. Il reconnaît aussi que son trouble de toxicomanie a été un élément qui a
contribué à la cessation de ses activités de loisirs. Présentement, il serait motivé, comme
Gabriel, à faire des changements dans ces sphères de vie et apprendre à diminuer les
conséquences liées à sa toxicomanie s’il avait un emploi stable :
« Je n’ai pas de job… mais si je travaillais, ça… oui... Ça m’affecterait, là,
il faudrait que je coupe la consommation ». (Richard, p. 8)
Tous reconnaissent donc l’impact de leur consommation d’alcool et de drogues sur
la sphère de l’emploi ainsi que les études et ils sont tous motivés à diminuer ou à cesser
cette consommation afin de réaliser ce projet de vie. Ils sont aussi conscients de devoir
investir du temps pour améliorer certaines sphères de vie en vue d’intégrer plus
facilement l’employabilité ou un programme d’étude.
5.2 Facteurs qui influencent la rétention en traitement
Dans cette partie des résultats, j’ai relevé les facteurs qui influencent la rétention
des participants et ceux qui font obstacles. On retrouve trois facteurs principaux : les
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variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
angoisses face à la réalisation des objectifs, le groupe en guise de soutien et la
pathologie comme élément de résilience.
5.2.1 Les angoisses face à la réalisation des objectifs
En accédant à un programme axé vers le rétablissement, tous veulent recevoir de
l’information éducative dans le but de développer une meilleure gestion des angoisses
reliées à la psychose. Les participants sont également conscients que la consommation
est un déclencheur à cette angoisse et qu’ils doivent découvrir des stratégies pour mieux
gérer les obsessions à la consommation tout en cessant ou diminuant la consommation
de substances psychoactives. Ces manifestations contribuent à les paralyser
psychiquement et deviennent ainsi l’un des obstacles à la réalisation des objectifs visés
en exacerbant les symptômes psychotiques et en diminuant les capacités à les gérer :
« J’entends des voix. C’est débile des fois. Je suis dans ma tête, puis… je me
bats contre moi-même. C’est ridicule, mais quand je ne bois pas… quand
j’avais arrêté pendant six mois, ça ne me faisait pas ça ». (Denis, p. 6)
« Je ne pense pas rechuter parce que j’ai tellement peur d’avoir tous les
symptômes que j’avais avant : j’avais même de la misère à m’exprimer… à
cause des amphétamines». (Gabriel, p. 15)
« Je veux être capable… de sortir de thérapie… et rien me dérange sur le
côté consommation… c’est ça qui me tiendrait, là! » (Serge, p. 37)
Serge est surtout angoissé d’être confronté à des obsessions qui lui rappellent les
déclencheurs de sa consommation. Il a aussi connu des épisodes d’idées suicidaires
allant jusqu’à une tentative de mettre un terme à sa vie. Il désire maintenant découvrir
des solutions pour mieux gérer ses angoisses et ses symptômes psychotiques.
Richard conteste avoir des symptômes angoissants. Il reconnaît avoir un trouble de
toxicomanie; cependant, il est en désaccord avec le diagnostic proposé par les
psychiatres. Selon son interprétation et ses idées concernant les symptômes de la
schizophrénie, il est plutôt envahi par des variations d’humeur reliées à sa
consommation de cannabis et ses symptômes l’empêchent de se maintenir dans un
programme d’employabilité :
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et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.
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variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
« L’humeur… c’est le cannabis qui fait ça. […] Oui… ça m’affecte à ce
niveau-là, les up et les down. Mais je n’ai pas de symptômes de
schizophrénie à cause de ça. […] Je n’entends pas plus de voix ou moins de
voix. […] Mais paranoïde, ça, je l’accepte pas parce que j’ai jamais eu peur
de rien! ». (Richard, p. 9)
Gabriel vit surtout des craintes à réintégrer le marché de l’emploi car un plus
grand revenu signifie aussi un plus grand pouvoir d’achat de drogues. Malgré cette
crainte, il préconise qu’il serait temps pour lui de passer à l’action dans la réalisation de
cet objectif :
« Tous ceux que j’ai vus… sur le marché du travail… ils avaient plus
d’argent à gérer… ils ont subi un stress, ils sont plus fragiles… aussitôt qu’il
y a un choc… ils retombent, là!... J’ai peur un peu de retourner sur le
marché du travail, mais dans un sens je me dis… je suis aussi bien, là,
parce que t'sais, sinon ça aura pas de fin, là ». (Gabriel, p. 11)
5.2.2 Le groupe en guise de soutien
Le soutien du groupe influence positivement la mobilisation de leurs ressources
afin de sortir de l’isolement social et il représente un modèle d’intervention pour
soutenir les participants dans leur rétablissement. Ils optent pour ce soutien à condition
de pouvoir quitter la dynamique du groupe si l’intensité émotive est trop forte. De plus,
les participants estiment que leur rétention dans une programmation de groupe serait
augmentée s’ils pouvaient obtenir un suivi individuel en relation d’aide en toxicomanie
entre les rencontres de groupe pour parler de sujets plus spécifiquement intimes et
confidentiels.
Richard reconnaît que la vie de groupe lui permettrait de socialiser par le biais des
rencontres qu’il y fait. D’ailleurs, il mentionne que cette modalité d’intervention
thérapeutique comblerait ses lacunes relationnelles :
« J’aime mieux en groupe parce que c’est une sphère de ma vie qui me
manque… le côté social…. Si j’avais le choix entre faire une thérapie tout
seul, puis faire une thérapie avec un groupe… j’aimerais… ça… le fait
d’être en groupe, ça comblerait peut-être une lacune dans ma vie, là ».
(Richard, p. 26)
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L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique
et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.
Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
Serge abonde dans le même sens, il précise que la vie de groupe permet de sortir
de son isolement social et faire des efforts pour mieux gérer les symptômes désagréables
de la maladie. Elle offre aussi la possibilité d’améliorer certains défauts de caractère et
de développer de meilleures habiletés relationnelles :
« C’est sûr… qu’en groupe, c’est intéressant parce que oui, on parlait de
nous autres… durant les pauses… on ne jasait pas juste de consommation,
on jasait… d’état de la vie. Moi, ça m’a permis… aussi de sortir de chez
moi… je suis un peu timide. C’est maladif, là… fait que…ça m’aidait aussi».
(Serge, p. 10)
Notons également que tous les participants désirent être encouragés en rencontre
de groupe avec des interventions soutenant les forces de chacun. Ils ont aussi précisé que
le respect du rythme de la personne aidée est fondamental dans la disposition au
changement. Ils nomment que les échanges apportent un sentiment de contribution et
une gratification. Ils proposent donc une programmation de groupe dans un climat
respectueux de non-confrontation qui fasse naître des prises de conscience graduelles
ainsi qu’une grande collaboration de chacun dans la dynamique. Ils ont décidément la
motivation de partager leurs expériences tout en profitant d’une tribune d’écoute et
d’une dynamique soutenant la motivation à la participation. Pour accéder à ce soutien de
groupe, ils recherchent notamment des techniques d’animation mobilisatrices et
suggèrent de nouvelles méthodes pour obtenir un sentiment d’efficacité personnelle,
d’apport expérientiel :
« Avec des activités… pas "juste" dans un local… des activités… physique et
mentale en même temps ». (Denis, p. 29)
« Le fait de vivre en groupe… de pouvoir être aidé… et de sentir que moi
aussi je peux aider ». (Richard, p. 37) « C’est d’impliquer le monde… tu
peux autant m’aider que je peux t’aider... On fait tu un échange ». (Richard,
p. 39)
« Durant les pauses, l’intervenant va sortir dehors jaser avec nous autres…
C’est sûr que… je trouverais ça intéressant ». (Serge, p. 25)
Ils perçoivent certes la vie de groupe comme un terrain de pratique favorisant
l’apprentissage de meilleures habiletés sociales. Ils sont motivés à demeurer dans des
activités relationnelles différentes qui donnent lieu à des discussions sur tous les thèmes
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L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique
et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.
Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
associés au rétablissement. Certains, comme Serge, visent non seulement une plus
grande sociabilité mais désirent aussi développer une plus grande compassion envers les
autres usagers du groupe. Il nomme même avoir amélioré son ouverture à accepter que
les participants du groupe ne soient pas tous aux mêmes stades par rapport à l’arrêt de la
consommation. Il a néanmoins l’intention de participer à des rencontres afin d’être
mieux avec lui-même tout en découvrant des stratégies de gestion des idées
obsessionnelles reliées aux substances :
« C’est sûr que je vais en faire des… groupes… pour que je sois bien dans
ma peau. […] Je me dis que la consommation est partout… va falloir que je
le gère, que je trouve des trucs… pour plus que ça me dérange ». (Serge, p.
30)
Soulignons que tous les participants vivent certaines craintes d’être confrontés en
réunion de groupe à leurs symptômes de schizophrénie et de toxicomanie. Par contre,
une dynamique de groupe, socialement active dans les discussions avec une
diversification d’activités dans la programmation, détient donc plusieurs avantages afin
de les retenir plus longtemps en traitement. Sommairement, les conversations entre eux
font progresser la motivation de demeurer au sein de cette dynamique et elles
contribuent à améliorer la santé mentale en renforçant l’estime de soi par le partage et la
communication avec autrui.
5.2.3 La pathologie comme élément de résilience
Les participants ont tous vécu une expérience de poly-toxicomanie. Ils préfèrent
d’ailleurs s’identifier à l’image du toxicomane plutôt qu’à celle du schizophrène. Un
autre constat, observé dans les résultats obtenus, est qu'ils ont tous raconté une histoire
pour symboliser leur souffrance reliée au trouble concomitant. Serge a traversé lui aussi
dans son assuétude plusieurs situations de crise et ces événements lui ont fait prendre
conscience de la nécessité d’orienter sa vie vers l’abstinence d’alcool et de drogues. Il a
aussi réalisé que les substances qu’il consommait exacerbaient ses symptômes
psychotiques et ses idées suicidaires. En raison de ces situations, il a développé un
système de résilience plus robuste et il ne veut pas revivre les mêmes désavantages :
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et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.
Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
« C’est sûr que si je consomme… de la drogue… je vais réentendre des
voix… je vais avoir un mal être extrême. Puis j’aurais peur… de passer à
l’acte du suicide ». (Serge, p. 36)
Gabriel a aussi développé des forces en cessant la consommation d’amphétamines.
Il a pris conscience que l’usage de cette substance avec sa médication psychiatrique
avait un impact désagréable et contribuait à l’apparition de ses troubles de l’humeur :
« Je me suis rendu compte à la longue que le médicament… et les drogues
que je prenais, ça allait pas ensemble… J’étais tout le temps mal… avec les
amphétamines ». (Gabriel, p. 8)
Richard a développé dernièrement un système de résilience plus vigoureux en
cessant les amphétamines. Il nomme, entre autres, avoir développé des façons de gérer
ses voix. En groupe, il souhaite faire profiter les autres de son expérience notamment
quant à la gestion des voix par des outils simples de relaxation et de respiration.
Denis et Serge nomment avoir vécu de sérieux problèmes à se maintenir seul en
logement. Ils associent cette problématique à leurs intoxications aux substances
psychoactives ainsi qu’à des problèmes de gestion des finances. Ils ont donc tous les
deux décidé de cesser la consommation de drogues illicites afin de se maintenir en
logement. De plus, lors de leur démarche d’intervention en toxicomanie, ils n’ont pu
bénéficier d’une réinsertion sociale structurée. En effet, leur décision de mettre un terme
prématuré à la thérapie interne a eu comme résultat de ne pas pouvoir profiter d’un
programme bien adapté à leurs besoins. Dans cette crise psychosociale, ils ont aussi dû
faire valoir rapidement leurs forces d’adaptation et de résilience. Pour remédier à cette
situation précaire à l’itinérance et s’assurer d’obtenir un logement abordable ainsi que
convenable, ils ont tous les deux pris la décision de trouver un colocataire afin de vivre
en cohabitation.
Les participants nomment avoir vécu des conséquences ainsi que des pertes liées
aux symptômes des deux problématiques. Ces événements ont été l’occasion pour eux
d’évoluer et de faire des changements. Ces changements ont particulièrement permis de
développer une plus grande force de résilience et d’acquérir une meilleure gestion des
émotions afin de faire face aux difficultés quotidiennes. La programmation doit tenir
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variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
compte des forces de résilience de chacun d’entre eux afin de stimuler la motivation à
poursuivre les changements désirés. Évidemment, ces forces d’adaptation doivent être
soulignées par des renforcements positifs dans nos interventions et elles constituent un
enjeu important dans la formulation de la programmation.
5.3 Approches à utiliser avec ce trouble concomitant
D’entrée de jeu, la grille d’entrevue contenait plusieurs questions sur les modèles
d’intervention et les participants ont pu s’exprimer sur les raisons qui ont motivé la
poursuite de leurs démarches ou la décision de l’interrompre. Même s’il n’y avait
aucune question spécifique sur l’approche à utiliser dans un programme de
rétablissement, tous ont spontanément abordé ce thème comme un élément clé de la
motivation à poursuivre ou non une démarche. Deux sous thèmes retiennent l’attention :
l’attitude de l’intervenant et les outils à utiliser en intervention.
5.3.1 L’attitude de l’intervenant
Les personnes rencontrées désirent recevoir une aide professionnelle. Pour eux, le
professionnalisme se traduit par une relation de confiance non directive et d’écoute des
besoins de la personne aidée ainsi qu’une attitude relationnelle accueillante. Cette
conduite relève d’un intervenant soutenant la démarche entreprise et qui n’abandonnera
pas la relation d’aide sans donner d’explications précises sur les motifs de l’arrêt de
traitement. Au contraire, l’intervenant encouragera le changement en communiquant
simplement et en utilisant une approche rassurante devant les situations de crise.
Prenons l’exemple de Denis qui aurait aimé terminer les démarches entreprises car
il vit ses abandons de traitement comme un constat d’échec. Il reconnaît que certaines
activités de la programmation comme les réunions de groupe dans les communautés
thérapeutiques et les discussions entre les pairs étaient adéquates. Il justifie ses refus de
traitement à l’attitude des intervenants qui négligeaient les encouragements dans ses
efforts de réadaptation. Lors des activités pour les prises de conscience en vue du
changement de comportement, il percevait les commentaires des intervenants comme
une punition ainsi que des reproches et cette attitude d’intervention activait son
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sentiment d’humiliation, sa paranoïa ainsi que sa méfiance avec les autres usagers. Il
préfère aujourd’hui une volonté de l’aidant à consolider les forces de l’aidé par des
interventions de soutien face aux comportements à modifier ainsi que la reconnaissance
de l’ambivalence que peut vivre l’usager dans le processus de changement :
« C’était une bonne thérapie… la logique là-dedans… c’est que tu ne peux
pas… punir une personne parce qu’il a un défaut… qu’il veut s’améliorer.
Au contraire, faut que tu l’encourages. Ça, pour moi, c’est plus important
qu’essayer de le détruire devant 56 personnes... Non? […] Faut que
quelqu’un soit prêt pour pouvoir dire… les vraies choses ». (Denis, p. 13)
Denis préfère une attitude d’intervention plus suggestive et non imposée. Il désire
un peu plus d’accompagnement vers le changement et un soutien professionnel qui
respecte son rythme d’évolution. En somme, il apprécierait que les professionnels
offrent davantage une attitude de conseiller qui évoque des suggestions de changements
pour aider les personnes à faire un choix véritablement éclairé :
« C’est vous autres les professionnels… Mais si vous aviez plus de
suggestions à faire alentour de nous autres, je pense que… ça irait mieux
pour certains cas comme moi, comme ben du monde ». (Denis p. 38)
Un autre élément essentiel relié à la demande d’aide et qui doit être pris en
considération pour ce type d’usagers. Prenons l’exemple de Richard qui refuse de faire
une demande d’admission à des programmes de réadaptation en raison du rejet et de la
frustration vécus lorsqu’il a sollicité des services à un centre spécialisé en situations de
crise. Il a ressenti dans l’attitude que les intervenants ne prenaient pas au sérieux sa
demande :
« Moi, j’ai essayé de faire affaire avec eux… pis ça avait pas marché. […]
J’ai senti que… je n’avais pas été pris au sérieux dans ce que j’exprimais.
J’ai ressenti souvent… des frustrations là-dedans ». (Richard, p. 33)
Malgré les interventions du personnel clinique en psychiatrie, Richard a toujours
appréhendé de faire une demande d’aide en réadaptation. Il craint aussi ses propres
réactions vis-à-vis l’attitude d’un intervenant directif, moralisateur et culpabilisant qu’il
croit possible de croiser dans le processus thérapeutique. Il préfère une attitude
spirituelle et empathique. À son avis, cette conduite favorise un climat facilitant la
collaboration et elle fournit une atmosphère propice au changement. L’attitude
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spirituelle ainsi qu’empathique, selon lui, contribue à explorer la résolution des
problèmes et elle permet une meilleure connaissance de soi-même :
« Si j’avais une thérapie à faire… ça serait tout de suite… en les mettant à
l’aise… en disant : « on ne vous juge pas »… Exactement ce que vous faites
là. « On veut apprendre de vous autres, on veut pouvoir aider les autres
avec ça »... Il y a beaucoup de spiritualité là-dedans… C’est parce que… tu
vas chercher vraiment la personne comment elle est… comment elle se sent,
comment elle peut exprimer ce qu’elle ressent en-dedans d’elle, mais c’est
une forme de recherche… de trouver le bonheur »? (Richard, p. 27)
Forcément, les participants à l’essai aimeraient tous ressentir une telle compassion
ainsi qu’un sentiment d’encouragement dans la résolution des problèmes. Ce sentiment
encourageant l’auto-efficacité, induit par l’attitude de l’aidant, permettrait de créer une
source de motivation importante à demeurer dans le processus thérapeutique.
5.3.2 Les outils à utiliser en intervention
Les outils susceptibles d’aider les participants sont variés et doivent surtout
encourager les forces de la personne aidée avec, au besoin, l’utilisation de renforcements
positifs. Ces techniques sont essentielles pour inciter la participation aux activités.
Serge a bien aimé les activités de groupes avec le modèle des communautés
thérapeutiques offrant des renforçateurs. Il a aussi apprécié, lors de ses démarches
d’intervention interne en toxicomanie, la diversité des contenus thématiques, les outils
de gestion des émotions ainsi que le mode de vie proposé par le modèle Minnesota. Il
nomme que les outils d’entraide avec la méthode A.A ont été déterminants pour lâcher
prise avec ses délires religieux et réfléchir sur sa propre spiritualité. Présentement, il
précise se servir de tous les outils appris lors de ses démarches; néanmoins, il accorde
une importance accrue à l’outil de gestion des impulsions et aux réflexions sur les
décisions à prendre pour ses projets d’avenir :
« Le time out… c’est le meilleur outil… ils devraient montrer ça, au
primaire. […] S’il arrive un problème… mais c’est de prendre conscience.
Juste prendre conscience, je pense que… ça peut aider pour le futur ».
(Serge, p. 16)
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Richard verbalise que l’expert demeure l’usager. N’ayant jamais fait de démarche
de changement, il a peu de référence à présenter lors de l’entrevue. Il croit par contre
aux convictions associées aux mouvements d’entraide A.A. Présentement, il nomme
avoir cessé de prendre son traitement pharmacologique et il ne se sent pas dans une
disposition à connaître davantage les autres outils thérapeutiques ainsi qu’adhérer à une
participation de groupe d’entraide A.A. Il est surtout intéressé par les lectures de la
littérature A.A. ainsi que les principes et les outils spirituels de la méthode enseignée par
le modèle Minnesota :
« Je m’associe beaucoup aux A.A… le 24 heures à la fois, les 12 étapes…
tous les principes des AA. […] Ça faisait partie de mes convictions déjà… Je
ne sentais pas le besoin d’aller plus loin que ça pour en connaître davantage
». (Richard, p. 21)
Gabriel affirme que l’information transmise avec les affiches sur la prévention de
la consommation ainsi que les outils soutenant sa motivation ont été utiles pour effectuer
des changements dans la réduction de l’usage des substances psychoactives. Il reconnaît
aussi que la motivation part de soi-même et que s’il vise l’abstinence, il aura
nécessairement besoin d’aide avec les outils de cette approche :
« Bien en me motivant à pas consommer… mais… faut que je m’aide moimême… t’sais… ce n’est pas facile… je suis sûr que je peux y arriver avec
de l’aide ». (Gabriel, p. 23)
En somme, les participants sont stimulés à poursuivre le processus de réflexions
thérapeutiques à condition d’être accueillis selon leur propre vision du changement. Ils
sont aussi motivés par l’attitude d’un intervenant qui inspirera l’espoir dans le processus
de changement. Ils désirent une attitude d’intervention humaine et l’utilisation d’outils
pragmatiques dans l’objectif d’être le plus fonctionnel possible dans la communauté.
5.4 Modalités de la programmation
Les participants ont abordé plusieurs éléments concernant les modalités de la
programmation. On distingue les modalités en relation d’aide dans le suivi intensif, la
composition du groupe, la fréquence des activités et enfin les délais d’accès aux
services.
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variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
5.4.1 La relation d’aide dans le suivi intensif
Les participants interviewés ont tous abordé l’importance d’obtenir un suivi
intensif à la fois en individuel et en rencontre de groupe. Ils se sentent prêt à demeurer
dans une démarche d’intervention offrant un service de suivi individuel et de groupe.
L’objectif pour eux est de recevoir une relation d’aide individuelle pour clarifier des
questions de vie plus spécifiques à leurs difficultés quotidiennes. Cette relation d’aide
plus discrète et confidentielle leur permet de pouvoir parler de problématiques plus
profondes. Gabriel, comme les autres participants, précise son besoin d’avoir une
rencontre individuelle à chaque semaine pour profiter d’un support plus ciblé. Il
reconnaît toutefois souhaiter recevoir des informations en groupe afin d’augmenter
l’impact thérapeutique :
« Je pense qu’en individuel, c’est mieux… sauf qu’en groupe...
l’information… va aux 10 personnes… tandis que l’individuel, c’est plus
ciblé sur des questions… qui sont adaptées à ta situation. […] Faudrait les
deux, quasiment, là. […] Je pense que ça l’aurait plus d’impact». (Gabriel,
p. 16)
5.4.2 Composition du groupe
Les personnes rencontrées se disent motivées par un groupe composé de personnes
ayant les mêmes problématiques et qui se soutiennent mutuellement dans leur démarche
thérapeutique. Lors de la formation du groupe, l’évaluateur doit tenir compte de ces
facteurs afin d’éviter un taux d’attrition qui pourrait avoir un sérieux impact sur la
dynamique des rencontres.
5.4.3 Fréquence des activités
La plupart des participants visent un minimum d’une rencontre de groupe et un
suivi individuel par semaine. Denis propose un suivi intensif ayant plusieurs rencontres
par semaine afin de se sentir davantage encouragé dans sa démarche thérapeutique. Un
minimum d’une rencontre individuelle et de deux rencontres de groupe par semaine
serait optimal à son avis durant la première année avant de diminuer par la suite
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l’intensité des services. Il précise aussi l’importance de terminer ce qu’il entreprend
comme démarche :
« Un individuel, mais les deux autres… que ce soit des meetings ou
n’importe quoi, mais c’est le minimum… ce n’est pas assez rien qu’une fois
par semaine… Où est-ce qu’il est l’encouragement? […] Si vous décidez
d’entreprendre quelque chose… dans la vie, tu pars du début pis tu t’en vas
jusqu’à la fin… c’est vraiment de les suivre… Au bout d’un an, j’imagine
qu’il va pouvoir se débrouiller par lui-même ». (Denis, p. 27-28)
Denis mentionne notamment avoir besoin de plusieurs activités contribuant à
l’appuyer dans sa démarche et il propose aussi des loisirs sportifs et sociaux de façon
occasionnelle afin de socialiser avec les autres. La fréquence de ces activités n’a pas été
divulguée en entrevue; par contre, ils mentionnent qu’une programmation plus
diversifiée contribuerait à les motiver à sortir de l’isolement et de l’ennui.
5.4.4 Délais d’accès
Le délai d’accès aux activités entourant la programmation est important pour les
gens atteints de ce trouble concomitant. En effet, les risques de dangerosité pour soimême ou pour autrui reliés à la rechute psychotique, la faible capacité de contrôler les
impulsivités ainsi que l’ambivalence à effectuer une demande de services sont des
facteurs primordiaux à considérer lors de la demande d’aide en traitement.
L’accessibilité doit donc être assez rapide pour ne pas que les usagers perdent leur
motivation. Pour Denis, l’accessibilité à la programmation doit être flexible et l’aide
disponible le plus tôt possible. Il est prêt à attendre une semaine, tout comme Richard.
Les autres veulent aussi une accessibilité rapide quoiqu’ils estiment avoir la capacité
d’attendre un peu plus longtemps (jusqu'à quatre semaines pour Serge). Serge, qui reçoit
des services à la clinique externe de psychiatrie de l’Hôpital Charles LeMoyne depuis
quelques années, extrapole en énonçant même que les ressources en santé mentale ont
des délais plus rapides qu’en toxicomanie et que ça devrait être identique pour les deux
problématiques :
« La maladie mentale, on ne peut pas attendre… parce que c’est grave…
C’est un cancer de l’âme… Il y en a qui peuvent mourir, se suicider, là,
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t'sais? Fait qu’on ne peut pas niaiser avec la santé mentale. Mais on ne peut
pas niaiser avec la toxicomanie non plus ». (Serge, p. 32)
En somme, selon nos participants, le délai d’accès doit être raisonnable et la
demande d’aide bien accueillie. Ces éléments jouent un rôle important pour les
personnes souffrant de ce trouble concomitant et un trop long délai d’accès risque de
faire diminuer la motivation à entreprendre une démarche.
6. ANALYSE DES RÉSULTATS
Avant de débuter l’analyse des résultats obtenus, rappelons que l’objectif de
l’essai vise à identifier les conditions d’intervention ainsi que les éléments de
programmation qui favorisent un meilleur taux de rétention en traitement avec la
clientèle du Suivi d’Intensité Variable (SIV). Les éléments faisant le plus consensus en
ce sens, auprès des participants interviewés, sont d’aborder la sphère de l’emploi et des
études par une intervention de soutien en contexte individuel et de groupe.
Selon Drake (2013), les interventions visant l’intégration à l’emploi contribuent à
réduire l’attrition en traitement et motivent l’usager dans son rétablissement à adopter
une meilleure gestion des symptômes associés au trouble concomitant. Un tel
programme pour l’obtention d’une meilleure rétention en traitement pour ce trouble
concomitant devrait donc viser à : 1) intégrer et soutenir l’accès à l’employabilité et aux
études; 2) développer des techniques motivationnelles d’animation de groupe; 3)
intervenir en encourageant et supportant les forces de l’usager; 4) cibler les obstacles et
les changements possibles pour les diriger vers les services appropriés.
6.1 L’intégration et le soutien à l’emploi et aux études
La majorité des personnes rencontrées en suivi intensif ayant un trouble de
schizophrénie grave exprime le désir d’intégrer un emploi régulier (Latimer, 2008).
Malgré ce désir, la plupart des intervenants garde un certain doute quant à la possibilité
d’occuper un emploi compétitif pour les gens qui éprouvent un trouble concomitant de
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schizophrénie et de toxicomanie. Pourtant depuis 1992, des expériences ont démontré de
bons résultats avec le soutien d’intégration à l’emploi et aux études (Drake, 1998). Cette
approche d’intégration et de soutien à l’employabilité est effectivement bien définie en
psychiatrie et elle permet d’aider des personnes avec une problématique de
schizophrénie ainsi que de toxicomanie à participer activement au marché de l’emploi
(Drake, 2013). Cet objectif pour les personnes atteintes de schizophrénie grave est aussi
reflété dans le plan d’action en santé mentale (2005), dans lequel le Ministère de la
Santé et des Services Sociaux (MSSS) estime que ces programmes doivent être
globalement améliorés et mieux soutenus. C’est ce qui a été soulevé d’ailleurs par les
participants qui ont manifesté l’intérêt d’intégrer plus aisément l’employabilité et les
études. L’atteinte de cet objectif les motiverait à adopter une meilleure gestion des deux
troubles ainsi que le développement de stratégies visant à contrer les obstacles associés à
la toxicomanie et une amélioration de la qualité de vie dans les sphères propices au
rétablissement.
Présentement, le suivi intensif dans la Communauté (SICOM) via l’équipe
interdisciplinaire du Program Assertive Community Treatment (PACT) offre des
interventions de type Individual Placement and Support (IPS). Ce modèle de soutien à
l’emploi et aux études se distingue de plusieurs façons : les interventions encouragent et
supportent l’usager dans la recherche d’un programme d’employabilité et d’étude; ce
modèle diminue le temps de formation préparatoire afin de maintenir la détermination
d’intégrer cette sphère de vie; le soutien s’effectue au-delà de l’obtention du premier
emploi et les interventions se font dans le milieu du travail; et enfin, l’équipe de suivi
intensif collabore étroitement avec l’ensemble des acteurs impliqués (Latimer, 2008).
Les observations cliniques du SICOM concluent que l’obstacle à l’intégration et au
soutien demeure la problématique de toxicomanie des usagers qui, pour certains,
manquent d’assiduité, délaissent à l’occasion leur traitement pharmacologique pour
s’adonner à la consommation de substances psychoactives ou ils abandonnent
prématurément ces programmes sans offrir de raisons spécifiques. De plus, l’équipe
constate que ces dernières années, la plupart des services d’intégration à l’emploi refuse
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les troubles de schizophrénie qui ont une problématique liée aux substances
psychoactives car ils ont vécu auparavant de mauvaises expériences d’intégration avec
ces personnes.
Toutefois, la création d’une programmation visant l’intégration à l’emploi de la
clientèle schizophrène et toxicomane est un projet réalisable. Les participants à l’essai
sont conscients des obstacles liés à cette intégration; ils reconnaissent en effet
l’exacerbation des symptômes de santé mentale liés à leur toxicomanie et
conséquemment sont motivés à diminuer ou à cesser leur consommation et apporter des
changements pour l’obtention d’un emploi. Ils ont cependant besoin d’être supportés
dans cette expérience.
En ce sens, les participants reconnaissent aussi que les rencontres de groupe
peuvent constituer une modalité d’intervention importante en raison du soutien à la
réinsertion sociale qu’il peut offrir. Cette démarche d’intervention peut également leur
permettre de sortir de l’isolement, de socialiser et de développer des stratégies de gestion
des symptômes menaçants, trois éléments appropriés à l’intégration au travail. Ensuite,
pour ne pas mettre en péril la rétention à l’emploi et aux études, les thématiques de
groupe sur le trouble concomitant offriraient des activités pour l’obtention de stratégies
d’adaptation pour faciliter ainsi que soutenir leur projet. Lors de ces activités
thérapeutiques, les discussions entre eux motiveraient les réflexions vers le maintien de
comportements plus responsables. L’objectif du soutien de groupe est surtout
d’encourager et de motiver la réussite de leur démarche d’intégration ainsi que
l’abstinence d’alcool et de drogues, ou du moins pour ne pas rejeter certains usagers à ce
programme, des pistes de
stratégies pour obtenir une meilleure gestion de la
consommation. Par contre, les interventions doivent encourager clairement la sobriété
puisque Mueser et ses collègues (2001) ont notamment démontré l’importance de viser
l’abstinence avec ce trouble concomitant car ces substances altèrent le fonctionnement
en communauté. Et enfin, un autre élément essentiel, pour contrer l’attrition et le cycle
de désespoir, est que cette programmation doit être spécifiquement conçue pour ce
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L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique
et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.
Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
projet d’intégration afin qu’ils se retrouvent plus aisément dans un processus de
rétablissement motivant leurs intérêts.
6.2 Développer des techniques motivationnelles d’animation de groupe
Les participants ont précisé vouloir être encouragés, supportés et motivés par des
interventions de groupe qui offrent des outils de réflexions. Ces interventions, ainsi que
les outils spécifiés dans les résultats, rappellent ce que Miller et Rollnick (2002) ont
désigné comme étant des techniques motivationnelles qui mobilisent les forces des
usagers vers des changements significatifs tout en utilisant l’exploration et la résolution
de l’ambivalence. Globalement, les études concluent à l’efficacité de l’Entrevue
Motivationnelle (EM) pour augmenter le taux d’adhérence dans une dynamique de
groupe, ce qui favorise non seulement les apprentissages mais également l’adoption de
comportements plus adaptés, tout en fournissant un contexte plus participatif (Assaad et
Kayser, 2013).
Les participants ont aussi énoncés qu’ils persisteront dans leur démarche si
l’intervention de groupe est animée de façon à respecter le rythme de chacun; d’ailleurs,
c’est l’un des principes au cœur de l’EM. Les outils motivationnels de groupe sont
définitivement des techniques d’interventions non coercitives qui soutiennent les
réflexions en mettant en perspective les perceptions réalistes des personnes ayant ce
trouble concomitant et ils stimulent aussi l’auto-efficacité (Vincent et coll., 2001). Il
s’agit d’animer la vie de groupe en fonction de leur permettre de prendre de bonnes
décisions et surtout d’apprendre au travers des conséquences de leurs choix. De plus, des
travaux sur plusieurs approches combinées avec ce trouble concomitant ont démontré un
meilleur taux de rétention et d’efficacité avec les outils de l’EM combinés à une autre
approche (Chanut, Brown, et Dongier, 2008). Ces outils sont donc utiles dans un
processus d’intégration et de maintien à l’emploi et aux études; ils facilitent
l’exploration de solutions pour une meilleure gestion des symptômes et en particulier les
idées obsessives; ils contribuent à développer des habiletés de gestion de la
consommation pour éviter les intoxications; ils motivent la personne à se maintenir en
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L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique
et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.
Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
logement (formuler un budget et le respecter); ils offrent des réflexions pour
l’observance au traitement pharmacologique ainsi que le maintien de la routine des
activités de vie quotidiennes et des activités de vie domestiques.
6.3 Intervenir en encourageant et supportant les forces
Les participants désirent obtenir un support professionnel qui sait relever leurs
forces et aborder les obstacles de façon empathique. Cet encadrement relationnel
encouragerait le développement et le maintien d’un lien de confiance. Ces résultats
concordent avec la recherche de Rapp et Goscha (2004) qui stipule que le soutien doit
être centré sur les forces des personnes avec les troubles plus sévères et persistants de
santé mentale et que cette attitude plus soutenante contribue à identifier leurs
aspirations. Ce modèle, encourageant les forces dans un suivi intensif, favorise
définitivement l’intégration à l’emploi compétitif (Latimer et Rabouin, 2011). Pour le
volet du SIV, cette approche supportant les forces d’intégration à l’emploi ainsi qu’aux
études, combinées à l’EM de groupe, pourrait à la fois avoir des effets bénéfiques sur le
taux de rétention.
Manifestement, les participants s’identifient plus facilement à l’image du
toxicomane qu’à celle du schizophrène. Les substances psychoactives représentent toute
leur structure de vie. Cette identité comporte pour eux un certain charme contrairement à
la représentation reliée à la schizophrénie. Ils ont aussi le sentiment d’être accepté
socialement par le groupe en se présentant sous cette étiquette. D’autre part, la psychose
crée des angoisses de fractionnement de la personnalité et pour protéger leur détresse
psychique, ils se sont construits une vie bâtie autour de l’image du toxicomane pour
lutter contre la honte associée à la division identitaire du schizophrène. En somme, ils se
sont organisés une histoire autour de l’univers des substances pour lutter contre ces
émotions. Selon mon expertise, cette composante d’identification doit être mise en
perspective dans l’intervention de groupe pour renforcer les capacités de la personne à
se forger sa propre identité car ces personnes ne sont pas la maladie et encore moins la
toxicomanie.
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et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.
Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
M. Robert Dilts (2003) précise qu’il est essentiel de soutenir et d’encourager la
croissance personnelle des humains au niveau de l’identité puisque ce sens identitaire est
encore plus profond que les valeurs et les croyances. Les participants désirent se faire
valoir et faire profiter l’ensemble du groupe du développement des stratégies
d’adaptation lors de leurs expériences de changement. Cela signifie en intervention de
groupe de donner la parole et la possibilité aux personnes de s’ouvrir et d’approfondir
leurs réelles forces identitaires. Ainsi, elles pourront jongler avec les décisions à prendre
et certaines difficultés de la vie à partir d’un lieu où elles se sentent de plus en plus
présentes et accueillies, et ce, même dans les périodes de rechutes.
Finalement, suite aux résultats obtenus, j’ai maintenant la conviction que le
rétablissement de ces personnes est possible en intégrant dans nos programmes une
place privilégiée aux forces en présence motivant ainsi la poursuite de la démarche. En
somme, les meilleures pratiques sont celles qui renforcent les habiletés sociales avec les
valeurs humaines et l’importance associée à un projet de vie, en outillant
stratégiquement les personnes à utiliser de meilleures techniques de gestion des
symptômes angoissants ainsi qu’obsessionnels; et pour terminer, les interventions
doivent encourager les forces à surmonter les obstacles qui se présentent devant
l’objectif visé.
6.4 Cibler les obstacles et les changements possibles pour les diriger vers les
services appropriés
Pour favoriser un meilleur rétablissement avec l’intégration à l’employabilité et
la scolarité, il est nécessaire de bâtir des liens avec la communauté : employeurs,
institutions scolaires et organismes communautaires (SQS, 2010). Le dernier plan
d’action en santé mentale de l’Organisation Mondiale de la Santé (2013) recommande
d’ailleurs des stratégies de réduction de la pauvreté pour les troubles de schizophrénie
grave en optimisant le développement de meilleurs programmes d’intégration à l’emploi
et aux études. L’un des obstacles qui complexifie l’intégration aux services de la
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et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.
Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
communauté est le manque de persévérance relié aux symptômes positifs et négatifs
ainsi qu’aux variations d’humeur de la schizophrénie souvent exacerbées par les
substances psychoactives. Pour y faire face, les participants proposent une
programmation adaptée ainsi que des structures d’admissions et réadmissions en
toxicomanie un peu plus flexibles. D’ailleurs, c’est ce qui a été discuté notamment lors
du troisième colloque du Centre de Réadaptation en Dépendance de la Montérégie
(Clément, 2013). Sommairement, dans cette nouvelle formule d’intégration à l’emploi et
aux études, la rechute ne signifie pas nécessairement un échec et une fin de traitement à
la programmation. La rechute, à l’occasion transitoire, doit être gérée comme une
situation d’expérience évolutive; et pour ne pas perdre les acquis, une sortie temporaire
du milieu à l’emploi peut permettre de faire le point de la situation avec une réévaluation
de la motivation ainsi qu’un délai de réadmission acceptable.
Maintenir les liens, notamment avec les réseaux d’employabilité des personnes
qui vivent ce trouble concomitant, comporte aussi des défis de taille car il faut sortir
d’un système d’intervention par séquences afin de travailler, tous collectivement et
globalement, et innover dans nos collaborations avec nos partenaires (CCLAT, 2013).
Les participants à l’essai désirent effectivement adhérer à une programmation ayant une
diversification d’activités. Pour atteindre cet objectif, il faut favoriser les références dans
l’ensemble des programmes de la communauté car le SIV ne peut offrir cette panoplie
d’activités. Ceci implique donc que l’ensemble des acteurs concernés par cette
problématique doit se mobiliser afin d’intervenir de pair et en concertation. Une telle
attitude permettra de soutenir les usagers afin d’augmenter la persévérance à
l’intégration à l’emploi et aux études, d’offrir un suivi individuel en toxicomanie entre
les rencontres de groupe et d’assurer les échanges d’informations permettant un suivi
systématique de leurs progrès. Dans ma pratique d’intervention, j’ai observé que la vie
de groupe offre la possibilité de développer certaines compétences et elle permet de
contrecarrer certains déficits inhérents à la schizophrénie ainsi que la toxicomanie. En
effet, les rencontres de groupe appellent un effort de structurer sa pensée pour nommer
les maux; elles permettent aussi une pratique pour une meilleure gestion de leurs
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variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
symptômes et de se présenter sobre à la réunion. Ces éléments contribuent par la suite à
renforcer et maintenir les apprentissages pour l’intégration aux services de la
communauté.
Les personnes interviewées dans mon essai ont par ailleurs relevé une autre faille
faisant obstacle à l’intégration aux services. Comme elles terminent rarement les
programmes de réadaptation à l’interne, elles n’ont pas accès à la réinsertion sociale et la
fin de la démarche se conclut très souvent en situation angoissante. Pourtant, l’un des
objectifs du rétablissement est de renforcer les capacités de ces personnes à mieux gérer
leurs désordres dans le but de les aider à se rebâtir une vie en communauté (Bouchard,
2007). Pour freiner ces obstacles à la réinsertion, la programmation doit offrir : des
thématiques pour le développement d’habileté à une meilleure gestion des
comportements plus marginaux; de l’information pour améliorer la gestion des
symptômes et pour optimiser l’intégration; la préparation de la personne pour la
recherche et l’entrevue d’embauche ainsi que les apprentissages pour le maintien des
AVQ/AVD; l’action dans l’accompagnement sur les plateaux de travail; et enfin l’offre
des groupes de support au maintien à l’emploi et aux études sont toutes des actions en ce
sens.
La question de l’intégration et des services appropriés d’employabilité auprès des
personnes aux prises avec un trouble concomitant plus sévère a suscité l’analyse de
plusieurs études au Darmouth Medical School. Des chercheurs ont démontré que ces
programmes vers l’emploi augmentent significativement la rétention en traitement
(Mueser, Campbell et Drake, 2011; Drake, 2013). À mon avis, pour intégrer les usagers
à ces services, il suffirait d’évaluer les forces ainsi que les obstacles en groupe et
motiver la personne à la recherche d’un travail compatible avec les symptômes
psychotiques, en constituant notamment une liste d’employeurs prêts à engager et
soutenir ces personnes dans leur rétablissement.
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variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
Par contre, pour implanter une telle programmation, il faut une volonté politique et
administrative permettant de libérer l’intervenant pour la recherche d’employeurs
potentiels. Drake (2013) propose un travail arrimé et bien adapté aux symptômes du
schizophrène qui n’affecte pas la production, ce qui permet d’ajouter des renforçateurs
monétaires lors des périodes à l’emploi. Enfin, comme l’ont souligné non seulement nos
participants, mais Drake, Mueser et Brunette (2007), cette offre doit être accompagnée
de stratégies de gestion des symptômes reliés au stress à l’emploi, de soutien dans la
communauté par des activités sportives/sociales et de l'aide visant à mieux gérer
l’augmentation des revenus monétaires ainsi que les risques potentiels de rechute des
deux problématiques.
7. FORCES ET LIMITES DE L’ESSAI
Ma passion pour la relation d’aide et l’amélioration des services offerts à ces
humains ont été des éléments déclencheurs afin que j’effectue un approfondissement des
connaissances dans l’objectif d’apprendre à mieux les soutenir dans le processus du
changement. Une autre force de l’essai est d’avoir laissé une place privilégiée aux
utilisateurs du volet SIV en recueillant directement leurs points de vue. Ces données vont
me permettre de restructurer mon animation et de développer de nouveaux thèmes de
programmation qui les rejoignent. Nonobstant la capacité d’insight limitée de la
clientèle, j’ai été en mesure de les aider à élaborer le contenu de leur discours et leurs
idées. Leurs propos m’ont permis d’orienter mes lectures et je suis maintenant en mesure
de proposer de meilleurs outils et éléments d’intervention pour formuler une
programmation mieux adaptée à leurs besoins.
Par contre, une première critique que l’on peut formuler à l’égard de l’essai
concerne la pertinence de la section sur les substances psychoactives abordées dans mon
formulaire d’entrevue. Cette section a été peu utile pour répondre à mon objectif d’essai.
Une seconde limite est liée à la perception des participants qui me connaissaient comme
étant l’animateur du groupe d’entraide au SICOM. Il est possible que pour me plaire, ils
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variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
aient peut-être négligé de nommer des idées reliées aux rencontres de groupe? Il est par
ailleurs clair que la perception des usagers du service ne représente qu’un seul angle
concernant les besoins et les pistes de solutions à envisager (Ouellet et Mayer, 2000). Il
serait opportun, dans une autre étape, de rencontrer nos partenaires afin d’obtenir un peu
plus d’informations basées sur l’interprétation des professionnels.
8. RECOMMANDATIONS
À partir de l’analyse des besoins rapportés par les participants ainsi que des
données sur les meilleures pratiques éprouvées et prometteuses que l’on retrouve dans la
littérature, tout en tenant compte de nos limites d’agir et de nos ressources budgétaires,
je propose deux recommandations possibles pour améliorer les conditions d’intervention
ainsi que les éléments de programmation favorisant un meilleur taux de rétention avec la
clientèle du suivi d’intensité variable.
8.1 Créer une programmation de groupe visant l’intégration et le soutien à l’emploi
et aux études
Considérant les résultats obtenus, il m’apparaît nécessaire de rejoindre la
clientèle dans leurs aspirations ainsi que leur motivation afin d’obtenir un meilleur taux
de rétention. Je recommande de faire de l’emploi et des études une priorité de la
programmation :
■ En formulant une programmation de groupe active d’information/préparation/action
et maintien à l’emploi et aux études avec des thèmes éducatifs spécifiques à cette
intégration incluant :
1) La gestion des symptômes psychotiques;
2) La gestion de l’abstinence, ou de la consommation responsable;
3) Le développement de comportements ainsi que d’habiletés sociales favorables à la
croissance personnelle et identitaire;
4) La préparation à l’emploi (faire un C.V., se préparer à l’entrevue d’embauche, etc.)
5) Les stratégies éducatives sur l’amélioration et le maintien des AVQ/AVD;
6) La gestion des finances et du budget;
7) Et enfin, le développement de stratégies pour mieux gérer l’adaptation, la perte de
l’emploi et les risques de rechutes des deux problématiques.
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variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
■ En incluant des interventions motivationnelles combinées à un modèle basé sur les
forces.
■ En créant une banque d’employeurs prêts à soutenir le projet d’intégration des usagers
à la sphère de l’employabilité.
■
En mettant en place une série de mesures flexibles favorables au maintien et aux
bénéfices des acteurs (subvention salariale, création d’un contrat d’intégration, entente
avec l’employeur quant aux exigences de l’organisation et la planification du travail,
intégration graduelle à l’emploi, et accompagnement au besoin sur les lieux de l’emploi,
etc.).
8.2 Développer des liens avec nos partenaires
Considérant nos limites d’interventions avec le suivi intensif et les
problématiques plus complexes du trouble de schizophrénie et toxicomanie ainsi que la
nécessité d’intégrer les usagers du SICOM aux services de la communauté, je
recommande le développement des liens avec nos partenaires :
■ En invitant nos partenaires à participer à quelques rencontres de groupe pour parler
des critères d’accessibilité à l’intégration de leurs services d’employabilité et étude.
■ En intervenant avec nos partenaires dans leur milieu afin d’améliorer l’adaptation et
l’intégration aux services de la communauté (les loisirs sportifs/sociaux, les groupes
d’entraide A.A/N.A, etc.).
■ En prenant le temps d’échanger des informations et de rencontrer nos usagers en
présence des partenaires du réseau dans le but de s’informer des progrès et d’encourager
les efforts.
CONCLUSION
Traditionnellement, les services de soins s’adressant aux personnes vivant des
troubles psychiatriques sévères étaient basés sur l’idée que celles-ci ne pouvaient pas se
rétablir normalement en société et que leur état ne pouvait que se dégrader ou, dans le
meilleur des cas, se maintenir. Les mœurs ont évolué. Ces personnes ont le désir de
s’intégrer et de donner un sens à leur vie en participant activement à la communauté. Cet
essai a permis à ces personnes de revendiquer leur vision du rétablissement ainsi que
leur place dans la société en préconisant une meilleure gestion des deux troubles et en
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insistant sur la possibilité d’être fonctionnel et de s’actualiser dans la sphère de
l’employabilité et des études. Comme les participants interviewés l’ont stipulé, des
rencontres de groupe, offrant des activités en vue de l’intégration à cette sphère, sont une
avenue intéressante non seulement pour augmenter le taux de rétention en traitement
mais également pour l’amélioration de la qualité des services en vue d’un rétablissement
plus normalisant.
Naturellement, les utilisateurs du service en suivi d’intensivité variable visent
l’amélioration de leurs conditions sociales. Leurs objectifs d’avenir semblent différents
de ceux de la clientèle du volet plus intensif du Program of Assertive Community
Treatment (PACT)? En dépit de leurs comportements marginaux, ces personnes ont le
droit d’avoir une vision positive d’elles-mêmes et de leur avenir. Cette vision milite en
faveur d’un rétablissement vers les sphères de vie occupationnelles favorables à
l’employabilité. De plus, pour multiplier les services accessibles, nous devons créer des
liens avec nos partenaires et outiller au besoin le réseau communautaire. La force de
notre système relève notamment du même ministère provincial et compte fréquemment
des structures administratives similaires; les intégrer pourrait permettre certaines
économies, en plus d’offrir un environnement plus adéquat pour le rétablissement.
Pour terminer, le modèle de groupe ayant comme objectif final un suivi pour
l’intégration et le soutien à l’emploi et aux études serait particulièrement une avenue à
promouvoir avec les personnes qui ont des troubles graves de schizophrénie et de
toxicomanie. L’accompagnement individualisé et soutenu par l’entraide avec les pairs
du groupe pallieraient un grand nombre d’insatisfactions actuellement éprouvées dans le
réseau de services d’insertion à cette sphère de vie. La faisabilité d’implanter cette
programmation dans notre contexte de suivi intensif est déjà démontrée. Il semble donc
logique d’encourager le développement de cette programmation pour le SIV. Par contre,
plusieurs questions demeurent, notamment quant aux façons d’en augmenter le
rendement et ses effets positifs à long terme. Présentement, le Suivi intensif dans la
Communauté peut se permettre de se concentrer sur l’implantation de rencontres de
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groupe telles que recommandées par nos participants. Il n’en reste qu’à nous d’en
maximiser l’efficacité!
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L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique
et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.
Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.
Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
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et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.
Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
ANNEXE A
GRILLE D’ENTREVUE
1-Identification de l’usager :
2-Depuis combien d’années reçois-tu les services du suivi d’intensité variable?
3-Diagnostic Axe I et II (selon l’évaluation psychiatrique au dossier) :
4-Est-ce que tu peux me nommer les substances que tu consommais à ton entrée au
suivi d’intensité variable du SICOM ?
5-Maintenant, nomme-moi les substances psychoactives que tu as consommées
durant les douze derniers mois?
□ Les amphétamines (speed)
□ L’ecstasy
□ Alcool
□ Cocaïne
□ Cannabis
□ Tabac
□ Boisson énergisante
□ Autres Substances
Fréquence :
Mode de consommation :
Fréquence :
Mode de consommation :
Fréquence :
Fréquence :
Mode de consommation :
Fréquence :
Nombre de cigarettes par jour :
Fréquence/par jour :
Fréquence :
Mode de consommation :
6-Est-ce que tu considères avoir un problème avec la consommation d’alcool ou de
drogues?
7-Quelles sphères de vie sont affectées par ta consommation d’alcool ou de drogues?
□ LOISIRS ET VIE SOCIALE
□ LE TRAVAIL
□ LES RELATIONS
□ LES FINANCES
□ SANTÉ PHYSIQUE
□ LE LOGEMENT
□ LES HABITUDES DE VIE ET L’HYGIÈNE
□ LA JUSTICE
□ LA PRISE DE MÉDICAMENTS
□ LES ÉTUDES
□ AGGRAVATION DES SYMPTÔMES AVEC TA SANTÉ MENTALE
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et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.
Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
8- La réadaptation ou le traitement interne
As-tu déjà été admis en thérapie (désintoxication ou réadaptation) en lien avec l’abus ou
la dépendance à l’alcool ou aux drogues? OUI ou NON
Si oui, combien de fois? ______________
Si non, quelles en sont les raisons?
Identifier si possible les ressources en ordre chronologique
Nom de la ressource L’année de la
démarche
Désintoxication Démarche
ou réadaptation terminée
(interne/externe) (oui/non)
Qu’est-ce que tu retiens de cette
démarche en toxicomanie?
9-Réadaptation interne et externe en santé mentale
As-tu déjà fait une réadaptation interne (hébergement en santé mentale) ou externe en
santé mentale (suivi individuel avec un intervenant ou un psychologue)? OUI ou NON
Si oui, combien de fois? ______________
Si non, quelles en sont les raisons?
________________________________________________________________________
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et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.
Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
Identifier si possible en ordre chronologique
Nom de la ressource L’année de la
démarche
Suivi en santé
mentale
Suivi terminé
(oui ou non)
Qu’est-ce que tu retiens de cette
démarche en santé mentale?
(interne/externe)
10-Groupe d’entraide dans la communauté
As-tu déjà participé à des réunions de groupe d’entraide Alcooliques Anonymes,
Narcotiques Anonymes ou Cocaïnomanes Anonymes? OUI ou NON
Si oui, combien de fois? ______________
Si non, quelles en sont les raisons?
________________________________________________________________________
________________________________________________________________________
A.A, N.A, ou C.A.
Lieu
Date du début
Date de la fin
Qu’est-ce que tu retiens de ces
rencontres de groupe
d’entraide?
11-Est-ce que tu désires recevoir de l’aide pour ton problème de consommation
d’alcool ou de drogues? Si oui comment pourrait-on t’aider? Si non pourquoi?
12-Dans quelles sphères de vie (sphères de vie nommées au début de l’entrevue)
aimerais-tu recevoir de l’aide et nomme-moi les raisons?
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variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
13-As-tu déjà participé à des rencontres de groupes au SICOM? OUI ou NON
À combien de rencontres as-tu participé?
As-tu terminé une session complète de plus de vingt ateliers? OUI ou NON
Si oui, pourquoi?
Si non, quelles en sont les raisons?
As-tu des recommandations ou des suggestions à faire pour améliorer ou créer un
programme de groupe au SICOM ou dans la communauté?
Est-ce que tu préfères recevoir de l’aide en rencontre individuelle ou en rencontre de
groupe et pourquoi?
Est-ce que tu as une idée d’une forme de thérapie de groupe accessible et qui serait
motivante pour l’ensemble des participants?
14-La motivation (le désir de changement)
As-tu un projet futur ou des objectifs à atteindre dans ta vie OUI ou NON
Lesquels?
Est-ce que ton choix de consommer des substances psychoactives nuit à la réalisation de
ton projet ou de tes objectifs de vie?
Quelles sont tes préoccupations concernant ta consommation d’alcool/drogues?
Présentement, est-ce qu’il y a des raisons qui font en sorte que tu hésites à faire une
demande d’aide en toxicomanie? Si oui, est-ce que tu peux me nommer les raisons?
Lorsque tu ressens une motivation (un désir) à entreprendre des changements afin de
cesser ta consommation d’alcool ou de drogues, dans quel délai souhaites-tu que l’on
réponde à ta demande?
Est-ce que l’admission aux programmes en toxicomanie est accessible dans un temps
acceptable?
Selon toi, qu’est-ce qui t’aiderait à atteindre un équilibre de vie concernant ta santé
mentale et ton problème de consommation d’alcool/drogue?
Comment le suivi d’intensité variable peut t’aider à réaliser tes projets?
Actuellement, selon tes idées, quels sont les avantages de garder les choses telles quelles
concernant ta consommation abusive d’alcool ou de drogues?
Maintenant quelles sont les raisons d’effectuer un changement?
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et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.
Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
Quels sont les points les plus négatifs concernant ta consommation et ta santé mentale?
Qu’est-ce qui te motive à demeurer dans une démarche de thérapie ou de réadaptation
interne/externe?
Avant de terminer l’entrevue, quels sont tes commentaires ou tes suggestions pour
l’amélioration de nos services en santé mentale/toxicomanie?
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________________________________________________________________________
________________________________________________________________________
Merci encore de nous aider à vous aider!
Vous devez être le changement
que vous désirez voir en ce monde
Gandhi
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et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation.
Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
ANNEXE B
FORMULAIRE D’INFORMATION ET DE CONSENTEMENT
Dans le cadre de mes études de maîtrise en intervention en toxicomanie, je
m’intéresse à la création d’un programme de groupe pour les usagers du suivi d’intensité
variable. L’objectif de cet essai synthèse vise à recueillir des informations afin
d’identifier les besoins des usagers pour améliorer les conditions motivationnelles et les
éléments de programmation qui favoriseront une meilleure participation dans les
programmes en toxicomanie et santé mentale du Suivi d’intensité variable du SICOM.
Cet essai synthèse est mené par Sylvain Proulx, étudiant à la Maîtrise en
Intervention en Toxicomanie (MIT) de l’Université de Sherbrooke et il est encadré par
M. Pascal Schneeberger coordonnateur académique à la MIT. Cet essai est autorisé par
M. Guy Lagacé, travailleur social et chef d’équipe par intérim au SICOM.
Coordonnées des personnes :
M. Sylvain Proulx, Agent de Relations Humaines en toxicomanie 450 466-5605
M. Guy Lagacé, Chef d’équipe par intérim au SICOM et travailleur social 450 466-5605
M. Pascal Schneeberger, Directeur d’essai 450 463-1835, poste 61678
Description de votre implication dans cet essai synthèse (avantages et inconvénients)
Dans le cadre de cet essai, je sollicite donc votre collaboration pour réaliser une
entrevue afin de recueillir votre avis sur la motivation et les services offerts en
toxicomanie pour le trouble concomitant de schizophrénie/toxicomanie. Votre
participation à mon projet implique d’être présent dans les locaux du SICOM pour une
seule rencontre d’une durée 1 h 30 (une pause santé de 10 minutes est prévue). Le
contenu de cette rencontre sera enregistré pour des fins d’analyses et ne seront
accessibles qu’à moi-même, une secrétaire pour la retranscription des données et mon
directeur d’essai synthèse. Les enregistrements seront déposés dans un bureau verrouillé
du SICOM et personne n’aura accès à cet endroit ni à la clef du bureau. J’aimerais aussi
avoir accès à votre dossier afin de vérifier les diagnostics inscrits au dossier clinique.
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Pour citer cet essai: Proulx, S. (2014). Programmation de groupe pour le trouble concomitant de schizophrénie et de toxicomanie du suivi d’intensité
variable du CSSS Champlain Charles LeMoyne. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
Cette participation à l’entretien vous permettra de faire le bilan sur les services
que vous recevez au suivi d’intensité variable. Il est possible que vous ressentiez un
certain malaise lors de l’entrevue avec quelques questions et que vous soyez un peu plus
en contact avec des émotions désagréables. Vous n’êtes pas obligé de répondre aux
questions qui vous mettent mal à l’aise. Vous pouvez aussi choisir de répondre plus tard
ou de prendre un temps de réflexion. Vous pouvez me demander de répéter les questions
si vous n’en comprenez pas le sens exact. En tout temps vous pouvez quitter les lieux ou
arrêter l’entrevue. Si vous en ressentez le besoin, je peux vous référer à une ressource ou
vous donner les coordonnées de différentes ressources qui pourraient vous aider à
négocier avec un éventuel désagrément. Vous pouvez aussi aborder votre inconfort avec
votre intervenant principal du SICOM ou m’en faire part lors de l’entrevue. Cette
rencontre vous donnera l’occasion de faire l’analyse de votre motivation et de mieux
cerner les démarches effectuées pour solutionner vos comportements d’abus. De plus, vos
réponses aux questions contribueront à l’amélioration des pratiques d’interventions en
toxicomanie/schizophrénie du SICOM de l’Hôpital Charles LeMoyne.
Confidentialité
Les renseignements recueillis dans le cadre de cet essai synthèse seront analysés
et traités de façon strictement confidentielle. Veuillez aussi noter que la confidentialité
sera assurée conformément aux lois et règlements en vigueur. Advenant que la vie ou la
sécurité d’une personne soit en danger de façon imminente ou encore que la sécurité d’un
enfant soit compromise, un bris de confidentialité pourrait s’avérer nécessaire.
Aucune compensation ni rémunération ne sera allouée pour votre participation à
cet essai. Cependant, vous aurez la possibilité de prendre un café et de déguster quelques
beignets avant l’entrevue; de plus, le transport aller-retour aux locaux du SICOM vous
sera également offert. Pour toute question, commentaire ou préoccupation concernant
votre participation à cette entrevue, vous pouvez nous contacter (voir les coordonnées cidessus). Si vous désirez porter plainte quant à vos droits à titre de participant à cet essai
synthèse, vous pouvez contacter :
Lise Roy, Directrice des Programmes d’études en toxicomanie Tél. : 450 463-1835,
1 888 463-1835 au poste 61795 ou e-mail [email protected]
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Consentement
Par la présente, je reconnais que :
-
J’ai lu le formulaire d’information et de consentement. Je reconnais qu’on a
répondu à toutes mes questions, qu’on m’a laissé le temps voulu pour prendre
une décision et qu’on m’a offert une copie du présent formulaire.
-
J’ai compris que ma participation à cet essai synthèse est volontaire et que je
peux me retirer à tout moment sans aucune conséquence et qu’advenant mon
refus de participer ou le retrait de ma participation à cet essai, il n’y aura
aucun impact sur les services que je reçois au suivi d’intensité variable du
SICOM de l’Hôpital Charles LeMoyne.
-
Je consens à ce que mon dossier clinique soit consulté dans le cadre de cet
essai pour noter les diagnostics de santé mentale qui y sont consignés.
-
J’accepte que les résultats obtenus dans le cadre de cet essai synthèse soient
rendus publics, conformément aux exigences du programme de maîtrise de
l’Université de Sherbrooke.
-
Je consens à participer à cet essai synthèse, tel que décrit dans le présent
formulaire de consentement et d’information.
_________________________
Nom du participant(e)
__________________________
Signature
_______________
Date
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Étudiant et témoin
__________________________
Signature
_______________
Date
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