les-toxicomanies

Telechargé par dzizou2012
LES FORMES TRADITIONNELLES DE LA TOXICOMANIE
Les travaux des historiens montrent que la consommation de stupéfiants est aussi
vieille que lhumanité et possède une dimension religieuse indéniable.
qLa toxicomanie peut être considérée comme un fait social
Les substances toxiques servent au chaman à entrer en transe pour être plus réceptif
aux messages de ses divinis; les croyants étant impressionnés par les manifestations de
labsorption de drogues. Celles-ci ont aussi été utilisées pour des rites initiatiques, symboli-
sant un changement d’état,
par exemple lors du passage
de l’enfance à l’âge adulte,
ou de celui dignorant au
statut dinitié. Parfois, la
consommation de drogues
obéit à une logique proche
de ce lon qualifie de dopage
aujourd’hui, par exemple le
chage de boulettes de
feuilles de coca par le paysan
andin pour supporter la péni-
bilité du travail en altitude.
Lalcoolisme chronique chez
les ouvriers du XIXesiècle
entre également dans le
même ordre d’idées.
Ainsi, la consommation de
drogues est une constante
dans l’histoire de l’humani,
sans que le drog ait tou-
jours conscience de son état.
On retrouve bien ici lap-
proche du fait social par Émile
Durkheim : il se manifeste
par une contrainte sur le
comportement des individus.
68
LES TOXICOMANIES
29
De façon simple, la toxicomanie peut être définie comme un comportement de
consommation, plus ou moins habituelle, de produits psychotropes susceptibles
de créer un état de dépendance. Cette consommation, réservée jadis à une
minorité, s’est démocratisée, engendrant un certain nombre d’effets pervers.
LEXPÉRIMENTATION DE PRODUITS LICITES
ET ILLICITES À 17-18 ANS EN 2003
Alcool 92,8 % 93,8 % 93,3 %
Tabac 79,3 % 75,9 % 77,6 %
Cannabis 49,7 % 56,2 % 53,0 %
dicaments
psychotropes 37,9 % 15,5 % 26,5 %
Produits à inhaler 4,1 % 5,2 % 4,7 %
Poppers 3,7 % 5,3 % 4,5 %
Champignons
hallucinogènes 2,6 % 5,9 % 4,3 %
Ecstasy 3,0 % 5,2 % 4,2 %
Amphétamines 1,5 % 3,0 % 2,3 %
Cocaïne 1,7 % 2,8 % 2,3 %
LSD 0,9 % 1,9 % 1,4 %
roïne 0,8 % 1,3 % 1,1 %
Crack 0,7 % 1,0 % 0,9 %
tamine 0,4 % 0,7 % 0,6 %
Subutex® 0,6 % 0,9 % 0,8 %
GHB 0,3 % 0,5 % 0,4%
Source : Rapport de l’Office français des toxicomanies, enquête
ECSAPAD 2003, octobre 2004
Note : ces données mesurent le pourcentage de personnes dans une
population ciblée, qui a consommé au moins une fois un produit psy-
chotrope dans sa vie.
Pays Filles Gaons Ensemble
qUne toxicomanie de différenciation sociale
La consommation de stupéfiants se répand chez les intellectuels et les artistes au
XIXesiècle. Cette toxicomanie obéit à une logique exrimentale, et, suivant les drogues,
traduit le désir de rompre avec les entraves de l’espace-temps, d’élargir les perceptions
humaines au-delà des limites connues, dacder à une jouissance ignorée (les « paradis
artificiels » de Charles Baudelaire…).
Les toxicomanes, refusant de rester dans le cadre des lois, usent des produits stu-
fiants pour mieux marquer leur condition sociale. Les travaux du sociologue aricain
Howard Becker (Outsiders, études de sociologie de la déviance, Métaillé, 1985) sur les fumeurs
de marijuana parmi les musiciens de jazz dans les années 1950 constituent une référence
pour comprendre la consommation de drogues de ces « outsiders », tentés par des conduites
déviantes par provocation. Ils intériorisent ainsi leur image de déviant, et sont de plus étique-
tés comme marginaux par la population du fait de leur mode de vie. Il semblerait alors que ces
interactions les conduisent à entrer dans une carrière déviante, de toxicomane notamment.
LES TOXICOMANIES D’AUJOURD’HUI
qUne toxicomanie anomique…
Dans les années 1950 ou 1960, les mouvements « beat » et « hippie » ont contribué
à la démocratisation des stupéfiants. En effet, un des moyens d’opposition aux institu-
tions sociales pouvait consister à adopter des pratiques choquantes pour les « braves
gens » : port de cheveux longs, écoute de musiques d’un genre nouveau, consomma-
tion de stupéfiants… En définitive, cest linadéquation entre les normes de la société et
leurs attentes qui permet de qualifier la toxicomanie des jeunes des années 1970 dano-
mique, cest-à-dire sultant dune carence de règles sociales commument acceptées
(refus de la conformité petite-bourgeoise) au sens durkheimien du terme, mais aussi au
sens de Robert K. Merton. En effet, il y a bien décalage entre les aspirations des jeunes hip-
pies et les moyens d’expression que la socté leur autorisait.
q… mais aussi une toxicomanie festive d’intégration sociale
Lexemple de l’alcool (particulièrement en France) est révélateur d’une représentation
bien ancrée dans les esprits : lie que la fête saccompagne de la consommation dalcool
est partagée par toutes les gérations. LObservatoire français des toxicomanies constate
dailleurs que la fréquence de consommation dalcools autres que le vin saccroît. Ce mou-
vement semble néralisé aux produits stupéfiants, puisque le cannabis, la cocaïne et de
nouveaux produits de synthèse (ecstasy) sont de plus en plus consommés, le plus souvent
en association, y compris avec de lalcool, dans des ambiances festives. Lalcool consom
en premier ôte les inhibitions de ceux qui demeurent des utilisateurs occasionnels de stu-
péfiants, en fin de soirée par exemple.
La consommation de cannabis est si répandue que certains utilisateurs n’hésitent pas à
demander sa légalisation, du fait de lécart existant entre la loi et les pratiques de consom-
mation. Au contraire, la consommation d’hérne semble régresser à cause de la désaffec-
tation à l’égard de cette machine à fabriquer des « accros » qui, par ailleurs, a une image
« datée » auprès de la population (alors que les produits de syntse sont plus en vogue).
De plus, les traitements de substitution se sont répandus depuis 1996.
69
1 / 2 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !