ENQUÊTE SUR LA CONNAISSANCE DES FEMMES OSTÉOPOROTIQUES MAROCAINES DE LEUR MALADIE. F. Belaziz, K. Nassar, W. Rachidi, S. Janani, O. Mkinsi. Service de Rhumatologie, CHU Ibn Rochd, Casablanca- Maroc. INTRODUCTION Les données de la littérature actuelle spécifiques à l’éducation thérapeutique du patient (ETP) dans l’ostéoporose, montrent qu’elle améliore les scores de connaissance de la maladie et l’adhésion aux traitements. L’évaluation des connaissances de nos malades ostéoporotiques est la première étape dans l’élaboration d’une ETP adapté à notre réalité socioculturelle et économique. PATIENTS ET MÉTHODES Etude épidémiologique descriptive et transversale, à l’aide d’un questionnaire sur, la définition, les symptômes et les facteurs de risque de l’ostéoporose, le risque de fractures, l’observance du traitement et les attentes des patientes vis-à-vis du traitement. L’analyse des données statistiques a été réalisée à l’aide du logiciel SPSS (version 19) et Microsoft Office Excel 2010. L’étude de corrélation entre les variables qualitatives a été réalisée via le test du Khi-deux. RÉSULTATS Caractéristiques de la population étudiée Les caractéristiques des participantes sont groupées dans le tableau 1. Au totale 80 patientes ont été interrogées âgées entre 26 et 83 ans (moyenne ± ET : 59,7 ± 7,19). Le délai d’évolution de l’ostéoporose était entre 3 mois et 15 ans (moyenne ± ET : 2,34 ± 3,06). Une fracture ostéoporotique prévalente était retrouvée dans 25 cas (31,25%). Evaluation des dimensions des connaissances Définition de l’ostéoporose : fragilité osseuse par 90% des participantes. 60% des patientes rattachaient des symptômes rhumatologiques à l’ostéoporose. Connaissance des facteurs de risque de l’ostéoporose: Définie par la citation d’aucun facteur de risque. 71,25 % des patientes ne connaissaient pas les facteurs de risque de l’ostéoporose, 17,5 % ont répondu un âge avancé, 12,5 % ont évoqué la ménopause. 21,25 % des patientes connaissaient au moins un des facteurs de risque de fracture dont l’âge (88,23 %), la ménopause (47,06 %), un faible apport calcique (47,06 %) et une insuffisance de masse corporelle (35,29 %). Observance du traitement La compliance: 27 (33,75%) patientes n’étaient pas compliantes pour le traitement, les causes évoquées étaient l’inefficacité sur la douleur dans 25% des cas, d’autres causes ont été évoqués comme les effets secondaires dans 7,40% des cas, d’ordre généralement digestive, et le manque de moyen dans 18,51 % des cas. L’adhérence au traitement: était médiocre dans 74,07% des cas. En analyse bi-variée, il n’y avait pas de corrélation statiquement significative (p=0.21) entre l’adhérence au traitement et le niveau socio-économique des patientes. Les attentes des patientes: Guérir les douleurs osseuses et/ou articulaires dans 83,75 % des cas, la durée du traitement jugée suffisante pour agir était d’une à 8 semaines (moyenne ± ET : 3,10 ± 2,29). En analyse bi-variée, il y avait une corrélation statiquement significative (p=0.025, p= 0.01) entre respectivement la non compliance est la mauvaise connaissance des facteurs de risque de l’ostéoporose et ses symptômes. Tableau 1: Caractéristiques de la population étudiée. DISCUSSION La majorité de nos patientes définissent l’ostéoporose comme une fragilité osseuse mais nombreuses d’entre elles ne connaissent pas les facteurs de risque. Les patientes semblent convaincues que l’ostéoporose doit être symptomatique, des douleurs variées du corps sont ainsi souvent mises sur le compte de l’ostéoporose. Il existe une confusion entre ostéoporose et arthrose qui laisse penser que l’ostéoporose est une conséquence bénigne et inévitable de l’âge. La plupart des patientes n’associent pas leur fracture à une ostéoporose sous-jacente mais plutôt à un évènement isolé secondaire aux circonstances du traumatisme. Cette absence de lien entre une fracture suite à un traumatisme de faible cinétique et une fragilité osseuse sous-jacente dans l’esprit des patients. Cette absence de lien entre fracture de fragilité et ostéoporose est un frein à l’adhésion au diagnostic, et, en conséquence, à la compliance d’un traitement antiostéoporotique. C’est aussi une explication possible de la sousestimation du risque d’ostéoporose de la part des patients. Dans notre enquête les patientes non compliantes sont caractérisées par une moins bonne perception de leur maladie et de moins bonnes connaissances des facteurs de risque et des conséquences de l’ostéoporose. D’autres facteurs sont associés à une mauvaise observance il s’agit, d’effets indésirables, d’un manque de motivation ou d’intérêt pour cette problématique, une connaissance incomplète ou ambigüe des traitements et des complications de l’ostéoporose telles que les fractures, et un bas niveau socioéconomique . CONCLUSION Notre travail illustre une connaissance insuffisante des femmes ostéoporotiques sur leur maladie, Connaître et analyser ce que représentent l’ostéoporose permet d’établir une stratégie d’éducation qui nous semble nécessaire afin d’optimiser une meilleure prise en charge.