s`entraîner à développer sa mémoire

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PRO
Pierre Simon
s’entraîner à
développer
sa mémoire
vie professionnelle
efficacité professionnelle
S’entraîner à développer
sa mémoire
Pierre Simon
Avec la collaboration du Docteur Max Fleury
et de Vanda Spengler
LES ÉDITIONS DEMOS
20, rue de l’Arcade
75008 Paris
S
O M M A I R E
Préface
7
Avant-propos
9
Introduction
• Physiologie de la mémoire • La diététique du cerveau et de la
mémoire
11
CHAPITRE 1 : Découverte de la mémoire et tests
27
• Dix réflexions sur la mémoire • Questions tests pour l’exploration
personnelle de votre mémoire • Techniques et stratégies de
mémorisation
CHAPITRE 2 : Exercices et jeux de mémoire
69
•Phrases à remettre en ordre • Astuces et problèmes de logique
• Application aux spécialités culinaires • La mémoire des noms
• La mémorisation des visages et des silhouettes – techniques de
signalisation
CHAPITRE 3 : Textes et documents
109
• Travail sur des textes et documents • Exemples d’application des
techniques de mémorisation concernant Henri Bergson
• Exemples d’application des techniques de mémorisation concernant
Marcel Proust • Le fonctionnement de la mémoire vu par Montaigne
et Rousseau • Vingt questions et tests de mémorisation sur les
philosophes, essayistes et penseurs politiques du XXe siècle
CHAPITRE 4 : Concours et vie professionnelle
• Stratégie pour les examens et concours • Surmontez les défaillances
• Les entretiens professionnels
129
6
S’ENTRAÎNER
À DÉVELOPPER SA MÉMOIRE
Conclusion : Observations sur la mémoire ou le bon usage de la
mémoire lors des examens et concours
143
• La phase de démarrage • La phase de développement
Annexes
153
• Citations sur la mémoire • Exercices • Recueil de témoignages
Glossaire
169
Du même auteur
• S’entraîner à réussir tous les tests
• Dynamisez votre culture générale
P
R É FA C E
Mémoire et
communication
Ce qui frappe chez tous les dirigeants, politiques, hauts
fonctionnaires, chefs d’entreprise qui réussissent leur
communication, c’est la qualité de leur mémoire.
En effet, la mémoire n’est pas seulement une qualité intellectuelle,
une capacité mentale, c’est un facteur clé pour le succès dans
la vie sociale.
Comme chacun sait, depuis nos plus grands philosophes et
pédagogues, il faut avoir « une tête bien faite ». Et compléter
par « une tête bien pleine ».
La mémoire a été définie d’abord comme une organisation interne
de nos perceptions extérieures et un élément essentiel de notre
communication avec le monde. La mémoire, dès la plus tendre
enfance, permet les apprentissages et la vie de relation. Développer
sa mémoire, c’est améliorer son niveau intellectuel, et faciliter
ses relations avec autrui.
Donc pensez bien aux relations entre développement personnel,
communication et vie sociale. Facteur de succès personnel (dans
les examens et concours, puis dans la vie active), la mémoire est
aussi le facteur clé du succès dans un travail de groupe, une
action collective.
8
S’ENTRAÎNER
À DÉVELOPPER SA MÉMOIRE
Le « grand communicant » est celui qui a su mémoriser tout ce
qui est utile à son entourage et à ses relations avec le public.
Lors des rencontres, au cours des réunions, il sait reconnaître
chacun et lui dire ce qui est opportun.
Beaucoup de thèses et de livres ont été écrits sur ce thème : la
communication est désormais l’un des premiers agents du pouvoir.
Mémoire et communication, parole et action, autant de formes
et de facteurs d’un même pouvoir, ou ensemble de compétences
qui doivent s’exercer au bénéfice de votre succès personnel et
de votre utilité sociale.
La mémoire nous permet de nous repérer et d’évoluer dans notre
environnement. En particulier, au plus haut niveau professionnel,
le traitement des informations leur donne une cohérence et nous
permet de les utiliser au gré de nos besoins et des circonstances
de la vie sociale.
Éduquer votre mémoire sera pour vous le meilleur des
investissements : acquérir des compétences et augmenter
progressivement vos performances.
Pierre Simon et son équipe vont vous le montrer tout au long de
cet ouvrage. Et vous aider de façon efficace.
Claudine Aubry
Dirige un service de communication.
Elle est aussi conseillère en formation.
AVANT-PROPOS
À quels publics est
destiné cet ouvrage ?
« S’entraîner à développer sa mémoire »… C’est un programme qui vaut
pour toutes les générations, depuis l’école jusqu’à l’Université, et depuis
les débuts de la vie active jusqu’à la retraite.
Cet ouvrage est abordable dès l’enseignement secondaire. Les lycéens et
les collégiens y trouveront une initiation utile. Les méthodes et techniques
préconisées peuvent être transposées dans les diverses matières scolaires,
puis universitaires. Cet investissement vous sera utile tout au long de vos
études, pour y réussir facilement et brillamment, puis tout au long de votre
vie, pour rester toujours pleinement performant.
Il en va de même pour les étudiants, qui doivent accomplir un grand effort
de mémorisation, notamment dans les diverses disciplines scientifiques.
Il faut mémoriser beaucoup de cours de 200 ou 300 pages, et même souvent
des ouvrages qui en font des milliers.
Puis vient l’âge de la vie active. Toutes les personnes engagées dans la
vie professionnelle trouveront dans ce livre une aide précieuse pour
maximiser leur potentiel.
Dans tous les métiers, manuels ou intellectuels, il faut savoir être au meilleur
de sa forme, de son tonus, et savoir exploiter au mieux ses capacités.
Une mémoire performante est un facteur capital d’apprentissage, d’efficacité
quotidienne et de succès à long terme. C’est un atout essentiel dans la
communication.
L’ouvrage contient donc des pages capitales pour les cadres et les chefs
d’entreprise.
Les personnes retraitées pourront s’adonner à des activités mentales
agréables, satisfaisantes et valorisantes.
Retrouver toutes ses facultés, et même encore les développer, voilà un
objectif de vie qu’il faut privilégier.
Rester performant, même si l’on avance en âge, est un impératif pour soimême, et un devoir envers sa famille et à l’égard de la société.
10
S’ENTRAÎNER
À DÉVELOPPER SA MÉMOIRE
Conçus pour tous et pour toutes, les exercices proposés ont à la fois un
caractère ludique et agréable, et une efficacité technique certaine.
Vous y trouverez un grand plaisir dans la vie quotidienne, et un facteur de
succès appréciable dans toutes vos actions.
Les tests, jeux et exercices qui suivent peuvent s’effectuer à titre individuel.
Mais ils seront encore plus efficaces, intéressants et agréables s’ils sont
pratiqués en famille ou en groupe, entre collègues ou entre amis. Et pensez
à un instrument devenu bon marché, mais toujours très précieux : le
magnétophone.
Exercer sa mémoire n’est pas seulement un plaisir personnel. C’est une
activité sociale d’intérêt général, qui permet à la fois la convivialité et la
productivité.
Ainsi, se construire une mémoire dynamisante peut et doit être un objectif
de vie prioritaire. Nous vous y souhaitons une pleine réussite.
Voici pour terminer une belle citation d’un moraliste du siècle des Lumières.
Elle illustre bien l’intérêt de travailler sa mémoire tout au long de la vie :
« L’homme n’a pas besoin de voyager pour s’agrandir. Il porte en lui l’immensité
de sa mémoire. »
CAMILLE DE SAINT-SATURNIN,
Pensées philosophiques.
INTRODUCTION
■ Physiologie de la mémoire
Voulez-vous devenir un(e) champion(ne) de la mémoire ? Sachez alors qu’il
vous faudra affronter une série de dix épreuves toutes plus redoutables
les unes que les autres. Comme, par exemple, être capable de vous souvenir
du plus grand nombre de chiffres produits au hasard par un ordinateur,
que vous aurez cinq minutes pour mémoriser — le record mondial est de
324 chiffres. Ou bien encore, vous rappeler le plus grand nombre de mots
proposés au hasard. Record : 174 mots mémorisés en quinze minutes ! Si
vous voulez être un champion de la mémoire, il vous faudra aussi maîtriser
les cartes à jouer. Et parvenir à mémoriser l’ordre du plus grand nombre
de cartes possible en une heure. Le record est établi à 1 170 cartes ! Et
vous, combien de temps vous faudrait-il pour remettre dans l’ordre où vous
l’avez trouvé un jeu de cartes fraîchement battu ? Vous ne disposerez que
de cinq petites minutes pour mémoriser l’ordre. Le recordman du monde,
lui, ne met que trente-quatre secondes pour y parvenir…
Ces performances vous étonnent ? Eh bien, sachez que la championne de
mémoire des États-Unis, capable de retenir en un quart d’heure le nom et
le visage de soixante-dix personnes ou une liste de cinq cents mots énumérés
au hasard par un ordinateur, est par ailleurs incapable de vivre au quotidien
sans ses pense-bêtes !
Voilà un paradoxe qui illustre bien toute la complexité des processus qui
gèrent notre mémoire. Ainsi, lors d’un traumatisme physique ou
psychologique, une partie de nos souvenirs peut se retrouver effacée.
L’amnésique devient tout à coup incapable de se souvenir de son identité,
ignore s’il est marié ou non et ne sait même plus reconnaître ses propres
enfants. Pourtant, ce même amnésique sera tout à fait capable de conduire
une voiture ou de comprendre, s’il a un jour appris cette langue, une phrase
lancée en anglais.
Ces phénomènes curieux, qui ont fasciné et inspiré plus d’un romancier
ou scénariste, montrent à l’évidence que la mémoire n’est pas unique, mais
plurielle. Les structures cérébrales et les systèmes qui gèrent nos souvenirs
sont multiples, variés et interdépendants. Et pour compliquer le tout, ces
différents systèmes sont eux-mêmes sous la dépendance d’autres fonctions,
comme la vigilance, l’attention ou l’humeur.
Ainsi, la mémoire est un système complexe de stockage et de récupération
d’informations, dont le bon fonctionnement rend possible les apprentissages,
12
S’ENTRAÎNER
À DÉVELOPPER SA MÉMOIRE
mais également toute vie de relation, qu’il s’agisse de se repérer et d’évoluer
dans notre environnement, de nous adapter aux circonstances ou, tout
simplement, de reconnaître les gens qui nous entourent.
Les informations que notre mémoire doit traiter sont les stimulations qui
parviennent continuellement à notre système nerveux par le biais de nos
cinq sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher. Ces fonctions forment
une véritable interface entre nous et le monde qui nous entoure. Le traitement
immédiat, mais aussi et surtout la mise en mémoire de ces informations
leur donnent une cohérence et leur permet d’être exploitées et réutilisées
au gré de nos besoins.
Les spécialistes en sciences cognitives ne manquent pas de termes pour
différencier les aspects très variés des processus mnésiques : mémoire à
court et long terme, mémoire explicite et implicite, mémoire sensorielle,
mémoire de travail, mémoire sémantique et procédurale… Ainsi, les
informations qui nous parviennent ne sont pas déversées telles quelles
dans une sorte de réservoir où nous irions puiser à volonté, mais organisées
et archivées en fonction de leur nature et de leur utilisation ultérieure
éventuelle, grâce à différents systèmes qui fonctionnent en relation étroite
et permanente.
Cette intrication rend difficile la compréhension du fonctionnement de la
mémoire. Néanmoins, il est possible de schématiser de grands systèmes
en fonction de leur spécificité.
Encore appelée mémoire primaire ou mémoire immédiate.
C’est une mémoire « de travail », que l’on pourrait comparer
à la mémoire tampon des appareils numériques modernes.
Cette mémoire est limitée, ne permettant de retenir que quelques éléments
d’information à la fois, et encore, pour quelques dizaines de secondes
seulement. Elle se vide et se remplit en permanence, nous permettant de
manipuler instantanément les informations qui nous parviennent pour
pouvoir donner un sens à ce qui nous arrive et y adapter nos comportements.
La mémoire à court terme nous donne également la possibilité, par exemple,
de noter un numéro d’immatriculation que l’on vient de relever, ou un
numéro de téléphone entendu à la radio. Cette mémoire à court terme est
l’instrument de travail privilégié de certains professionnels, comme les
interprètes simultanés. Ces virtuoses sont capables d’effectuer une tâche
complexe de traduction, tout en conservant en mémoire les informations
qui leur parviennent au même moment pour pouvoir les « exploiter »
quelques secondes plus tard. L’exploitation de cette mémoire immédiate
exige par ailleurs une certaine concentration. S’il survient une distraction
entre le moment où un numéro de téléphone est relevé sur un annuaire et
La mémoire à
court terme
INTRODUCTION
13
celui où il est noté sur un papier, le numéro sera oublié irrémédiablement,
et le processus devra être repris depuis le début. Mais la mémoire à court
terme n’est pas toujours utilisée ainsi de manière consciente et délibérée.
On s’en sert aussi de manière inconsciente, en permanence, en gardant
temporairement la trace de nos moindres déplacements, ce qui nous permet
de toujours savoir ce que nous sommes en train de faire, sans même avoir
à y réfléchir. À l’inverse, il nous est impossible de retracer spontanément,
à la fin d’une journée, le détail de tous nos déplacements dans notre
environnement, tout simplement parce que leur souvenir n’a pas été stocké,
mais effacé au fur et à mesure. Il serait possible néanmoins d’y parvenir,
mais cette fois au prix d’un apprentissage spécifique et d’un véritable effort
mettant en jeu d’autres systèmes de mémorisation.
Elle concerne tout ce qui se situe au-delà de la mémoire
immédiate. C’est elle qui nous permet véritablement de
nous « souvenir » de quelque chose, que ce soit quelques
minutes ou des dizaines d’années plus tard. De cette mémoire à long terme
dépendent non seulement nos souvenirs, mais aussi nos apprentissages,
nos sentiments. C’est elle finalement qui établit notre identité et qui est
dépositaire de notre histoire ici-bas.
Quels que soient les faits concernés, la mémoire à long terme fonctionne
toujours de la même manière, avec la succession dans le temps de trois
processus élémentaires : l’encodage, le stockage et la restitution des
informations.
• L’encodage des informations est une étape fondamentale et
particulièrement complexe. C’est l’encodage qui classe l’information qui
nous parvient et lui donne sens. Cette information peut être traitée de
manière consciente, lors des apprentissages délibérés par exemple, ou
bien de manière inconsciente, au travers d’associations d’idées qui
établissent un lien entre une information et les circonstances dans
lesquelles elle nous est parvenue. Le processus d’encodage des données
dépend largement des capacités propres à chaque individu. De sa
précision et de sa profondeur vont dépendre l’efficacité de la récupération
de l’information.
• Le stockage permet de conserver presque définitivement la trace des
informations encodées. Mais, contrairement à ce que le terme pourrait
évoquer, le stockage n’est pas un processus passif ; il dépend de
réactivations périodiques qui permettront d’en limiter l’oubli. Un souvenir
ancien qui n’est pas réactivé régulièrement par des faits récents sera
presque toujours condamné à s’effacer progressivement. Quand les
nouvelles informations sont confrontées à celles déjà stockées, ces
dernières subissent alors un véritable rafraîchissement. Pour ne pas être
oublié définitivement, un souvenir ancien doit donc être consolidé
régulièrement grâce aux souvenirs les plus récents. L’importance des
La mémoire à
long terme
14
S’ENTRAÎNER
À DÉVELOPPER SA MÉMOIRE
révisions scolaires dans la capacité à restituer les informations stockées
illustre parfaitement cette réalité.
• La restitution, finalement, est le processus qui nous permet de rappeler
un souvenir qui a été préalablement codé et stocké. La facilité avec
laquelle cette restitution s’effectue dépend de la précision et de la
profondeur du codage d’une part, de l’organisation et de l’élaboration
du souvenir d’autre part.
Les spécialistes distinguent des types variés de mémoire à long terme, en
fonction des modes d’acquisition et de restitution des événements mémorisés.
On parle, par exemple, de mémoire explicite quand le souvenir est acquis
de manière consciente et volontaire, puis restitué de manière verbale ou
non. À l’inverse, la mémoire implicite concerne les faits mis en mémoire
de manière inconsciente et restitués de manière indirecte. La mémoire
épisodique nous donne la capacité de nous souvenir du week-end que
nous venons de passer ; les émotions ressenties par le sujet au moment
des faits conditionnent en grande partie la qualité de ce type de mémorisation.
Bien différente, la mémoire sémantique ne concerne pas, cette fois, des
événements personnels, mais des faits connus de tous. C’est la mémoire
des mots, des idées et des concepts. On se souvient ainsi que la Seconde
Guerre mondiale s’est déroulée de 1939 à 1945…, pas forcément parce
qu’on l’a vécue, mais tout simplement parce qu’on l’a appris. Quant à la
mémoire procédurale, c’est elle qui nous donne la capacité d’acquérir des
compétences et d’augmenter progressivement nos performances, sans
pour autant se souvenir volontairement de quelque chose. Conduire une
voiture ou écrire à l’aide d’un clavier d’ordinateur peut se faire de manière
automatique, tout en pensant à autre chose. Au début du processus
d’acquisition des compétences, pourtant, c’est la mémoire explicite qui
intervient puisqu’il y a apprentissage volontaire ; puis, par la suite, le rappel
des enregistrements s’effectuera progressivement, automatiquement et
sans effort.
1 • Le support anatomique de la mémoire
Il n’existe pas de « centre de la mémoire » à proprement parler, une zone
anatomique unique qui serait particulièrement dédiée à la conservation et
à la restitution de nos souvenirs. Leur gestion dépend des interactions
dynamiques qui se produisent au sein de réseaux complexes constitués
de milliards de cellules nerveuses de base : les neurones. Comme c’est le
cas pour toutes les autres grandes fonctions supérieures du cerveau,
plusieurs zones anatomiques sont concernées par la mémoire. C’est d’ailleurs
bien souvent la pathologie qui a permis de les définir au départ : la destruction
d’une zone bien localisée du cerveau se traduisant par un trouble particulier,
INTRODUCTION
15
on en a déduit le rôle joué par cette zone anatomique dans tel ou tel
processus mental. Aujourd’hui, les méthodes d’exploration modernes
permettant de voir le cerveau fonctionner en temps réel, comme l’IRM
fonctionnelle, ont permis d’affiner les connaissances dans ce domaine.
Les différentes zones anatomiques du cerveau sont des ensembles
individualisés de neurones dédiés à une tâche particulière. Les cellules
nerveuses qui composent ces différentes structures cérébrales ne se
contentent pas d’y être juxtaposées en constituant un simple tissu nerveux,
mais elles communiquent entre elles, échangent des informations par le
biais de messages électriques et chimiques. C’est le nombre, la nature et
l’ordre de ces communications qui, finalement, confère au tissu nerveux
sa fonctionnalité et permet les prouesses dont nous sommes capables.
Plusieurs de ces structures cérébrales jouent un rôle déterminant dans le
traitement, la conservation et la restitution de souvenirs. Certaines de ces
zones sont situées à la surface du cerveau, au niveau du cortex. C’est là,
au niveau cortical, qu’aboutissent toutes nos stimulations sensorielles et
qu’elles trouvent un sens et une interprétation cohérente. Un son ou une
couleur ne demeure qu’une succession de messages électrochimiques se
propageant à la vitesse de la lumière le long des neurones, jusqu’à ce qu’il
parvienne au cortex, où il sera reconnu comme un si bémol ou un indigo
profond. D’autres structures essentielles sont logées au plus profond de
l’encéphale, à la base des deux hémisphères cérébraux, comme l’hippocampe,
le thalamus ou les noyaux gris ; une autre encore se situe tout à l’arrière
du cerveau, c’est le cervelet.
La mémoire explicite est permise par le système limbique.
La mémoire implicite fait plutôt appel aux ganglions de la base et au cervelet.
2 • Le système limbique
cortex
lobe pariétal
corps calleux
épiphyse
thalamus
lobe occipital
lobe frontal
hypothalamus
cervelet
pont de
Varole
bulbe
rachidien
hypophyse
tronc cérébral
16
S’ENTRAÎNER
À DÉVELOPPER SA MÉMOIRE
C’est l’étape « obligatoire » pour une mise en mémoire à long terme.
Les messages sensoriels provenant des aires corticales, puis intégrés par
le cortex associatif, sont pris en charge par le système limbique. Il se
compose du circuit de Papez, de la région septale en rapport avec les
structures de l’hippocampe, de l’amygdale, de la substance réticulée du
tegmentum mésencéphalique, et de zones des lobes frontaux et temporaux.
Le lobe limbique correspond au gyrus cingulaire, partie intégrante du circuit
de Papez.
• Le circuit de Papez
Le cheminement d’une information à mémoriser à long terme va suivre le
circuit de Papez. Une lésion de ce circuit peut être impliquée dans l’apparition
d’un trouble mnésique.
• L’hippocampe ou corne d’Ammon
L’hippocampe, en forme d’anneau, repose sur la cinquième circonvolution
temporale, sur à la face interne de chaque hémisphère.
La partie réceptrice de la formation hippocampique est constituée par le
gyrus denté, qui comprend une couche de neurones granulaires, aux larges
expansions dendritiques.
La partie émettrice est constituée par le subiculum. Les axones des grands
neurones du subiculum se dirigent vers les noyaux sous-corticaux, puis
vers le fornix, ou vers les aires isocorticales avoisinantes.
L’hippocampe est donc situé à l’extrémité d’une chaîne de connexions qui
relient entre elles les aires corticales sensorielles. Ces connexions dites
antérogrades convergent vers l’hippocampe pour l’alimenter en informations
élaborées. Elles sont doublées d’un courant rétrograde, en sens inverse,
de l’hippocampe vers les cortex primaires, qui serviraient à les fixer dans
les synapses corticales par des mécanismes qui restent à élucider.
• L’amygdale
Il s’agit d’un volumineux complexe regroupant des amas de neurones, qui
effleure l’extrémité antérieure de l’hippocampe, au niveau de la queue du
gyrus denté de l’hippocampe.
L’amygdale, dans sa partie baso-latérale, reçoit des informations en
provenance du gyrus parahippocampique et de l’hippocampe. Elle émet
des signaux à destination de l’hypothalamus antérieur et du noyau dorso-
INTRODUCTION
17
médian du thalamus. L’amygdale se trouve de plus au sein d’un réseau
unissant les noyaux gris centraux et le lobe frontal. Ce réseau joue
probablement un rôle dans la charge affective liée aux souvenirs.
• Les corps mamillaires
Une lésion des corps mamillaires est responsable d’un syndrome amnésique
caractérisé par une amnésie antérograde, des fabulations, de fausses
reconnaissances et une désorientation temporo-spatiale. La cause la plus
classique est la carence d’apport en vitamine B1, comme on peut le voir
dans l’alcoolisme chronique.
• La région septale
Elle comprend une fine couche de tissu nerveux qui sépare les cornes
frontales des deux ventricules latéraux. Elle reçoit des informations, entre
autres, de l’hippocampe, de l’amygdale, du thalamus, de la formation
réticulée, du gyrus cingulaire. Elle envoie ses signaux vers la formation
réticulée ou vers l’hippocampe.
• Le lobe frontal
Le lobe frontal joue un rôle important dans les processus de mise en mémoire
et de rappel, ainsi que dans l’organisation des données dans l’espace et
le temps. Le lobe frontal droit semble impliqué lorsqu’une tâche réclame
le rappel d’un souvenir appartenant à la mémoire épisodique. La mise en
mémoire d’une donnée épisodique concernerait plutôt le lobe frontal gauche.
Les patients souffrant d’une atteinte du lobe frontal éprouvent des difficultés
à établir une chronologie correcte. Ils apprécient mal la séquence et la
fréquence d’un événement. On considère généralement que la mémoire
de travail dépend du lobe frontal, qui joue un rôle important dans la capacité
d’éloigner les activités parasites pour mener à bien une action. Le déficit
de l’attention peut venir parasiter l’enregistrement des souvenirs.
• Le néocortex
L’acquisition et le stockage se font dans les zones néocorticales, là où
l’information a été traitée : cortex visuel, auditif, tactile…
18
S’ENTRAÎNER
À DÉVELOPPER SA MÉMOIRE
Parmi toutes ces structures, les neurobiologistes s’accordent à dire que
l’hippocampe joue un rôle essentiel dans les processus de mémorisation.
Il agit un peu comme un chef
d’orchestre, en assurant la mise en
Les facteurs qui influencent
relation des informations stockées en
la mémoire
différentes zones du cerveau. Il assure
entre autres le passage des souvenirs
- L’acuité de la perception
de la mémoire à court terme vers la
- La vigilance et le degré d’éveil
mémoire à long terme. Le rôle essentiel
- L’attention et la concentration
de l’hippocampe est connu depuis les
- La qualité du sommeil
années cinquante, époque à laquelle
un patient est devenu célèbre malgré
- La motivation, le besoin ou la
lui à cause de ses troubles de mémoire.
nécessité
À la suite d’une intervention
- L’intérêt porté à la chose à
chirurgicale cérébrale ayant lésé son
mémoriser
hippocampe, il perdit la faculté de se
- L’humeur et l’émotion de
souvenir des nouveaux événements
l’individu
de sa vie, alors que ses souvenirs
- Le niveau d’intelligence, de
anciens demeuraient intacts, qu’il
raisonnement
s’agisse de faits autobiographiques
- La culture
ou de connaissances qu’il avait
- Certaines aptitudes innées
acquises ; il pouvait continuer à
(mémoire des chiffres, mémoire
acquérir certaines performances
visuelle…)
(mémoire procédurale), mais il oubliait
- L’âge
tous les événements quotidiens de
- L’entraînement… !
sa vie au fur et à mesure qu’ils se
déroulaient.
Mais, rappelons-le, la structure en elle-même n’est pas grand-chose ; ce
qui compte, ce sont les communications que les neurones de ces structures
établissent entre eux, grâce à des synapses.
Pour schématiser, la mémorisation dans l’hippocampe de nouvelles
informations appelées à devenir des souvenirs s’effectue en trois étapes.
D’abord, un influx nerveux parvient à l’extrémité d’un neurone. L’arrivée
de l’influx libère des molécules chimiques appelées neurotransmetteurs,
qui sortent du neurone et se fixent à la surface de l’extrémité du neurone
suivant, avec lequel est établie une liaison (ou synapse). Cette fixation de
neurotransmetteurs active une molécule indispensable à la mémoire, la
kinase, qui va provoquer la synthèse de protéines permettant au neurone
de construire de nouvelles synapses avec d’autres neurones. En effet, les
informations qui passent par l’hippocampe ne sont pas destinées à y
séjourner, mais à être stockées dans un coin du cortex. Cela nécessite un
remodelage des circuits neuronaux, donc la création de nombreuses autres
synapses. Finalement, c’est cette plasticité cérébrale, c’est-à-dire la faculté
du tissu cérébral à se remodeler sans cesse, à augmenter le nombre et la
INTRODUCTION
19
surface des synapses entre les neurones au sein d’un circuit représentant
un souvenir, qui va assurer la conservation de ce souvenir au fil des ans
et lui permettre d’être restitué un jour ou l’autre.
La qualité de la mémoire est étroitement liée à celle des autres fonctions
cognitives. Ainsi, de nombreux facteurs sont susceptibles d’influencer les
processus de mémorisation, en bien ou en mal. Un mauvais sommeil, par
exemple, conduira immanquablement à une capacité de mémorisation
diminuée. Le stress ou l’anxiété sont eux aussi très souvent accompagnés
de troubles de la mémoire.
3 • Les troubles de la mémoire
Un très grand nombre de personnes se plaignent de leur mémoire. Les
experts ont évalué que cette plainte concernait 30 % environ des sujets de
30 ans et pouvait atteindre 50 % chez les individus de plus de 60 ans.
La distinction entre une perturbation physiologique de la mémoire et un
trouble pathologique est très difficile à mettre en évidence, surtout chez
les sujets âgés.
Il existe trois processus de mémorisation dont la perturbation peut être à
l’origine d’un trouble du rappel libre, trouble qui constitue le plus souvent
le motif de la plainte (« Je n’arrive plus à me souvenir de certains mots, ou
de certains noms… »).
L’encodage, c’est-à-dire l’enregistrement de l’information,
est directement lié à l’attention. En cas de trouble de la
concentration, à cause d’une dépression, d’une grande
fatigue, ou de la prise de certains médicaments comme les benzodiazépines
(anxiolytiques), l’enregistrement n’est pas correctement réalisé et l’information
ne pourra pas être bien stockée ni rappelée.
Le trouble de
l’enregistrement
Le trouble de la
transformation
de l’information
Le sujet est attentif, mais il ne peut pas transformer
l’information en traces mnésiques et il y aura, comme
dans la maladie d’Alzheimer, un trouble du rappel libre.
Le trouble de la
récupération de
l’information
L’information est bien enregistrée et stockée, mais le
patient a des problèmes pour récupérer les faits mis en
mémoire. Ce trouble est observé dans certaines lésions
du cortex frontal, la dépression ou le vieillissement
normal.
20
S’ENTRAÎNER
À DÉVELOPPER SA MÉMOIRE
Les troubles de la mémoire, du plus courant au plus grave
L’oubli
C’est le processus physiologique nécessaire pour éliminer les
informations reçues quotidiennement et qui ne sont pas utiles pour
l’avenir. Une sorte de tri s’effectue ainsi, auquel s’ajoute une
compétition entre ce qui est nouvellement appris et les connaissances
anciennes. Cette compétition s’établit dans les deux sens. Parfois,
ce sont les nouveautés qui tendent à effacer les vieux souvenirs.
Dans d’autres cas, c’est l’inverse : les souvenirs les plus anciens
empêchent une bonne mémorisation des faits nouveaux. Mais
souvent aussi, l’un peut aider l’autre ; c’est la situation la plus favorable,
et chacun doit s’efforcer d’en créer les conditions.
Les troubles cognitifs légers ou MCI (Mild Cognitive
Impairement)
Chez un sujet âgé, un trouble de la mémoire peut être le stade très
précoce d’une vraie maladie, une démence ou une maladie d’Alzheimer
par exemple. Le trouble cognitif léger ou MCI se définit par l’existence
de troubles mnésiques isolés, sans que les performances des autres
fonctions cognitives soient véritablement altérées. Parmi les patients
qui souffrent d’un MCI, 15 % environ évoluent vers la démence.
La maladie d’Alzheimer
Elle touche en France plus de 600 000 personnes. La lésion des deux
hippocampes est caractérisée par une perte neuronale et la mémoire
est la fonction cognitive dont l’atteinte précoce est la plus fréquente
et la plus précise. Les troubles s’installent de manière insidieuse et
vont en s’aggravant. Au départ, il s’agit de pertes de mémoire du
quotidien, d’oublis qui se répètent trop souvent. Dans un deuxième
temps, la mémoire du passé est atteinte et s’accompagne d’une
altération du langage. Enfin, au stade ultime, le patient ne reconnaît
plus son entourage et n’est plus capable de communiquer.
La maladie d’Alzheimer apparaît comme la principale cause de MCI (voir
encadré). Le dépistage des troubles cognitifs légers est donc important
pour déceler les patients dont les facultés intellectuelles risquent de se
détériorer jusqu’au stade de démence. Une étude a permis de démontrer
qu’un sujet qui ressent un trouble de mémoire, mais ne l’exprime pas à
INTRODUCTION
21
son médecin, et qui a des performances cognitives basses pour la norme
de son âge, a un risque de démence multiplié par 3,8. Quand le trouble est
ressenti et exprimé, même avec des performances cognitives normales, le
risque est multiplié par 3,3. Et quand le trouble de mémoire est ressenti,
exprimé et que les performances cognitives sont basses, le risque est
multiplié par 6,1 ! Ces chiffres montrent qu’une plainte concernant un
trouble de la mémoire ne doit jamais être prise à la légère.
La plainte bénigne est bien souvent un trouble de la récupération des
informations, celles-ci pouvant être néanmoins rappelées grâce à des indices
ou dans une situation de reconnaissance. Dans ce cas, le sujet est conscient
de son problème, mais il n’y a pas de retentissement important dans sa
vie quotidienne. Bien souvent, la plainte mnésique n’est pas le motif principal
de consultation, et si l’entourage du patient est représenté lors de l’entretien,
il ne confirme jamais la gravité du trouble ressenti par le patient lui-même.
Il faut s’inquiéter, en revanche, si le trouble de la mémoire concerne les
informations récentes et qu’y sont associées des perturbations d’orientation
dans le temps. En outre, bien souvent dans ce cas, les patients ont tendance
à minimiser, voire à nier l’existence du trouble ; la consultation est alors
sollicitée par l’entourage, en raison de répercussions notables sur la vie
quotidienne.
Le diagnostic de la maladie d’Alzheimer repose sur la mise en évidence
de quatre critères.
❶
Trouble de la mémoire
épisodique
❷
Atteinte d’au moins une
autre fonction cognitive
(concentration, vigilance,
attention, raisonnement…)
❸
Déclin et/ou perturbation
des activités
socioprofessionnelles
❹
Signes de
dépression ou de
confusion mentale
Parmi ces quatre points, le premier et le troisième sont fondamentaux. La
perturbation socioprofessionnelle peut être mise en évidence au travers
de quatre types d’activités : utilisation du téléphone, des transports, prise
de médicaments, gestion des finances.
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S’ENTRAÎNER
À DÉVELOPPER SA MÉMOIRE
Le test des cinq mots
Ce test est utilisé en consultation pour évaluer un trouble de la
mémoire. Il se base sur une liste de cinq mots courants à retenir :
« École, Vin, Mouche, Casserole, Voiture. »
1. Montrer et faire lire au patient à voix haute une liste de cinq
mots. Lui demander d’essayer de les retenir, en précisant qu’il
devra les redire plus tard.
2. Demander au patient qui a la liste en main quel est le nom de
la boisson, de l’ustensile de cuisine, du véhicule, etc.
3. Cacher la liste en redemandant au patient les mots qu’il vient
de lire.
4. Pour les mots non rappelés et seulement pour ceux-ci, fournir
l’indice permettant de se souvenir du mot. Par exemple : « Quel
était le nom de l’ustensile de cuisine ? »
5. Comptabiliser le nombre de bonnes réponses. Si le score est de
5, on passe à l’étape suivante. S’il est inférieur à 5, remontrer
la liste et les mots non rappelés, puis cacher à nouveau la liste
en demandant ces mots non rappelés pour vérifier que le patient
les a bien tous enregistrés.
6. Poursuivre la consultation, en détournant l’attention du patient
de la liste de mots pendant quelques minutes.
7. Interroger à nouveau le patient en lui redemandant les cinq mots,
éventuellement en lui fournissant les indices pour les mots non
rappelés.
8. Compter les bonnes réponses.
9. Si le score total (étape 5 + étape 8) est égal à 10, il faut rassurer
le patient sur son trouble de la mémoire, il ne s’agit pas d’une
maladie d’Alzheimer. Si le score est inférieur à 10, un trouble
sérieux est suspecté et le patient est adressé à une consultation
spécialisée.
4 • Mémoire et hygiène de vie
Est-il possible de « doper » sa mémoire ? Précisons d’abord qu’aucun
médicament n’a encore fait la preuve de son efficacité pour augmenter nos
performances mnésiques. Pour améliorer cette fonction essentielle, le plus
simple est encore de veiller sur son hygiène de vie et de stimuler sa mémoire
en l’exerçant.
INTRODUCTION
23
Le bon fonctionnement de notre mémoire dépend de celui du cerveau.
Ainsi, le sommeil a un effet particulièrement bénéfique sur la mémorisation.
Il est important de veiller sur son alimentation, en particulier en sucres
lents, puisque le cerveau est particulièrement gourmand en glucose. Le
glucose accompagné de vitamine B1 sera d’autant mieux utilisé par le
cerveau ; cette vitamine est présente en abondance dans les légumineuses,
mais aussi le jambon et les abats. Il faut donc privilégier le petit déjeuner,
qui devrait dans l’idéal comporter du pain complet et du jambon. En outre,
il est conseillé de consommer des sucres lents (pain, pâtes…) à chaque
repas. Un solide petit déjeuner après une bonne nuit de sommeil, voilà
encore le moyen de garder ses souvenirs le plus longtemps possible…
5 • Mémoire et médicaments
Il existe des médicaments censés améliorer les performances de la mémoire,
et d’autres qui ont un effet perturbateur.
Les substances promnésiantes sont classées en quatre générations de
produits.
• Première génération
Les composés à visée cérébrovasculaire, utilisés pour améliorer le débit
sanguin cérébral et l’oxygénation du cerveau ; les psychostimulants, qui
renforcent les activités comportementales et agissent en augmentant
l’attention ; les composés métaboliques, susceptibles d’améliorer
l’apprentissage de la mémoire en activant le métabolisme cérébral.
• Deuxième génération
Les cholinergiques, produits destinés à renforcer la neurotransmission,
c’est-à-dire la circulation des informations entre les neurones. D’autres
substances agissent sur d’autres systèmes de neurotransmission, comme
la noradrénaline, la sérotonine, la dopamine. Les neuropeptides sont
des produits qui modifient les comportements en agissant au niveau du
système nerveux central, soit comme de réels neurotransmetteurs, soit
comme des modulateurs de neurotransmetteurs déjà connus.
• Troisième génération
Les facteurs de croissance des nerfs (Nerve Growth Factor) peuvent
renforcer la viabilité des neurones, prévenir ou retarder la mort programmée
des neurones, et ainsi jouer un rôle important dans le traitement du
déclin cognitif lié à l’âge. Les antagonistes de la toxicité des acides
aminés excitateurs pourraient aussi être bénéfiques, en s’opposant à la
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S’ENTRAÎNER
À DÉVELOPPER SA MÉMOIRE
stimulation excessive des neurones pouvant aboutir à leur destruction.
Les inhibiteurs calciques peuvent s’opposer à l’accumulation du calcium
intracellulaire, qui aboutit aussi à la mort des neurones.
• Quatrième génération
Ces produits issus des biotechnologies et de la génétique moléculaire
vont permettre de s’attaquer à l’origine des phénomènes pathologiques
caractéristiques de certaines maladies, comme la maladie d’Alzheimer.
Les médicaments perturbateurs de la mémoire sont mieux connus. Presque
tous les médicaments psychotropes ont un effet négatif sur la mémoire,
qu’il s’agisse des benzodiazépines (anxiolytiques), des neuroleptiques ou
des antidépresseurs.
■ La diététique du cerveau
et de la mémoire
Il est bien connu, depuis l’Antiquité, que « nous sommes ce que nous
mangeons ». Ce précepte est très souvent rappelé dans les articles ou les
conférences des médecins et des diététiciens.
Et l’on pourrait appliquer à notre cerveau ce que Brillat-Savarin disait de
l’Univers : « L’Univers n’est rien que par la vie, et tout ce qui vit se nourrit. »
Le fonctionnement du cerveau a fait l’objet de nombreuses études
scientifiques, et beaucoup d’articles de vulgarisation sur sa diététique sont
fréquemment publiés, y compris dans la presse populaire.
En voici un bref résumé. Tous les chercheurs s’accordent pour mettre
l’accent sur trois éléments essentiels : le calcium, le magnésium et le
phosphore.
Dans le langage populaire, « phosphorer » signifie faire travailler son
cerveau de façon intensive. Le terme s’emploie dans la vie quotidienne, et
plus particulièrement au moment de la préparation des examens et concours.
UNE OBSERVATION SCIENTIFIQUE
Il est souhaitable que le rapport calcium/phosphore soit proche de
l’unité. En effet, il faut éviter la décalcification par excès d’acide
phosphorique, mais aussi la surcharge en calcium, qui risquerait de
provoquer des dépôts nuisibles de calcium dans certains organes.
INTRODUCTION
25
Le rapport calcium/phosphore est approximativement égal à l’unité dans
le lait et les fromages. On retrouve là la sagesse de nos ancêtres, qui en
consommaient beaucoup.
En ce qui concerne les fromages, les plus recommandés sont les fromages
à pâte ferme, notamment cantal (ou ses voisins, laguiole, salers, entredeux…), comté, beaufort, emmenthal, gruyère, Port-Salut.
Voici des aliments recommandés pour leur polyvalence : les amandes, les
noix et noisettes, les germes de blé, les œufs. Outre leur grande richesse
phosphocalcique, ils sont conseillés en raison des oligoéléments, sels
minéraux et vitamines qu’ils contiennent. Les œufs doivent être consommés
de préférence à la coque, afin de conserver au mieux leurs propriétés.
Quant au magnésium, il constitue un élément de première importance dans
le métabolisme général. Il joue un rôle à la fois actif, sédatif et équilibrant.
Mais notre régime alimentaire moderne est malheureusement carencé en
magnésium, pour de multiples causes : engrais chimiques et traitement
des eaux, raffinement excessif de la farine et des sucres. Pour y remédier,
il sera bon de le compléter par des céréales complètes – pain complet, riz
complet –, des germes de blé, du sel et du sucre non raffinés.
Il faut également recommander des compléments utiles aux repas, tels que
le persil, la levure de bière ou les yaourts, dont les apports sont très
intéressants et permettent d’éviter les carences en vitamines.
Sont également préconisés, plusieurs fois par semaine, les poissons et les
fruits de mer, notamment les huîtres, riches en oligoéléments.
Évoquons enfin le chocolat, qui a beaucoup de grands amateurs. Il est
recommandé à la fois comme tonique, antidépresseur et stimulant sportif
et intellectuel. Mais il est aussi riche en calories, et, comme pour toutes
les bonnes choses, il ne faut pas en abuser !
Pour terminer, rappelons que la pratique d’activités sportives, en complément
d’une nourriture variée, équilibrée, sans excès, est un élément important
de l’hygiène de vie, et donc le gage de bonnes performances physiques et
intellectuelles… ainsi que de longévité !
Et voici, pour terminer, une citation humoristique. Tout en ayant toujours
eu une grande activité intellectuelle (…et mondaine !), Groucho Marx s’était
mis à se plaindre de sa mémoire et avait pris de bonnes résolutions : « Avant,
j’avalais n’importe quoi… Maintenant, je ne mange plus que de la nourriture! »
C
HAPITRE
Découverte de la
1
mémoire et tests
■ Dix réflexions sur la mémoire
Depuis des temps très anciens, des penseurs et des savants ont réfléchi
sur la mémoire et sur le fonctionnement cérébral. Voici quelques propositions
qui correspondent à la fois à ces réflexions de haut niveau et à de simples
constatations de bon sens. Elles vous permettront une première découverte
de la mémoire, tout en vous incitant à une amélioration de votre vie
intellectuelle. Vous en constaterez alors les bienfaits sur le plan personnel
comme sur le plan professionnel.
1 • « Mieux vaut une tête bien faite
qu’une tête bien pleine. » M
(Les Essais)
ONTAIGNE
Cette ancienne et très célèbre maxime mérite réflexion et discussion. C’est
d’ailleurs un très beau sujet de dissertation générale, fréquemment proposé
au baccalauréat ou dans les concours administratifs.
Nous espérons vous aider à vous constituer une tête encore mieux faite…
tout en la « remplissant » rationnellement et utilement !
La mémoire est, en premier lieu, une organisation interne de notre perception
du monde extérieur. Elle permet aussi à chacun de construire son histoire
et contribue à forger la personnalité. En aidant chacun à interpréter la
réalité, elle lui permet de se composer une vie plus riche et plus active
dans le monde. Le stockage effectué au fil des années contribue à l’enrichir,
surtout si l’on prend soin de revivifier régulièrement le stock de ses
connaissances diverses, tout en effectuant des « croisements » (mise en
relation des faits ou des idées) et des synthèses (permettant de bien dominer
le sujet, tout en exprimant l’essentiel).
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