INTRODUCTION 13
celui où il est noté sur un papier, le numéro sera oublié irrémédiablement,
et le processus devra être repris depuis le début. Mais la mémoire à court
terme n’est pas toujours utilisée ainsi de manière consciente et délibérée.
On s’en sert aussi de manière inconsciente, en permanence, en gardant
temporairement la trace de nos moindres déplacements, ce qui nous permet
de toujours savoir ce que nous sommes en train de faire, sans même avoir
àyréfléchir. À l’inverse, il nous est impossible de retracer spontanément,
àla fin d’une journée, le détail de tous nos déplacements dans notre
environnement, tout simplement parce que leur souvenir n’a pas été stocké,
mais effacé au fur et à mesure. Il serait possible néanmoins d’y parvenir,
mais cette fois au prix d’un apprentissage spécifique et d’un véritable effort
mettant en jeu d’autres systèmes de mémorisation.
Elle concerne tout ce qui se situe au-delà de la mémoire
immédiate. C’est elle qui nous permet véritablement de
nous « souvenir » de quelque chose, que ce soit quelques
minutes ou des dizaines d’années plus tard. De cette mémoire à long terme
dépendent non seulement nos souvenirs, mais aussi nos apprentissages,
nos sentiments. C’est elle finalement qui établit notre identité et qui est
dépositaire de notre histoire ici-bas.
Quels que soient les faits concernés, la mémoire à long terme fonctionne
toujours de la même manière, avec la succession dans le temps de trois
processus élémentaires : l’encodage, le stockage et la restitution des
informations.
•L’encodage des informations est une étape fondamentale et
particulièrement complexe. C’est l’encodage qui classe l’information qui
nous parvient et lui donne sens. Cette information peut êtretraitée de
manière consciente, lors des apprentissages délibérés par exemple, ou
bien de manièreinconsciente, au travers d’associations d’idées qui
établissent un lien entre une information et les circonstances dans
lesquelles elle nous est parvenue. Le processus d’encodage des données
dépend largement des capacités propres à chaque individu. De sa
précision et de sa profondeur vont dépendre l’efficacité de la récupération
de l’information.
•Le stockage permet de conserver presque définitivement la trace des
informations encodées. Mais, contrairement à ce que le terme pourrait
évoquer, le stockage n’est pas un processus passif ; il dépend de
réactivations périodiques qui permettront d’en limiter l’oubli. Un souvenir
ancien qui n’est pas réactivé régulièrement par des faits récents sera
presque toujours condamné à s’effacer progressivement. Quand les
nouvelles informations sont confrontées à celles déjà stockées, ces
dernières subissent alors un véritable rafraîchissement. Pour ne pas être
oublié définitivement, un souvenir ancien doit donc être consolidé
régulièrement grâce aux souvenirs les plus récents. L’importance des
La mémoire à
long terme