Structures algébriques Sadani. I Loi de composition. Structures algébriques 8 Structures algébriques Sadani. I Introduction. Les structures algébriques sont des notions abstraites qui généralisent et donnent un fondement au calcul usuel qu’on fait à l’aide des opérations élémentaires sur les nombres, et qui sont utilisés non seulement en mathématiques mais aussi dans d’autres disciplines scientifiques telles que les sciences physiques. 1. Lois de compositions 1.1. Loi de composition interne Définition. Soit un ensemble non vide. Une loi de composition interne ∗sur , est une application de × vers qui à tout couple ( , ) de × associe un élément de noté ∗ (et on lit « é »). Remarque. L’abréviation de « loi de composition interne » est « l.c.i ».―L’ensemble muni de la l.c.i ∗ est noté( ,∗). Exemple. L’addition et la multiplication sont des l.c.i (appelées lois usuelles) sur ℕ, ℤ, ℚ, ℝ et ℂ. ―Dans l’ensemble des parties de , ( ), les lois ∪ et ∩ sont des l.c.i. Pour avoir un intérêt pratique, une loi interne doit avoir des propriétés supplémentaires. Les plus courantes sont les suivantes : 1.2. Propriétés Soit ( ,∗) un ensemble muni d’une l.c.i. 1.2.1. Commutativité Définition. On dit qu’une La loi interne est commutative ∗ si ∀ , ∈ , ∗ = ∗ Exemple. L’addition et la multiplication sont commutatives dans ℕ, ℤ, ℚ, ℝ et ℂ. 1.2.2. Associativité Définition. On dit que la l.c.i ∗ est associative si ∀ , , ∈ ,( ∗ ) ∗ = ∗( ∗ ) Exemple. L’addition et la multiplication sont associatives dans ℕ, ℤ, ℚ, ℝ et ℂ. 1.2.3. Elément neutre Définition. On dit que ∈ est élément neutre de la l.c.i ∗si ∀ ∈ , ∗ = ∗ = 9 Structures algébriques Sadani. I Remarque. L'élément neutre, lorsqu'il existe, est unique. En effet, si pour ∗ alors on a = ∗ = et ′ sont neutres Exemple. Dans ℕ, ℤ, ℚ, ℝ et ℂ l’élément neutre pour l’addition est 0, de même dans ces ensembles privés de 0 l’élément neutre pour la multiplication est 1. 1.2.4. Elément symétrique (inverse) Définition. Supposons que ∗ ait un élément neutre . On dit que l'élément inverse (ou symétrique) l'élément ′ de si ∗ On dit que l’élément = ∗ ∈ a pour = est symétrisable. Proposition. Si la loi ∗ est associative et a un élément neutre existe, est unique. Preuve. Soit de alors l'inverse, s'il admettant pour inverses ′ et ′′. On a donc = ∗ = ∗ ′′ Donc ∗( ∗ )= ∗( ∗ ) Par associativité, on a donc ( Mais ∗ = ∗ )∗ ′=( ∗ )∗ donc la relation ci-dessus donne bien ′ = ". Exemples. • • L'addition dans ℕ est une loi interne associative et commutative, et a pour élément neutre 0. Dans ℕ, seul 0 a un inverse pour la loi +. En revanche dans ℤ, tout élément ! a un inverse : c'est −!. La multiplication dans ℕ ou ℤ est associative, commutative et a pour élément neutre1. Lorsque possède deux lois internes ∗ et ⊤ (on lit truc), on peut définir la notion de distributivité. 1.2.5. Distributivité Définition. Soit un ensemble muni de deux lois internes ∗ et ⊤, on dit que ⊤ distributive par rapport à la ∗si est ∀ , , ∈ , ⊤( ∗ ) = ( ⊤ ) ∗ ( ⊤ ) (distributivité à gauche) Et 10 Structures algébriques Sadani. I ∀ , , ∈ , ( ∗ )⊤ = ( ⊤ ) ∗ ( ⊤ ) (distributivité à droite) Exemple. Dans ℕ, ℤ, ℚ ou ℝ, la multiplication est distributive par rapport à l'addition. 2. Structures algébriques 2.1. Structure de groupe Définition. Soit (%,∗) un ensemble non vide muni d’une l.c.i∗, on dit que (%,∗) est un groupe si 1. 2. 3. 4. La l.c.i ∗ est associative ∗ possede un élément neutre Tout élément de % est symétrisable. Si de plus la l.c.i ∗est commutative, alors(%,∗) est un groupe commutatif ou encore groupe abélien. Définition. Soit (%,∗) un groupe et & un sous-ensemble non vide de%. On appelle (&,∗) Un sous-groupe de (%,∗) si 1. & est stable par ∗ i.e pour tout ( , ) ∈ & × & alors ∗ ∈ & 2. tout élément de & a son inverse dans & i.e. pour tout ∈ &, on a ∈ &. Remarque. un sous groupe contient toujours au moins l’élément neutre de l.c.i. Exemple. Les ensembles (ℤ, +)est un groupe et l'ensemble des entiers relatifs pairs 2ℤ muni de la loi + est un sous-groupe de (ℤ, +). En revanche, (ℕ, +) n'est pas un groupe (pourquoi ?). 2.2. Structure d’anneau Définition. Soit un ensemble non vide muni de deux lois internes ∗ et ⊤. on dit que (),∗, *) est un anneau si les conditions suivantes sont vérifiées : 1. (A,∗) est un groupe commutatif, 2. La l.c.i « * » est associayive et admet un élément neutre, 3. La l.c.i « * » est distributive par rapport à la l.c.i « ∗ ». i.e. Si la loi ⊤ est commutative, on dit que (),∗, ⊤) est un anneau commutatif Si de plus ) admet un élément neutre pour « * », l’ensemble(),∗, *) est dit anneau unitaire. Exemple. L’ensemble (ℤ, +,×) est un anneau commutatif unitaire. 2.2.1. Sous anneau 11 Structures algébriques Sadani. I Définition. Soit (),∗, ⊤) est un anneau d’éléments neutres pour la moi ∗ et ℎ pour la loi ⊤, et . ⊂ ), une partie de de ). On dit que . est un sous-anneau de (),∗, ⊤) si 1. (.,∗) est un sous-groupe de (),∗) 2. . est stable par la loi ⊤ i.e. ∀ , ∈ ., ⊤ ∈ .. 3. ℎ ∈ .. Exemple. • • (ℤ, +,×) est un sous anneau de (ℝ, +,×) (2ℤ, +,×) est un sous anneau de (ℤ, +,×) 2.3. Structure de corps Définition. Soit(0,∗, ⊤) un anneau d’éléments neutres pour la loi ∗ et ℎ pour la loi ⊤. On dit que (K,∗, ⊤) est un corps si 1. tout élément de 0 distinct de l'élément neutre pour la loi ∗ a un inverse pour la loi ⊤. 2. ≠ ℎ Si de plus la loi ⊤ est commutative, on dit que (0,∗, ⊤) est un corps commutatif. Exemple. (ℤ, +,×) n’est pas un corps (car seuls 1 et -1 ont un inverse dans ℤ pour la multiplication). En revanche (ℚ, +,×) et (ℝ, +,×) sont des corps. Définition. Soient (0,∗, ⊤) un corps d’éléments neutres une partie de 0. On dit que 3 est un sous corps de 0 si pour la loi ∗ et ℎ pour la loi ⊤, et 3 1. (3,∗, ⊤) est un sous anneau de (0,∗, ⊤) 2. Tout élément de 3 different de est inversible pour la loi ⊤. Exemple. ℚ est un sous corps de (ℝ, +,×), lui-même sous corps de (ℂ, +,×). 3. Homomorphisme de groupes. Isomorphisme de groupes Définition. Soient ( ,∗) un groupe d’élément neutre , et (4, ⊤) un groupe d’élément neutre ℎ. Soit5 une application de dans 4. On dit que 5 est un 1. Homomorphisme de groupes (ou morphisme de groupes) de ∀ , 2. Isomorphisme de groupes de vers4 si ∈ , 5( ∗ ) = 5( )⊤5( ) vers 4si 5 est un homomorphisme et 5 bijective. 3. Si ( ,∗) = (4, ⊤): l’homomorphisme est appelé endomorphisme du groupe( ,∗). 4. Si ( ,∗) = (4, ⊤) l’isomorphisme 5 est appelé automorphisme du groupe ( ,∗). 5. On dit que deux groupes sont isomorphes s’il existe un isomorphisme de groupes entre eux. Propriétés. Si 5: → 4 est un morphisme de groupes alors 5( ) = ℎ et pour tout ∈ , 5( 89 ) = :5( );89 12 Structures algébriques Sadani. I Exemple. 1. L’application 5: ↦ 2 est un isomorphisme de (ℝ, +) dans lui-même. Mais n’est pas un isomorphisme de (ℝ, +) dans (ℝ,×). 1. L’application 5: ↦ 2= est un homomorphisme de (ℕ, +) dans (ℕ,×), mais n’est pas un isomorphisme. 2. >: (ℝ, +) → (ℝ∗ ,×) est un isomorphisme. 13