MPSI A 2004-2005
Devoir en temps libre no21
Algèbre linéaire euclidienne
A rendre le lundi 4 avril
Introduction1
Dans tout ce problème, les espaces vectoriels seront des R-espaces vectoriels. On appelle
algèbre tout R-espace vectoriel Aqui est muni d’une opération interne nommée multiplication
ou produit. Cette multiplication est associative, et vérifie la propriété de distributivité :
aA,bA,cA,a(b+c) = ab+ac,(b+c)a=ba+ca
ainsi que :
aA,bA,λR,a(λb)=(λa)b=λ(ab)
On suppose de plus qu’il existe un élément noté 1 ou 1Aet appelé élément neutre pour le produit,
tel que :
aA,a1=1a=a.
Enfin si cette multiplication est commutative, l’algèbre est dite commutative. La dimension
d’une algèbre est sa dimension en tant qu’espace vectoriel. Une sous-algèbre de Aest un sous-
ensemble non vide de Aqui est lui-même une algèbre (pour les mêmes opérations) et qui pos-
sède le même élément neutre que A. Pour que Bsoit une sous-algèbre de A, il suffit que ce soit
un sous-espace vectoriel de A, qu’il contienne 1 et que :
bB,b0B,bb0B
On appelle morphisme d’algèbre entre deux algèbres Aet B, toute application linéaire fde A
dans Bqui vérifie en plus :
uA,a0A,f(aa0) = f(a)f(a0)et f(1A) = 1B
Un morphisme d’algèbre qui est une bijection est appelé isomorphisme d’algèbre. On vérifie
alors que son application réciproque est également un morphisme d’algèbre. On dira que deux
algèbres sont isomorphes s’il existe un isomorphisme d’algèbre entre les deux. Dans tout le
problème, ndésigne un entier strictement positif. Dans ce cas, M(n,R)est l’espace vectoriel
des matrices carrées à nlignes et ncolonnes et à coefficients réels; c’est une algèbre pour les
opérations habituelles. L’élément neutre pour le produit est la matrice de l’identité, notée In. La
trace d’une matrice A= (aij)1i,jnest :
Tr(A) =
n
i=1aii .
C’est la somme des éléments diagonaux de la matrice A. Une matrice scalaire est une matrice
de la forme λIn, où λest un réel. Une matrice diagonale est une matrice dont les éléments
1CCP 2002 Math 2
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non diagonaux sont tous nuls. L’ensemble des matrices scalaires et l’ensemble des matrices
diagonales forment chacun une sous-algèbre de M(n,R).
Ce problème étudie certaines propriétés des algèbres, et, en particulier, s’intéresse aux al-
gèbres qui sont des corps, c’est-à-dire dans lesquelles tout élément non nul admet un inverse
pour le produit.
Partie 1 - Étude d’un exemple
1. Soit Aune matrice quelconque de M(2,R). Vérifier que :
A2Tr(A)A+det(A)I2=0.
2. Soit Aune matrice non scalaire; on note Al’ensemble
A={MM(2,R)/(a,b)R2,M=aI2+bA}
Vérifier que Aest une algèbre de dimension deux, sous-algèbre de M(2,R).
3. Montrer que Acontient une matrice Btelle que B2=I2si, et seulement si, (TrA)2<
4detA.
4. Vérifier qu’alors I2et Bforment une base de Aet en déduire un isomorphisme d’algèbre
entre Aet le corps Cdes nombres complexes.
5. On suppose que Aest non scalaire et vérifie : (TrA)2=4detA. Déterminer toutes les
matrices de Atelles que M2=0, et en déduire que An’est pas un corps.
6. Soit Bune matrice non scalaire de M(2,R). On lui associe l’algèbre Bcomme dans 1.2.
Démontrer que si Aet Bsont semblables, Aet Bsont des algèbres isomorphes.
7. À ne pas traiter
On suppose que Aest telle que : (TrA)2>4detA. Vérifier que Aest diagonalisable
de valeurs propres distinctes. En déduire que Aest isomorphe à l’algèbre des matrices
diagonales. Est-ce que Aest un corps?
Partie 2 - Quelques résultats généraux
Soit Dune algèbre de dimension finie n.
1. Soit aun élément de D, démontrer que l’application ϕa, définie par :
ϕa:DD
x7→ ax
est un endomorphisme de l’espace vectoriel D.
2. On note Bune base de D. MatB(ϕa)désigne la matrice de l’endomorphisme ϕa, dans la
base B. Démontrer que l’application :
Ψ:DM(n,R)
a7→ MatB(ϕa)
est un morphisme injectif d’algèbres. Vérifier que Ψ(D)est une sous-algèbre de M(n,R)
et en déduire que Dest isomorphe à une sous-algèbre de M(n,R).
2
3. On suppose que D=C, corps des nombres complexes. On munit C, considéré comme
R-espace vectoriel, de la base B= (1,i). Pour tout nombre complexe z=a+ib, (aet b
réels), écrire la matrice MatB(ϕz).
4. Soit maintenant Aune sous-algèbre de M(n,R). On s’intéresse à quelques cas où on peut
affirmer que Aest, ou n’est pas, un corps.
(a) À ne pas traiter On suppose que Acontient une matrice non scalaire Aqui a une
valeur propre réelle λ. Montrer que Ane peut pas être un corps. On utilisera une
matrice bien choisie, combinaison linéaire de Inet de A.
(b) À ne pas traiter En déduire que si Acontient une matrice diagonalisable ou trigo-
nalisable non scalaire, elle ne peut pas être un corps.
(c) On suppose que Aest intègre, c’est-à-dire que :
AA,BA,AB =0=A=0 ou B=0.
Montrer que, si Aest une matrice non nulle de A, l’application ΦA:X7→ AX est un
isomorphisme de l’espace vectoriel A. En déduire que Aest un corps.
Partie 3 - L’algèbre des quaternions
On suppose qu’il existe deux matrices Aet Bde M(n,R)telles que :
()A2=In,B2=In,AB+BA =O
1. Démontrer que nne peut pas être impair.
2. Démontrer que le sous-espace vectoriel Hengendré par les matrices In,A,Bet AB est une
sous-algèbre de M(n,R)
3. Lorsque t,x,yet zsont des réels, calculer le produit :
(tIn+xA+yB+zAB)(tInxAyBzAB)
4. En déduire :
(a) que les quatre matrices In,A,Bet AB sont indépendantes et forment une base de H;
(b) que Hest un corps.
5. On suppose dans toute la suite du problème que n=4 et, en notant Jla matrice J=
µ01
1 0 et 0 la matrice nulle de M(2,R), on définit les matrices Aet Bde M(4,R)
par :
A=µJ0
0JB=µ0I2
I20
On pose également C=AB.
(a) Vérifier que les matrices Aet Bsatisfont la condition (). On appellera donc Hle
sous- espace vectoriel de M(4,R)engendré par I4,A,Bet C=AB. Ses éléments
sont appelés quaternions. La base (I4,A,B,C)de Hsera notée B.
(b) Soit Mune matrice non nulle de H, vérifier que tMH; quel lien y a t-il entre M1
et tM?
3
Partie 4 - Les automorphismes de l’algèbre des quaternions
1. On appelle quaternion pur un élément Mde Htel que M=tM. Vérifier que l’ensemble
des quaternions purs est un R-espace vectoriel de dimension trois et de base C= (A,B,C).
On le note L. Est-ce une sous-algèbre de H?
2. On munit Lde la structure d’espace vectoriel euclidien telle que la base Csoit orthonor-
mée. Le produit scalaire de deux éléments Met Nde Lest noté (M|N), la norme de M
s’écrit kMk. Vérifier que :
1
2(MN +NM) = (M|N)I4.
3. Montrer qu’un quaternion est pur si, et seulement si, son carré est une matrice scalaire de
la forme λI4λest un réel négatif.
4. Soit ϕun isomorphisme d’algèbre de Hdans lui-même. Démontrer qu’il transforme tout
quaternion pur en un quaternion pur de même norme, et que la restriction de ϕàLest un
endomorphisme orthogonal.
5. Soient Met Ndeux quaternions purs. On veut démontrer que si Met Nont même norme,
alors il existe PH, non nulle, telle que : M=P1NP.
(a) Commencer par examiner le cas où Met Nsont colinéaires.
(b) On suppose maintenant que Met Nne sont pas colinéaires. Vérifier que si Met N
ont même norme : et en déduire une matrice Pnon nulle telle que MP =PN.
6. Montrer qu’alors, si on écrit P=αI4+Q, avec αréel et QL,Qest orthogonal à Met
àN.
7. En déduire que tout isomorphisme d’algèbre ϕde Hdans lui-même est défini par :
ϕ(M) = P1MP
Pest un élément non nul de H. On pourra observer qu’un tel isomorphisme est déter-
miné par l’image de Aet de B, et commencer par chercher les isomorphismes qui laissent
Ainvariante.
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