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C’est une prescription hors AMM, mais son
efficacité antimigraineuse a été démontrée
récemment.
Principal effet secondaire : nausées, mais aussi
plus rarement prise de poids, tremblements,
somnolence et perte de cheveux ; la sur-
veillance du bilan hépatique s’impose.
Les autres molécules
–La dihydroergotamine (DHE Sandoz®
30 gouttes/jour ou 3cp/jour ; CTJ : 3 F en cp –
Ikaran®2cp/jour ; CTJ : 4 F – Séglor®
2cp/jour ; CTJ : 4 F – Tamik®2cp/jour ; CTJ :
<2F).
Elle est largement utilisée en pratique courante
et très bien tolérée, mais son efficacité n’a pas
été clairement démontrée ; elle a l’AMM dans
le traitement de fond des migraines.
– L’indoramine (Vidora®25 à 75 mg/jour ;
CTJ : 2, 48 F à 3, 72 F). C’est un alphablo-
quant, antihistaminique et faiblement antisé-
rotoninergique ; ses principaux effets secon-
daires sont la somnolence, la congestion
nasale, la bouche sèche, les troubles de l’éja-
culation ; elle a l’AMM dans la migraine.
Mécanisme d’action
des traitements de fond
Il reste très mal connu ; on pense qu’il est lié à
l’antagonisme des récepteurs 5HT2, à la modu-
lation de l’extravasation des protéines plasma-
tiques et de l’activité centrale des catéchola-
mines, aux effets stabilisateurs de membrane
au niveau de canaux voltage-dépendants.
Stratégie thérapeutique
La première démarche est la suppression des
facteurs déclenchants autant que possible :
facteurs alimentaires, couchers tardifs ou
grasse matinée, etc.
Choix de la molécule
– Il repose sur la connaissance des contre-
indications et des effets secondaires, sur les
pathologies associées du patient.
– En pratique, on utilise en première inten-
tion un antimigraineux “majeur” surtout
bêtabloquant ou antisérotoninergique.
– On ne prescrit qu’une seule molécule ; rien ne
prouve que les associations de molécules aient
une meilleure efficacité, et l’on augmente le
risque d’effets secondaires. Cependant, chez les
migraineux qui associent de vraies crises à des
céphalées de tension, l’association d’un traite-
ment de fond et d’amitriptyline est judicieuse.
Modalités de prescription
– Le médicament choisi doit être instauré à
doses très progressives afin d’éviter les
effets secondaires.
– Si la tolérance est bonne, il est capital de
prescrire les traitements à des doses cor-
rectes sous peine d’inefficacité (par
exemple, les bêtabloquants).
– L’efficacité du traitement doit être évaluée au
bout de 3 mois, grâce à la tenue d’un carnet de
crise qui permettra de juger objectivement l’im-
pact du traitement sur la fréquence des crises.
– Si le traitement est efficace, il sera poursuivi
pour une durée totale de traitement d’au
moins 6 mois, plutôt 12, voire 18 mois.
L’ e xpérience prouve qu’un traitement de fond
bien observé et suffisamment longtemps peut
être arrêté progressivement au bout d’un cer-
tain temps sans reprise des crises ; s’il est
arrêté trop précocement, les crises reviennent
et la réintroduction du traitement préalable-
ment efficace donne de moins bons résultats.
– En cas d’inefficacité ou de mauvaise tolé-
rance du traitement, on “essaie” une autre
molécule. Il faut bien expliquer au patient
qu’on ne peut pas procéder autrement que
par tâtonnements successifs jusqu’à ce que
l’on trouve la bonne combinaison traitement
de crise/traitement de fond.
Les traitements
non médicamenteux
On peut les proposer en association avec les
thérapeutiques médicamenteuses ; il s’agit
essentiellement de la relaxation avec biofeed-
back, de l’acupuncture ou de l’homéopathie.
Cas particuliers
L’enfant
Lorsqu’un traitement de fond s’avère néces-
saire, on peut utiliser la DHE, le propranolol
(2 à 4 mg/kg/jour), le pizotifène, la flunarizine
(1/2 cp/jour), l’amitriptyline (10 à
20 mg/jour ; en fait, seule la flunarizine a
l’AMM chez l’enfant ; il faut dans tous les
cas éviter d’induire une somnolence et privi-
légier la prise en charge non médicamenteuse.
La femme enceinte
Le traitement de fond est rarement nécessaire
durant la grossesse du fait de la fréquente amé-
lioration spontanée de la maladie migraineuse
pendant cette période. Si celui-ci est indispen-
sable, il n’y a pas de traitement standard et il
vaut mieux privilégier les thérapeutiques non
médicamenteuses à cause du risque de térato-
génicité des antimigraineux ; les bêtabloquants
peuvent être éventuellement prescrits si besoin.
Conclusion
Beaucoup de molécules existent donc dans le
traitement de fond de la migraine constituant
un arsenal thérapeutique varié permettant
d’améliorer la maladie migraineuse chez la
grande majorité des migraineux
Références
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migraine. Med Ther 1995 ; 1 : 79-88.
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5. Massiou H. La migraine. Traitements de
fond. Paris : Ed. John Libbey Eurotext, 1998 ;
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