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Retour sur l’article de Gilles Géraud*, paru dans La Revue du Praticien de février 2011.
* Cabinet médical, 13, rue Louis-Braille, 31520 Ramonville-Saint-Agne. [email protected]
Ã Prévalence : entre 10 et 20 % ; nette prédominance
féminine.
Ã Impact :
– individuel : perte de productivité, détérioration
de la qualité de vie ;
– coûts (directs et indirects) : estimés à 579 euros/an
par patient en Europe.
Ã Sous-diagnostiquée : 40 % des migraineux n’ont
jamais consulté, 48 % s’automédiquent.
Ã Attention au risque de céphalée chronique
quotidienne (CCQ) : migraine sans aura avec plus de
15 j de crise/mois depuis plus de 3 mois.
Ã
Une céphalée particulière
Ã Migraine sans aura (80 % des cas) ;
– au moins 5 crises (durant de 4 à 72 h), séparées par
des intervalles de temps libres de toute douleur ;
– au moins 2 des caractéristiques suivantes : unilatérale,
pulsatile, modérée ou sévère, aggravée par les
activités physiques (montée ou descente d’escalier) ;
– nausées (90 % des épisodes) ou vomissements ;
– photophobie, phonophobie : chez la majorité des
patients.
Ã À ne pas confondre avec :
– céphalée de tension (diffuse, non pulsatile,
légère à modérée, non invalidante, non aggravée
par l’effort physique, sans troubles digestifs ni
hyperesthésie sensorielle), sinusite, névralgie
d’Arnold, arthrose cervicale.
Ã Avec aura (20 % des crises) :
– survient progressivement sur plus de 5 min (marche
migraineuse), ce qui la distingue d’un accident
ischémique transitoire ou d’une crise d’épilepsie
partielle ;
– d’abord visuelle, éventuellement sensitive, puis
aphasique ;
– dure 15-30 min (la céphalée s’installe généralement
lors de sa disparition) ;
– visuelle (majorité des cas) : vision floue ou scotome
scintillant (zone aveugle bordée d’un arc scintillant
formé de lignes brisées) avec parfois phosphènes,
taches blanches ou noires, flashs, zébrures, étoiles ;
– sensitive : fourmillements ou engourdissement au
niveau des doigts, puis main, avant-bras, contour
des lèvres, joue et langue ;
– aphasique : manque du mot, paraphasies isolées,
troubles de compréhension ou de lecture.
Ã
Soulager la crise
Traitements non spécifiques
Ã AINS : ibuprofène, naproxène, kétoprofène (AMM),
diclofénac.
Ã Aspirine :
–e
n monothérapie à 500-1 000 mg ou associée au
métoclopramide (Migpriv 900 mg + 10 mg) ;
– c omme les AINS, contre-indiquée à partir de
6 mois de grossesse et chez les porteuses de stérilet
(efficacité contraceptive réduite) ; effets indésirables
digestifs et hémorragiques.
Ã Paracétamol :
– très largement pris en automédication (1re cause
d’abus médicamenteux induisant des CCQ) ;
– en monothérapie, mais pas d’AMM spécifique.
Ã Éviter : codéine, dextropropoxyphène, tramadol
(risque de CCQ).
PIQÛRE DE RAPPEL
Migraine : quelles options ?
Traitements spécifiques
Ã Triptans :
–7
ont l’AMM : almotriptan (Almogran), élétriptan
(Relpax), frovatriptan (Isimig, Tigreat), naratriptan
(Naramig), rizatriptan (Maxalt), sumatriptan
(Imigrane) et zolmitriptan (Zomig, Zomigoro) ;
–e
ffets secondaires (mineurs et transitoires) : fatigue,
somnolence, vertiges, nausées, fourmillements,
sensation de pression ou de pesanteur ;
– c ontre-indications absolues : antécédents d’infarctus
du myocarde, angor d’effort (obstructif) ou de repos
(spastique type Prinzmetal), AVC, pathologie
vasculaire périphérique, HTA non contrôlée ;
–é
valuer bénéfice/risque si plusieurs facteurs
de risque cardiovasculaire.
Ã Tartrate d’ergotamine (AMM en association à la
caféine) ou dihydroergotamine (par voie per-nasale
ou parentérale) :
–e
ffets secondaires : nausées et vomissements,
somnolence, fourmillements des extrémités ;
– c ontre-indications : maladie coronaire, artériopathie des membres inférieurs, HTA mal contrôlée,
syndrome de Raynaud, grossesse et allaitement.
Stratégie thérapeutique
Ã AINS en 1re intention ; si non soulagé après
2 heures, prendre un triptan.
Ã Si AINS mal toléré et/ou triptan nécessaire dans
2 des 3 premières crises, utiliser d’emblée ce dernier
lors des épisodes ultérieurs.
LA REVUE DU PRATICIEN MÉDECINE GÉNÉRALE l TOME 29 l N° 950 l NOVEMBRE 2015
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PIQÛRE DE RAPPEL
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TABLEAU
POSOLOGIE, EFFETS INDÉSIRABLES, CONTRE-INDICATIONS DES TRAITEMENTS DE FOND
Principes actifs
Posologie (par jour)
Effets indésirables
Fréquents
:
asthénie,
mauvaise tolérance
Propranolol
40-240
mg
à l’effort
Métoprolol
100-200 mg
Rares : insomnie, cauchemars, impuissance,
Timolol*
10-20 mg
dépression
Aténolol*
100 mg
Nadolol*
80-240 mg
Nébivolol*
5 mg
Fréquent : somnolence
Oxétorone
60-180 mg (1-3 cp) en 1 prise
Rare : diarrhée nécessitant l’arrêt du traitement
le soir
Amitriptyline
10-50 mg le soir
Sécheresse de bouche, somnolence, prise
de poids
Contre-indications
Asthme, insuffisance cardiaque, bloc auriculoventriculaire, bradycardie
NB : possibilité d’aggravation des migraines
avec aura
Glaucome, adénome prostatique
Glaucome, troubles urétro-prostatiques
Valproate de 500-1 000 mg
sodium *
Sédation ; prise de poids
Rares : troubles digestifs, vertiges, douleurs
musculaires, asthénie
Nausées, prise de poids, somnolence,
tremblement, alopécie, atteinte hépatique
Topiramate
50-100 mg en 2 prises
Paresthésies, troubles cognitifs et de l’humeur
Hypersensibilité aux sulfamides, néphrolithiase
Méthysergide
2-6 mg (1-3 cp)
Arrêt nécessaire 1 mois tous
les 6 mois
Fréquents : nausées, vertiges, insomnie
Rare : fibrose rétropéritonéale
HTA, insuffisance coronaire, artériopathie,
ulcère gastrique, insuffisance hépatique et
rénale, association aux triptans
Flunarizine
10 mg (1 cp le soir)
Pas plus de 6 mois consécutifs
Fréquents : somnolence, prise de poids
Rares : dépression, syndrome extrapyramidal
Syndrome dépressif, syndrome extrapyramidal
Gabapentine *
1 200-2 400 mg
Nausées, vomissements, convulsion,
somnolence, ataxie, vertiges
Hypersensibilité à la gabapentine
Dihydroergotamine
10 mg
Nausées
Association aux triptans
Indoramine
50 mg
Somnolence, congestion nasale, sécheresse
de la bouche, troubles de l’éjaculation
Hypersensibilité à l’un des composants du
produit, maladie de Parkinson, insuffisance
cardiaque, hépatique et rénale sévère
Candésartan * 8-16 mg
Hypotension artérielle
Vertiges
Venlafaxine*
75-150 mg
Nausées, vertiges, hypersudation
Somnolence, nervosité, sécheresse
de la bouche
Hypersensibilité
Insuffisance hépatique et rénale sévère
2e et 3e trimestres de la grossesse
Hypersensibilité à la venlafaxine
Association aux IAMO non sélectifs
Galactosémie congénitale
Allaitement
Pizotifène
3 comprimés à doses
progressives
Pathologies hépatiques
* Hors AMM.
Ã À prendre au tout début de la crise.
Ã Si aura : AINS d’emblée, puis triptan quand
survient la céphalée.
Ã
Traitement de fond : pour qui ?
Ã En fonction de la fréquence, de l’intensité des
crises et du handicap familial, social et professionnel ;
dès que le patient consomme, depuis 3 mois, le (ou
les) traitement(s) de crise plus de 2 j/semaine
=> éviter l’abus médicamenteux.
Ã Large choix (tableau).
Ã Privilégier en première intention : propranolol
ou métoprolol (bêtabloquants) ; en cas de contreindication, intolérance ou inefficacité, choisir
une autre molécule selon le terrain, la comorbidité
et la sévérité de la migraine, en considérant les
bénéfices/risques (poids, sédation, asthénie et risque
tératogène) et les AMM.
Ã Débuter à faible dose et augmenter progressivement
(en surveillant les effets indésirables).
Ã Traitement jugé efficace s’il réduit la fréquence
des crises d’au moins 50 % à 3 mois (tenir compte
aussi de la baisse de consommation des médicaments
de crise, de leur intensité et de leur durée).
Ã Poursuivre la dose efficace pendant 6 mois-1 an
en l’adaptant à l’évolution spontanée de la migraine,
puis la diminuer très lentement avant l’arrêt.
Ã En cas d’échec : augmenter la posologie (si pas
d’effets indésirables) ou changer la molécule, ou
associer 2 produits à faible dose.
Ã Approches non médicamenteuses :
– relaxation, rétrocontrôle (biofeedback), thérapies
cognitives et comportementales de gestion
du stress : ont fait preuve d’efficacité ;
– manipulations vertébrales, acupuncture,
stimulation électrique transcutanée, ajustement
de l’articulé dentaire, oxygénothérapie hyperbare :
non concluants. l
L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêts.
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