Ecosystèmes alimentaires complexes : des micro-organismes pour protéger des micro-
organismes ?
Dr Nathalie DESMASURES
Microbiologiste Unité des Microorganismes d’intérêt Laitier et Alimentaire Université de Caen France
Résumé : Il est possible d’améliorer la conservation des aliments et d’éviter le développement des pathogènes
en maintenant la microflore naturelle ou bien en utilisant des souches de bactéries protectrices. L’effet
protecteur de ces souches n’est pas encore bien élucidé.
L’environnement peut être source de divers microorganismes potentiellement pathogènes
transmissibles à l’homme ou à l’animal par le biais des aliments (zoonoses). En Europe et aux Etats-
Unis, les principaux pathogènes d’origine alimentaire recensés sont des bactéries, il s’agit des
Campylobacter thermophiles (chez les poulets notamment), des Salmonella (œufs, porc poulets), des
Escherichia coli VTEC (bovins, ovins, végétaux, eaux contaminées) et de Listeria monocytogenes
(produits de la pêche et laitiers, charcuterie).
Ces bactéries sont psychrotrophes (se développent à des températures inférieures à 7°C) et leur
émergence est favorisée par la réfrigération empêchant le développement d’une flore non
pathogène compétitive.
Différentes stratégies ont été mises en œuvre le long de la chaîne alimentaire pour lutter contre la
contamination par ces organismes :
- par assainissement en amont au stade de la production primaire (pre-harvest strategy),
- par application de traitements technologiques au niveau des matières premières
(traitements physiques, chimiques, microbiologiques)
- par une « stabilisation » de la flore microbienne des produits finis, à travers le maintien de la
chaîne du froid.
Parmi les traitements technologiques, il y a ceux contre les microorganismes (voir ci-dessous), puis il
y a ceux avec les microorganismes faisant intervenir des microorganismes compétiteurs non
pathogènes qui limitent la contamination par les pathogènes. Ces traitements correspondent au
maintien de la microflore banale, aux procédés de fermentation et à l’addition de cultures
protectrices (PCs).
De nombreux exemples peuvent illustrer l’utilisation des PCs. Il s’agit de souches bien identifiées,
généralement de bactéries lactiques, incorporées dans les produits alimentaires où elles vont alors
constituer la microflore dominante. Elles peuvent être ajoutées à divers aliments crus (viandes, laits,
œufs) ou transformés (plats cuisinés, soupes, poissons fumés) et engendrer l’inhibition de divers
microorganismes pathogènes.