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Primary
Care
Stratégies en médecine ambulatoire
Développement professionnel continu
PrimaryCare 2004;4: Nr. 9
problème psychologique tel que anxiété (hyperven-
tilation, phobies), dépression, trouble somatoforme,
abus de substance (alcool, drogue) ou stress.
Le vertige vestibulaire est un trouble de la perception
de l’espace avec illusion de mouvement, perçu
comme externe, «la pièce où le sol bouge». Le sens
du mouvement est le plus souvent rotatoire, «comme
en carrousel», mais peut aussi être linéaire, «comme
sur un bateau», sensation de roulis ou «comme si le
sol était instable» avec impression de chute immi-
nente.
Il faut décrire le mode d’apparition (aigu, latent, pro-
gressif, épisode unique, récidivant ou permanent) du
vertige, sa durée [8] (secondes, minutes, heures,
jours), son intensité, la présence de position déclen-
chante et les symptômes associés, en particulier
auditifs (hypoacousie, acouphènes ou tinnitus, sen-
sation d’oreille bouchée), neurologiques (diplopie,
dysarthrie, dysphagie, dysesthésie, troubles sensitifs,
moteurs, ataxie, trouble de la vigilance, céphalées,
atteinte des nerfs crâniens, notamment V, VII) et
neurovégétatifs (nausées, vomissements, pâleur, su-
dations). L’âge, les facteurs de risques et plaintes car-
diovasculaires, les médicaments et toxiques (vertige
périphérique: aminoglycosides, salicylés, diurétiques
de l’anse, cisplatine, alcool; vertige central: benzo-
diazépines, barbituriques, opiacés, antidépresseurs
tricycliques, lithium, carbamazépine, phénytoïne,
primidone, méthotrexate, alcool), une infection
ORL récente ou un traumatisme sont à rechercher.
Examen clinique (voir tableau 1)
A l’examen ORL on recherchera par l’otoscopie une
cause locale telle que: bouchon de cerumen impacté,
corps étranger dans le conduit auditif externe, otite
moyenne aiguë, cholestéatome, hématotympan,
otorragie. On évaluera les nerfs crâniens IX, X, XI et
XII ainsi que la fonction auditive par l’acoumétrie au
diapason (Weber, Rinne), phonique (voix chuchotée,
parlée). Lors du bilan vestibulaire, on cherchera un
nystagmus, qui est un mouvement saccadé et rythmé
des globes oculaires, composé d’une phase lente
dans une direction, suivi d’un retour rapide dans le
sens opposé. Par convention, les nystagmus sont dé-
crits en fonction de la direction de la phase rapide.
Le nystagmus bat (phase rapide) du côté du centre
vestibulaire fonctionnellement dominant («fuit la
lésion»). Comme la fixation visuelle peut inhiber le
nystagmus d’origine vestibulaire périphérique, il est
préférable d’utiliser des lunettes de Frenzel (lentilles
grossissantes de 20 dioptries). Une alternative est de
demander au patient de cacher un œil et, en obser-
vant l’autre avec l’ophtalmoscope, on objectivera les
mouvements de la pupille, soit le nystagmus (in-
versé!). On commence par rechercher un nystagmus
spontané dans le regard centré et excentré (30°). Puis
on examine la poursuite oculaire. A noter qu’en cas
de nystagmus d’origine périphérique, l’amplitude du
nystagmus augmente lorsque le regard est porté du
côté de la phase rapide, et inversement. Quelquefois,
il faut rechercher l’existence de nystagmus de posi-
tion, soit statiques, épuisables, tête en hyperexten-
sion tournée à droite ou à gauche, «positions de
Rose», soit cinétiques par un changement brusque de
position, la manœuvre de «Dix-Hallpike» (ou «Nylen-
Barany»). A l’examen neurologique, on évaluera
l’état de vigilance, les nerfs crâniens, les épreuves
cérébelleuses (diadococinésie, épreuve doigt-nez et
doigt-nez-doigt), le Mingazzini (déviation spontanée
des deux bras du côté déficient), le Romberg (positif
avec chute du côté déficient), l’Unterberger (dévia-
tion progressive du côté déficient) et, au besoin, on
recherchera des signes pyramidaux, extrapyrami-
daux et sensitifs.
Les vertiges d’origine périphérique sont le plus sou-
vent intenses, à début brusque, associés à des symp-
tômes neurovégétatifs modérés à sévères. Il faut re-
chercher des symptômes auditifs qui nous orientent
vers une atteinte de l’oreille interne ou du nerf audi-
tif. Il n’y a pas d’autres symptômes neurologiques,
mais le patient peut se plaindre parfois de diplopie
(dysfonctionnement du réflexe otolithico-oculaire).
L’exception est le neurinome de l’acoustique.
Les vertiges d’origine centrale sont souvent moins
marqués, avec peu ou pas de symptômes neurovégé-
tatifs. Le plus souvent, des symptômes neurologiques
sont associés.
Attitudes et traitement
Les vertiges périphériques
Trois différents types de vertiges périphériques peu-
vent être diagnostiqués (tableau 2): le vertige posi-
tionnel paroxystique bénin, la neuronite vestibulaire
et la maladie de Menière.
Le vertige positionnel paroxystique bénin ou canalo-
lithiase (VPPB) [10] est la cause la plus fréquente. Le
vertige est intermittent, déclenché par le change-
ment de position de la tête, rotation et extension, en
se tournant au lit, en se levant, en se couchant. Il
dure 20–30 secondes, est associé à des nausées et vo-
missements et les accès paroxystiques sont suivis
d’un malaise en général prolongé non spécifique. Les
crises sont d’abord fréquentes puis s’espacent au
bout de quelques jours et se répètent rarement au-
delà de trois mois. A noter des récidives fréquentes.
La pathogénie serait une dysfonction du canal semi-
circulaire postérieur dans 90% des cas, du canal ho-
rizontal dans 10% des cas, due à la formation de dé-