2 1. LA LOI DE RÉCIPROCITÉ QUADRATIQUE
(les classes de ...) 0,1et −1, et les non-carrés sont 2et −2. De même, les carrés
modulo 8sont 0,1et 4.
Il est évident que si aest un carré modulo N, et si Mdivise N, alors aest
un carré modulo M. Nous allons donc commencer par étudier le cas (qui s’avèrera
essentiel) où Nest un nombre premier. Le cas du nombre premier 2étant trivial,
nous supposerons souvent que pest un nombre premier impair.
Proposition 1.2. Soient pun nombre premier impair et Cp:= {x2, x ∈(Z/pZ)×}
l’ensemble des carrés non nuls de Z/pZ.
(i) Cpa exactement p−1
2éléments, à savoir les classes modulo pdes éléments de
la forme i2pour i= 1,2,...,p−1
2.
(ii) Cpest un sous-groupe d’indice 2du groupe multiplicatif (Z/pZ)×: le produit
de deux éléments de (Z/pZ)×est un carré si et seulement s’ils sont soit tous
deux des carrés, soit tous deux des non-carrés.
Démonstration — Soient x, y ∈Z/pZ. On a la suite d’équivalences x2=y2⇔
(x−y)(x+y) = 0 ⇔x=±y, la dernière provenant de ce que l’anneau Z/pZest
un corps pour ppremier. Pour la même raison, on a x6=−xpour tout x∈(Z/pZ)×
car p > 2. La première assertion en découle.
Il est évident que Cpest un sous-groupe de (Z/pZ)∗. On a |(Z/pZ)×|/|Cp|=
2d’après le (i) 1, autrement dit Cpest d’indice 2. D’après Lagrange, Cpa donc
exactement deux translatés (ou “classes”) dans (Z/pZ)×: on a
(Z/pZ)×= CpaaCp
où aest n’importe quel élément qui n’est pas dans Cp, c’est-à-dire un non-carré.
Ainsi, si xet yne sont pas des carrés, et donc tous deux dans aCp, alors xy est
dans a2Cp: c’est donc un carré. De même, si x∈Cpet y /∈Cp, alors xy ∈aCp: le
produit d’un non-carré par un carré est un non-carré.
Définition 1.3. (Legendre) Soient pun nombre premier impair et a∈Z. Si aest
premier à p, on pose a
p= 1 si aest un carré modulo p,a
p=−1sinon. On pose
enfin a
p= 0 si a≡0 mod p.
Ainsi défini, le nombre a
pne dépend que de la classe de amodulo pde sorte
qu’il y a aussi un sens à écrire a
ppour a∈Z/pZ. La seconde assertion de la
proposition 1.2 se reformule alors de la manière suivante :
Corollaire 1.4. (Multiplicativité du symbole de Legendre) Pour tous a, b dans Z,
on a ab
p=a
pb
p.
1. Nous aurions pu également introduire l’application f: (Z/pZ)×→(Z/pZ)×définie par
f(x) = x2. C’est un morphisme de groupes d’image Cpet de noyau {±1}d’après l’argument donné
au (i). La formule |Im(f)|=|(Z/pZ)×|/|Ker(f)|redonne bien sûr l’égalité |Cp|=p−1
2.