LE PLURILINGUISME DANS LA SOCIETE DE L`INFORMATION

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LE PLURILINGUISME
DANS LA SOCIETE DE L’INFORMATION
SYNTHESE
COLLOQUE INTERNATIONAL
organisé par la Commission nationale française pour l’UNESCO
en coopération avec l’UNESCO et l’Agence intergouvernementale de la
Francophonie
et avec le soutien du Ministère des Affaires étrangères et du Ministère de la
Culture et de la Communication
9 et 10 mars 2001
Paris, UNESCO
PRESENTATION DU COLLOQUE
Les outils électroniques de communication occupent désormais une place essentielle
dans la circulation de l’information et dans l’accès au savoir. Ils permettent sans aucun doute
le dialogue de personnes de cultures fort diverses. Ils représentent aussi, grâce à Internet,
l’accès à un savoir toujours plus riche dans un nombre quasiment infini de domaines. Ces
multiples interconnexions ne sont cependant pas sans poser un certain nombre de problèmes.
La barrière langagière et les risques de prédominance d’une seule langue de
communication représentent ainsi un des défis majeurs pour le développement des réseaux
électroniques.
L’Unesco est consciente que l’extension de l’usage des nouveaux moyens de
communication aux pays en voie de développement est le principal enjeu de l’évolution de la
société de l’information dans les décennies à venir. C’est ainsi que de nombreuses initiatives
ont été lancées par l’Organisation. La plus emblématique est sans aucun doute le programme
«Initiative B@bel », dont un des principaux objectifs est de promouvoir l’usage du
multilinguisme sur Internet. De même, le programme entend soutenir toutes les actions visant
à faire entrer dans le cyberespace le plus grand nombre d’informations culturelles, à éviter
toute ségrégation linguistique ou encore à protéger les langues minoritaires.
C’est dans ce contexte que la Commission française pour l’Unesco a mis sur pied un
colloque intitulé " Le plurilinguisme dans la société de l’information". Cette manifestation
entendait faire le point sur les différents problèmes que rencontrera le plurilinguisme pour se
développer sur les réseaux dans les temps à venir.
Tout d’abord, la traduction et l’interopérabilité plurilingue sur Internet sont des
impératifs techniques qui conditionneront l’avenir du plurilinguisme sur les réseaux
électroniques. En effet, sans évaluation précise des moyens actuels en matière d’outils de
traduction et sans réflexion prospective sur leurs nécessaires évolutions tout débat sur leur
utilisation sera improductif.
Cependant, on ne saurait se limiter à d’uniques considérations techniques. Ainsi, sans
développement de l’usage de langues plus nombreuses parmi les utilisateurs d’Internet, le
développement voulu du pluralisme linguistique sur Internet risque fort de rester lettre morte.
Ce sont là les politiques éducatives et la formation continue dans le domaine de
l’apprentissage linguistique qui sont en question. Le débat n’est en effet pas uniquement
technique et informatique, mais le plurilinguisme ne deviendra réalité sur Internet que si ses
utilisateurs se meuvent avec aisance d’une langue à l’autre. Enfin, le plurilinguisme est garant
de diversité, mais il ne pourra exister que par l’exercice de la coopération internationale en ce
domaine. Là encore, les enjeux sont nombreux et ils concernent tout aussi bien la diffusion
des logiciels produits par les pays en développement, encore largement confidentiels, qu’une
véritable coopération économique sur les termes d’un échange équitable en matière de
commerce électronique.
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Plusieurs perspectives se dessinent :
- dans le domaine technique, il est nécessaire de définir les mécanismes
d’interopérabilité plurilingue à mettre en place. Il s’agit là d’un large champ qui englobe tout
aussi bien les techniques de l’accès plurilingue à des sources d’information que le
développement desannuaires plurilingues.
- dans le domaine éducatif, il convient de s’interroger sur la stratégie d’apprentissage
des langues que chaque pays doit développer au sein de ses programmes éducatifs.
- en ce qui concerne la coopération internationale, ce sont les normes juridiques dont la
définition doit être trouvée dans les domaines de l’interconnexion notamment. Il faudra alors
veiller à insérer ces normes dans des accords de dimension internationale.
Tels sont les principaux thèmes, ayant vocation à s’intégrer dans la réflexion que mène
l’Unesco, depuis plusieurs années, sur le thème du plurilinguisme, qui ont été explorés au
cours de ces deux journées.
Les interventions des participants sont disponibles sur le site internet de la Commission
française de l’UNESCO à l’adresse suivante : www.unesco.org/comnat/france
Les actes du colloque ont été publiés et sont disponibles sur demande.
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RAPPORT
L’internet devient-il plurilingue ou multilingue ?
Les interventions au cours de ce colloque ont permis tout d’abord de reformuler la question
du plurilinguisme sur les réseaux : en effet, l’irruption du plurilinguisme sur l’internet a été
constatée par tous les intervenants, s’appuyant sur les résultats de différentes enquêtes (Global Reach,
Funredes, etc.). Les langues se sont multipliées, les craintes d’un monolinguisme de l’internet ont
cédé devant son extension à un grand nombre de communautés linguistiques, même si nous sommes
loin d’une représentation équitable des langues.
Le constat effectué lors de ces travaux indique en effet que pour l’heure les réseaux trahissent
un déséquilibre flagrant entre le poids démographique des communautés linguistiques (en termes de
nombre de locuteurs) et le poids de la présence de ces langues sur les réseaux. Des tableaux
statistiques éloquents ont été présentés. Il est clair que le taux d’équipement informatique et les
disparités de l’accès à l’internet entre les différentes régions du globe sont largement responsables de
ce déséquilibre. Un effort doit être consenti sur les infrastructures et sur les transferts de
technologies et de savoir faire (Nord-Sud et Sud-Sud) afin de compenser ce déséquilibre par la
création de contenus dans un grand nombre de langues. La réflexion sur les usages, doit replacer les
utilisateurs au centre des initiatives ; motiver les utilisateurs est un moyen de les aider à produire des
contenus dans les langues minoritaires ou quasi-absentes des réseaux. En formant des utilisateurs,
on forme des producteurs de contenus dans les différentes langues.
I/ Les nécessités techniques pour l’interopérabilité et la présence des langues
Une question primordiale est celle de l’interopérabilité : comment faire communiquer les
langues entre elles, éviter la création de mondes de connaissances et de contenus multiples et
étanches, sans possibilité de communication entre eux. Une distinction a été proposée au cours de ces
travaux entre plurilinguisme (la présence d’une grande quantité de langues sur les réseaux, rendue
possible par l’évolution des techniques et des normes) et multilinguisme (qui serait la possibilité
d’échanger des contenus d’une langue à l’autre, de construire des passerelles entre les langues pour
assurer la communication et l’intercompréhension). Au vu des débats et des exposés, cette distinction
paraît opérationnelle et la tâche des prochaines années sera d’éviter la création de niches linguistiques
et culturelles isolées. Dans cette perspective, certains acteurs semblent incontournables : l’Unesco, les
acteurs historiques de la régulation de l’internet -IETF, W3C, ICANN- et les États.
La question des standards a été jugée cruciale par plusieurs intervenants, et il n’y a rien
d’étonnant à cela, puisque l’internet est avant tout une question de standards et de normes. L’exemple
indien a montré combien la question des jeux de caractères et d’écritures pouvait être décisive avant même, hélas, de s’interroger sur l’efficacité des systèmes de traduction. La description des
efforts de normalisation et d’harmonisation des jeux de caractères menés par le Japon et des autres
pays asiatiques l’a également prouvé.
L’expansion des réseaux sur les continents et sous-continents en développement se heurte à
cette double difficulté : des points d’accès à la toile en nombre limité et l’existence d’un grand
nombre de langues vernaculaires qui sont souvent connues des seules populations locales. Une
question se pose alors : faut-il tenter d’adapter ces langues à Internet ?
Internet ne deviendra dans ces pays un outil usuel que si un travail approfondi est effectué
sur ces langues et pour ces langues.
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Il est d’abord nécessaire d’effectuer un classement de ces idiomes, pour déterminer quelles
sont les langues transnationales susceptibles de devenir des langages véhiculaires, utilisables sur la
toile par un nombre d’utilisateurs relativement important.
Il faudra alors certainement envisager un travail de modernisation et d’adaptation de ces
langues aux nouveaux outils technologiques : la codification des orthographes et la standardisation
des écritures sont des tâches incontournables.
Il sera également nécessaire d’enrichir la terminologie de ces langues, pour doter des
cultures anciennes de voies d’accès immédiates aux nouvelles technologies.
Mais il ne pourra être uniquement question de tenter de donner à ces langues un format adapté
aux exigences des nouvelles technologies de l’information. Il faut également envisager la création
d’outils de traitement informatique des langues autres que ceux qui existent actuellement et qui
sont avant tout des logiciels créés dans les pays développés à destination des idiomes de ces pays.
Les standards les plus récents et les plus accueillants à la diversité linguistique (Unicode, ISO
10 646) ne suffiront pas cependant à résoudre tous les problèmes de communication : les obstacles
risquent de se déplacer vers d’autres niveaux de la chaîne technologique et des appareils, par exemple
au niveau des claviers.
La présentation des aspects techniques a ouvert de nombreuses pistes qui peuvent avoir valeur
de propositions :
- les moteurs de recherche multilingues, ainsi que les moteurs de traduction automatique sont
une des clés du plurilinguisme : c’est là un point d’accord illustré aussi bien par l’exemple indien diversité linguistique et culturelle phénoménale- que par l’analyse des rapports entre langues de
grande diffusion et langues de diffusion plus faible.
- une stratégie pour garantir l’existence des langues de faible diffusion dans la société de
l’information consisterait à produire systématiquement des liens entre les langues de grande diffusion
et les langues de diffusion plus faible : il faut pour cela multiplier les dictionnaires bilingues et les
ontologies (systèmes de descripteurs) multilingues prenant en compte les langues de faible diffusion,
pour lesquelles les ressources linguistiques (les corpus numérisés par exemple) sont encore très rares.
- des bases de données en ligne, des portails pour la traduction accessibles gratuitement -ou à des
coûts forfaitaires- pourraient offrir une solution adaptée à la logique des réseaux fondée sur une
mutualisation des ressources.
Différentes approches méthodologiques ont été également énumérées sur le plan technique :
- les systèmes de traduction automatique fondés sur les interlangues et les langues pivot (par exemple
le projet UNL)
- les bibliothèques de corpus très spécifiques, faciles à développer dans différentes langues
(consortium C-Star)
- essayer de proposer des modèles communs de description et de représentation des langues :
grammaire, métalangage, lexique, afin de simplifier le travail de développement informatique des
outils
-améliorer encore la diffusion des bonnes pratiques (au moyen des agences et réseaux francophones,
des recommandations de l’Unesco, etc.)
II/ L’enjeu éducatif et humain
Si les exposés ont manifesté une expertise technique de très haut niveau, ils n’ont pas pour
autant manqué de mentionner le rôle du sujet humain dans plusieurs de ses dimensions :
- le sujet parlant reste l’expert par excellence du sens et son intervention est requise dès lors
qu’il s’agit de faire fonctionner ou d’améliorer les outils de traduction : lui seul peut en définitive
lever les ambiguïtés du message ;
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- à une autre échelle, l’enjeu culturel de la mondialisation ne doit pas être sous-estimé : qu’il
s’agisse de l’adaptation (ou de la résistance) des individus et des populations aux performances de la
technologie, ou encore de la rencontre via les technologies de l’information entre les cultures : cette
rencontre peut prendre la forme d’une invasion (colonisation des esprits par un modèle dominant) ou
d’une confrontation résultant d’un manque de préparation ou d’une incompréhension.
Il y a là une série de conséquences à tirer pour la formation aux technologies (et à l’aide de
celles-ci) sur lesquelles les interventions consacrées aux enjeux éducatifs et culturels n’ont pas
manqué de mettre l’accent :
- il faut ainsi éduquer les élèves aux nouveaux médias, afin d’en faire un instrument de
formation et d’aider à la construction de la connaissance. La formule de Hume a été rappelée, selon
laquelle « la connaissance est une certitude qui naît d’une comparaison d’idées ». On peut se
demander dans quelle mesure le système éducatif a suffisamment pris en compte par le passé cette
formation particulière à l’analyse et à la compréhension des nouveaux médias, bien avant l’apparition
de l’internet. En tout état de cause, il convient d’y consacrer un important effort.
- dans cette mesure, les TIC sont de nature à motiver les élèves à l’apprentissage et au
commerce des langues et leur intégration précoce dans l’apprentissage est un moyen de renforcer
l’habitude du plurilinguisme.
- plus largement, la question posée est de réussir à concilier le temps court des évolutions
techniques avec le temps -nécessairement long- des apprentissages. Il y a là peut être une des
origines de la crise ressentie en bien des endroits du système éducatif et de la profession enseignante.
Ces questions méritaient d’être posées à l’heure où l’éducation devient un marché lucratif,
créé et donc gouverné selon les règles des grandes universités (souvent privées) et des opérateurs
privés, qui risque rapidement d’affaiblir, voire de marginaliser le secteur public de l’éducation en le
dépossédant d’une partie de ses missions.
Le monde des réseaux n’échappe pas aux contraintes qui pèsent sur le monde réel et les
orateurs n’ont pas cédé à cette tentation intellectuelle : ainsi la rentabilité économique supposée de
certaines langues conditionne lourdement les choix d’apprentissage opérés par les élèves, c’est-à-dire
en fait par leurs familles ; de même la fracture numérique n’est-elle qu’un paravent qui dissimule
mal une fracture économique et sociale préexistante : le problème du développement de l’internet
dans les pays en développement est indissociable de celui du développement global de ces nations.
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III/ La nécessité d’une volonté et d’une action politiques
L’ensemble de ces problèmes, mais aussi l’évocation des solutions qui pourraient être
envisagées, plaident en faveur d’une action de grande envergure de la puissance publique. A ce
titre, si le rôle de l’État est évident au niveau national, il faut souligner la nécessité de discussions
interétatiques et de promulgation de normes internationales à l’échelle planétaire. Le rôle du forum de
concertation qu’est l’Unesco apparaît ici de manière évidente.
Quel est alors le devoir de la puissance publique ? Avant tout celui de créer un espace public
numérique équitable. On a en effet facilement tendance à penser que l’expansion de l’internet est
synonyme d’ouverture et de liberté. Elle est, bien au contraire, porteuse d’un risque d’enfermement
des citoyens. Les grands distributeurs commerciaux de logiciels d’accès à l’internet et autres
systèmes de portail ont évidemment tout intérêt à s’assurer de la non-interopérabilité des systèmes, à
favoriser une économie de capture du consommateur. Cette volonté va à l’encontre de toute tentative
de promouvoir la diversité culturelle et le plurilinguisme sur l’internet. Le devoir de la puissance
publique est alors de promouvoir des normes techniques et juridiques d’ouverture.
Différentes solutions sont envisageables. Il faut d’abord assurer la diffusion la plus large
possible des standards ouverts. La logique de fonctionnement de l’internet est une logique de réseau
et de coopération, qui privilégie la périphérie par rapport au centre, puisque chaque ordinateur peut
devenir un serveur dont les fichiers sont consultables par tout internaute. Là encore, il n’est pas
question de se prononcer sur la gratuité des logiciels, mais d’affirmer la nécessité de permettre au
plus grand nombre possible d’utilisateurs d’accéder à leur code-source.
La poursuite de ces objectifs se heurte à des obstacles économiques et politiques. Le mode
de fonctionnement de l’internet a ainsi créé un véritable marché des technologies linguistiques. En
effet, l’usage de la langue sur la toile n’est plus immédiat, il dépend de l’utilisation de logiciels. Or,
leur nombre ne cesse d’augmenter, avec leur perfectionnement et leur adaptation à des domaines de
plus en plus spécialisés (commerce, éducation). L’apparition des technologies vocales ne fera
certainement que renforcer cette tendance. Une observation succincte permet de constater que
quelques entreprises détiennent ces technologies et qu’elles ont le pouvoir de faire payer aux
utilisateurs l’usage de leur propre langue dans le domaine numérique. La possibilité qu’ont ces
quelques firmes en situation de monopole de promouvoir ou non les nouveautés technologiques et
la nécessité à laquelle sont confrontés les utilisateurs de renouveler périodiquement leur
équipement informatique font de ces données économiques un véritable enjeu de pouvoir et de
décision.
Il faut également s’interroger sur la question des contenus. Ainsi, la communication et les
échanges entre individus semblent prendre une place prépondérante aux dépens de l’objet textuel figé.
Le renouvellement de la réflexion sur la notion et la fonction du droit d’auteur s’impose dans ces
conditions. Enfin, peut-être faudrait-il modifier le format des logiciels, pour privilégier l’utilisation de
petits programmes modulaires adaptables aux différentes spécificités linguistiques.
L’importance de l’existence et du respect de normes juridiques dans le domaine du
cyberespace est indéniable. Tout d’abord parce qu’il est essentiel qu’existent des serveurs culturels
publics que les intérêts économiques ne domineraient pas et qui assureraient l’existence d’une
diversité culturelle et linguistique minimale. Le rôle de la puissance publique est également de
demeurer constamment vigilante face aux évolutions techniques et aux difficultés qu’elles
posent. Ainsi, la question des droits d’auteur nécessite certainement une réponse différente suivant
les pays et les sous-continents considérés. Alors que la gratuité est envisageable dans les pays ayant
largement accès à l’internet, elle est problématique dans des pays où le marché des logiciels et
produits liés au réseau des réseaux est encore balbutiant. Il faut alors prendre garde de ne pas mettre
en danger la viabilité financière des agents économiques concernés.
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Cette tâche de la puissance publique n’est pas indispensable uniquement au niveau national.
Elle doit également être au cœur des efforts concertés des États pour assurer un développement
équitable de l’internet sur l’ensemble du globe. Une action volontariste sera certainement nécessaire
pour éviter le pillage des ressources numériques des pays les plus démunis lorsque ceux-ci
produiront des logiciels destinés à permettre l’utilisation de l’internet. Ici encore, la nécessité
d’accords multilatéraux est évidente. Certaines démarches concertées sont d’ores et déjà
envisageables : favoriser le développement des programmes de recherche dans les organismes
publics et s’assurer de l’implication, en leur sein, de spécialistes originaires des pays en
développement. Mais d’autres voies sont certainement à explorer.
Conclusion : la nécessaire vigilance des pouvoirs publics
Il faut enfin souligner quelques paradoxes et contradictions de l’usage des nouvelles
technologies de l’information. Comme il est de règle lors de l’apparition d’une technique et d’un
média nouveau, le partage est difficile à faire entre les effets négatifs, accentuant les déséquilibres, et
les effets positifs, porteurs de remèdes. Les exposés et les débats ont aussi signalé ces contradictions :
- il a été relevé par exemple, que l’accès réputé « démocratique » aux TIC a dans les faits
donné encore davantage de pouvoir à ceux qui l’avaient déjà
- certains États autoritaires ne manquent pas de porter leurs efforts sur les moyens de
surveiller et censurer les propos émis sur les sites : il y a là aussi un danger qu’il faut prendre en
compte
- enfin, si l’internet peut s’appréhender comme une machine à détruire les cultures, il n’en
est pas moins un média dans lequel le contenu est peu structuré, particulièrement adapté à la
communication de point à point, plus proche en cela du téléphone que d’un média tel que la
télévision. Il permet la mise à disposition et le partage de contenus (images, son, courrier) à un coût
très faible. Il s’avère efficace et rentable pour la création de supports à faible diffusion destinés à des
communautés minoritaires ; on pourrait également citer les exemples de langues qui rassemblent sur
l’internet des communautés dispersées à travers le monde.
Nous ne pouvons clore cet exposé sans insister encore sur le rôle incontournable des pouvoirs
publics. Alors que la technologie ne cesse d’évoluer et qu’il est bien difficile de prédire son futur, les
États doivent promouvoir des normes progressives, susceptibles d’ajustements périodiques. C’est
par leur seul contrôle sur l’univers en mouvement des réseaux électroniques que celui-ci peut devenir
un espace intellectuel équitable et véritablement mondial.
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ANNEXE : PROGRAMME DU COLLOQUE
VENDREDI 9 MARS
08h30
Accueil et inscription des participants
09h00
Ouverture
M. Koïchiro MATSUURA, Directeur général de l’Unesco.
Mme Vigdis FINNBOGADOTTIR, ancienne Présidente de la République
d’Islande, Ambassadrice de bonne volonté de l’Unesco pour les langues.
M.
Roger
DEHAYBE,
Administrateur
intergouvernementale de la francophonie
général
de
l’Agence
M. Jean FAVIER, Membre de l’Institut, Président de la Commission française
pour l’Unesco.
10h00
L’ENJEU DE L’USAGE PLURILINGUE DES RESEAUX ELECTRONIQUES
Président : M. André LARQUIÉ, ancien Président de Radio France
Internationale, Président du Comité communication de la Commission
française pour l’Unesco.
A- Les défis de la traduction.
Thème 1 : quelles sont les conditions de la mise en place des outils de
traduction adéquats?
M. Narayana MURTHY, Maître de conférences à l’Université de Hyderabad
(Inde).
M. Philippe RENAUT, Responsable du projet HARMONIC (annuaire
multilingue) de l’Association Française pour le Nommage d’Internet en
Coopération (France).
Thème 2 : capacités et perspectives de l’interrogation multilingue
Mme Maria Teresa CABRE, Directrice de l’Institut Universitaire de
Linguistique appliquée de l’Université Pompeu Fabra de Barcelone (Espagne).
M. Nabil ALI, Directeur de la Compagnie de l’Ingénierie du Langage du Caire
(Egypte).
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B- Vers des réseaux plurilingues.
Thème 1 : la compatibilité plurilingue.
Mme Maria Ines BASTOS, Membre de l’unité de coordination du
Programme pour la Société de l’Information du Ministère de la Science et de la
Technologie (Brésil).
Mme Svetlana TER-MINASOVA, Professeur à l’Université d’Etat de
Moscou (Russie).
Thème 2 : situation et perspectives de l’interrogation plurilingue.
M. Taik Sup AUH, Professeur au Département des Communications de Masse
de l’Université de Corée (Corée).
M. Denis CUNNINGHAM, Président de la Fédération Internationale des
Professeurs des Langues Vivantes (Australie).
15h00
LES ENJEUX EDUCATIFS ET CULTURELS
Président : M. Marcel DIKI-KIDIRI, Institut Universitaire de Linguistique
Appliquée de l’Université Pompeu Fabra de Barcelone (Espagne).
A- L’apprentissage des langues et l’usage des réseaux.
Thème 1 : l’éducation dès l’enfance et l’apprentissage scolaire.
M. Omkar N. KOUL, Professeur à l’Institut Central Indien des Langues de
Mysore (Inde).
M. Raymond RENARD, Directeur du Centre international de Phonétique
appliquée de Mons (Belgique).
Thème 2 : la formation continue.
M. José SILVIO, Coordinateur du Programme IESALC/ UNESCO à Caracas
(Vénézuela).
M. Paul DELANY, Professeur à l’Université Simon Fraser de Burnaby
(Canada).
B- La diversification culturelle sur les réseaux.
Thème 1 : la stratégie de l’utilisation des fonds culturels multilingues.
M. Kiyoshi HARA, Professeur à l’Université Joshibi d’Asamizodai (Japon).
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M. Daniel PIMIENTA, Directeur de la Fundacion Redes y Desarollo
(République Dominicaine).
Thème 2 : la promotion de la diversité culturelle.
M. André DANZIN, ancien Directeur de l’Institut national de recherche en
informatique et en automatique, Président du Forum international des sciences
humaines (France).
M. Sveinn EINARSSON, Secrétaire général de la Commission islandaise pour
l’Unesco (Islande).
SAMEDI 10 MARS
9h00
LES ENJEUX JURIDIQUES ET GEOPOLITIQUES
Président : M. Omkar N. KOUL, Professeur à l’Institut Central Indien des
Langues de Mysore (Inde).
A- La coopération internationale en question.
Thème 1 : la situation des pays en voie de développement.
M. Marcel DIKI-KIDIRI, Institut Universitaire de Linguistique Appliquée de
l’Université Pompeu Fabra de Barcelone (Espagne).
M. Jean-Claude GUEDON, Professeur au département de littérature
comparée de l’Université de Montréal (Canada).
Thème 2 : les problèmes de compatibilité technique et de coopération
économique.
M. Tatsuo KOBAYASHI, Membre du Unicode Technical Committee, Chef
de la délégation japonaise au sein du Woking group for Han Characters
(Japon).
M. José Antonio MILLAN, Fondateur du Centre Virtuel Cervantes,
journaliste de la section multimédia de El Païs (Espagne).
B- Peut-on définir des normes juridiques?
Thème 1 : la régulation par les pouvoirs publics et la production de normes
multilatérales équitables.
M. Rainer KUHLEN, Professeur à l’Institut de Bibliologie de l’Université
Humboldt de Berlin (Allemagne).
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M. Pierre OUDART, Conseiller technique pour le multimédia et les nouveaux
services de communication au Cabinet de la ministre de la culture et de la
communication (France).
Thème 2 : la question des instruments juridiques et des droits de propriété
intellectuelle.
Mme Anita SOBOLEVA, Directeur du Programme juridique de l’Open
Society Institute de Moscou (Russie).
M. Andràs SZINGER, Département juridique du Bureau hongrois pour la
protection du droit d’auteur de Budapest (Hongrie).
12h00
Séance de clôture
Rapport général
M. Daniel MALBERT, Chargé de mission pour la société de l’information à
la Délégation générale à la langue française (Ministère de la Culture et de la
Communication).
M. Jean-Gabriel MASTRANGELO, Chargé de
communication, Commission française pour l’Unesco.
mission
pour
la
Conclusions
M. Philippe QUÉAU, Directeur de la Division de l’Information et de
l’Informatique de l’Unesco.
M. Jean-Pierre BOYER, Secrétaire général de la Commission française pour
l’Unesco.
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