qui consiste à reconnaître que en cette culture il y a ce que j’ai appelé les
‘’imprintings’’, c’est-à-dire l’empreinte que la culture fait sur l’esprit des
enfants et puis des adultes à travers son langage, ses normes, ses évidences, ses
croyances, les critères, les principes d’intelligibilité, qui sont différents d’une
civilisation ou d’une autre. Paul Valéry disait que les vrais dialogues sont entre
les arrière-pensées, mais ne disons pas l’arrière-pensée, mais ce qui contrôle la
pensée sans que nous en soyons conscients, ce que j’appelle les ‘’paradigmes’’.
Il s’agit donc d’essayer de comprendre ce que signifie les croyances religieuses
ou autres, les rites, les tabous, bref, il y a un ensemble de convergences.
Je pense que sur le plan de l’éducation l’UNESCO devrait favoriser, dans
chaque grande capitale, le plus possible dans des universités, la création de
chaires d’éducation à la compréhension, chacune nécessitant non seulement la
coopération de multiples points de vue disciplinaires mais aussi les échanges
entre des gens de cultures et de nationalités différentes qui occuperaient ces
chaires, et, bien entendu, montrer, par exemple, l’importance de la littérature, du
théâtre ou du cinéma pour la compréhension. Cette importance est très souvent
ignorée alors que le fait étonnant, c’est que quand vous prenez un spectacle de
cinéma, les spectateurs ne sont pas tellement aliénés par rapport à des actions
qui se situent à l’écran. Ils deviennent beaucoup plus compréhensifs que dans la
vie réelle, parce que des personnages comme ‘’le parrain’’ de Marlon Brando ou
Al Pacino des films de Coppola, des simples d’esprit, des vagabonds, qu’on a
tendance à mépriser dans la vie ordinaire, on les comprend parce qu’il y a ce
phénomène d’empathie, de sympathie, de compréhension spontanée. Autrement
dit, le paradoxe, c’est que nous sommes beaucoup plus compréhensifs quand
nous lisons un roman ou quand nous voyons un film, que quand nous sommes
dans la vie réelle. Et tout ceci, donc, devrait converger.
Il faut aussi conjuguer dans ce thème de la compréhension et de la culture
de la paix, l’idée éducative, mais pas seulement une idée quantitative- multiplier
de plus en plus d’éducation – mais une idée au contraire, qualitative - éduquer à
une connaissance pertinente. Ce serait audacieux et nécessaire de promouvoir
une réforme de l’éducation. L’UNESCO a eu la bienveillance de publier un
texte que j’ai fait dans ce sens là, il y a quelques années : réformer dans le sens
où tous nos systèmes d’éducation sont des systèmes qui enseignent à bien
séparer les choses, à compartimenter le savoir, à le fragmenter, et qui nous
rendent incapables de relier des connaissances qui pourtant sont nécessaires si
nous voulons contextualiser notre savoir et si nous voulons le situer dans son
ensemble global qui aujourd’hui, est de plus en plus un ensemble planétaire.
Donc, je pense que l’éducation, oui, mais il faut la réformer en même
temps. La connaissance de l’ère planétaire, de ce que l’on appelle aujourd’hui
globalisation, mondialisation, processus qui a commencé avec les conquêtes des