De l`exception culturelle à la diversité culturelle : un débat

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De l’exception culturelle à la diversité culturelle : un débat problématique en France
Marie-Christine Bordeaux, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication
à l’université Stendhal Grenoble 3, chercheure au GRESEC
L’exception culturelle est un modèle européen dans lequel la France a joué un rôle majeur, à partir de
sa propre expérience de lutte contre l’uniformisation culturelle, de soutien sélectif à des biens culturels
dont la qualité est attestée par le statut auctorial de leur producteurs, de recherche d’un équilibre entre
productions dont la valeur peut être rapportée à un territoire donné et production mondialisée, et de
mise à part (« exception ») du système du libre-échange. L’adoption d’un nouveau modèle, celui de la
diversité culturelle, est le résultat d’évolutions à plusieurs niveaux : évolution du cadre politique et
économique européen vers le cadre mondial, reprise au niveau de l’UNESCO de questions qui étaient
en échec dans les négociations au sein de l’OMC, glissement sémantique donnant l’illusion que le
second modèle opérerait comme une extension du premier (l’exception culturelle a ainsi changé de
statut, devenant l’instrument possible de la diversité culturelle), glissement enfin du secteur
économique et juridique vers celui de l’affirmation de valeurs et de l’anthropologie culturelle. En
raison, sans doute, de l’expertise nécessaire pour comprendre le modèle de l’exception, en raison aussi
d’une convergence d’intérêts entre grands groupes et acteurs locaux autour de leur capacité à se
réclamer efficacement du modèle de la diversité, et sur fond de forte remise en question du système
culturel mis en place par les politiques publiques de la culture, cette évolution, remarquablement
rapide, a suscité en France des réactions ambiguës. Quelle a été la réception dans la presse généraliste
et spécialisée des enjeux de ce changement majeur de modèle ? Quel rôle ont joué les médias dans le
débat sur ces questions ? Quels en étaient les termes proposés à l’opinion publique ? La
communication s’appuiera sur une analyse d’un corpus d’articles parus dans une sélection de titres de
presse française à trois moments majeurs de l’institutionnalisation de la diversité culturelle : 2001
(déclaration universelle de l’Unesco sur la diversité culturelle), 2005 (Convention sur la protection et
la promotion de la diversité des expressions culturelles) et 2006 (ratification de la Convention par la
communauté européenne).
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