Les faisceaux dont nous parlerons ici ne sont pas des faisceaux pour la topologie de
Zariski, mais plutˆot des faisceaux pour une «topologie de Grothendieck », en g´en´eral
fppf ou ´etale. Comme c’est un des points-cl´es de la construction de quotients que nous
allons pr´esenter dans ces notes, nous commencerons par l`a. Le premier chapitre est donc
consacr´e `a quelques rudiments de th´eorie des faisceaux dans le cadre des topologies de
Grothendieck. De mˆeme, la th´eorie de la descente sera fort utile, et nous lui consacrons
le deuxi`eme chapitre. Si les textes d’initiation aux topologies de Grothendieck et `a la
descente ont pu faire d´efaut par le pass´e, ce n’est plus le cas aujourd’hui : citons par
exemple l’expos´e de Vistoli dans [9] et le livre en pr´eparation [5]. Nous avons donc essay´e
de ne pas nous ´etendre trop longuement sur ces sujets.
Parmi les partis pris de ce cours, outre bien sˆur le choix un peu arbitraire des th`emes
abord´es (notamment `a la fin du chapitre 3), signalons le choix de se limiter, sauf en 3.10,
`a des actions libres. Il se trouve que lorsqu’un groupe agit avec inertie sur un sch´ema,
le faisceau quotient n’est en g´en´eral pas repr´esentable. Les ´enonc´es traitant ce genre de
situation foisonnent pourtant dans [1] SGA 3, V. Ils assurent g´en´eralement, sous diverses
hypoth`eses, que l’espace annel´e quotient est un sch´ema, donnent un certain nombre de
propri´et´es du sch´ema quotient ainsi obtenu, et montrent enfin que ce dernier repr´esente
le faisceau quotient lorsque l’action est libre. Nous avons consenti `a la perte de g´en´eralit´e
occasionn´ee par l’option retenue ici pour les deux raisons suivantes :
– se limiter aux actions libres simplifie un peu les ´enonc´es et les preuves des th´eor`emes ;
– pour une action non libre, on consid`ere aujourd’hui que «le bon »objet quotient
est plutˆot un champ alg´ebrique (le champ quotient), et ´eventuellement son espace
de modules grossier lorsqu’il veut bien exister.
Les sujets pr´esent´es dans ce cours sont tout `a fait classiques en g´eom´etrie alg´ebrique et
l’auteur de ces lignes ne pr´etend `a aucune originalit´e, sauf peut-ˆetre dans la pr´esentation.
Quelques ouvrages ont particuli`erement influenc´e l’´ecriture de ce texte : bien entendu,
le s´eminaire SGA 3 [1] de Grothendieck, mais aussi [6] et [9]. Ces notes sont celles d’un
cours donn´e `a Luminy en septembre 2011 dans le cadre d’une ´ecole d’´et´e organis´ee `a
l’occasion de la r´e´edition de SGA 3. Je remercie vivement les organisateurs P. Gille et P.
Polo de m’avoir invit´e `a donn´e ce cours. Je remercie aussi chaleureusement M. Raynaud
pour son aide pr´ecieuse durant sa pr´eparation. Merci enfin `a B. Conrad pour la preuve
de 3.8.2, `a T.-Y. Lee pour la preuve d´etaill´ee dans l’exercice 3.9.3, et `a J. Oesterl´e pour
des commentaires ´eclairants.
Organisation du document. Comme indiqu´e plus haut, les deux premiers chapitres
sont consacr´es aux topologies de Grothendieck et `a la th´eorie de la descente. Nous n’abor-
dons les quotients que dans le troisi`eme. Les sections 3.1 `a 3.4 d´efinissent les objets
´el´ementaires dont il sera question et ´etudient leurs premi`eres propri´et´es. Nous donnons
en 3.5 les principaux r´esultats de repr´esentabilit´e du faisceau quotient que l’on peut trou-
ver dans l’expos´e V de SGA 3 [1], avec des preuves presque compl`etes. C’est l`a le cœur
technique de ce cours. La section 3.6 pr´esente l’important th´eor`eme d’Artin de repr´esenta-
bilit´e par un espace alg´ebrique, sans preuve. Nous nous sp´ecialisons ensuite en 3.7 au cas
du quotient d’un groupe par un sous-groupe, lorsque la base est le spectre d’un corps. Des
arguments de translation permettent alors d’obtenir un th´eor`eme d’existence du quotient
(comme sch´ema) sous des hypoth`eses de finitude minimalistes. Apr`es ces g´en´eralit´es sur
les quotients, les sections 3.8 et 3.9 donnent deux exemples de situations sp´ecifiques dans
lesquelles on peut dire plus de choses. Nous effleurons enfin dans la derni`ere section 3.10
le cas des actions non libres, en donnant d’une part un th´eor`eme d’alg´ebricit´e du champ
quotient, et d’autre part le th´eor`eme de Keel et Mori assurant l’existence d’un espace de
modules grossier (ici aussi, sans preuves).
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